Les médias ne sont-ils qu’un moyen de contrôle comme un autre ?

Un récent sondage en Grande-Bretagne demandait combien d’Irakiens avaient été tués à la suite de l’invasion de l’Irak en 2003. Les réponses données étaient choquantes. Une majorité a déclaré que moins de 10 000 personnes avaient été tuées. Des études scientifiques indiquent que jusqu’à un million d’hommes irakiens, femmes et enfants sont morts dans un brasier allumé par le gouvernement britannique et son allié à Washington. C’est l’équivalent du génocide au Rwanda. Et le carnage continue. Sans relâche.

Ceci démontre à quel point nous avons été trompés par ceux dont le travail consiste à préserver la narrative officielle. L’écrivain et universitaire américain Edward Herman appelle cela « la normalisation de l’impensable ». Il décrit deux types de victimes dans le monde de l’information : les « victimes dignes » d’intérêt et les « victimes indignes ». Les « victimes dignes » sont ceux qui souffrent aux mains de nos ennemis : les Assad, Kadhafi, Saddam Hussein. Les « victimes dignes » sont qualifiés pour bénéficier de ce que nous appelons des « interventions humanitaires ». Les « victimes indignes » sont ceux qui se mettent en travers de notre force punitive et de tous les « bons dictateurs » à notre solde. Saddam Hussein était jadis un « bon dictateur », mais il est devenu arrogant et rebelle et a été relégué à la catégorie « mauvais dictateur ».

En Indonésie, le général Suharto était un « bon dictateur », indépendamment du massacre de peut-être un million de personnes, aidé par les gouvernements de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis. Il a également éliminé un tiers de la population du Timor oriental à l’aide d’avions de chasse et de mitrailleuses britanniques. Suharto a même été accueilli à Londres par la Reine et quand il est mort paisiblement dans son lit, il a été salué comme un dirigeant éclairé, un modernisateur, l’un d’entre nous. Contrairement à Saddam Hussein, il n’a jamais été arrogant.

Lorsque je me suis rendu en Irak dans les années 1990, les deux principaux groupes musulmans, chiites et sunnites, avaient leurs différents mais vivaient côte à côte, se mariaient même entre eux et se considéraient avec fierté comme des Irakiens. Il n’y avait pas d’Al-Qaïda, pas de djihadistes. Nous avons tout réduit en miettes en 2003 avec l’opération « choc et effroi ». Aujourd’hui, sunnites et chiites se battent entre eux dans tout le Moyen-Orient. Cet assassinat en masse est financé par le régime en Arabie Saoudite qui décapite les gens et pratique la discrimination envers les femmes. La plupart des pirates de l’air des attentats du 11 Septembre venaient d’Arabie Saoudite. En 2010, Wikileaks a publié un câble envoyé aux ambassades des États-Unis par la secrétaire d’Etat Hillary Clinton. Elle écrit ceci : « L’Arabie Saoudite demeure un soutien financier essentiel pour Al-Qaïda, les talibans, al-Nousra et d’autres groupes terroristes à travers le monde ... ». Et pourtant, les Saoudiens sont nos précieux alliés. Ce sont de bons dictateurs. La famille royale britannique leur rend souvent visite. Nous leur vendons toutes les armes qu’ils veulent.

J’emploie la première personne « nous » et « notre » pour être en phase avec les présentateurs et commentateurs qui disent souvent « nous », préférant ne pas faire la distinction entre le pouvoir criminel de nos gouvernements et nous, le public. Nous sommes tous considérés comme faisant partie d’un consensus : Conservateurs, Travaillistes, et la Maison Blanche d’Obama aussi. Lorsque Nelson Mandela est mort, la BBC est allée directement voir David Cameron, puis Obama. Cameron s’était rendu en Afrique du Sud, pendant que Mandela se trouvait en prison, pour un voyage assimilable à un soutien au régime de l’apartheid, et Obama a récemment versé une larme dans la cellule de Mandela sur Robben Island - lui qui préside les cages de Guantanamo.

