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Bruxelles agenouillé devant Washington

Observations sur l’appel de vingt intellectuels eurocritiques pour un nouveau traité européen

La vision économique de long terme de l’union européenne rend dérisoire l’espoir de renégocier les traités européens affiché par « vingt intellectuels eurocritiques ».

Car ce processus a démontré ses objectifs non pas « depuis au moins trois décennies, sur la base de traités marqués au coin du néolibéralisme alors triomphant (Acte unique, traité de Maastricht, traité de Lisbonne), ou de l’ordo-libéralisme allemand (traité de cohérence budgétaire dit « TSCG » de 2012) », mais depuis les origines. Il s’est agi, en effet d’assurer la tutelle maximale sur cette partie du monde de l’impérialisme le plus puissant, états-unien, escorté du second, l’impérialisme allemand, que les rivalités inter-impérialistes opposent cependant, à l’occasion des crises systémiques, jusqu’à la guerre générale. Le phénomène a débouché, entre autres, sur ce que Georges Gastaud qualifie « de protectionnisme » rigoureux au bénéfice exclusif de l’Allemagne et des États-Unis. Il est sans rapport aucun avec l’idéologie, la Guerre froide, le rêve de « démocratie », etc., et ne laisse aucune chance à la « réforme » à laquelle semblent croire les « vingt intellectuels eurosceptiques » qui ont signé ce manifeste.

La critique est portée ici du strict point de vue historique qui relève de ma compétence.

1° Je suis stupéfaite que certains de ces signataires, que je croyais très bien informés de l’histoire vraie de l’union européenne, érigent en modèle la renégociation de « la conférence de Messine » de 1955 qui, après l’échec de la Communauté européenne de défense (CED), a[urait] permis de remettre la construction européenne sur les rails ».

Ladite conférence se tint sous la stricte injonction de Washington, avec l’active contribution, selon la tradition, de ses purs et simples instruments, parmi lesquels Jean Monnet et Paul-Henri Spaak. Elle ouvrit sur une nouvelle étape majeure de la constitution de l’Europe germano-américaine, le marché commun, qui faisait suite à la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) dont le « père de l’Europe » Robert Schuman s’était fait l’initiateur officiel. La réalité est différente, comme je le démontre notamment dans Aux origines du carcan européen, 1900-1960, dont l’édition augmentée vient de paraître.

Ce marché commun chemina, sans la « dérive » ici alléguée, vers l’union-carcan dont les hauts fonctionnaires français avaient révélé, avec une précision redoutable dès 1950-1953 (cette dernière date étant celle de la mise en œuvre de la Communauté européenne du charbon et de l’acier), tous les aspects, parmi lesquels l’impitoyable « dumping social ». Ladite « Europe » avait déjà, à l’époque du retour de De Gaulle aux affaires (1958), un aspect sinistre, marqué par la surproduction et les crises récurrentes (dont témoignait la fermeture des mines de charbon entamée par celles de France et de Belgique), décrit dans le même ouvrage.

Dans le 13e et dernier chapitre d’Une comédie des erreurs, 1943-1956, Souvenirs et réflexions sur une étape de la construction européenne, Paris, Plon, 1983, « L’étouffement », p. 499-523, l’ambassadeur de France à Londres René Massigli dressa un tableau effarant de cette session. Elle fut animée, en apparence, par les pions « européens » de Washington, déjà cités, sans oublier les autres, dont Pinay, Hallstein, Adenauer et Beyen ; en réalité par le tandem Département d’État-CIA, sous la houlette respective des deux frères Dulles, John Foster et Allen, partenaires essentiels de Sullivan & Cromwell, plus gros cabinet américain d’affaires internationales, lié à la finance allemande depuis le tournant du 19e siècle.

Notons, au cas où on serait tenté de taxer l’intéressé de subversion ou de « nationalisme », que Massigli n’avait pas incarné la résistance au tuteur étranger, et qu’il se voulait « européen ». Cet ancien champion de l’Apaisement de l’entre-deux-guerres, artisan majeur des accords de Munich comme directeur des Affaires politiques du Quai d’Orsay (voir l’index du Choix de la défaite, Paris, Armand Colin, 2010), avait fini en 1943 par se rallier à de Gaulle. Ralliement tardif et fort contraint : les archives américaines le montrent littéralement agenouillé devant Washington et quotidiennement disposé, à Alger, en 1943-1944, à lâcher de Gaulle auquel il reproche une résistance très excessive aux exigences américaines.

Allen Dulles, patron Europe de l’OSS (qui précéda la CIA) établi depuis novembre 1942 à Berne, avait alors déjà gagné, auprès de Robert Murphy, délégué de Roosevelt depuis décembre 1940 au débarquement en Afrique du Nord « française », ses galons de maître et de bailleur de fonds des « Européens » : c’est-à-dire des « élites » de la société acquises à la mainmise des États-Unis sur le continent européen après l’avoir été, le plus souvent, depuis les années 1930, à la mainmise allemande (sur ces noms, voir l’index de l’ouvrage Les élites françaises, 1940-1944. De la collaboration avec l’Allemagne à l’alliance américaine, Paris, Armand Colin, 2016).
De l’origine américaine de cette mythique « conférence de Messine », il n’est pas question dans le manifeste des « vingt intellectuels eurocritiques ». Omission surprenante qui se maintient dans les deux autres points abordés.

2° La séduisante revendication de la renonciation au « modèle mercantiliste allemand (excédent extérieur approchant les 10 % du PIB) […] intransposable aux autres pays et notamment à ceux de l’Europe du Sud » équivaut, compte tenu de l’histoire réelle de l’union européenne, à la demande polie et vaine, adressée aux États-Unis et à l’Allemagne d’abandonner purement et simplement ladite union, leur créature. Autant vaudrait demander à une association bancaire de s’auto-transformer en entreprise de bonnes œuvres, pour réaliser la fameuse « Europe sociale » qu’on nous vante chaque jour. Cette revendication est aussi sidérante que celle d’un renouvellement de « la conférence de Messine » puisque l’objectif de l’union européenne a été précisément réalisé : nous bénéficions de son succès depuis bientôt plus de soixante ans, il faut le reconnaître, avec une intensité démultipliée par la destruction de la zone d’influence soviétique muée en zone américaine depuis 25 ans.

