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Nucléaire Iranien : Fanatisme en 3 C …

«  Les contradictions à l’oeuvre dans la logique des Droits de l’Homme … disent l’imminence d’un monde où l’extermination pourra se décider sous la bannière des démocraties » Catherine Coquio (1)

La Nef des Fous

Fin juillet.

Mitt Romney, le candidat milliardaire du "parti républicain" aux élections présidentielles des USA, en novembre prochain, vient d’accomplir son pèlerinage en Israël. Multipliant les déclarations à l’encontre de la Nation Palestinienne qui attend vainement, depuis plus de 60 ans pour certaines, l’application d’une quarantaine de résolutions de l’ONU protégeant ses droits, sa sécurité et son existence.

Mieux. Allant jusqu’à programmer, s’il est élu, d’enfreindre une résolution hautement symbolique du Conseil de Sécurité de l’ONU quant au statut de Jérusalem, voulant y transférer l’ambassade américaine dès son élection, au lieu de Tel-Aviv.

A ce festival de négationnismes, du droit international, des décisions de l’ONU, de l’existence du Peuple Palestinien se sont, inévitablement, ajoutées de violentes diatribes iranophobes. Relayées par ses différents porte-paroles, les propos fanatiques, bellicistes, de Mitt Romney sont la réédition hystérique de l’idéologie dominante de l’Empire décadent.

Un des responsables de l’administration palestinienne, Saeb Erekat, en a résumé la teneur et en a tiré la conclusion (2) :

«  Cet homme est venu faire ici la promotion de l’extrémisme, de la violence et de la haine. Et, c’est absolument inacceptable. »

La Nef des Fous de Jérôme Bosch (≈1500)

Rien de surprenant. Tant nous savons qu’en Occident, le remplissage des caisses électorales et l’accès aux médias, imposent ces rites devenus, à présent, immuables.

Lors de ce séjour, au cours d’une soirée à Jérusalem, il a encaissé plus d’un million de dollars de la part de 45 donateurs. Tout au long de cet évènement mondain, était assis à ses côtés le magnat des casinos, Sheldon Adelson, qui a déclaré vouloir consacrer 100 millions de dollars de sa fortune pour qu’Obama, jugé trop «  mou » à l’égard des Palestiniens et des Iraniens par les extrémistes sionistes, soit battu aux prochaines élections présidentielles. (3)

Ses postures cataclysmiques à l’encontre de l’Iran, représentent une véritable déclaration de guerre. Affirmant sa totale solidarité avec Israël face à la menace nucléaire de l’Iran et «  ses intentions malveillantes » ("malevolent intentions"). (4) Car, chez ces promoteurs de carnages, on se doit de lancer une guerre pour lutter contre «  les malveillantes intentions ». Comme «  le péché originel », qui au temps de l’obscurantisme religieux en Occident devait être éradiqué...

Un des principaux conseillers de Mitt Romney, Dan Senor, enfonçait le clou en déclarant un soutien inconditionnel du «  parti républicain » et de son candidat à toute initiative militaire unilatérale d’Israël contre les «  sites nucléaires ». Ce qui revient à dire, connaissant les précédents de l’Irak, de l’Afghanistan et de la Libye : procéder à la totale destruction de l’Iran.

Les mots énoncés sont importants à noter (5) :

«  Toute initiative qu’Israël prendrait, afin d’arrêter l’Iran dans le développement de ses capacités ("capability") nucléaires… ».

Notons le mot «  capability ». Il devient à présent le mot-clef, l’idée-force, le leitmotiv, de tout l’enjeu géopolitique ou hégémonique de l’Occident. L’Iran, signataire du Traité de Non Prolifération Nucléaire (TNP), en respecte scrupuleusement tous les clauses. Tout le monde en convient. Il ne possède aucune bombe, et n’a pas l’intention d’en construire. Tout le monde le sait.

Ce qui lui est interdit, maintenant, contrairement à l’esprit et aux termes du Traité de Non Prolifération Nucléaire et au respect de la souveraineté nationale des Etats, c’est la «  capacité » intellectuelle d’en construire, d’avoir le niveau des connaissances scientifiques et techniques.

Alors qu’il est explicitement stipulé par le traité TNP, dans son article IV, alinéa 1 :

«  Aucune disposition du présent Traité ne sera interprétée comme portant atteinte au droit inaliénable de toutes les Parties au Traité de développer la recherche, la production et l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, sans discrimination et conformément aux dispositions des articles I et II du présent Traité. »

Mais, en définitive les puissances occidentales exigent de l’Iran d’arrêter toute recherche, effacer toute connaissance et savoir dans le domaine nucléaire, y compris civil. Préconisant d’assurer ses éventuels besoins en nucléaire médical ou énergétique, méticuleusement et arbitrairement sélectionnées au-préalable par la Bande des Quatre (USA-Israël-GB-France), sous forme de sous-traitance auprès des "grandes puissances".