Que pleuraient-ils exactement, au sujet de Mandela ? Ce n’est manifestement pas son extraordinaire volonté de résister à un système oppressif et dépravé que les gouvernements américain et britannique ont soutenu avec constance. Au contraire, ils étaient reconnaissants pour le rôle crucial que Mandela a joué pour étouffer l’insurrection des noirs en Afrique du Sud contre l’injustice du pouvoir politique et économique des blancs. Ce fut sûrement la seule raison pour laquelle il a été libéré. Aujourd’hui, le même pouvoir économique impitoyable équivaut à un nouvel apartheid, mais sous une autre forme, faisant de l’Afrique du Sud la société la plus inégalitaire de la planète. Certains appellent ça la « réconciliation ».

Nous vivons tous dans une ère de l’information – c’est en tous cas ce que nous nous racontons en caressant notre smartphone tel un chapelet, tête baissée, vérifiant, surveillant, twittant. Nous sommes branchés, nous sommes dans l’esprit du temps et le thème principal de cet esprit, c’est nous-mêmes. L’esprit du temps, c’est l’identité. Il y a une génération de cela, dans « Le Meilleur des Mondes », Aldous Huxley avait prédit que ce serait le moyen ultime de contrôle social car il était volontaire, addictif et drapé dans l’illusion d’une liberté individuelle. Peut-être que la vérité est que nous ne vivons pas dans une ère de l’information, mais dans l’ère des médias. A l’instar de la mémoire de Mandela, la merveilleuse technologie des médias a été détournée. De la BBC à CNN, la chambre d’écho est vaste.

Lors de la remise de son prix Nobel de littérature en 2005, Harold Pinter a parlé d’une « manipulation du pouvoir dans le monde entier, tout en se faisant passer pour une force de bien universel, un numéro d’hypnose brillant, et même spirituel, très réussi. » Mais, a dit Pinter , « Ca n’a pas eu lieu. Ca n’a jamais eu lieu. Même lorsque cela avait lieu, cela n’avait pas lieu. Ca n’avait pas d’importance. C’était sans intérêt. »

Pinter faisait allusion aux crimes systématiques des États-Unis et à une censure non déclarée par omission – à savoir, la mise à l’écart d’informations cruciales qui pourraient nous aider à comprendre le monde.

Aujourd’hui, la démocratie libérale est remplacée par un système où les gens doivent rendre des comptes à un état corporatiste - et non l’inverse comme il se doit. En Grande-Bretagne, les partis parlementaires sont convertis à la même doctrine, soigner les riches et que les pauvres se débrouillent. Ce déni de démocratie réelle est un tournant historique. C’est pourquoi le courage d’Edward Snowden, Chelsea Manning et Julian Assange constitue une menace pour les puissants qui n’ont de comptes à rendre à personne. Et c’est une leçon des choses pour ceux d’entre nous qui sommes censés remettre les pendules à l’heure. Le grand reporter Claud Cockburn l’a bien dit : « Ne croyez en rien avant que ce ne soit officiellement nié ».

Imaginez si les mensonges des gouvernements avaient été correctement dénoncés et révélés lorsqu’ils préparaient en secret l’invasion de l’Irak - un million de personnes seraient peut-être encore en vie aujourd’hui.

John Pilger

http://johnpilger.com/articles/is-media-just-another-word-for-control

Traduction "ce qui fait de chaque journaliste mainstream un complice, n’est-ce pas ?" par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles.

Les complices des crimes de guerre sont ceux qui sont payés pour préserver la narrative officielle.

L’émission Today de la BBC jouit d’un audimat élevé, et les quotidiens Mail et the Telegraph s’en prennent, comme d’habitude, à cet organisme pour son penchant « à gauche ». Le mois dernier, une émission entière de Today avait pour rédactrice en chef l’artiste et musicienne PJ Harvey. La suite des événements fut très révélatrice.

Les invités de Polly Harvey ont provoqué une vague de panique lorsqu’elle elle a proposé des gens comme Mark Curtis, un historien qu’on voit rarement à la BBC, qui relate les crimes de l’Etat britannique ; l’avocat Phil Shiner et le journaliste Ian Cobain, qui révèlent comment les Britanniques enlèvement et torturent ; le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange ; et moi-même.

Il y eut des semaines de tractations absurdes au siège de la BBC sur les moyens de nous « contrer » et si nous pouvions ou non avoir le droit de parler sans être interrompus par les choristes attitrés de l’émission. Ce que cette brève insurrection a démontré, c’est leur crainte d’avoir à rendre des comptes. Les crimes commis par les états occidentaux, tels que la Grande-Bretagne, ont rendu complices tous ceux des médias qui censurent ou minimisent le carnage.

