Dans son éditorial, Paul Ariès revient sur le refus des Grands Projets Inutiles Imposés, qui s’étend mondialement : « jamais les gens du commun n’ont compris aussi spontanément que l’imaginaire qui préside à ces grands travaux est contaminé par le productivisme et le capitalisme. »
Le dossier central de ce numéro est consacré à notre planète en ce qu’elle est « un monde fini ». Paul Ariès s’entretient avec l’historien des sciences Sébastien Vincent Grevsmühl qui explique pourquoi « les images spatiales de la Terre nourrissent le fantasme de maîtrise globale du globe. » Attention, prévient également le scientifique : « la seule solution à la crise écologique actuelle risque de nous faire basculer dans un processus qui mènerait au bout du compte à l’abandon de la politique. »
Pour Jean Gadrey, les vrais assistés ne sont pas ceux qu’on pense. On les reconnaît aisément : ce sont ceux qui dénoncent l’assistanat. L’un de leurs porte-parole n’est autre que le ministre François Rebsamen : « je demande à Pôle Emploi de renforcer les contrôles. » Les radiations n’ont fait qu’augmenter depuis l’arrivée de François Hollande au pouvoir.
Paul Ariès s’entretient avec Nicolas Sersiron, président du CADTM à propos d’un tiers-mondisme pour le XXIe siècle : « N’ayant pas eu les moyens financiers pour développer des industries de transformation, pourvoyeuses d’emplois et de valeur ajoutée, les pays en voie de développement ont été contraints, pour rembourser les prêts illégitimes, d’exporter leurs richesses naturelles à l’état brut.
Pour Henri Mora, les Center Parcs sont « l’enfer au paradis » : « Ce conflit [dans les Chambarans], au-delà du projet du Center Parcs, oppose deux manières d’aborder la situation actuelle. La première cherche irrémédiablement à continuer dans la voie désastreuse de l’économisme marchand qui broie la vie et les conditions sociales, crée du chômage et détruit l’environnement. La seconde espère pouvoir sortir de cette obsession du développement à tout prix et élaborer de nouveaux rapports humains et sociaux. Les ZAD sont des « territoires » que l’on cherche à protéger de la destruction, elles sont souvent des endroits où s’expérimente un autre futur. »
Les biens communs sont-ils la première pierre de la révolution écologique (Thierre Brugvin) ? « Bien que la notion de biens communs ne soit pas aussi simple que l’on peut le penser au premier abord, ce serait dommage de ne pas faire un petit effort et de passer à côté d’un des éléments fondateurs de la construction de la révolution écosocialiste. »
« Pourquoi la croissance, demande Michel weber ? « Je ne proposerai pas ici d’analyser la naissance et l’entretien de l’idéologie du progrès, qui constitue la clef du dogme de la croissance, mais bien de saisir la pragmatique du progrès. Le problème devient alors plus facilement circonscriptible : n’est-ce pas à bon droit en effet que l’on peut prétendre qu’une seule et unique dysfonction plombe les démocraties de marché — la surproduction ? C’est elle qui entraîne à la fois le malaise du capitaliste (la baisse des profits suit la diminution des ventes et s’accompagne d’une augmentation des stocks et d’une baisse des prix) et la misère du prolétaire (une augmentation du chômage sectoriel et d’une baisse des salaires sont inévitables).
C’est la malédiction absolue qu’il faut conjurer car tous les secteurs risquent bientôt d’être atteints. La mise en danger du progrès civilisationnel par la surproduction n’est toutefois pas sans parade : ne peut-on pas en effet compter sur l’obsolescence des produits mis sur le marché ? Historiquement, les hausses de productivité ont bel et bien été compensées par l’activation progressive des quatre formes d’obsolescence et de leur pendant publicitaire. »
Peut-on être écosocialiste et religieux, s’interroge Yvon Quiniou ? « La révolution conservatrice qui a commencé en 1947 avec la fondation de la société du Mont Pèlerin a promu les droits des dieux contre les droits humains. »
Laurent Paillard réfléchit au marché du travail, à la politique sécuritaire et aux médias, donc à la relation « étroite entre la déréglementation du marché du travail et la politique sécuritaire. »
Pour Yann Fiévet, la loi Macron est une loi scélérate [article précédemment publié dans le Grand Soir] : « Au temps béni du néolibéralisme où l’Etat abdique partout de ses ancestrales responsabilités devant les forces du Marché totalitaire nous ne sommes plus à une loi scélérate près. Telle doit être en effet qualifiée sans vergogne la loi Macron. La manière dont elle nous a été vendue par la plupart des observateurs – trop souvent insuffisamment attentifs ou près à avaler n’importe quelle couleuvre – ne permet en rien de connaître ce qui se cache derrière le rideau de la communication gouvernementale, les fameux « éléments de langage », ou sous le jargon technocratique du texte de ladite loi. Il faut donc lire entre les lignes et surtout ne pas être oublieux du passé. Emmanuel Macron a été placé là où il est présentement afin de poursuivre une politique inaugurée dans ses grandes lignes voilà trente ans déjà. A l’époque, un autre « socialiste », Laurent Fabius, avait endossé la responsabilité du « tournant de la rigueur ». Souvenons-nous : c’était déjà au nom de l’emploi ! En fait, il est depuis devenu indifférent pour ceux qui nous gouvernent – le gouvernail toujours bloqué pour le même cap - que la nouvelle loi soit nommée loi Macron pour l’emploi, loi de modernisation de l’économie ou par tout autre artifice savamment concocté par un « cabinet-conseil » grassement rétribué au nom de la bonne marche des affaires. Peu importe le flacon pourvu qu’il cache habilement l’ivresse de la libéralisation tous azimuts. »