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« Nous devons promouvoir la plus grande démocratie dans notre société en commençant par notre propre Parti »

Discours prononcé par le général d’armée Raul Casto Ruz, Premier secrétaire du Comité central et président du Conseil d’État et du Conseil des ministres, à la 1ère Conférence nationale du Parti, au Palais des Conventions, le 29 janvier 2012, « Année 54 de la Révolution ». (Traduction de la version sténographique du Conseil d’État)

Camarades :

La 1ère Conférence nationale du Parti qui achève aujourd’hui ses travaux avait pour objectif, conformément à la convocation lancée par le 6e Congrès, d’évaluer avec objectivité et sens critique le travail du Parti, et déterminer avec une volonté rénovatrice les transformations nécessaires pour le placer à la hauteur des circonstances actuelles.

N’oublions pas que seul le Parti, en tant qu’organisation regroupant l’avant-garde révolutionnaire et garantie sûre de l’unité des Cubains, à toutes époques, peut être le digne héritier de la confiance que le peuple a déposée dans le seul commandant en chef de la Révolution, le camarade Fidel Castro (Applaudissements).

Je ne m’arrêterai pas sur les participants au processus de discussion du projet de Document de base, ni sur les nombreuses modifications qui en ont découlé, compte tenu du rapport présenté par le Deuxième secrétaire du Comité central, le camarade José Ramon Machado Ventura, à l’inauguration de cette réunion qui, comme chacun sait, n’a pas commencé hier mais presque immédiatement après la clôture du Congrès du Parti.

Après la rédaction du premier brouillon du Document, et son ultérieure analyse dans de nombreuses réunions du Bureau politique et du Secrétariat avant sa discussion au sein des organisations de base du Parti et de l’Union des jeunesses communistes (UJC) durant les mois d’octobre et novembre de l’année dernière, ses résultats ont été analysés par le 3e Plénum du Comité central qui s’est déroulé le 21 décembre 2011.

Pendant les premières semaines du mois en cours, au niveau provincial, les délégués à la Conférence, au niveau provincial, et d’autres cadres ont procédé à son étude et à sa discussion. Au total, il y a eu neuf versions de ce document.

A la différence du projet d’Orientations de la politique économique et sociale du Parti et la Révolution, dont le débat a été ouvert, d’une manière ou d’une autre, à toute la population, le Document de base de la Conférence, du fait de sa portée et parce qu’il était surtout axé sur le fonctionnement interne du Parti, a été analysé par tous les militants, même si notre peuple a pu en connaître intégralement le contenu à travers les médias.

Par ailleurs, lors des travaux préparatoires de la Conférence nous avons débattu sur le travail des militants dans le perfectionnement des relations du Parti avec l’UJC, la Centrale des travailleurs de Cuba et les autres organisations de masse, afin qu’elles puissent renforcer, dans les conditions actuelles, leur rôle et leur influence dans la société.

Comme il fallait s’y attendre, depuis la publication du Document, les critiques et les remarques n’ont pas manqué de la part de certains qui, enclins à confondre leurs aspirations personnelles avec la réalité, pensaient que la Conférence allait marquer le début d’un démontage du système politique et social de la Révolution construit pendant plus d’un demi-siècle avec le soutien de la majorité des Cubains.

A cet égard, ce n’est pas un hasard si l’objectif de ce Document stipule : « Le Parti communiste de Cuba, en tant que force dirigeante supérieure de la société et de l’État, est le résultat légitime de la Révolution et son avant-garde organisée, et est chargé, avec le peuple, d’assurer sa continuité historique ». Ce concept, auquel nous ne renoncerons jamais, s’accorde pleinement avec l’article Nº 5 de la Constitution de la République, adopté en référendum par 97,7% des électeurs, par vote libre, direct et secret.

Nos adversaires, et même certains qui sympathisent avec nous, faisant abstraction de la longue histoire d’agressions, de blocus économique, d’ingérences, et de l’état de siège médiatique qui se traduit par des campagnes incessantes orchestrées par une presse soi-disant libre, subordonnée pour la plupart aux intérêts impériaux prédominants - la Révolution a dû faire face à tous ces défis -, exigent de nous, comme s’il s’agissait d’un pays vivant dans les conditions normales et non d’une place assiégée, de réinstaurer le modèle pluripartite qui régnait à l’époque où Cuba était sous la domination néocoloniale des États-Unis.

