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« Même si j’ai peur, je vais me battre »

L'internationaliste colombien est tombé au combat, en défendant la population civile du Donbass

Communiste, internationaliste, héros. Le jeune Colombien Alexis Castillo est tombé à Donetsk sous les tirs d’artillerie. Depuis 2014, il était enrôlé dans les milices populaires de cette république résistant au nettoyage ethnique et à l’agression militaire du gouvernement néonazi d’Ukraine contre la population civile du Donbass.

Originaire de Zarzal, dans le Valle, il s’est rendu très jeune en Espagne, où il a exercé divers métiers et s’est impliqué dans des mouvements sociaux et des organisations antifascistes, espaces qui lui ont permis d’accéder à la connaissance et à l’esprit critique. C’est là qu’Alexis est devenu communiste.

Engagement internationaliste

Après le coup d’État de 2014, la mise en place d’un gouvernement néo-nazi en Ukraine et le début de la guerre civile dans le Donbass, Alexis, lui-même espagnol, a compris que son devoir internationaliste était d’honorer la mémoire des milliers d’hommes et de femmes qui, en 1936, ont voyagé de différents pays vers l’Espagne pour combattre aux côtés des forces républicaines afin de résister au coup d’État fasciste.

Les Brigades internationales ont ainsi marqué une étape importante dans l’histoire de la solidarité internationale et Alexis a compris qu’il ne pouvait être inférieur à leur engagement. Lui aussi a dû monter au front pour défendre l’humanité contre le fascisme, partout où il a osé se montrer.

L’épisode qui a déterminé la décision d’Alexis a été les événements du 2 mai 2014 à Odessa, lorsque des centaines de nationalistes ukrainiens ont brûlé vifs 42 opposants au gouvernement de Kiev au siège des syndicats de cette ville. Ce massacre a fait prendre conscience à Alexis que la population ukrainienne russophone avait besoin de son aide.

Il est arrivé à Donetsk en ne parlant pratiquement pas russe, ce qui a d’abord rendu son adaptation difficile, mais son engagement, son dévouement et sa mystique révolutionnaire lui ont rapidement valu l’affection et le respect de ses camarades. Il y prend le nom de guerre d’Alfonso Cano, se fait des amis, tombe amoureux et a un fils, tisse des liens d’affection avec les habitants, devient un combattant exemplaire et est reconnu et décoré à de nombreuses reprises par ses supérieurs.

Il a été blessé trois fois, la dernière fois très sérieusement, ce qui lui a donné encore plus de force pour continuer. Dans une interview accordée à la télévision russe, où il a raconté les événements au cours desquels il a failli périr, il a déclaré : « Quand j’étais blessé, j’ai vu comme dans les films, j’ai tout vu comme dans les photos, du début à la fin de ma vie, mais la dernière chose que j’ai vue, quand j’ai vu mon fils, j’ai dit non, ce n’est pas le moment, je ne peux pas ». Il a donc survécu à une mine antipersonnel, interdite par la Convention de Genève, mais son commandant et deux de ses compagnons qui l’accompagnaient ce jour-là n’ont pas eu cette chance.

Un amoureux de la paix

Alexis a toujours prétendu être un communiste, un partisan des causes justes, un défenseur de la vie et un amoureux de la paix. Sa marche vers le Donbass ne visait pas à attaquer qui que ce soit mais à protéger la population civile des attaques de l’armée ukrainienne. Il savait que son travail consistait à éloigner la ligne de front des villes pour empêcher l’artillerie ennemie de les atteindre.

Dans son travail au milieu de la guerre, il a contribué à maintenir la population civile dans les meilleures conditions possibles, en apportant de la nourriture, de l’eau et des médicaments. Il a organisé un réseau de volontaires qui ont distribué de l’aide humanitaire. Il a pratiqué la solidarité agissante, l’amour efficace.

Sa vocation de dévouement ne s’est pas limitée aux discours ou aux paroles. Alexis a toujours été utile à ceux qui l’entourent. Quelqu’un qui, selon les mots de son ami, le journaliste et politologue russe Liu Sivaya, « ne vous a jamais apporté de problèmes, mais toujours des solutions ».

« Avec ses yeux ouverts »

Le président Gustavo Petro a reconnu la vie et le combat d’Alexis. Dans un tweet, il a souligné qu’il était un jeune révolutionnaire qui était parti à la guerre « les yeux ouverts », c’est-à-dire de son plein gré et convaincu de faire son devoir.