Les pactes faustiens qui aboutirent à une guerre mondiale il y a un siècle résonnent aujourd’hui à travers le Moyen-Orient et l’Asie : de la Syrie jusqu’au Japon. A l’époque, comme aujourd’hui, l’arme principale était la dissimulation. En 1917, le Premier ministre David Lloyd George a déclaré : « Si les gens connaissaient la vérité, la guerre s’arrêterait demain. Mais bien sûr, ils ne savent pas et ne peuvent pas savoir. »

Dans l’émission Today de Polly Harvey, j’ai parlé d’un sondage, réalisé l’année dernière en Grande-Bretagne par ComRes, qui demandait le nombre d’Irakiens tués à la suite de l’invasion de 2003. Une majorité a déclaré que moins de 10 000 personnes avaient été tuées : un chiffre si scandaleusement bas que c’en était blasphématoire.

J’ai comparé cela avec les estimations scientifiques qui parlent de « jusqu’à un million d’hommes, femmes et enfants [ qui ] sont morts dans le brasier déclenché par la Grande-Bretagne et les Etats-Unis ». En fait, la fourchette est estimée entre moins de 500.000 et plus d’un million. John Tirman, scientifique au Centre d’études internationales de MIT, qui a examiné toutes les estimations crédibles, m’a dit que le chiffre moyen « se situerait autour de 700 000 ». Il a souligné que ce chiffre n’incluait pas les morts parmi les millions d’Irakiens déplacés, qui représentent jusqu’à 20 pour cent de la population.

Le lendemain de cette diffusion, l’émission Today a « contré » en invitant Toby Dodge de la LSE, un ancien conseiller du général Petraeus, l’un des architectes des catastrophes en Irak et en Afghanistan, ainsi que Mowaffak al-Rubaie, ancien « conseiller national à la sécurité » irakien sous le régime d’occupation et l’homme qui a conduit Saddam Hussein à son lynchage.

Ces « experts » accrédités de la BBC ont dénigré, sans preuves, les études et réduit le nombre de morts par centaines de milliers. L’intervieweur, Mishal Husain, n’a offert aucune résistance à leur propagande. Ils ont ensuite « débattu » sur qui était responsable. La phrase de Lloyd George s’est vu confirmée et la culpabilité détournée.

Mais pour combien de temps ? Il ne fait aucun doute que le crime historique commis en Irak est gravé dans la conscience du public. Beaucoup se souviennent que « Choc et effroi » a suivi un blocus meurtrier imposé pendant 12 ans par la Grande-Bretagne et les États-Unis et censuré par la plupart des médias « mainstream », y compris la BBC.

Un demi-million de nourrissons irakiens sont morts suite au blocus, selon l’UNICEF. J’ai vu des enfants mourir dans les hôpitaux, privés d’analgésiques de base.

Dix ans plus tard, à New York, j’ai rencontré le fonctionnaire britannique responsable de ces « sanctions ». Il s’appelle Carne Ross, auparavant connu à l’ONU comme « Monsieur Irak ». Aujourd’hui il fait partie des dénonciateurs. Je lui ai lu une déclaration qu’il avait faite devant une commission parlementaire en 2007 : « Les preuves sont telles qu’il est évident que les sanctions ont provoqué d’énormes souffrances parmi les Irakiens ordinaires, en particulier les enfants. Nous, les gouvernements américain et britannique, étions les principaux architectes et artisans des sanctions et nous étions parfaitement au courant à l’époque, mais nous en faisions largement fi et préférions accuser le gouvernement de Saddam. [ Nous ] avons refusé à l’ensemble de la population les moyens de survie. »

Je lui ai dit : « C’est un aveu choquant. »

« Oui , je suis d’accord, » répondit-il. « J’en ai honte... » Il a décrit comment le ministère des Affaires étrangères a manipulé les médias consentants. « Nous contrôlions l’accès au ministre des Affaires étrangères comme une forme de récompense pour les journalistes. S’ils étaient critiques, nous ne leur faisons pas de petits cadeaux comme des voyages autour du monde. Nous leur fournissions des anecdotes aseptisés, ou nous les tenions à l’écart ».