Renoncer au principe du parti unique reviendrait tout simplement à légaliser le parti ou les partis de l’impérialisme dans notre patrie, et à sacrifier l’arme stratégique de l’unité des Cubains qui a transformé en réalité les rêves d’indépendance et de justice sociale pour lesquels tant de générations de patriotes, depuis l’Indien Hatuey, Carlos Manuel de Céspedes, José Marti et Fidel, ont combattu.

Dans le but d’organiser la lutte pour l’indépendance de Cuba et de Porto Rico, Marti avait conçu la création d’un seul parti politique, le Parti révolutionnaire cubain, chargé, selon ses propres paroles : « De fomenter la révolution pour que puissent y entrer tous les Cubains de bonne volonté… Tous aiment Cuba, et la respectent ».

Lorsque la victoire sur l’Espagne était imminente, après trente ans de guerre, se produisit l’intervention nord-américaine, et l’une des premières mesures adoptées fut la dissolution de ce parti, ainsi que la glorieuse Armée de libération, pour avancer vers ce qui viendrait ensuite : le pluripartisme de la république bourgeoise et la création d’une nouvelle armée - gardes ruraux répressifs inclus -, garante de la domination absolue sur toutes les richesses de la nation, dont ils s’approprièrent pendant les quatre premières années de la première occupation militaire.

Telle fut la triste fin des deux piliers de la révolution pour l’indépendance, le Parti et son Armée de libération, qui devaient renaître 60 ans plus tard sous direction de Fidel, qui s’était inspiré des enseignements de Marti. Nous ne permettrons jamais que cette histoire se répète.

Il n’est pas dans mon intention dans cette intervention de m’arrêter sur l’évolution historique du terme Démocratie, depuis sa conceptualisation dans la Grèce antique comme le « pouvoir du peuple », même si la majorité esclave ne comptait pour rien. Je ne veux pas non plus philosopher sur l’actualité et l’utilité de ladite démocratie représentative. Il est de notoriété publique qu’elle a débouché invariablement sur une concentration du pouvoir politique entre les mains de la classe détentrice de l’hégémonie économique et financière de chaque pays, où les majorités ne sont pas prises en considération non plus, et, lorsqu’elles manifestent, comme elles le font aujourd’hui même dans de nombreux endroits, elles sont brutalement réprimées et passées sous silence avec la complicité de la grande presse à son service, elle aussi transnationalisée.

Le meilleur argument nous est fourni par la démocratie étasunienne, qui prétend s’imposer au monde comme modèle, où le pouvoir alterne entre le Parti républicain et le Parti démocrate, à quelques différences près, pour défendre les intérêts du même grand capital auquel ils sont subordonnés.

Prenez, pour ne citer que quelques exemples, la Base navale de Guantanamo, un territoire que les États-Unis occupent contre la volonté du peuple cubain depuis plus de 100 ans. Indépendamment du parti au pouvoir dans ce pays qui ne cesse de prôner la défense des droits de l’Homme - et malgré les promesses de son actuel président - une prison est maintenue depuis dix ans, où à l’heure actuelle, dans un limbe juridique, plus de 170 ressortissants étrangers sont soumis à des tortures et à des vexations.

Le deuxième exemple est l’invasion de Playa Giron, qui avait été conçue et planifiée par un président républicain, Eisenhower, et mise en exécution par John Kennedy, un président démocrate, trois mois à peine après sa prise de fonction ; et finalement, le blocus économique qui dure depuis plus d’un demi-siècle, peu importe s’il y a un républicain ou un démocrate à la Maison-Blanche.

Ceci dit, sans le moindre mépris pour les pays ayant des systèmes pluripartistes, et dans le strict respect du principe de libre autodétermination et de non-ingérence dans les affaires intérieures d’autres États, consacré par la Charte des Nations unies, à Cuba, partant de ses expériences dans la longue histoire des luttes pour l’indépendance et la souveraineté nationale, nous défendons le système du parti unique face au jeu de la démagogie et du mercantilisme de la politique.

