RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Loi travail : La lutte des classes en France

Si Marx vivait encore, une nouvelle occasion d'ajouter une nouvelle "saison" à sa "lutte des classes en France" lui serait fournie.

Tous les ingrédients dignes de son talent sont présents.

- Un président socialiste dévalué par ses reniements apparents mais largement prévisibles dès sa candidature.

- Un parti du président, jadis populaire, doyen des partis français, en voie d’implosion entre deux minorités diamétralement hostiles et une majorité, centriste, d’intérêts particuliers voire personnels.

- Une droite, idéologiquement unie, mais aux prise avec des ambitions personnelles aussi multiples que massacrantes.

- Et une extrême droite qui est unie sur une seule candidature, appuyée sur un programme dont la véhémence attrape-tout permet, depuis des décennies une progression régulière au dessus des deux chiffres au delà des quel la crédibilité devient préoccupante pour ses adversaires.

- Enfin une extrême gauche minoritaire qui se partage entre ceux qui veulent refaire le Front Popu en unifiant les prolétaires de toute la gauche et ceux qui, depuis 1917, rêvent au "Grand Soir" d’octobre 17 ou de la "sociale" de 1848, ou 1871.

Tout ce monde essaie de peser, au grès de chaque événement, sur les comportements politique de la classe immensément majoritaire dans cette France du XXIe siècle, à savoir ceux qui doivent travailler pour vivre, j’ai nommé le prolétariat moderne fait d’autant de cols blancs que de cols bleus. Etant bien entendu qu’une autre classe, extrêmement minoritaire en nombre, mais extrêmement majoritaire sur les comptes bancaires, à savoir la bourgeoisie, manoeuvre, elle, au grès des circonstances pour que ses intérêts matériels gardent toujours leur primauté. Son parti est unique. Jamais il ne participe directement aux élections ni au gouvernement, mais le sous parti qui obtient son soutient a toujours de bonnes chance de l’emporter, tant sont puissants les médias qu’il commande. Ce parti unique, c’est le Medef.

Depuis janvier 2016, des observateurs se demandent si le moment pour introduire la "réforme" du code du travail a été bien choisi. Mais avait-il un autre moment disponible ? A un an des présidentielles, le Medef commence à préparer ses chevaux. Le meilleur cheval, Hollande le sait, sera celui qui aura donné les preuves les plus tangibles. Dans les sondages, les autres sont devant, mais, dans leur besace, ils ont des programmes, mais aucune garanties sur leur application, alors que Hollande, lui, a, encore plus d’un an, pour faire du concret.

Toute l’histoire de la loi El Khomri est là. Le Medef veut faire baisser le prix de la force de travail. Si Hollande y parvient, l’artillerie du patronat pourrait passer de son côté et dans nos médias préférés, Juppé deviendrait alors trop vieux, Sarko trop agité, Lemaire trop tendre etc... et finalement, avec un gros câble à la patte, Hollande, pour cinq petites années, ne serait-il pas, parmi tous, le plus passable ? Refrain sur tous les plateaux.....

Voilà pourquoi le tandem Hollande-Valls a réalisé dans ses moindre détail un montage où plusieurs sorties de secours étaient prévues sauf sur "l’inversion des normes" et les heures sups à 10% (contre les 25% actuels) ; deux éléments qui condamnent, rapidement, aussi bien les conventions collectives (acquises en 36), qui alignent les situations par le haut, que les 35h de Martine Aubry. et leur cortège insupportable, pour le MEDEF, de RTT. La commercialisation de ce produit a été confiée à une enfant de l’immigration, sans doute pour montrer que les immigrés apprécient les salaires en baisse.

Ainsi, pour sauver une petite place dans l’histoire de France, et un brin de vanité, Hollande aura, dans un accord tacite avec le MEDEF, pris le risque d’exploser son parti en reniant deux de ses plus positives actions historiques. Reste une inconnue dans les plans hollandistes : comment cette manip va s’interpréter dans la gauche du prolétariat ? Ici, ceux qui avaient déjà de gros doute en 2012 ont, manifestement, fait des petits. Alors que l’assiette du MEDEF déborde, celle du prolo ne contient plus qu’une arête d’un minuscule poisson. Cette image accompagne la contestation anti loi El Khomri qui dure depuis des mois, et c’est finalement sans doute là que se joue la candidature de Hollande puisqu’un retrait lui retirera, automatiquement, l’appui du MEDEF.

Du coup le retrait de cette loi remettrait la vrai gauche, celle qui ne suivrait pas Macron (candidat de survie du hollandisme), au centre du jeu avec une possibilité, si les égos individuels s’effaçaient devant les intérêts des prolétaires, de battre, dès le premier tour, tous les candidats du MEDEF. Et, du même coup, le combat contre cette loi pourrait, de loin, dépasser son objet.

Les prochaines semaines vont donc être décisives pour toute la politique française.

CN46400

URL de cet article 30364
  

Même Thème
Les caisses noires du patronat
Gérard FILOCHE
A quoi servent les 600 millions d’euros des caisses noires du patronat, et où vont les 2 millions d’euros distribués chaque année en liquide par l’UIMM et le Medef ? Gérard Filoche dénonce ce scandale du siècle au coeur du patronat français. Il soulève toutes les questions posées par ce trafic d’argent liquide qui circule depuis si longtemps au Medef et montre comment le patronat se servait de cette caisse anti-grève pour briser la fameuse concurrence libre et non faussée. Denis Gautier-Sauvagnac, (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

« (...) on a accusé les communistes de vouloir abolir la patrie, la nationalité. Les ouvriers n’ont pas de patrie. On ne peut leur ravir ce qu’ils n’ont pas. Comme le prolétariat de chaque pays doit en premier lieu conquérir le pouvoir politique, s’ériger en classe dirigeante de la nation, devenir lui-même la nation, il est encore par là national, quoique nullement au sens bourgeois du mot. »

Karl Marx, Friedrich Engels
Manifeste du Parti Communiste (1848)

Hier, j’ai surpris France Télécom semant des graines de suicide.
Didier Lombard, ex-PDG de FT, a été mis en examen pour harcèlement moral dans l’enquête sur la vague de suicides dans son entreprise. C’est le moment de republier sur le sujet un article du Grand Soir datant de 2009 et toujours d’actualité. Les suicides à France Télécom ne sont pas une mode qui déferle, mais une éclosion de graines empoisonnées, semées depuis des décennies. Dans les années 80/90, j’étais ergonome dans une grande direction de France Télécom délocalisée de Paris à Blagnac, près de Toulouse. (...)
69 
Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.