« Dérive », vraiment ?, par rapport au propos d’un haut fonctionnaire du Quai d’Orsay de février 1950 (avant le fameux discours de Robert Schuman du 9 mai, donc), annonçant les effets imminents de « la pression du chômage sur le niveau des salaires [européens]. Or, il ne peut y avoir harmonisation des salaires et des charges sociales [...] que par le jeu de l’offre et de la demande et elle se fera au niveau le plus bas. C’est bien là une des raisons pour lesquelles le Conseil national du patronat français se prononce en faveur de la libération des échanges et des Unions régionales : il y voit un moyen de réduire les prétentions des salariés lors des prochaines négociations des conventions collectives. » (Note du Service de Coopération économique (SCE), 10 février 1950, CE, 56, archives du ministère des Affaires étrangères, plus longuement citée dans Aux origines du carcan européen, p. 116-117). (Le Conseil national du patronat français succéda, en 1946, à la Confédération générale de la Production française devenue en juillet 1936 Confédération générale du patronat français, et précéda le MEDEF).

Les exigences historiques et actuelles des États-Unis à l’égard de cet énorme marché unifié et non protégé de leurs marchandises et de leurs capitaux n’ont pas non plus, dans ce deuxième point du manifeste, été prises en compte.

3° Le « dialogue avec la Russie, pays européen indispensable pour l’établissement d’une sécurité dont toutes nos nations ont besoin », etc., est-il compatible avec le maintien de l’union européenne dans l’OTAN, institution dont l’origine se confond strictement avec l’histoire de l’encerclement de l’URSS. Les États-Unis combattaient d’ailleurs la Russie depuis les débuts de l’ère impérialiste, plus de 20 ans avant 1917. L’a démontré l’un des deux pères fondateurs du courant historiographique américain dit « révisionniste » (courant scientifique sans rapport avec les « révisionnistes » français, simples « négationnistes » des chambres à gaz), William Appleman Williams. Sa thèse universitaire (Ph.D.) American Russian Relations, 1781-1947, New York, Rinehart & C°, 1952, a montré que le jeune impérialisme américain, soucieux de contrôler, entre autres, le sort de la Chine, avait jugé insupportable l’expansion de son (assez faible) rival russe, qui revendiquait sa participation au contrôle des transports ferroviaires de la Chine : « L’entente [russo-américaine] lâche et informelle […] s’était rompue sur les droits de passage des chemins de fer [russes] de Mandchourie méridionale et de l’Est chinois entre 1895 et 1912 ».

On trouvera maintes références sur la vieille obsession antirusse des impérialismes américain et allemand et sur leur agressivité, dimension militaire incluse, envers l’empire russe puis l’URSS dans les références suivantes : « Le débarquement du 6 juin 1944 du mythe d’aujourd’hui à la réalité historique » (http://www.lafauteadiderot.net/Le-debarquement-du-6-juin-1944-du, juin 2014), et dans « L’apport des “guerres de Staline” de Geoffrey Roberts à l’histoire de l’URSS : acquis et débats », préface à l’ouvrage de Geoffrey Roberts, Les guerres de Staline, Paris, Delga, 2014, p. I-XXXIV.

Ceux qui seraient tentés de balayer d’un revers de main les références fournies par l’universitaire sérieuse que je suis pourront constater que je les emprunte soit aux archives originales soit aux travaux historiques américains accumulés depuis des décennies. Ce travail, notons-le, qualifie les pratiques de la « soviétologue » de Rennes 2, Cécile Vaissié, qui met en cause l’« universitaire retraitée et militante au PRCF » Annie Lacroix-Riz dans Les réseaux du Kremlin en France. Le lecteur pourra juger du manque de sérieux de la documentation de ce récent ouvrage assuré d’un énorme écho médiatique, phénomène qui démontre le caractère plus que jamais actuel de mon livre de 2012, L’histoire contemporaine toujours sous influence, Paris, Delga-Le temps des cerises.

Une « union européenne » à direction germano-américaine bien disposée envers la Russie, vraiment ? Qu’est-il arrivé à certains, au moins, des « vingt intellectuels eurocritiques » qu’on avait pris pour des observateurs sérieux du « carcan » réservé de longue date aux « Européens » non détenteurs de profits monopolistes ? Leurs « vœux pieux » européens traduisent-ils une nostalgie pour le « baiser Lamourette » de juillet 1792 (https://fr.wikipedia.org/wiki/Baiser_Lamourette ) ?

Annie LACROIX-RIZ
Chercheuse en histoire contemporaine, professeur émérite, université Paris 7.

L’appel : http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2016/06/30/31002-20160630ARTFIG00290-brexit-vingt-intellectuels-eurocritiques-lancent-un-appel-pour-un-nouveau-traite.php

COMMENTAIRES  

04/07/2016 08:23 par CN46400

ALR est nettement plus convaincante quand elle parle de l’histoire que lorsqu’elle aborde la politique immédiate. Son marxisme, dévastateur sur les sujets historiques, s’évanouit lorsque la bourgeoisie hexagonale devient presque acceptable par rapport à sa pseudo-soeur de l’UE. Comme le premier socialiste ou LR venu, elle sous entend un "c’est la faute à l’UE", comme si la bourgeoisie française n’était pour rien dans la politique anti-prolétaires qui prévaut en France, comme partout en Europe. Comme si, pour faire mieux payer la force de travail en France, il fallait amputer les comptes des entreprises, des chiffres d’affaire réalisés par nos (sic) capitalistes dans l’UE. Et ce alors que l’on sait tous, ALR comprise, que l’essentiel des revenus de la plupart des principales entreprises françaises se réalise, désormais, dans l’UE, et pas seulement dans l’hexagone.