Si nous avons choisi, souverainement et avec la participation et le soutien du peuple, de poursuivre l’option du parti unique de José Marti, nous devons promouvoir la plus grande démocratie dans notre société en commençant par donner l’exemple dans les rangs du Parti, pour instaurer un climat de totale confiance et créer les conditions nécessaires à tous les niveaux pour un vaste et franc échange d’opinions, aussi bien au sein de l’organisation qu’en ce qui concerne ses liens avec les travailleurs et la population, en faisant en sorte que les divergences soient accueillies avec normalité et respect, y compris par les médias, dont il est question à plusieurs reprises dans les Objectifs de cette conférence, et qui devront s’impliquer avec responsabilité et faisant preuve de leur devoir de stricte véracité devant les faits, et non pas dans le style bourgeois plein de sensationnalismes et de mensonges, mais en abordant les questions en toute objectivité et sans secrétisme inutile.

A cette fin, il nous faut encourager le professionnalisme parmi les travailleurs de la presse, une tâche dans laquelle nous pouvons compter sur le soutien de l’Union des journalistes de Cuba (UPEC), des médias et des organismes et institutions qui se doivent de leur fournir des informations dignes de foi et opportunes pour, entre tous, avec patience et une unité de critères, perfectionner et améliorer constamment l’efficacité des messages et des instructions à nos compatriotes.

Par ailleurs, la construction d’une société plus démocratique contribuera également à en finir avec les comportements opportunistes et la simulation, nés d’une fausse unanimité et du formalisme, au moment d’aborder certaines situations de la vie nationale.

Il est nécessaire de nous habituer à nous dire toutes les vérités en face, à nous regarder dans les yeux, à émettre des avis différents, y compris de contester ce que disent les chefs lorsque nous estimons avoir raison, comme il se doit, à l’endroit approprié, au moment opportun et d’une manière correcte, c’est-à -dire dans les réunions et pas dans les couloirs. Nous ne devons pas craindre de nous attirer des problèmes lorsque nous défendons nos idées, et nous devons combattre énergiquement le travail mal fait.

Nous avons souvent dit, et ceci a également été consigné dans le Rapport central du 6e Congrès, que la seule chose qui pourrait entraîner la chute de la Révolution et du Socialisme à Cuba est que nous soyons incapables de corriger les erreurs commises pendant les plus de 50 ans écoulés depuis le 1er janvier 1959, ainsi que les nouvelles erreurs que nous pourrions commettre à l’avenir.

Il n’a jamais existé et il n’existera pas de révolution sans erreurs, parce qu’elles sont l’oeuvre des hommes et des peuples, qui ne sont pas parfaits, et qui sont confrontés, pour la première fois, à des défis nouveaux et énormes. C’est pourquoi je pense qu’il ne faut pas avoir honte des erreurs. Le plus grave et honteux serait de ne pas avoir le courage de les reconnaître et d’en tirer les leçons pour les corriger à temps.

A cet égard, en raison de leur permanente actualité, il est opportun de rappeler les paroles prononcées par le camarade Fidel, le 28 septembre 1986, lors de la clôture du 3e Congrès des Comités de défense de la Révolution (CDR), lorsqu’il signalait : « La lutte contre les tendances négatives et les erreurs commises continuera indéfectiblement, car il est de notre devoir sacré de perfectionner tout ce que nous faisons, de perfectionner la Révolution. Nous avons le devoir sacré de ne jamais être satisfaits, même lorsque nous croyons bien faire, et de l’être encore moins quand nous savons que les choses ne sont pas faites comme elles le devraient ».

La génération qui a fait la Révolution a eu le privilège historique, rarement vu, de pouvoir conduire la rectification des erreurs commises par elle-même, ce qui est une preuve éloquente que ces erreurs n’ont pas eu de répercussions stratégiques, autrement nous ne serions pas ici aujourd’hui. Nous ne pouvons pas, même si nous ne sommes plus aussi jeunes, laisser passer cette dernière chance.

Je me vois donc dans le devoir d’adresser, une fois de plus, une mise en garde afin que nous évitions de tomber dans l’illusion de croire que les décisions adoptées par cette Conférence nationale, où même les accords de portée stratégique adoptés par le 6e Congrès constituent, la solution magique à tous nos problèmes.

Pour empêcher que les instructions du Parti et du Bureau politique ne tombent dans un sac troué, et comme nous l’avons souligné en ce qui concerne l’actualisation du modèle économique et l’exécution des plans annuels et du budget, les plénums du Comité central devront analyser deux fois par an l’application des Objectifs de travail du Parti fixés par cette Conférence. Les comités provinciaux et municipaux du Parti auront également ce genre de réunions, dont la forme et la fréquence seront établies par le Comité central.