C’est en fait le démantèlement de l’indépendance technique, scientifique et de la maitrîse de son développement qui est exigé par l’Empire. L’Iran a parfaitement compris qu’il s’agit d’un prétexte pour, quoi qu’il fasse et qu’il dise, procéder à sa destruction. Une «  Somalisation » imposée comme elle l’est en Palestine, au Liban, en Irak, en Afghanistan, au Pakistan, en Libye, et qui doit s’appliquer à présent autant à la Syrie qu’à l’Iran. Ainsi en a décidé l’Empire. L’Iran, bien évidemment, en refuse et la perspective et la réalisation. Et en conséquence, se prépare à défendre sa souveraineté.

Exigence frénétiquement reprise en écho par l’actuel ministre de la Défense des USA et ancien dirigeant de la CIA, Leon Panetta, dans son récent discours à Tunis, renouvelant l’interdiction pour l’Iran de toute "nuclear capability" (6) :

«  … encourager l’effort international exerçant les pressions sur l’Iran afin qu’il renonce à ses "capacités nucléaires"… »

Ce politicien caricatural ne cesse, lui aussi, de s’illustrer par des propos bellicistes et arrogants à l’égard des pays qui démontrent des velléités d’indépendance face aux prétentions impériales. Connu pour son langage maffieux et ordurier que même un Don Corleone, grand patron de la Mafia magistralement interprété par Marlon Brando dans le film "Le Parrain", se gardait d’employer, n’élevant jamais la voix, mettant un point d’honneur à parler avec douceur dans la conciliation.

Evoquant obsessionnellement une attaque imminente d’Israël contre l’Iran. Il l’avait prévue pour le "printemps", puis pour cet été, sinon pour l’automne… Ou encore, brandissant à la Torquemada, les châtiments et tortures réservés aux hérétiques, dirigeants des pays refusant d’obéir aux injonctions qui leurs sont adressées par l’Empire et ses représentants.

Témoin la récente apostrophe de Leon Panetta à l’égard du Président de la Syrie, via les médias serviles, dans une allusion au sort réservé à Kadhafi, sodomisation à la Kalachnikov et lynchage après élimination de ses gardes du corps (7) :

«  Si tu veux être en mesure de te protéger ainsi que ta famille, tu ferais mieux de "foutre le camp" tout de suite »

("If you want to be able to protect yourself and your family, you’d better get the hell out now", [to get the hell out = foutre le camp]). 

Langage de soudards, voyous irresponsables et bellicistes, relayés par nos propres politiciens, partis et gouvernants ? Expression de la pensée d’une race s’estimant supérieure à toutes les autres, réputées "malveillantes" et sauvages ? Pensée fondée sur le mépris, le mensonge, la violence ? Répandant la mort et la destruction, alors que notre planète a tant besoin de partager : paix, apaisement, solidarité, connaissance, santé, éducation, prospérité ? 

Pathologie individuelle ? Mais, ces Cavaliers de l’Apocalypse sont au pouvoir. Pathologie collective, alors, ne reconnaissant du mérite qu’au ’fanatique’ ? «  Fanatique », ce «  héros qui pour faire triompher ses préjugés est prêt à faire le sacrifice de votre vie », pour reprendre l’humour d’Albert Brie.

Cette oligarchie de la prédation, inconsciente ou satisfaite des ravages qu’elle provoque, rappelle "La Nef des Fous" de Jérôme Bosch. Cet esquif sans voile, ni rames, ni gouvernail, si ce n’est une grande louche, emportant, hébétés et délirants, un ramassis d’irresponsables vers on ne sait où.

Oui, pagayant à la louche dans l’imbécilité criminelle…

Le dessin des lucides

Mais, véritable bol d’air frais…

De nombreux pays s’interrogent, réagissent, face au fanatisme de la nomenklatura de l’Empire. Stupéfaits, par ce spectacle de soumission des gouvernements européens, tout particulièrement. D’aliénation, au sens où l’entendait Marx, mais aussi dans son sens psychiatrique. Cette paralysie face à la privation de la liberté et la capacité de penser dans la dénonciation de la violence guerrière, de la négation de la Dignité Humaine.

En dehors de la sphère de l’OTAN et de l’emprise médiatique occidentale, des espaces de liberté, de circulation d’information, de lutte contre la propagande, se multiplient. Dans ce flux, mentionnons la place éminente des caricaturistes.

Leur capacité d’analyse, leur sens de la synthèse, souvent supérieurs à ceux de bien des chroniqueurs et "experts", produisent des oeuvres dont la publication est inimaginable actuellement dans nos médias dits "dominants". Tant l’esprit critique, le niveau d’information, dénonçant le fanatisme, la stupidité, le mensonge de nos cases politiques, sont fulgurants.

