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Les Zindigné(e)s n° 23

En s’intitulant Les Zindigné(e)s, ce mensuel a cédé devant le politiquement correct, que je dénonce régulièrement (comme ici récemment), et qui est une posture de droite. Dans ce dernier numéro, on sent que l’équipe est complètement perdue. L’éditorial précise que “ L’équipe se renforce de deux correcteurs : Marguerite et Marie-Louise Larnaudie ”. Ils ne sont pas allés jusqu’à parler de deux “ correcteures ”. Mais “ correctrices ” aurait très bien fait l’affaire. Paul Ariès lui-même patauge : « Ne faudrait-il pas au moins que dans nos mouvements chacun-e puisse s’exprimer en son nom propre dans une société où les sans-noms sont de plus en plus nombreux ? […] Nos lecteurs expriment souvent une lassitude face au fonctionnement des partis de gauche. » Le genre des mots et le sexe des humains ne sont pas superposables, sinon, en Allemand, “ jeune fille ” ne serait pas du neutre et, en anglais, “ porte-avions ” ne serait pas féminin.

Après un éditorial où il revient sur l’urgente nécessité de la gratuité totale du service public, Paul Ariès s’entretient longuement avec Clémentine Autain pour qui la politique est de « transformer le réel », ce qui implique « un affrontement entre possédants et dépossédés » (j’aime beaucoup ce terme de « dépossédé », que je n’avais jamais rencontré). Pour Autain, les combats émancipateurs sont « un défi permanent ».

Dans la même optique, le sociologue Patrick Cingolani se demande quels chemins réinventer pour une émancipation globale. À propos de la précarité, il suggère que « la collectivité politique qui peut naître autour du mot précaire ou précariat est moins une classe qu’une subjectivation au croisement d’une diversité d’expériences de classes, dans un contexte où les dissymétries et les inégalités sociales s’accentuent et se polarisent. »

Pour le sociologue Thierry Brugvin, il faut « transformer sa personnalité pour changer la société. » Si les milliardaires veulent être riches pour avoir plus de pouvoir, pour les moins riches, « le besoin de possession repose d’abord sur la peur du manque. »

Jean-Marc Sérékian nous parle de la péninsule arabique avant le pétrole. Tout est parti du marché de dupes scellé en 1945 par Foosevelt et Ibn Séoud : « pétrole contre protection ».

Aurélien Bernier pose une question dont on espère qu’elle sera bientôt à l’ordre du jour : « Comment juger les multinationales ». Ces entités qui délocalisent pour être protégées contre les poursuites judiciaires. « Il n’y aura pas de coopération internationale possible tant que les États laisseront leurs multinationales agir en toute impunité. »

À propos du règne de la terreur, Michel Weber propose un peu d’optimisme : « il n’est donc pas nécessaire de se poser la question de la possible instrumentalisation des événements du 7 janvier par des agences gouvernementales pour obtenir des recommandations visant l’apaisement plutôt que la flambée de nouvelles violences. Le respect de tous et de toutes, en France comme à l’étranger, serait proprement révolutionnaire. La multiculturalité, que l’on dit si problématique pour nos démocraties (et c’est vrai), l’est également au niveau diplomatique, et elle le demeurera aussi longtemps que certains pays seront convaincus de détenir la Vérité. »

Dominique Pestre estime que les technosciences sont au service du modèle libéral, pas de l’homme : « L’entreprise n’a pas comme préoccupation première d’anticiper les effets négatifs que ses produits peuvent engendrer. Elle pense que le progrès à un coût largement compensé par les bénéfices – même s’il est “ normal ” de compenser les victimes. »

Laurent Paillard se demande si le rôle de l’école est de faire perdre leurs pères aux enfants : « Faut-il apprendre aux élèves qu’autrui est un être dangereux contre lequel ils sont en concurrence, qu’il faut être le meilleur, le plus performant etc. »

L’anthropologue Érix Wittersheim vient de publier Supporters du PSG. Une enquête dans les tribunes populaires du Parc des Princes (Le Bord de l’eau). Il analyse la complexité des rapports des classes populaires avec le sport.

Pour Florent Bussy, la fin des idéologies est un monument idéologique du libéralisme : « Depuis les années 70, la « fin des idéologies » est un thème récurrent de la pensée libérale. La fin du bloc de l’est a semblé confirmer le règne final de la liberté, de la démocratie et du réalisme, par opposition aux tyrannies que des idéaux politiques peu soucieux du réel et du possible avaient inévitablement engendrées. La disparition du communisme historique signifiait donc que la réalité, la nature de l’homme allaient enfin être reconnues universellement et que les rêves des utopistes de l’égalité, du collectivisme être bientôt oubliés ou être enfin mis sur le même plan que les cauchemars fascistes ou nazis. »

Camille et Simon, animateurs du IVe Forum national de la désobéissance, se demandent à quoi rêvent les milieux populaires. Ils estiment que les modes de vie populaires peuvent venir au secours de la planète.

Yann Fiévet décrit l’indignation du peuple d’In-Salah : « C’est le tour de l’Algérie ! Le sous-sol du pays regorgerait de gaz non conventionnel encore nommé gaz de schiste. Il semble que l’on soit à la veille de vouloir l’exploiter tout en affirmant – comme on le fait partout ailleurs - que pour le moment il ne s’agit que d’une simple volonté d’exploration. Un premier puits de fracturation a déjà été creusé en décembre dernier à une trentaine de kilomètres d’In-Salah ; un second est fortement envisagé dans cette région du bassin de l’Ahnet. Les autorités du pays qui ont depuis longtemps délaissé cette région ne se sont évidemment pas embarrassées à consulter les populations autochtones ni même de s’assurer que les autorités locales seraient en mesure de faire accepter le projet à leurs administrés. Le 1er Janvier dernier la contestation populaire se renforça à In-Salah, ville forte de cinquante mille habitants, située à mille deux cents kilomètres d’Alger. Des Indignés, déterminés et jeunes pour la plupart, ont entamés ainsi un bras de fer avec la Sonatrach. Leur mouvement est en ces lieux et en ces circonstances tout sauf anecdotique. Il est également, pour les mêmes raisons, ô combien risqué. […] N’oublions pas que la région d’In-Salah n’est pas très éloignée de territoires politiquement très instables pour ne pas dire non contrôlés. C’est dire si les Indignés du grand-sud algérien vont avoir besoin de soutiens extérieurs, moraux et militants. Leur combat n’est algérien qu’en apparence. »

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