Alors OK pour flatter, un peu, le sentiment national, mais de grâce, souvenons-nous que les prolos n’ont pas plus de patrie que les bourgeois...

04/07/2016 09:47 par Triaire

Vérifiez donc les archives :La construction Européenne est Américaine et ultra libérale .Dans son esprit et sa pratique, les salaires de l’Europe de l’ouest doivent baisser et les profits augmenter .
Je pense que la bonne démarche est celle de Mélenchon : On discute et si il y a barrage, on quitte .

04/07/2016 10:49 par Beyer Michel

Annie LACROIX-RIZ met l’accent sur ce qui fait obstacle : l’UE N’EST PAS REFORMABLE. Je m’inscris en faux contre la position de @CN46400. L’UE est une création capitaliste. Au risque d’être accusé de simplisme, j’ajouterai : Point final !! A son crédit, je suis d’accord "sortir de l’UE" n’est pas une fin en soi, mais un passage obligé.
Malheureusement beaucoup de camarades croient à l’Europe sociale". Dernièrement j’ai pu le vérifier avec un de mes vieux amis et camarades. Nous étions fiers d’évoquer notre combat commun pour le NON à Mastricht en 1992.
A cette époque, c’est bien la démonstration de H.KRASUCKI sur ce que représentait les dangers de l’UE qui était le coeur de ce combat. Et pourtant mon ami ne voyait pas de contradiction dans la position actuelle de la direction du PCF sur l’Europe.
Depuis 1992, ce que déclarait KRASUCKI à trouver sa traduction dans tous les traités mis en place, souvent mis en place contre l’avis des peuples. 2005 n’a pas pesé lourd, parce que l’UE fonctionne comme cela et pour cela. C’est aussi une des raisons qui me fait dire à JL.Melenchon : la meilleure façon de revoir les traités, c’est de sortir de l’UE. Non seulement en sortir, mais aussi accélérer son démantèlement.

04/07/2016 11:22 par cunégonde godot

Excellent article de Mme Lacroix-Riz. Très bien documenté. La référence au « baiser Lamourette » est particulièrement judicieuse...

04/07/2016 11:34 par Scalpel

Très bel article frappé du sceau de la compétence et de l’honnêteté.
Recouvrer la nation comme entité commune c’est juste pouvoir recréer les possibilités du débat, donc de la lutte.
C’est bien ce contre quoi l’institution germano-américaine supra-nationale, donc anti-démocratique, dite "UE", a été érigée.
Dieu qu’il faut être obtus pour ne pas le voir.

04/07/2016 16:39 par Roger

Cet article étaye, sur la base d’archives historiques, l’intuition que nous sommes de plus en plus nombreux à partager, à savoir : avec la complicité de nos élites petites bourgeoises et "américanistes" au service de la grande bourgeoisie capitaliste, nous nous sommes fait rouler dans la farine par les USA et leurs grandes manipulations pour l’hégémonie.
CN 46400 n’à manifestement pas lu le même article que moi. ALR n’argumente pas que la situation que nous connaissons est la faute de l’Europe, mais montre bien que cette Europe est le produit pensé et patiemment construit de ses promoteurs Franco-germaniques, chapeautés par les stratèges de la politique étrangère US...C’est dire que quoi qu’on pense des positions politiques personnelles d’ALR, on ne peut que reconnaître l’intérêt et la qualité de ses travaux d’Historienne, d’autant plus qu’ils révèlent ce que la matraquage de la propagande s’efforce (avec un certain succès, y compris près d’intellectuels critiques) d’occulter.
C’est en lisant ce type de travaux que l’on comprend bien ce que veut dire un vieux principe épistémologique : toute science se construit contre l’idéologie (en tant que faux savoir destiné à masquer la réalité des situations de domination).

04/07/2016 19:28 par Aris-Caen

J’adore lire ce genre d’article sourcé et sérieux qui démonte la pensée « mon cul sur la commode » benardenrylevièsque version Gaulo-gogo-je-me-mousse ; Je suis étonné de voir Sapir dans cette grotesquerie,
je suis allé voir l’article du Figaro en lien et j’ai lu quelques commentaires de lecteurs.
Bah, une partie non négligeable considère U.E comme non réformable et qu’il faut tout jeter. Un commentateur reprenait ces critiques et cela donné : « ces pseudo intellectuels, auto proclamés du monde médiatique, produisent une critique « confuse, stérile, prétentieuse et paresseuse » il « n’ont même pas pris la peine d’essayer de comprendre le fonctionnement de l’UE ») ». Je m’en veux de ne pas avoir été aussi synthétique qu’eux !
Bon, c’est peut-être des trolls du PARDEM, du PRCF ou de l’UPR, mais sur les 600 commentaires il y a bien
quelques vrais lecteur du Figaro (priez pour eux).
Bref, ce que démontre Annie Lacroix-Riz et quelques autres historiens consciencieux, pénètre partout dans la société, même si ce n’est souvent qu’a l’état d’intuition et non pas de raisonnement. « Etre plus pauvre que ces parents qui n’étaient pas riche ce n’est pas un progrès ».
Ca commence à se savoir. https://www.youtube.com/watch?v=3WfVir1_Edc

04/07/2016 21:02 par CN46400

L’UE disent certains est américaine, ou allemande, ou les deux ; c’est une construction bourgeoise en vertu de quoi il faudrait, pour suivre les marxistes qui n’ont pas lu Marx, se replier sur les états-nations qui, nous le savons tous, ont tous, été bâtis sur les intérêts.... bourgeois. Pendant un temps ils ont correspondu à l’état des forces productives, puis comme celles-ci ne cessent d’évoluer ils sont devenus trop étroits. Quand une entreprise fabrique 1 millions de pôts de confiture elle n’est plus dans la même zone de chalandise que lorsqu’elle en fabriquait mille.
Les nations n’ont pas toujours existé, elles ne seront pas éternelles.... pas plus que les bourgeoisies (ceux qui vivent du travail d’autrui). Par contre les prolos (ceux qui doivent travailler pour vivre), que certains n’osent même plus nommer, ont tout l’avenir devant eux !
Je suis désolé de choquer quelques certitudes, mais, pour mieux me comprendre, je conseille une brochure d’une centaine de pages, 2 chapitres, éditée en 1848, signé par Karl Marx et Fredrich Engels intitulé : Manifeste du Parti Communiste.....