Sa phrase rappelait une chanson de Silvio Rodríguez à la mémoire d’Eliseo Reyes, le capitaine San Luis, un héros internationaliste tombé avec le Che en Bolivie, « bien-aimé, la clarté est près de moi ». Alexis, comme le capitaine, comme le Che, comme les brigadistes internationaux de 1936, a compris qu’il devait porter sa cohérence jusqu’aux dernières conséquences et offrir sa vie, si nécessaire, pour défendre ses convictions.

Car contrairement à ce que prétend une partie de la presse bien-pensante, Alexis n’était pas un mercenaire. Il n’était pas allé combattre sous contrat ou par l’intermédiaire d’une "société de sécurité" comme celle qui a organisé l’assassinat du président haïtien ou l’opération Gideon au Venezuela. Il n’était pas non plus un ancien militaire engagé pour se battre ou monter la garde, comme il y en a tant en Colombie et qu’ils sont devenus un produit d’exportation.

Non, Alexis est parti à la guerre de son plein gré et convaincu qu’il poursuivait une cause digne d’être défendue, la cause de la vie, de la paix et de l’autodétermination des peuples.

L’une de ses plus grandes préoccupations a toujours été que le monde sache ce qui se passe réellement dans le Donbass. La presse hégémonique a intentionnellement caché la guerre civile au public pendant huit ans, car les atrocités qui y ont été commises ne cadraient pas avec le récit de l’Ukraine en tant que victime qui nous a été colporté depuis lors.

Cette stratégie de dissimulation a contribué à faire croire à une grande partie de l’opinion publique que c’est la Russie qui a déclenché les hostilités en février de cette année, alors qu’en réalité elle a dû intervenir pour mettre fin à une guerre civile qui s’envenimait, s’enlisait et était brutale, et dont la population civile russophone faisait les frais.

Pour Alexis, il était essentiel que la vérité soit connue. Il a donc encouragé les journalistes à se rendre dans la région, a participé à des forums Internet et a fait de son mieux pour faire connaître ce qui se passait dans le Donbass.

Adieu

Le 28 octobre dernier, Alexis défendait avec trois camarades une position reprise aux forces ukrainiennes au nord de l’aéroport de Donetsk. Après avoir subi 22 pertes ennemies au cours d’une bataille acharnée, ils ont été touchés par un obus tiré par l’artillerie ennemie qui les a touchés de plein fouet. Ils ont été tués sur le coup.

Ni Alexis ni ses camarades n’ont souffert. Quelques heures plus tard, au milieu des tirs d’artillerie intenses, des unités des forces spéciales de la milice populaire ont sauvé les corps et les ont emmenés en lieu sûr pour leurs funérailles.

Le combat d’Alexis, son engagement politique, son dévouement à l’humanité, son immense générosité, son caractère bon et fraternel et sa constance jusqu’au bout ont fait de lui un héros de l’internationalisme révolutionnaire. Nous aurions aimé le rencontrer, partager ses expériences, l’inviter à prendre un café au siège de VOZ et lui souhaiter la bienvenue dans son pays.

Il nous reste son exemple, son sourire et sa réflexion : « Peu importe combien de fois je serai blessé, combien de fois je perdrai du sang, je serai prêt à me battre pour ce que je pense. Donc, même si j’ai peur, je vais me battre ».

Adieu, Alexis. Que la terre te soit douce.

Traduction Bernard Tornare

Source en espagnol

 https://b-tornare.overblog.com/2022/11/meme-si-j-ai-peur-je-vais-me-battre.html

COMMENTAIRES  

04/11/2022 16:38 par Lou lou la pétroleuse

Que ceux qui sont morts pour le droit des peuples à disposer d’eux même reposent en paix et que vivent ceux qui se sont battus et se battent encore pour qu’un gouvernement populaire arrive au pouvoir dans leur propre pays, comme ça semble être le cas en Colombie et quelques autres pays d’Amérique latine.

04/11/2022 16:39 par Lou lou la pétroleuse

Tiens, la censure est de retour.

04/11/2022 19:07 par barbe

Une minute sépare les deux messages de l’impatiente pétroleuse.
Je ne voudrais pas la croiser dans la file d’attente pour le plein de gazoile.