L’expérience nous a appris que ce qui n’est pas contrôlé efficacement, ne s’accomplit pas ou s’exécute superficiellement.

Il s’impose de travailler et de persévérer avec ordre, discipline et rigueur pour matérialiser les Orientations de la politique économique et sociale, de même que les Objectifs fixés par cette Conférence, de lâcher derrière nous le lest de la vieille mentalité et forger, avec une dynamique transformatrice et beaucoup de sensibilité politique, la vision pour le présent et l’avenir de la patrie, sans abandonner un seul instant le legs de José Marti et la doctrine du marxisme-léninisme, qui constituent le principal fondement idéologique de notre processus révolutionnaire.

Pour réussir dans cette voie, il est indispensable, comme le souligne l’objectif Nº 37, de « renforcer l’unité nationale autour du Parti et de la Révolution, resserrer le lien permanent avec les masses et consolider la conviction de préserver la nation cubaine et ses conquêtes économiques et sociales, sur la base selon laquelle la Patrie, la Révolution et le Socialisme sont indissolublement liés ».

Ceci dit, l’important de la question n’est pas d’avoir formulé correctement cet objectif ou tout autre, mais de savoir déterminer les voies et les manières de les mettre en pratique, avec la plus grande fermeté, de sorte que nous puissions évaluer intégralement combien et comment nous avançons, détecter à temps les tendances négatives et être capables de mobiliser les militants et le peuple dans la poursuite de notre objectif.

Cette règle est tout aussi applicable aux énoncés liés à la Politique des cadres, un domaine qui, comme il est précisé dans le Rapport central du 6e Congrès, a subi les effets de l’improvisation et du manque de prévision et de systématicité, qui a laissé comme séquelle le fait que nous ne disposons pas encore d’une réserve de remplaçants expérimentés et mûrs, suffisamment préparés pour occuper les postes de direction complexes au niveau du Parti, de l’État et du gouvernement, une tâche qui, pour des raisons évidentes, que tout le monde comprendra, revêt une importance stratégique pour la Révolution et à laquelle nous travaillons sans hâte mais sans pause, dans le cadre de la mise en exécution des accords du Congrès.

Je profite de l’occasion pour réitérer que dans la mesure où nous avançons dans la définition de tous les ajustements qu’il faudra apporter à la Constitution de la République et au cadre législatif complémentaire, entre autres questions, nous prendrons la décision de limiter les principales fonctions politiques et publiques à un maximum de deux mandats successifs de cinq ans. A cet égard, j’estime qu’une fois les politiques définies et adoptées par les instances pertinentes, nous pourrons commencer une application progressive, sans attendre la réforme constitutionnelle, car nous ne pouvons pas utiliser ce recours à tout moment ; autrement dit, aller modifier quelque chose dans la Constitution, que ce soit à travers le propre Parlement, sans qu’il faille en appeler au référendum. Les statuts et d’autres documents recteurs du Parti seront également sujets à modification.

En abordant ces questions, je ne puis m’empêcher de souligner l’importance d’assurer que l’autorité morale du Parti, de ses militants et en particulier des dirigeants, à tous les niveaux, soit basée sur l’exemple personnel à partir de valeurs éthiques, politiques et idéologiques prouvées et un contact permanent avec les masses.

La Révolution des humbles, par les humbles et pour les humbles qui a coûté tant de sang à notre peuple courageux cesserait d’exister sans que l’ennemi ait à tirer un seul coup de feu si sa direction tombait un jour aux mains d’individus corrompus et lâches.

Il faut toujours garder à l’esprit ces concepts, qui ne sont pas nouveaux, en raison du mal réel et potentiel que représente pour le présent et l’avenir de la nation le phénomène de la corruption.

Ces dernières semaines, les députés de l’Assemblée nationale et de nombreux cadres et fonctionnaires de tout le pays ont reçu une vaste information sur certaines des enquêtes menées par les organes pertinents du ministère de l’Intérieur, en étroite collaboration avec le ministère Public et la Cour des comptes de la République.

Une fois que les tribunaux auront rendu leurs décisions, toute notre population sera largement informée sur ces faits.