04/07/2016 21:10 par Aris-Caen

Il y a des incendies qui s’allument dans certains endroits parce qu’il fait trop froid.

04/07/2016 22:29 par SEPH

Sapir, Onfray, Chevènement, tigres de papier du souverainisme
Par Bruno Guigue le 01 juillet 2016

"« Brexit : vingt intellectuels* eurocritiques lancent un appel pour un nouveau traité », tel est le titre d’une tribune publiée par « Le Figaro » du 30 juin. Ce texte signé par Jacques Sapir, Michel Onfray et Jean-Pierre Chevènement rend un hommage appuyé au « peuple britannique » qui a « exprimé souverainement sa volonté de rester maître des décisions qui le concernent. » Car « ce vote courageux et massif » est « une claque pour la dérive technocratique dans laquelle l’Union européenne actuelle s’est laissé enfermer ». Et « tout montre que dans la plupart des pays européens, les citoyens n’acceptent plus d’être gouvernés par des instances non élues, fonctionnant en toute opacité ».

Fort bien, mais lisons plutôt la suite. « Le vote britannique peut être une chance : il doit être l’occasion de réorienter la construction européenne, en articulant la démocratie qui vit dans les nations avec une démocratie européenne qui reste à construire ».

Et nos intellectuels, pour finir, demandent la réunion d’une conférence qui aurait pour objet « la renégociation des traités sur les trois questions cruciales dont la méconnaissance a conduit à l’affaissement de l’actuelle construction européenne : la souveraineté, c’est-à-dire la démocratie et l’indépendance stratégique. »

En somme, les signataires saluent ostensiblement le courage du peuple britannique, mais ils ne manifestent nullement l’intention de suivre son exemple. Ils tressent des couronnes au « Brexit », mais ils suggèrent à nos dirigeants l’artifice permettant de faire l’économie d’un « Frexit ». Au lieu d’inviter les Français à la même intrépidité, ces héros par procuration laissent aux Britanniques le privilège d’avoir ouvert une brèche qu’ils rêvent de refermer. Coïncidence troublante, cette tribune est parue le jour même où Alain Juppé déclare sur Bfm/Tv : « On peut craindre un Frexit, et c’est pourquoi je suis hostile à un référendum ».

Il faut croire que « Frexit » et « référendum » sont des termes d’une parfaite obscénité, car ils ne figurent pas dans la tribune précitée de nos « intellectuels eurocritiques ». Prolixe en projets de « réorganisation », « refondation » ou « réorientation » de l’Europe, ce texte oublie l’essentiel : qui décide de l’appartenance à l’UE ? Alors qu’on devrait demander au peuple français s’il veut y rester avant d’envisager de la réformer, on préfère mettre la charrue avant les bœufs. Ce faisant, on exclut le peuple du processus, on fait comme s’il n’existait pas. Au lieu d’organiser sans délai l’exercice de la souveraineté, on la court-circuite.

Une conférence des chefs de gouvernement de l’UE jouit-elle d’une légitimité supérieure à celle du peuple français ? Nos intellectuels le pensent, puisqu’ils omettent de poser la question principielle de la volonté populaire. « Il faut rendre à la souveraineté populaire et à la démocratie leurs droits dans une Europe confédérale qui serait faite de l’entente et de la coopération entre les nations », disent-ils. Mais l’acte fondateur de cette souveraineté ayant été passé par pertes et profits, que vaudra cette restitution des « droits de la démocratie » dans « une Europe confédérale » qui n’a jamais existé ? Et puis, est-on sûr que le peuple en veuille vraiment, si l’on s’obstine à ne pas lui poser la question ?

C’est pourquoi les propositions qui émaillent ce texte, insignifiantes, ressemblent au filet d’eau tiède qui se remet à couler, invariablement, à chaque crise communautaire. On y lit le projet, par exemple, d’une « réorganisation profonde des compétences et, le cas échéant, du mode de désignation des institutions européennes (Conseil, Commission, Parlement, Cour de justice, BCE) ». Oui, mais pour quoi faire ? Qu’est-ce que la démocratie y gagnera ? On attend la réponse. Il faudrait aussi, dit-on, « outiller le Conseil européen où vit la légitimité démocratique en le dotant des services capables de préparer et exécuter ses décisions ». Mais ce même Conseil avalise depuis trente ans les injonctions ultra-libérales de la Commission. Croit-on vraiment qu’il s’en affranchira si on augmente le nombre de ses fonctionnaires ?

Au demeurant, cette consolidation de l’exécutif est équivoque, car on ne sait si elle vise à favoriser un surcroît d’intégration ou à border les prérogatives des Etats-membres. Comme le propos est conceptuellement flou, le moins qu’on puisse dire est qu’il demeure politiquement mou. Moyennant quelques réformes, toute l’architecture institutionnelle de l’UE, en tout cas, est promise à une remarquable longévité. Le texte mentionne la Banque centrale européenne, par exemple, mais sans mettre en question une indépendance statutaire, exigée par le dogme monétariste, qui en fait le levier des politiques d’austérité. Croit-on sérieusement conserver la BCE tout en évacuant l’orthodoxie financière qui en est le principe fondateur ?