Lors des préparatifs de l’invasion de 2003, selon des études de l’Université du Pays de Galles et de Media Tenor, la BBC a suivi la ligne des mensonges du gouvernement Blair et limité le temps d’antenne à ceux qui s’opposaient à l’invasion. Lorsque Andrew Gilligan a présenté un célèbre rapport dissident sur ​​l’émission Today, lui et un directeur général furent évincés.

La vérité sur le massacre criminel en Irak ne peut pas être « contrée » indéfiniment. Pas plus que « notre » soutien au régime médiéval de l’Arabie Saoudite, aux prédateurs dotés d’armes nucléaires en Israël, aux nouveaux fascistes militaires en Egypte et aux djihadistes « libérateurs » de la Syrie, dont la propagande est désormais reprise comme de l’information par la BBC. Il y aura des comptes à rendre - et pas seulement par tous les Blair, Straw et Campbell - mais aussi par tous ceux qui sont payés pour préserver le mensonge.

John Pilger

http://johnpilger.com/articles/the-accessories-to-war-crimes-are-those-paid-to-keep-the-record-straight

Traduction VD pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles

COMMENTAIRES  

08/02/2014 20:27 par Grandloup74

Tout à fait exact ! La presse, n’est ni plus ni moins que l’agence de com. du gouvernement ou ministère de la propagande, comme au temps de Goebbels . Complices des crimes de leur donneurs d’ordres, les "journalistes" ont une grande responsabilité dans la dégénérescence des pays agresseurs et envers leurs victimes. Hélas, trop de citoyens croient encore - ne serait ce que partiellement - leurs balivernes.

09/02/2014 07:35 par Dominique

« La propagande était, pendant la guerre, un moyen à employer pour atteindre un but : le combat pour l’existence du peuple allemand ; aussi la propagande ne pouvait-elle être considérée qu’en partant de principes valables pour ce but. Les armes les plus cruelles devenaient les plus humaines, car elles étaient la condition d’une victoire plus rapide et aidaient à assurer à la nation la dignité de la liberté.
...
A qui doit s’adresser la propagande Aux intellectuels ou à la masse moins instruite ?

Elle doit toujours s’adresser uniquement à la masse !

Pour les intellectuels, ou tout au moins pour ceux que trop souvent on appelle ainsi, est destinée non la propagande, mais l’explication scientifique. Quant à la propagande, son contenu est aussi peu de la science qu’une affiche n’est de l’art, dans la forme où elle est présentée.
...
La tâche de la propagande consiste non à instruire scientifiquement I’individu isolé, mais à attirer l’attention des masses sur des faits, événements nécessités, etc., déterminés, et dont on ne peut faire comprendre l’importance aux masses que par ce moyen.

Ici l’art consiste exclusivement à procéder d’une façon tellement supérieure, qu’il en résulte une conviction générale sur la réalité d’un fait, la nécessité d’un événement, le caractère juste d’une nécessité. Comme il ne constitue pas une nécessité pax lui-même, que son objet doit consister exactement comme dans le cas de l’affiche, à attirer l’attention de la multitude et nan pas à instruire ceux qui ont des connaissances scientifiques ou ceux qui cherchent à s’instruire et à acquérir des connaissances, son action doit toujours faire appel au sentiment et très peu à la raison.
...
Toute propagande doit être populaire et placer son niveau spirituel dans la limite des facultés d’assimilation du plus borné parmi ceux auxquels elle doit s’adresser. Dans ces conditions, son niveau spirituel doit être situé d’autant plus bas que la masse des hommes à atteindre est plus nombreuse. Mais quand il s’agit, comme dans le cas de la propagande pour tenir la guerre jusqu’au bout, d’attirer un peuple entier dans son champ d’action, on ne sera jamais trop prudent quand il s’agira d éviter de compter sur de trop hautes qualités intellectuelles.

Plus sa teneur scientifique est modeste, plus elle s’adresse exclusivement aux sens de la foule, plus son succès sera décisif. Ce dernier est la meilleure preuve de la valeur d’une propagande, beaucoup plus que ne le serait l’approbation de quelques cerveaux instruits ou de quelques jeunes esthètes. »

Adolf Hitler sur la propagande

Il faut bien voir que Hitler a appliqué à la lettre dés les années 20 ce qu’il décrit dans ce texte. Et c’est précisément parce qu’il ne parlait pas aux intellos mais aux plus bornés d’entre nous qu’il a eu autant de succès. Les marxistes peuvent dire ce qu’ils veulent, mais à part un cercle restreint de personnes, personne ne les écoutent. Wilhelm Reich a écrit là-dessus. Le résultat fut que les communistes de l’époque l’ont viré de leur parti. Or c’est Reich qui a raison, Hitler a envouté les masses avec des promesses d’ordre pseudo-religieuses : y’en a point comme nous, le futur brillant de la nation aryenne, etc., et en parallèle il a donné du travail aux gens en faisant faire des grands travaux publics.