Il n’y a pas longtemps, dans mon discours de clôture des sessions du Parlement en décembre dernier, j’ai exprimé ma conviction que la corruption, à l’étape actuelle, est l’un des principaux ennemis de la Révolution, qui fait bien plus de dégâts que le multimillionnaire programme subversif et d’ingérence du gouvernement des États-Unis et de leurs alliés à l’intérieur et à l’extérieur du pays. J’ai aussi souligné que, dorénavant, nous ne permettrons pas les actions que nous livrons contre le délit soient éphémères, comme il est arrivé autrefois.

Heureusement, et sans vouloir minimiser l’importance de ce mal généralisé sur la planète, j’estime que notre pays est à même de gagner la bataille contre la corruption, d’abord en la freinant et ensuite en la liquidant sans ménagements d’aucune sorte. Nous avons déjà averti que dans le cadre de la loi nous serons implacables avec le phénomène de la corruption.

Il est souvent arrivé que certaines des personnes impliquées dans des cas de corruption soient des militants du Parti, ce qui en dit long sur la duplicité de ces gens qui ont profité de leur condition pour se hisser à des positions dans les structures de direction, manquant de manière flagrante à leurs devoirs de militant communiste établis dans les Statuts.

C’est pourquoi, sans attendre la révision en cours dans le cadre de l’actualisation des documents recteurs du Parti, le 3e Plénum du Comité central qui s’est tenu en décembre, a précisé que la sanction ne peut être autre que l’expulsion des rangs du Parti, indépendamment de la responsabilité administrative ou pénale qui correspond, car jusqu’à présent cette mesure - l’expulsion - était exceptionnelle et était réservée aux cas le trahison à la Patrie et aux délits graves.

Nous n’avons aucun doute que l’immense majorité des citoyens et cadres de direction sont des gens honnêtes, mais nous savons que ce n’est pas suffisant. Il ne suffit pas d’être honnête, et de le paraître, il faut se battre et faire face, passer de la parole à l’action.

Il est vrai qu’il y a longtemps que le Parti livre un combat contre ce fléau ; mais le Parti allait d’un côté et le gouvernement de l’autre. Pour assurer le succès, il faut que le Parti assume définitivement la direction du processus, ce qui ne veut pas dire, loin s’en faut, qu’il pourra suppléer aux fonctions qui incombent à chaque institution.

En premier lieu, le Parti exigera à tous des responsabilités pour l’accomplissement de leurs obligations, sans intervenir dans l’administration ; mais il pourra attirer l’attention, mettre en garde et combattre, au niveau de la cellule, de la municipalité, et penser et repenser à la manière de mobiliser l’ensemble des forces à cette fin. Chaque fois que nous agirons de la sorte, nous pourrons confirmer que la corrélation des forces nous favorise à tous égards dans nos efforts pour vaincre la corruption. Une grande importance doit être accordée à l’organisation et à la constance de cette lutte.

Par ailleurs, il ne s’agit pas d’une fonction exclusive des militants, c’est aussi le devoir de chaque citoyenne et de chaque citoyen, militant du Parti ou non, qui se préoccupe de son pays.

Il serait bon de reprendre, en raison de leur actualité, des concepts qui avaient été définis en 1973, il y a presque 40 ans, dans le cadre des travaux préparatoires du 1er Congrès.

Le Parti doit être capable de diriger l’État et le gouvernement, de contrôler leur fonctionnement et l’application des orientations fixées, d’encourager, d’impulser et de contribuer à un meilleur travail des organes de gouvernement, mais en aucun cas les remplacer. Il les dirige à travers le contrôle, et ce terme doit être entendu comme vérifier, examiner et réviser, et jamais comme intervenir ou commander.

Même si cela ne figure pas dans le texte, c’est dans la pensée de tous, de toute la masse des militants : cette fâcheuse manie de commander doit cesser définitivement dans le Parti. Sa force est morale et non juridique, c’est pourquoi il faut avoir de l’autorité morale pour diriger le Parti et éduquer les masses dans cet esprit. C’est la force morale !

Le Parti dirige en veillant à ce que ses directives, de même que celles de l’État et du gouvernement, soient exécutées correctement et par ceux qui en ont la responsabilité.