Cet irréalisme brouillon reflète la contradiction insoluble dans laquelle s’enferrent les signataires, prompts à diagnostiquer le mal mais apeurés à l’idée du remède. Faute de vouloir l’administrer, ils se contentent de soins palliatifs et s’obstinent à prolonger l’agonie d’une Union européenne dont ils ne veulent pas voir qu’elle est condamnée. Qu’est-ce que l’UE ? Historiquement contingent, cet artefact supranational a été construit sur une idée fausse, il s’est maintenu grâce à une supercherie et il périra à cause de l’aveuglement des élites qui l’ont imposé. L’idée fausse est le préjugé selon lequel le marché autorégulé peut créer un espace de prospérité. La supercherie est celle qui consiste à flouer la souveraineté au nom de cette idée fausse. L’aveuglement des élites consiste à croire que cette supercherie passera définitivement inaperçue.

Des signataires de cette tribune, on pouvait sans doute attendre autre chose que cette contribution insipide à la soupe européiste. En occultant la question principielle du référendum, ils passent par-dessus-bord les principes démocratiques dont ils se réclament. Tigres de papier d’un souverainisme attiédi, ils fuient devant le verdict populaire, s’effraient du tumulte des urnes en colère et se rangent derrière nos dirigeants dans cet appel pathétique, expression d’un déni de la réalité qui fait irrésistiblement penser aux cabris chers au général de Gaulle : « Nous avons la conviction qu’il appartient à la France de lancer cette grande initiative qui proposera de remettre l’Union européenne sur ses pieds. Les peuples européens et pas seulement le nôtre, l’attendent. Nous faillirions à notre devoir de citoyens français mais aussi d’Européens si nous n’agissions pas pour que la France se porte aux avant-postes de cette grande tâche »."

Bruno Guigue | 01 juillet 2016 : http://arretsurinfo.ch/sapir-onfray-chevenement-tigres-de-papier-du-souverainisme/
Haut fonctionnaire d’Etat français, essayiste et politologue, professeur de philosophie dans l’enseignement secondaire et chargé de cours en relations internationales à l’Université de La Réunion.

J’ajouterai qu’il faut pârtir au plus vite de cette U.E. monstrueuse qui engendre la misère des peuples européens au profit des banques et des transnationales

* Liste des signataires : Marie-Françoise Bechtel, Guillaume Bigot, Jean-Pierre Chevènement, Gabriel Colletis, Éric Conan, Franck Dedieu, Alain Dejammet, Éric Delbecque, Jean-Pierre Gérard, Christophe Guilluy, Loïc Hennekinne, Paul Jorion, Jean-Michel Naulot, Michel Onfray, Natacha Polony, Jean-Michel Quatrepoint, Emmanuel Lévy, Benjamin Masse-Stamberger, Claude Revel, Henri Sterdyniak, Jacques Sapir, Paul Thibaud.

05/07/2016 04:31 par Olivier Barbier

Article d’Annie Lacroix-Riz très intéressant, surtout qu’on peut rajouter cela par rapport à l’article du Figaro :

Article du Figaro => "D’abord rendre à la souveraineté populaire et à la démocratie leurs droits dans une Europe confédérale qui serait faite de l’entente et de la coopération entre les nations" ...etc.

Selon Leah Pisar, voici, entre autres, ce qu’il s’est dit dans un think tank néocons des États-Unis. Un think tank que l’on sait influent :

Auteur : Leah pisar : "Elle a fait partie de l’équipe du Président Bill Clinton en tant que directrice de la communication au Conseil de Sécurité Nationale de la Maison Blanche et, avant cela, directrice-adjointe de la communication au Département d’Etat sous Madeleine Albright et assistante de l’Ambassadeur Pamela Harriman à Paris.

[...]Elle a été conseillère de la French-American Foundation et co-fondatrice de la National Security Network, l’un des principaux groupes de réflexion démocrates sur les questions de politique étrangère, et chercheur au Center for American Progress à Washington ainsi qu’à l’Institut Français des Relations Internationales.

Membre du Council on Foreign Relations à New York, des conseils d’administration de la French-American Foundation et de la National Security Network, elle a été “Young Leader” de l’American Council on Germany et “Rising Talent” du Women’s Forum en 2009." http://www.huffingtonpost.fr/leah-pisar/

"En quête d’alliés loyaux et de coalitions de pays volontaires

Dans le contexte mondial actuel, le vieux modèle d’alliance ne convient plus aux Etats-Unis, lesquels cherchent désormais à construire des coalitions de pays volontaires, à la carte, composées de membres compatibles. Quand Donald Rumsfeld déclare que « c’est la mission qui détermine la coalition et non pas la coalition qui détermine la mission », pour les Européens, il s’agit d’une remise en cause des principes fondateurs de l’OTAN (48).

Selon John Hulsman et Nile Gardiner de la Heritage Foundation, l’Europe restera quoi qu’il en soit au centre de toute coalition américaine, mais elle doit être de préférence désagrégée, car il est plus facile de traiter avec des Etats individuels qu’avec Bruxelles. Les deux auteurs sont donc totalement opposés à toute notion d’intégration étroite de la politique étrangère européenne, à laquelle ils préfèrent l’idée d’Europe à plusieurs vitesses ; ils placent par-dessus tout la relation spéciale entre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, relation qui, selon eux, se porte mieux moins l’Europe est unie" http://www.afri-ct.org/IMG/pdf/40_Pisar.pdf

Le mot de confédération n’est pas là, mais le principe y est.

Dans "Le grand échiquier" de Z. Brzezinski, ce dernier le dit franchement :

"Un simple regard sur la carte de l’immense territoire eurasien suffit à comprendre l’importance, pour l’Amérique, de la tête de pont européenne -autant que son étroitesse géographique. Sa préservation -et son expansion comme tremplin pour la démocralie -est une exigence prioritaire pour la sécurité des Etats-Unis. Alors que ces derniers se mobilisent en faveur de la stabilité internationale et de la diffusion de la démocratie, l’Europe fait preuve d’une apparente indifférence pour ces questions (malgré les velléités dont fait preuve la France de jouer les puissances mondiales). Pour réduire cette fracture, l’Europe devrait devenir plus confédérale. On ne saurait envisager qu’elle devienne un grand État-nation, du fait de la vigueur de ses diverses traditions nationales, mais elle est en mesure, à travers des institutions politiques communes, de mieux affinner ses valeurs démocratiques, d’inscrire ses intérêts propres dans le cadre de l’universalisation de ces valeurs et d’exercer un pouvoir d’attraction sur ses voisins de l’espace eurasien." Le grand échiquier p.104-105 https://electrodes.files.wordpress.com/2014/03/brzezinski_zbigniew__le-grand-echiquier.pdf

Le plan B des alters-européistes, des souverainistes, en fait des européistes, reste un plan B et made in USA... Et un bon paquet des partis médiatisés français sont derrières ce plan B, du FN à JLM, en passant par DLF, le Pardem, le MRC, le MPF, ...etc, le confédéralisme autour d’un euro monnaie commune, monnaie de référence à des monnaies dites nationales, ce qui va être difficile de faire passer pour démocratique...