04/11/2022 20:05 par bostephbesac

Je vois juste cet article sur LGS - vu auparavant sur Réseau International . Où voyez vous de la censure ?

05/11/2022 09:05 par Lou lou la pétroleuse

A bostephbesac
La censure dont je parlais c’est celle qui s’affiche en haut de la fenêtre destinée à la rédaction des commentaires, et contre laquelle j’ai déjà protesté, dans la mesure où elle apparait sans justification compréhensible.
Par exemple je tape un nième commentaire à un article et ça passe comme une lettre à la poste. Je tape, un autre jour, sous un autre article, mon premier commentaire, qui est aussi parfois le premier de la journée et je vois apparaître le message en bleu foncé me signalant que j’ai déjà écrit de nombreux commentaires et me recommandant de m’autocensurer. Ça offusque ma logique.

C’est en outre un jeu auquel nous sommes invités à participer sans en connaître la règle : à combien de commentaires avons-nous droit, par article ? par jour ? par semaine ou par mois ???? "C’est selon" m’a-t-on répondu. Selon quoi ? Qui le sait ?
Bien sûr comme tout le monde je remercie le Grand soir de nous permettre de nous exprimer, mais ce serait mieux si nous connaissions les règles du jeu, sinon ça risque de devenir manipulateur.

05/11/2022 13:51 par J.J.

Le Grand Soir a la courtoisie de publier nos commentaires qui sont plus ou moins pertinents (je parle pour moi). Il m’est arrivé, en cas d’actualité chargée, de voir apparaître le bandeau bleu m’invitant à limiter ma prolixité. Quelquefois j’ai insisté , avec succès, parfois sans . Je comprends très bien qu’il faut de la place pour tout le monde. Et s’il y a beaucoup de commentaires, c’est bon signe !

05/11/2022 15:57 par Xiao Pignouf

Loulou, en écrivant ce commentaire réponse au tien, je suis aussi prévenu par l’algorithme du GS que j’ai déjà posté « un certain nombre » de commentaires. Nous y sommes tous soumis. Il ne peut donc s’agir de censure, seulement d’une invitation à n’intervenir que si ça vaut le coup. Ce que tu déplores, ce n’est pas de la censure mais le décalage entre émotions humaines et froideur de la machine, celle-ci ne réagissant qu’à la quantité et pas à la qualité. Je pense que le but de la manoeuvre est simplement de réduire, même un tout petit peu, le nombre de commentaires que doivent traiter les modérateurs du site. Tu n’as qu’à l’accepter comme nous tous sans t’en formaliser outre mesure.

Je précise que ce bandeau bleu n’a jamais rien eu à voir avec le refus de publier une de mes coms par le GS. Et les seuls qui l’ont jamais été méritaient de l’être, avec ou sans bandeau bleu.

05/11/2022 16:57 par act

@LGS : coquille de traduction :
"Alexis a toujours prétendu être un communiste, un partisan des causes justes, ...."
l’original est :
"Alexis siempre se reivindicó como comunista, partidario de las causas justas,.."
une traduction correcte serait par exemple :
"Alexis a toujours revendiqué être un communiste, un partisan des causes justes, ...."
BàV

05/11/2022 17:51 par Assimbonanga

@Loulou, tu devrais ouvrir un site bénévole où tu te taperais toute la modération à longueur de journée et des gens qui viennent chez toi en s’indignant que tu ne publies pas assez vite et qui se montrent impérieux. Donne-toi le temps de sentir le fonctionnement de ce lieux de bénévoles engagés. Vu leur niveau de connaissances et d’expérience y compris internationale, ils ont bien du mérite de tolérer un paquet d’imbécilités.
Je dirais que c’est par rafales de quatre. Jusqu’à publication. Ensuite ton droit à une nouvelle rafale de quatre est reconstitué. Si un com est intéressant, ça peut monter à cinq. Par contre, si tu radotes, rabâches ou te répètes, tu casses les .ouilles et couic !

05/11/2022 20:03 par bostephbesac

En ce moment, il y a tant de sujets intéressants..............qu’ on poste/discute donc, en conséquence.

06/11/2022 17:33 par Vania

@Loulou, Au LGS il n’y a pas de censure. Vos accusation sont fausses ! Il faut simplement laisser l’opportunité à plusieurs personnes de s’exprimer. Vos réactions sont souvent trop émotives et exagérées.

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