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Négociations sur le nucléaire iranien : un simple jeu de rôles

Un round de plus vient de se terminer à Alma-Ata, au Kazakhstan, après 2 jours de discussion sur le Nucléaire iranien. Comme d’habitude, ils se sont séparés tous contents, se fixant un prochain rendez-vous en Mars à Istanbul. Tous gagnants. Qui sont les protagonistes ? Les deux habituels : l’Iran d’un côté, les six (les 5+1 qu’on ne présente plus) de l’autre, et un organisateur qui, comme pour les jeux olympiques, change d’une rencontre à l’autre. Le scénario est toujours le même, avec quelques coups de théâtre usés jusqu’à la corde mais qu’il est impossible de ne pas glisser par-ci par-là parce qu’ils sont attendus par tout le monde.

L’organisation d’abord. Comme pour les grands évènements sportifs, des pays posent leur candidature pour avoir l’honneur et le privilège d’organiser la rencontre. Notons, en passant que le pays retenu est le premier gagnant. Le seul fait d’avoir été choisi lui confère une stature diplomatique en tant qu’acteur du maintien de la paix dans le monde. Il ne lui reste plus, pour renforcer cette position, qu’à gérer les éventuels couacs, que les deux challengers n’ont d’ailleurs aucun intérêt à provoquer.

Une fois que l’arène a été définie, les préparatifs commencent avec les ingrédients habituels. On ne comprend pas toujours tout, ni les rôles et les objectifs de chacun, mais, à force, on a fini par en retenir les grandes lignes. En premier lieu, le rôle de l’AIEA reste dans un flou entretenu. Ce vénérable organisme est-il un procureur, un avocat, un expert ou un simple témoin ? C’est un organisme international, donc sensé être neutre. Mais, aujourd’hui, dans le domaine international, la neutralité n’est pas de ce monde. En tout cas, sa présence permanente en Iran et sur les sites nucléaires, avec ses inspections poussées et sa surveillance jamais vue nulle part ailleurs, lui permet de fournir une masse de rapports qui seront ensuite étudiés, commentés, analysés et interprétés, chacun y voyant ce qu’il a envie d’y voir. Comme si cela ne suffisait pas, régulièrement un rapport supplémentaire sorti d’on ne sait où, mais attribué à l’AIEA, vient se greffer aux autres, amenant des données sensées orienter les futurs débats. Ca fait partie du jeu.

Outre l’AIEA, il y a aussi Israël. Habituellement, avant chaque rencontre, Israël a pour rôle de faire monter la pression sur les deux protagonistes. Là aussi, les mêmes recettes sont utilisées. Une pincée de « encore plus de sanctions paralysantes ». Une larme de « Si vous ne faites rien, nous serons obligés d’envisager une frappe préventive ».Une lichette de « dans 6 mois au plus tard l’Iran sera doté de l’arme nucléaire ». Le tout enrobé de « menace pour Israël, donc pour le monde » et autres « apocalypses ». Rien de nouveau de ce côté, sauf pour la dernière rencontre où on constate un léger changement dans l’attitude d’Israël.

Les six, eux, justement parce qu’ils ne sont pas homogènes, poursuivent finalement un but commun : conserver le statu quo à la fin des pourparlers. Toute solution qui pourrait satisfaire l’un serait au détriment de l’autre. Alors, à quoi bon rechercher des solutions ? Toute modification du statu quo conduirait à revoir des politiques ayant été mises en place de longue date et sur lesquelles reposent déjà toutes leurs économies respectives. Ensuite, quand les uns ont besoin d’un ennemi perpétuel, les autres exploitent cela pour, d’une part, accuser leurs collègues d’irrationalité, et d’autre part, pousser leurs pions dans des partenariats privilégiés avec l’Iran d’où seront exclus les premiers. Bien sûr, toute cette mascarade n’empêche pas les déclarations tonitruantes assorties de menaces par les uns et de conseils bienveillants par les autres, tout le monde sachant à quoi s’en tenir.

Quant à l’Iran, il sait qu’il n’est qu’un joueur parmi les autres dans ce jeu de poker-menteur. Il sait également que son nucléaire ne figure, en aucune façon, parmi les vrais enjeux. Mais tant qu’il gagne, lui aussi, il joue. Car il a tout à gagner à suivre les règles du jeu. De quoi s’agit-il ? Les adversaires occidentaux s’appuient sur sa technologie nucléaire pour poursuivre un combat datant de Mossadegh, avec une petite fenêtre pendant les premiers temps du règne du Chah Mohamed Reza Pahlavi. Il n’y aurait pas eu le nucléaire, ils auraient trouvé autre chose, l’objectif étant de faire rentrer l’Iran dans les rangs et d’en finir avec sa théocratie. Or les iraniens n’ont aucune intention d’obtempérer aux désidératas des Etats-Unis et de ses alliés. Le bras de fer engagé depuis des années contre eux peut déboucher, à tout moment, sur un conflit armé ouvert. Ce que ne souhaite ni l’un, ni l’autre, pour le moment. Le problème nucléaire est donc tout à fait le bienvenu car il présente de nombreux avantages. Outre les percées technologiques qui l’accompagnent, il permet à l’Iran de se positionner comme défenseur mondial du droit au nucléaire civil pour tous. Devant le harcèlement des Grands et les divers sabotages de son programme, son obstination lui confère une stature de premier résistant face à l’hégémonie et à l’arrogance de ces grands, dont 5 sont officiellement détenteurs de l’arme nucléaire. Mais les dirigeants iraniens savent aussi que les attaques répétées, tant médiatiques, économiques que subversives risquent de mener, tôt ou tard, à la déstabilisation du régime, véritable but des auteurs de ces attaques. C’est là qu’apparait à leurs yeux toute l’utilité des négociations avec les membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU, plus l’Allemagne. Ces négociations permettent, en effet, à Téhéran de montrer à son peuple toute la fermeté de ses gouvernants face à ses ennemis, et ainsi souder un peu plus le peuple iranien autour de ses dirigeants, chaque rencontre se soldant par un match nul. Un match nul, seul contre tous les grands de ce monde, est une victoire. Une victoire à moindre frais.

A tous les coups l’on gagne. C’est la formule qui peut caractériser ces « sommets » à la fin desquels tout le monde rentre chez lui, content. Après chaque rencontre, les 5+1 auront testé l’effet des sanctions précédentes sur le moral des dirigeants iraniens et pourront déjà en envisager d’autres, tandis que les iraniens auront montré à leurs adversaires que plus il y aura de sanctions, plus les occidentaux s’éloigneront de leurs objectifs premiers. Quant à l’organisateur, s’il s’assure que toutes les règles permettant d’aboutir à ce résultat ont été respectées, il gagne le ticket pour une prochaine rencontre.

Avic

http://avicennesy.wordpress.com/

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