Dans La Psychologie de masse du fascisme, ouvrage conçut entre 1930 et 1933, Reich écrit que les marxistes qui ne pouvaient, selon lui, appréhender le fascisme par des réflexions intellectuelles datant du siècle précédent. Or c’est toujours ce que beaucoup de marxistes fonts.

« Il rappelle que l’autorité patriarcale et anti-sexuelle issue de l’ordre social bourgeois (et de la division sociale en classes), que les masses subissent depuis des millénaires, est la base sur laquelle leurs structures caractérielles serviles et mystiques se sont formées. L’assise du capitalisme, et plus précisément du fascisme, qui en est une des concrétisations les plus abouties, avec le libéralisme, n’est alors pas le point de départ de l’histoire d’une nation, d’un parti, d’un führer, mais est inscrite dans l’histoire de la société occidentale entière et donc de tous les hommes qui appartiennent à cette société. La singularité du fascisme n’est donc pas niée mais inscrite dans un processus. »

C’est exactement ce que dit Garaudy, lequel n’a pas écrit que des conneries négationnistes.

« Reich replace alors les masses face à leurs responsabilités, et notamment les couches petites-bourgeoises allemandes qui se rallièrent à l’idéologie dominante de la classe bourgeoise, pourtant en contradiction totale avec leur situation économique insatisfaisante. Il s’avère que c’est à cette foule qui a peur de la liberté, lui préférant la docilité et la répression pulsionnelle et qu’il connaît si bien, puisqu’il en est issu, qu’Hitler s’adressa. ... »

« Le fascisme gagna aussi la classe prolétarienne grâce à l’embourgeoisement progressif, idéologique et parfois matériel, de celle-ci. Reich revient sur le fait que la morale sexuelle n’avait jamais atteint les masses ouvrières auparavant, et qu’elle n’aurait eu aucun effet sur elles si elle n’avait pas été internalisée. ... »

« ... il fallait jouer sur les sentiments, la croyance en une libération prochaine facile et méritée à qui de droit, faire naître un nouveau mysticisme issu de celui religieux, et non en appeler à leur raison, comme les communistes l’ont cru à tort. »

« Le point important du livre est ici : les foules ne furent pas abusées, « violées », selon Reich, par la propagande nazie, mais elles s’y soumirent de leur plein gré. Ce n’est pas alors le fascisme qui a endoctriné les masses, mais ce sont les masses, mystiques, réceptives aux illusions seules, qui ont porté le fascisme au pouvoir.

L’erreur des communistes fut donc d’en appeler à leur raison au lieu de tenter de comprendre les processus psychologiques, en jeu chez l’homme mystique, afin de mieux les combattre. »

Et c’est exactement ce qui se passe aujourd’hui avec l’extrême-droite qui occupe le terrain et la gauche qui fait des déclarations.

Dans d’autres ouvrages, Reich passe au stade suivant, guérir l’homme de lui-même. Il constate qu’en tout homme il y a une dualité entre en grand homme épris d’amour, de travail et de connaissance, et un petit homme qui a peur de vivre, et que bien trop souvent, au lieu que ce soit ces trois qualités qui gouvernent la vie un homme, c’est le petit homme, sa peur et sa cruauté qui gagnent.

Face à cela, il nous invite à cesser de croire en des libérateurs qui se sont tous révélés être des tyrans, Paris à donné Pétain, Viennes à donné Hitler et Moscou à donné Staline, à croire en nous et à être nos propres libérateurs.

En pratique, il n’a pas de solution miracle. La meilleure cure contre le fascisme passe par l’éducation, et au lieu de beaux discours intellos, la gauche doit donné l’exemple. Prenons Marinaleda. Son maire est communiste, mais il ne fait pas de grands discours, il agit. Et le résultat est là, alors que l’Espagne est plongée dans la crise, les habitants de Marinadela ont tous du travail, et en plus ils travaillent et ils vivent dans une ambiance et dans un environnement social que la plupart d’entre nous ne peuvent qu’envier.

