Mon dieu, délivrez-moi de mes cauchemars !

Je fais des cauchemars récurrents, de ceux qui récurrent même les casseroles les plus sales.
Cette nuit, j’ai à nouveau cauchemardé grave :
Et si F.H. gagnait les primaires chez les « républicains », loin devant Juju et Nico ?

Et si le Medef se donnait pour président un migrant catalan,
un étranger, un vrai, un bien intégré, pas ambitieux ni brutal pour deux sous ?

Et si l’on proposait des macronis aux pauvres et des macaronis aux autres ?

Cette nuit, j’ai cauchemardé grave :
Et si au nom de « l’état d’urgence exceptionnellement permanent » nous allions pilonner La Paz, pour le fun ? Et si nous accordions l’asile aux fantômes de Daladier, de Pétain, de Laval, de Papon, de Thiers, de Franco, de Pinochet ?

Si au lieu de bombarder la Syrie nous bombardions le PSG ? Il paraît que ceux qui finance(raie)nt le terrorisme aiment aussi le ballon... surtout rond ! Les ronds bien ronds. Les pépètes... et la dèche pour les autres.

Cette nuit, j’ai cauchemardé grave :
Et si les militants étaient invités, comme en 40, à rejoindre les bois par petits groupes pour s’y reposer, méditer sur la COP21, étudier comparativement le comportement des corbeaux d’aujourd’hui et de ceux d’hier, réfléchir aux bienfaits du droit du sang, de la « race », du tout sécuritaire, de la peur de l’autre, d’une démocratie « d’exception », de « basse intensité », d’une « dicta-molle » ?

Et si pour assurer leur « lisibilité », on obligeait les « rouges » à porter l’étoile rouge ?

Si on les hébergeait gratuitement dans des camps à la belle étoile écolo,flanqués du statut protecteur d’« indésirables », d’« ennemis de l’intérieur », pour permettre au « système » d’œuvrer au bien commun des classes dominantes si nécessiteuses ?

Et si on enterrait un « Front de Gauche » qui n’a jamais vraiment existé, que l’on n’a jamais voulu structurer à la base pour que « le peuple » en fasse son affaire, son à faire ?

Et si on le réduisait une nouvelle fois à des manœuvres d’appareil, à des calculs boutiquiers, à une addition de généraux aux maigres troupes, et à de petites, toutes petites, ambitions personnelles de tel ou tel ? Et si certains préféraient la tambouille politicarde façon « caste » ? Et si pour le « sauver », l ’« élargir », on tuait définitivement cet espoir ? Sans rendre des comptes...

Cette nuit, j’ai cauchemardé grave :
Et si on l’on « repartait », au nom de la lutte contre le « danger fasciste », avec cette « gauche » plurienne, cette nouvelle droite qui délibérément a saigné et saigne et trahit et méprise et humilie, et réprime, les banlieues, les couches populaires, les militants, les immigrés, les déchireurs de chemises garde chiourmes, les exclus, les précaires, les mauvais étrangers, qui trucide par calcul les valeurs de gauche, qui renie une laïcité ouverte, le mélange, le partage, la lutte des classes ; qui a entrepris la « liquidation » méthodique des forces anticapitalistes pour enterrer -enfin- toute possibilité d’émancipation sociale, culturelle, humaine...?

Au petit matin, j’ai enfin rêvé :
Et si la gauche, sans besoin de préciser « de gauche », se recomposait pour de vrai, incarnait à nouveau des projets de rupture, mobilisateurs, généreux, des idéaux, des utopies, des passions, des espoirs, si elle recrédibilisait le changement de société, engageait la refondation du socialisme et se le fixait comme chemin, comme « étoile » ?
Si elle reprenait des valeurs abandonnées et dévoyées par les uns et les autres : la nation et l’internationalisme, la souveraineté nationale, l’insécurité sociale, le terrorisme de la pensée unique, la justice sociale et écologique...

Mon Dieu, délivrez-moi de mes cauchemars cauchemardesquement cauchemardesques, et rendez-moi mes rêves d’antan !

Hier, nous répandions au col de Py, dans l’Ariège, les cendres d’un guerrillero espagnol (le commandant « Robert ») ; il prit les armes, après l’Espagne, pour défendre par antifascisme un pays qui le reçut pourtant comme un chien, comme un « étranger indésirable ».

Debout les consciences, debout les résistants d’aujourd’hui, debout les utopistes concrets !

Jean Ortiz
Samedi, 26 Décembre, 2015

 http://www.humanite.fr/blogs/mon-dieu-delivrez-moi-de-mes-cauchemars-593964

COMMENTAIRES  

27/12/2015 11:29 par hassinus

Onirique loquacité toute en vœux pieux, ce qui va bien avec cette période de fêtes. Mais s’il voulait réellement faire avancer la lutte de la classe ouvrière pour la dignité et la paix, il devrait plutôt réfléchir au comment par exemple contourner le système informationnel ou rendre visibles et audibles les idées communistes... C’est vrai que le rêve n’a jamais fait de mal à personne.... Rêvez donc, rêvez,M. Ortiz et surtout ne vous réveillez pas... Bonne année !

27/12/2015 13:20 par Trannoy Bernard

Pour rassembler il faut exister et pour moi et bien d’autres à tord ou à raison l’outil de ce rassemblement cela reste la nécessité d’un PCF qui redevienne effectivement un parti communiste. Le monde du travail souffre de son absence. Car le problème essentiel ce n’est pas le FN mais l’abstention. Et pour cela il faut rassembler le monde du travail et arrêter de croire ou de faire croire qu’il suffirait d’une collection de logos. Pour rassembler il faut être porteur de CONTENUS qui permettent le rassemblement. Contenus qui ont très largement manqué aux régionales en Aquitaine avec en plus, un chef de file qui se gardait bien de décliner sa qualité de communiste, mais peut-être dans son cas cela valait mieux. Pour lui la comm devait suffire eh bien là il a eu tout faut Nous sommes encore dans la phase du "silence des communiste" sortir de la lutte des places (meilleurs moyens pour ne pas avoir de places) pour réinvestir le champ du combat de classe est une question de salubrité publique

28/12/2015 08:43 par babelouest

Faut-il garder des illusions ? Notre pays est sous le joug d’un régime d’extrême coercition. Le mot fascisme correspond à quelque chose de précis dans le temps et le lieu, donc je ne l’emploierai pas. Seule une propaganda intense et continuelle peut donner à beaucoup l’illusion que tout va presque bien, comme dans "l’Amérique" post-Bernays.

Entre l’ancien maire de Neuilly, l’ancien Young Leader natif de Rouen, l’ancien natif de Catalogne, et pas mal d’autres, on ne voit pas la différence. Si le militantisme ne s’étend pas plus, "on est mal" pour l’avenir. Non, on ne rit vraiment pas.

La dictature de Bruxelles s’amplifie : heureusement, les têtes de la Pologne sont moins serviles que celles qui font semblant de gouverner ici.

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