Le Parti contrôle à travers ses structures et tous ses militants, de haut en bas et vice-versa, ce qui ne remet pas en cause le contrôle que doit exercer le gouvernement sur l’activité administrative qui lui incombe.

Le contrôle est simultané mais ne suppose aucune interférence. Dans une entreprise de production ou de services, le contrôle est exercé par l’administration de l’entreprise, par ses échelons supérieurs et par les organismes d’État ou gouvernementaux selon le cas, que ce soit la Cour des comptes, le Ministère public, les banques, les bureaux de l’administration fiscale, etc.

Les organisations de base du Parti exercent leur contrôle à travers leurs militants, qu’il s’agisse de simples travailleurs ou des dirigeants, en prêchant par l’exemple, d’où émane leur autorité. L’administration doit se conformer strictement au respect des normes juridiques en vigueur, sans cesser de transmettre aux organismes politiques supérieurs l’information pertinente. Le Parti veille à ce que les plans économiques et le budget soient conçus correctement et, une fois approuvés par le gouvernement et le Parlement, ils soient exécutés rigoureusement.

Il y a longtemps que ces concepts sont bien clairs, ils datent du 1er Congrès ; mais depuis nous avons oublié ces résolutions, ces accords, ce magnifique congrès et ils dorment dans les tiroirs. C’est pourquoi, presque un demi-siècle plus tard, il nous faut dépoussiérer les papiers que nous avons rédigés il y a quarante ans, parce que nous nous sommes consacrés à d’autres choses, pour une raison ou l’autre. C’est pourquoi nous défendons tellement le rôle de nos institutions et le fait que chacun fasse ce qui lui revient, sans interférer avec les tâches des autres, mais plutôt en nous soutenant mutuellement. Ces concepts ont été mis à jour, si bien qu’il s’impose, depuis la base, c’est-à -dire au niveau de la cellule même du Parti ou du Comité de base des Jeunesses, d’éduquer les militants dans ces principes et sur la procédure à suivre : chacun dans le cadre où il exerce ses activités ; comment appliquer les orientations adoptées par les Congrès ou la Conférences, comme dans ce cas, autrement dit inculquer ces principes aux militantspour qu’ils les intègrent à leurs actions. Point n’est besoin d’être philosophe !

C’est ce que nous devons enseigner, tout simplement, et les éduquer petit à petit lors des réunions, des stages ou quoi que ce soit, afin qu’ils sachent quelle est leur fonction, leur rôle ; mais pour exercer ce rôle il faut une force morale dans tous les sens. Je vous disais que, selon ma modeste opinion - cette question a été largement débattue hier par les commissions -, voilà l’aspect essentiel de ce que nous appelons le travail idéologique, et non pas les slogans vides et les phrases toutes faites.

Avant de conclure, j’estime nécessaire de dénoncer une fois de plus les brutales campagnes anticubaines incitées par le gouvernement des États-Unis et certains autres gouvernements traditionnellement engagés dans la subversion contre notre pays, avec la complicité de la grande presse occidentale et la collaboration de leurs salariés dans l’île, dans le but de discréditer la Révolution, de justifier l’hostilité et le blocus exercé contre la population cubaine, et de créer une cinquième colonne qui travaille à faciliter les plans visant à nous priver de notre indépendance et de notre souveraineté nationale.

Comme le souligne l’éditorial du quotidien Granma du lundi 23, les faits valent plus que mille mots. Les campagnes anticubaines n’entameront ni la Révolution cubaine, ni son peuple, qui continuera de perfectionner son socialisme. L’histoire démontrera une nouvelle fois que le mensonge, même répété, ne deviendra jamais une vérité, car comme l’a dit notre héros national José Marti, « un principe juste du fond d’une grotte est plus puissant qu’une armée ».

Camarades :

En moins d’une année nous avons tenu deux événements du Parti. Cette 1ère Conférence, et surtout le 6e Congrès, avec des accords transcendants pour le présent et l’avenir de la Révolution et du Socialisme à Cuba. La voie a été tracée. Avançons avec la même décision, le même courage, et la sérénité, la même fermeté idéologique dont on fait preuve en plus de 13 ans d’injuste incarcération nos Cinq Héros, pour la liberté desquels nous ne cesserons jamais de lutter, et auxquels nous adressons les salutations fraternelles des communistes et de tout le peuple cubain.

Merci beaucoup (Applaudissements).

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