Et là il y a deux solutions. Laissez l’envie gagner, et avec elle le petit homme, ou essayez d’en faire autant, chacun dans la limite de nos moyens. La révolution ne tombera pas du ciel. De plus, si nous prenons les empires précédents, aucun ne s’est effondré suite à une révolution. Si certains se sont effondrés dans des guerres comme l’empire Ottoman, d’autres comme l’empire romain, lequel comme le capitalisme n’avait pas d’ennemi à sa taille, s’est effondré de l’intérieur, et alors que les riches se faisaient la guerre entre eux, les peuples s’organisaient pour vivre en marge de l’empire et de son sénat.

09/02/2014 12:07 par Vagabond

Les médias ne sont-ils qu’un moyen de contrôle comme un autre ?
Ca alors, c’est nouveau !!!

09/02/2014 16:38 par résistant

Ce ne sont pas les gouvernements qui contrôlent les médias de masse.
Les médias de masse sont possédés par les grand industriels et banquiers, qui possèdent aussi les gouvernements, via les banques dites "nationales", ainsi que la BCE, le FMI...
Déjà Hitler et compagnie n’étaient que les jouets de la grande finance et industrie occidentale.

11/02/2014 17:43 par Roger

Rien de nouveau en effet...Mais les media ne sont pas un instrument de contrôle comme les autres. En effet, ils agissent sur ce qui fait notre principale source de créativité : notre imaginaire. L’action massive des media, répétitive, subtile ou grossière, élaborée ou simpliste, capte en permanence notre attention, la détourne (on a parlé d’un véritable vol de l’attention, pour rendre nos cerveaux disponibles aux messages bien amenés), et ainsi nous empêche de penser, de rêver, d’imaginer. Bien plus elle structure nos désirs en pulsions, et structure nos imaginaires. Il s’agit en fait d’une pollution de l’esprit tout aussi dangereuse pour la santé de nos démocraties que ne le sont les pollutions physico-chimiques pour la santé publique...

11/02/2014 20:57 par gérard

@ Dominique
C’est pas tout mais il faut que tu fasses un article sur Wilhelm Reich, tiens « la lutte sexuelle des jeunes » par exemple, pour le coup ce serait presque d’actualité, non ?
Il y a une analyse très intéressante sur la propagande (dans la ligne de Edward Bernays), sur l’art et la manière d’en faire concernant un documentaire sur le 11 Septembre passé sur ARTE intitulé « le grand complot » :
http://www.dailymotion.com/video/x9jo0k_propagande-neo-con-sur-arte-1-2_news

12/02/2014 19:08 par Tuxedo

Alors si l’on part du principe que l’apartheid est un système de discriminations sociales inscrit dans la loi, institutionnalisées en quelque sorte, il serait utile de le distinguer des simples discriminations effectives qui touchent les "minorités" sociales (à comprendre en terme de prestige et de pouvoir et pas quantitatif, les femmes sont donc une minorité dans cette acception).
C’est à dire que nos pays occidentaux, malgré une égalité devant la loi entre les hommes et les femmes sont des régimes discriminant envers les femmes. Un régime comme l’Arabie Saoudite, dans lequel l’infériorité des femmes est légalement admise et organisée se rapproche d’un apartheid. C’est même exactement cela, si on omet le fait que l’on utilise ce mot généralement uniquement pour les groupes sociaux ethniques et non pas de sexe.
Cependant, il n’y a pas de différences réelles entre les discriminations raciales et les discriminations sexuelles, si ce n’est que les secondes sont bien mieux tolérées que les premières.

Si l’on veut bien concéder qu’un régime qui met en place des discriminations inscrites dans la loi est plus inégalitaire qu’un système qui se contente de discriminer dans les faits on sera d’accord avec le fait que l’affirmation : "l’Afrique du Sud la société la plus inégalitaire de la planète." est fausse, car le cas des femmes est objectivement plus difficile dans certains régimes politiques.
Ainsi, avoir le statut de mineur et devoir être accompagné par son gardien masculin qui a lui-même droit de vie ou de mort sur votre personne paraît une inégalité bien plus lourde que le fait d’être exploité, même sauvagement et injustement.