Un autre paquet des partis est derrière le plan A, celui auquel on a droit actuellement, celui de LRPS et d’une partie de ses satellites, les européistes affichés.

Il reste l’UPR qui est pour reprendre les reines à un niveau bien plus démocratique que celui actuel, ce qui, vous me direz, n’est pas difficile.

Maintenant, que va faire le PRCF, se serrer les coudes avec l’UPR pour sortir réellement de l’UE, de l’euro et de l’OTAN, ou bien se laisser entraîner vers le plan B, l’autre Europe..., avec le Pardem, ...etc ?

05/07/2016 09:11 par passant

N’étant pas très calé en géopolitique mondiale je passe juste pour dire que la vision de l’auteur d’une Europe destinée à devenir une Europe des régions sous tutelle Germano - Etats Unienne semble très juste et assez évidente, compte tenu de la façon dont le choses se déroulent.
Le passage à l’Europe des régions étant fait pour disloquer les Nations qui existent à l’intérieur de l’Europe.
Comme il s’est trouvé des gens à gauche pour justifier ça en faisant l’apologie du fédéralisme on peut rappeler que : le fédéralisme girondin durant la grande révolution était contre révolutionnaire, et que les royalistes de Maurras ont toujours préché pour le régionalisme. Aux US le fédéralisme a toujours permis à certains Etats d’avoir des lois réactionnaires voire racistes.
Même Bakounine, l’anarchiste ennemi de l’Etat qui prônait le fédéralisme disait que ceui-ci ne pouvait avoir un intérêt que dans le cadre du socialisme généralisé.
Ce qui n’est pas le cas en Europe évidemment.
Autrement dit les politiciens soi disant de gauche qui prônent l’Europe des Régions sont soit des hypocrites soit des imbéciles.

05/07/2016 11:55 par Scalpel

@ SEPH
Grand merci pour ce texte a-bso-lu-ment ma-gis-tral, d’une foudroyante intelligence, signé du multirécidiviste Bruno Guigue, impitoyable tartufficide.
Le philosophe du Point et ses petits copains sont mis à nu, et pour tout dire disqualifiés de tout débat sérieux.
A lire et à comparer, juste pour "rire", avec l’insipide verbiage servi par le "perplexe mais motivé" sic giscardo-(t)ocardien degôche qui s’agrippe, en bon petit soldat européiste stipendié par l’Empire, à une UE réformable.

05/07/2016 13:08 par Berry

Je croyais que les trolls comme CN46400 n’étaient pas publiés ici. Prétendre que le marxisme de ALR puisse s’évanouir quand il s’agit de l’UE relève de l’insinuation insultante et n’a pas sa place dans un débat correct.
Quant à la phrase "Comme le premier socialiste ou LR venu, elle sous entend un "c’est la faute à l’UE", je suis surpris que ça ne vous fasse pas tiquer ; comme si les prétendus socialistes s’attaquaient à l’UE ! Cette prose relève, au mieux, d’un larbin du Medef, voire pire.

05/07/2016 14:41 par ultranaive

Bravo pour cet réaction courageuse et donc cet article !

Mais encore plus vrai la réaction commentaire du 05/07/2016 à 04:31 par Olivier Barbier ... ci-dessous
J’ajouterais que il se met en place doucement mais surement les élections de 2017 et pour les esprits
simplistes (majoritaires) ils verront d’un côté ceux qui veulent une nouvelle Europe (presque tous les partis) et de l’autre ceux qui veulent la sortie de l’Europe (FN) , je ne parle pas de l’UPR car il est réduit à néant médiatiquement de toute façon.

Ceci va permettre une chose essentielle que vous sous estimez à présent, c’est que cela va encrer dans les pensées que toute idée de sortie de l’ Europe est une pensée extrémiste anti-démocratique non patriote (mots déjà entendu par nos dirigeants actuels) et est tenue par des partis Extrémistes.(méthode américaine déjà éprouvée)
l’ UPR alors passera dans les médias en boucle mais comme un parti extrémiste et ce sera fini d’un espoir certain car seul le peuple en nombre pourrait changer le cours de l’histoire mais celui-ci est bien trop occupé au quotidien.

05/07/2016 16:25 par résistant

« Je croyais que les trolls comme CN46400 n’étaient pas publiés ici »

Je ne suis pas d’accord avec ce que CN46400 écrit, mais je pense qu’il a autant le droit de commenter que vous. Plus, même, car au moins il ne traite pas les autres de trolls.
Qui êtes-vous pour décider qui a le droit de s’exprimer ici ou pas ?