Grand admirateur de leur travail, j’ai sélectionné 3 dessins dénonçant dans un effet de relief le fanatisme de l’Occident à l’encontre de l’Iran :

Le premier nous montre un Vanunu essayant désespérément d’attirer l’attention de la «  brigade anti-prolifération », examinant à la loupe l’inexistence de la bombe iranienne, sur le parc impressionnant de bombes et armes atomiques, parfaitement opérationnelles, en possession d’Israël. Le chef de la brigade en grogne d’agacement :

’ Ca suffit Vanunu, tu ne vois pas que nous sommes occupés ? ’...

L’effet comique étant renforcé, en bas à gauche de la caricature, par la réponse d’un responsable de l’arsenal israélien affirmant à un curieux au long nez, que ce qui semble être des bombes nucléaires ne sont en réalité que des «  saucisses cashers géantes » !

 

Ce remarquable dessin, repris dans de nombreux journaux en Asie notamment, met en valeur trois éléments d’information pertinents :

i) Rappelons que Mordechai Vanunu est cet ingénieur israélien qui avait rendu public l’armement nucléaire secret d’Israël. Enlevé par les services secrets israéliens à Rome, où il s’était réfugié, il a été condamné à 18 ans de prison. Au terme de sa peine, dont 11 ans en isolement complet, il n’est toujours pas "libéré", puisqu’interdiction lui est faite de sortir du territoire et de parler à toute personne étrangère, en particulier aux médias internationaux.

ii) Israël n’est pas, en effet, signataire du Traité de Non Prolifération Nucléaire. Et, donc paradoxe, non soumis à une quelconque inspection ou demande de justification de la part de l’organisation de l’ONU chargée du contrôle de la non prolifération qu’est l’AEIA.
Le parc des ogives nucléaires opérationnelles secrètement détenues par Israël, est estimé entre un minimum de 200 et une moyenne de 400 à 500. Avec, bien sûr, leurs vecteurs : missiles balistiques, de croisière, avions, navires et sous-marins.

iii) A ce jour l’Iran, signataire du TNP, a été soumis à plus de 4000 inspections, dont plus d’une centaine inopinées. Toutes ses installations nucléaires, y compris celles souterraines de Fordo avec ses instruments de mesure, sont sous caméras de surveillance 24/24, reliées à AEIA. Aucune ne dépasse le seuil d’enrichissement autorisé par le Traité pour les besoins civils qui est de 20 % (une bombe exige un enrichissement de 90 %).

Le pays ne possède, ni ne fabrique de bombe nucléaire, souhaitant au contraire une dénucléarisation du Moyen-Orient sous toutes ses formes : sans oublier les armes nucléaires embarquées à bord de navires et sous-marins en Mer Rouge ou dans le Golfe Persique.

Le deuxième vient de Chine, dénonçant le ridicule de la propagande anti-iranienne des USA. Mettant en scène l’Oncle Sam en chanteur grattant un petit Ukulélé, symbolisant le «  problème nucléaire iranien » ("Iran nuclear issue"), amplifié par d’énormes enceintes acoustiques.

Le troisième émanant du Brésil, efficace de réalisme, montre une planète malgré sa volonté, au bord du précipice, d’une conflagration, d’un désastre, majeurs. Les USA sous les traits de l’Oncle Sam, haineux, halluciné, en treillis, l’arme au poing ornée du fanion israélien, entraînant, suicidaire, le monde à sa perte…

Trois caricatures, projetant en relief le délire guerrier.

Le fanatisme de l’Occident, en 3 C…

George STANECHY

(1) Catherine Coquio, à propos des premières pages de l’ouvrage "L’Impérialisme" d’Hannah Arendt, Catherine Coquio et la singularité des génocides, in Désir d’Afrique de Boniface Mongo-Mboussa, Collection Continents Noirs, Gallimard, 2002, p. 179. Fondatrice de l’Association Internationale de Recherche sur les crimes contre l’Humanité et les Génocides (AIRCRIGE).

(2) ’What this man is doing here is just promoting extremism, violence and hatred, and this is absolutely unacceptable’, Saeb Erekat, Romney’s al-Qud claim unacceptable : Palestinian official, PressTV, 30 juillet 2012, http://www.presstv.ir/detail/2012/07/30/253538/romneys-alquds-claim-unacceptable/

(3) Jasmin Ramsey, Iran Diplomacy hits new sanctions roadblock, 1er août 2012, http://www.atimes.com/atimes/Middle_East/NH01Ak01.html

(4) Harriett Sherwood, Mitt Romney declares unity with Israel over Iranian nuclear threat, The Guardian, dimanche 29 juillet 2012, http://www.guardian.co.uk/world/2012/jul/29/mitt-romney-unity-israel-iran

(5) Dan Senor, ’If Israel has to take action on its own, in order to stop Iran from developing that capability, the governor would respect that decision’, The Guardian, Op. Cit.

(6) Panetta and Israel to discuss war plans against Iran ?, RT, 30 juillet 2012, http://rt.com/usa/news/panetta-israel-iran-plan-417/

(7) "Assad better get the hell out", RT, 31 juillet 2012, http://www.rt.com/news/panetta-syrian-military-intact-458/

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