Les femmes sont aussi des êtres humains, au même titre que les hommes. Je jugeais utile de faire ces petites précisions qui glissent toujours hors du cadre de la conscience commune...

Sinon globalement d’accord sur la propagande, maintenant il faudrait que ce discours qui met à jour la propagande ne soit pas qu’à la porté de quelques uns. Reviens alors toujours la même question, comment diffuser cette information plus largement...

13/02/2014 10:51 par Dominique

gérard, je crois que les jeunes dont je pourrais être le père sont mieux placés que moi pour parler de leurs luttes sexuelle. Par contre je peux essayer d’un faire un sur l’influence de la religion sur notre société.

Sur le plan de l’analyse, celle de Reich est très intéressante car elle se place dans une perspective marxiste. Un autre psychologue de renom, Wiliam Prescott a consacré sa carrière à l’étude des causes de la violence chez l’adulte et dans la société. Pour cela, il a commencé par faire des études sur des primates, ce qui lui a permis de constater que des privations sensorielles lors de la prime enfance et de la puberté donnaient des adultes incapables de maîtriser leur violence. Ensuite il a fait une étude statistique sur plus d’une centaine de sociétés préindustrielles, ce qui lui a permis de prouver que les causes de la violence incontrôlée chez l’adulte et dans la société sont au nombre de 3 :

* La privation sensorielle des nouveaux-nés. Les bébés ont besoin de preuves physiques de l’amour que leur porte leurs parents. Ils ont besoin de câlins, de bisous, de massages, etc.

* Le manque de tolérance vis-à-vis de la sexualité de nos ados. C’est à eux entre eux de découvrir leur sexualité. et les adultes tout comme ils n’ont pas à leurs montrer une sexualité d’adulte, c’est ce que font les pédophiles, n’ont pas à réprimer leur sexualité. Cette cause est plus importante que la précédente car elle est beaucoup plus difficilement réversible.

* Les tabous véhiculés par les sociétés organisées sont les causes directes des deux premières causes. Prescott a constaté que toutes les sociétés qui ont des religions organisées sont plus violentes que celles où la religion est une affaire personnelle, ces dernières étant avant pacifiques.

La marge d’erreur des calculs de probabilité de Prescott est de 1 pour mille.

Reich a montré les ressorts psychologiques de l’exploitation. Prescott a montré ses causes. Marx a montré qu’il s’agit d’un cercle vicieux qui a pour origine le rapport de l’homme avec la nature, ce conflit du bien et du mal en occident pour la bible, conflit qui devient une lutte pour Plekhanov, lequel limite ainsi très sérieusement la pensée de Marx.

Beaucoup de marxistes commettent une erreur de base en voulant démontrer la non existence de dieu. Un tel langage ne peut que braquer complètement les croyants, or fait têtu, les croyants sont de loin la majorité sur cette planète. Par contre il est possible de les faire s’interroger sur les religions, et c’est bien là avec les religions que se situe le problème.

D’abord sur dieu. Nous ne pouvons que reconnaître que nous ne savons pas tout sur les forces de la nature et que par conséquent il n’est pas plus possible de prouver la non existence de dieu que son existence. Par contre, nous pouvons relever que comme nous ne connaissons pas ce qu’est ou ce que n’est pas dieu, rien ne nous autorise à personnaliser et à affubler de pouvoirs surnaturels un phénomène supposé dont nous ne savons rien pour en faire un prototype parfait de Superman. Comme quoi nous n’avons que les héros que nous méritons.

Ensuite, nous pouvons relever les contradictions entre l’idéal d’amour des religions et leurs pratiques, tout en mettant l’accent sur les conséquences néfastes pour la société des dogmes et des tabous des religions. Et c’est là où cela devient intéressant car cela permet de pousser les croyants à s’interroger si le sens qu’ils veulent donner à leur foi correspond aux valeurs véhiculées par leur religion.

Reich nous demande de cesser de crier Viva, viva ! et Heil, heil ! pour devenir nos propres libérateurs. La même révolution personnelle doit être fait aussi en matière religieuse. Nous n’avons pas besoin du Christ vengeur de l’apocalypse pour nous libérer car nous sommes capables de le faire nous-mêmes à condition de le vouloir. Le Che a dit qu’une révolution se reconnaît à son projet social. Sture Johanesson, un artiste suédois, a dit que la révolution c’est la conscience révolutionnaire.

(Commentaires désactivés)