06/07/2016 13:27 par D. Vanhove

@ seph : en réalité, ces "intellectuels" signataires du manifeste en qstion, pour compétents qu’ils soient chacun dans leur domaine (et pour certains, cela reste vrmt à démontrer !), pensent encore que les citoyens ont besoin de leurs lumières pour avancer...
C’est évidmt un leurre, un peu comme le monde virtuel dans lequel les "communicants" de tous poils tentent nous persuader que la vraie vie s’y trouve, et que c’est là notre avenir assuré... (A ce propos, les derniers chapitres du livre de Jorion sont d’une imposture rare, mais soit...)
En réalité, ceux-là sont largement récupérés par un système médiatique (contrôlés par le pouvoir) qui les érige auj’hui en visionnaires avt de les conspuer ss doute demain, quand tout cela se cassera la figure...
En attendant, ces grenouilles semblent adorer se faire passer pour des bœufs... Et il est salutaire d’en dénoncer l’imposture... Et d’affirmer que OUI, il faut rendre la parole aux peuples à travers des consultations, référendums, etc..., mais pas de manière improvisée, pas pour les piéger, ou leur faire payer un "mauvais" choix...
Il faut élaborer un travail d’information préalable, afin de leur donner les outils pour bien comprendre tout ce qui se cache derrière les politiques actuelles et les projets en cours (comme le Tafta, p. ex., au lieu de le négocier en coulisses, à l’abri des regards... ce qui dit long sur ce qui se prépare encore entre les USA et la technocratie et les lobbies de l’UE...!)

06/07/2016 18:56 par SEPH

Quand les élites sont xénophobes et totalitaires ?!

Des élites se comportent comme des crapauds baveux :

En effet ,une partie des élites refusent de plus en plus ouvertement le résultat du référendum, prétendant imposer leur savoir à un peuple qu’ils jugent finalement inférieur, dans une forme de xénophobie sociale qui ne vaut pas mieux que les autres formes de xénophobies.

Ainsi Peter Sutherland, ancien commissaire et dirigeant de Goldman Sachs, affirme que « d’une façon ou d’une autre, ce résultat doit être annulé  ».

Pire encore, Alain Minc soutient que « ce référendum n’est pas la victoire des peuples sur les élites, mais des gens peu formés sur les gens éduqués  » avant de proposer de ne pas respecter le vote populaire : « nous devrions les aider à ne pas en sortir au lieu d’accélérer leur départ ».

Auquel il convient d’ajouter le terroriste des esprits Cohn-Bendit qui raille les égarements d’une masse inculte.

Que de mépris pour les peuples, tous ces gens sont à vomir (je suis gentil), . Ils préfèrent ceux qui pratiquent le terrorisme d’État à la mode étasunienne ou israélienne qui tuent des milliers de gens chaque année.
Mais qu’un peuple vote mal c’est un crime pour cette bande de criminels.

07/07/2016 23:19 par Aris-Caen

Je suis la voiture balais des commentaires, mais je voulais ajouter que j’ai eu Michel Onfray en terminal au Lycée Saint Ursule de Caen en 1989. Il ne tarissait pas d’éloge pour BHL son directeur de publication chez Grasset qu’il trouvait malmené par le monde intellectuel français de l’époque.
Aujourd’hui ce personnage trouve Tel Aviv « Solaire » et il est devenu le siamois de Franz Olivier Giesberg.
Les libéraux libertaires finissent toujours par copuler ensemble.
J’ai dîné avec Onfray en 2008/2009 alors qu’il rédigeait son livre sur Camus. Sont obsession du moment était de prouver que Jean-Sol Partre était ....homo.
Je jure avoir vu cette scène avec des témoins !
C’est dingue non ?
Il voulait démolir l’homme par tous les moyens pour prouver sa malhonnêteté et prouver qu’il (Sartre) était une pourriture.
J’ai compris 20 ans trop tard que Michel Onfray n’était pas un philosophe, un homme libre, mais un gars au service de ses propres intérêts et de son égo.

07/07/2016 23:43 par Aris-Caen

Mon Dieu ! Mon Dieu !
Merci d’avoir inventé Marx !

08/07/2016 17:58 par SEPH

José Manuel Barroso embauché par Goldman Sachs

La banque d’affaires américaine Goldman Sachs a annoncé vendredi avoir engagé l’ancien président de la Commission Européenne José Manuel Barroso pour la conseiller, au moment où le secteur financier est secoué par les craintes autour du Brexit.

Le Portugais occupera les fonctions de président non-exécutif de Goldman Sachs International, branche internationale du groupe américain basée à Londres, et de conseiller de Goldman Sachs, a précisé la banque dans un communiqué.

« José Manuel va apporter une analyse et une expérience immense à Goldman Sachs, et notamment une profonde compréhension de l’Europe. Nous sommes impatients de travailler avec lui alors que nous continuons à aider nos clients à évoluer au sein d’un contexte économique et de marché incertain et délicat », ont déclaré Michael Sherwood et Richard Gnodde, co-directeurs généraux de Goldman Sachs International, cités dans le communiqué. Ben voyons !!!!

Il est clair que l’U.E. est gouvernée par les plus grosses banques américaines. Les peuples européens sont le joug d’une mafia de prédateurs criminels.

08/07/2016 22:10 par D. Vanhove

@ seph : si on voulait bien replacer les choses dans leur contexte, ces gens-là sont assurément des délinquants, et devraient être jugés comme tels si nous étions dans une démocratie saine... mais, voilà...

09/07/2016 09:45 par SEPH

Voici un exemple parmis des dizaines qui montre que les dirigeants de l’U.E ne sont pas des délinquants mais des CRIMINELS :

" En 2011 l’Union Européenne a décidé de décréter des sanctions économiques contre la Syrie. L’UE les a présentées comme des « sanctions visant des personnalités du régime ». En réalité elle a décrété un – Embargo pétrolier contre tout le pays, un – Blocus de toutes les transactions financières et une interdiction du commerce pour un très grand nombre de marchandises et de produits. Ces mesures sont toujours en vigueur.

En comparaison, en 201 ,l’U.E. a levé l’embargo pétrolier pour les régions contrôlées par l’opposition armée et djihadiste (Al-qaîda et Daesh). Il est manifeste que de cette façon, on met des ressources économiques à la disposition des soi-disant « forces révolutionnaires et d’opposition ». Pendant ces cinq années les sanctions contre la Syrie ont contribué à détruire la société syrienne : elles l’ont livrée à la faim, aux épidémies et à la misère […]. Les sanctions de l’U.E. augmentent les dommages causés par la guerre, qui a déjà provoqué 250 000 morts, 6 millions de déplacés et 4 millions de réfugiés. La situation en Syrie est désespérée : les denrées alimentaires manquent, le chômage est général, les consultations médicales sont devenues impossibles, l’eau potable et l’électricité sont rationnées.

Ajoutez à cela que l’embargo empêche les Syriens installés à l’étranger déjà avant la guerre, de virer de l’argent à leurs parents et aux membres de leur famille dans le pays. Mêmes des organisations humanitaires ne peuvent pas envoyer d’argent à leurs collaborateurs en Syrie. Des firmes, des entreprises d’électricité, des centres de distribution d’eau et des hôpitaux sont contraints de fermer, parce qu’ils ne peuvent plus recevoir des pièces de rechange et n’ont plus d’essence. A présent les Syriens ne voient qu’une seule possibilité de survie pour leurs familles : la fuite de leur pays. Mais cette solution aussi se heurte à bien des difficultés et suscite de vifs débats dans l’Union Européenne "

Ce pays est détruit, des milliers de morts, des gens qui ont tout perdu,......pour les banques et pour les transnationalres qui dirigent l’Occident. Les dirigeants de l’U.E ne sont que leurs larbins sanguinaires.

09/07/2016 12:51 par SEPH

Excusez moi, mais le dernier chiffre d’une date manque : "En comparaison, en 201"

La date est 2012. : "En comparaison, en 2012, l’U.E. a levé l’embargo pétrolier pour les régions contrôlées par l’opposition armée et djihadiste.(Al-qaîda et Daesh)........"

09/07/2016 23:25 par Aris-Caen

Mes échappée poétiques comme :
- « Il y a des incendies qui s’allument dans certains endroits parce qu’il fait trop froid. »
ou
- « Il fait froid dans le monde, ça commence à se savoir »
ou bien encore
« Mon Dieu, mon Dieu ! Merci d’avoir inventé Marx, vous étiez pas forcé. »
sont bien entendues de Brigitte Fontaine.

Notre époque manque singulièrement de poésie, de légèreté et d’humour.
Notre époque est aussi notablement plus dramatique.
Enfin, c’est juste mon avis.
Mais, pour reprendre Annie LACROIX-RIZ, nous sommes dans une période de « baisse tendancielle du taux de profit » qui n’est pas propice à l’existentialisme, mais à la Guérilla et à la lutte... des classes !
Ca commence à se savoir...

13/07/2016 13:03 par francois

Il suffit de voir les deux "intellectuels" illustrés dans cet appel, Onfray et Poliny, pour comprendre que c’est la mediasphere qui cherche a desamorcer la bombe Frexit avant qu’elle ne soit operationnelle.
Merci pour cet eclairage supplementaire sur Onfray.
Et au passage, cette idée même d’existance d’"intellectuels", dont ce serait la profession de reflechir et de penser (et aussi de diriger) est une hérésie. Nous devrions accepter que cette profession soit reservée à une élite, les autres, les gueux, les sans dents, tout ceux là devant se limiter a écouter. C’est pourtant inscrit dans l’inconscient collectif et plus personne n’y réagit. Tout humain se présentant comme un intellectuel dit en substance que les autres doivent ecouter. Je les vomis !

13/07/2016 18:55 par Aris-Caen

Les « intellectuels » parlent à notre place, ils confisquent notre parole.
La confiscation de nos entreprises publiques, de notre langue, de nos aspirations à l’égalité, de notre culture fraternelle sera toujours le fait de Tartuffes ou d’imposteurs qui se revendiquent plus populaire que le peuple.
Nous sommes de moins en moins dupe alors qu’ils sont de plus en plus envoûtés par leur propre génie...

14/07/2016 21:05 par Méc-créant

Bonjour,
Cherchant à dégoter depuis quelque temps des sites non inféodés à quelque financier épris de la liberté d’informer... comme il le souhaite, j’ai atterri sur votre Grand Soir présentant au premier abord des réflexions intéressantes. Intéressantes...forcément, puisque elles entrent en résonance avec les miennes. Je ne possède pas le bagage universitaire d’Annie Lacroix-Riz et il se pourrait que dans le détail (il faudrait que je me penche sur ses ouvrages) je ne sois peut-être pas d’accord avec toutes ses analyses, mais je dois la remercier de me fournir des informations et des références qui ne font que renforcer mon interprétation quant aux forces modelant le monde dans lequel nous vivons. J’avais pris la peine de réaliser un blog dans lequel sont présentés des textes, très âgés, mais qui seront peut-être perçus différemment aujourd’hui. Son titre : Immondialisation : peuples en solde !peut déjà donner une idée de l’orientation de son contenu. Au cas où vous trouveriez le temps de le parcourir (combien d’articles à lire ! sur combien de sites !...), ou s’il était proposé à vos lecteurs, tout avis critique serait reçu...à cerveau ouvert.
Cordialement. Méc-créant.
P.S. Un beau matin n’aurait rien à envier à un grand soir...

25/04/2018 06:45 par alain harrison

Merci pour de texte fouillé.

13/07/2016 à 18:55 par Aris-Caen
Les « intellectuels » parlent à notre place, ils confisquent notre parole.
La confiscation de nos entreprises publiques, de notre langue, de nos aspirations à l’égalité, de notre culture fraternelle sera toujours le fait de Tartuffes ou d’imposteurs qui se revendiquent plus populaire que le peuple.
Nous sommes de moins en moins dupe alors qu’ils sont de plus en plus envoûtés par leur propre génie...

Le libéralisme et ses valais extrêmes (FN et ci. récupérateurs, le PCF quand va-t-il......être à la traîne du nouveau PS, on ne sait vraiment pas ? mais il maintient la tendance confusianiste !) continuent les amalgames gauches droites extrêmes pour bien mêler la sauce nauséabonde, et bien que des intellectuels confisquent la parole, en même temps les médiats mènent le bruit de fond.

Comment se redonner la parole ? Cette parole qui éveillera.

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