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Penser Local et Déconner Global.

Penser local et déconner global, ou comment reconnaître La Gauche la Plus Conne de la Planète

Bonjour,

Vous connaissez la Gauche la Plus Conne de la Planète ? Oui, bien sûr. "Comme tout le monde", n’est-ce pas ? Mais connaissez-vous la définition de la Gauche la Plus Conne de la Planète ? "euh..." J’en étais sûr. Mais rassurez-vous, je suis là pour vous aider.

D’abord, levons une ambiguïté majeure : Non, la Gauche la Plus Conne de la Planète n’est pas une gauche qui serait "pas assez à gauche" ou "trop à gauche". Ce n’est pas une question de position sur l’échiquier politique. La Gauche la Plus Conne de la Planète traverse tous les clivages, de l’extrême gauche jusqu’à la gauche un tout petit peu moins à droite que la droite, si si, regardez bien, on voit un peu de lumière qui filtre à la jointure et... non ?... c’est peut-être juste une illusion alors. En tout cas, elle est partout, je vous l’assure.

A ce stade, je sais, vous voudriez que je vous livre en pâture quelques noms pour pouvoir assister à un lynchage cybernétique. N’y comptez pas. Je ne suis pas un mouchard et il me reste encore quelques vagues principes bien ancrés. Et parmi ces principes figure celui-ci : ne jamais céder avant que l’on ne t’ait offert un prix raisonnable.

D’abord, le plus important : comment, et à quoi, reconnaît-on la Gauche la Plus Conne de la Planète ? Première erreur à ne pas commettre : croire qu’il s’agit de la Gauche qui ne tient pas le même discours que vous. Ceci pour une raison très simple : vous vous rendrez rapidement compte que même parmi cette Gauche là , il existe une tendance de la GPCP qui ourdit tranquillement ses complots dans l’ombre. Le premier de ces complots étant d’ailleurs celui de vous rendre dingue. Ah ! voilà un premier indice pour reconnaître la GPCP : elle vous rend dingue.

Ensuite, non, non et non, la GPCP n’est pas le pendant "progressiste" de la Droite la Plus Bête du Monde (copyright mai 68). On pourrait même presque dire "au contraire", puisque c’est la GPCP qui a inventé, entre autres, la formule "la Droite la Plus Bête du Monde". Ah ! voilà un deuxième indice pour reconnaître la GPCP : elle pense que ses adversaires sont simplement bêtes et éprouve un vertige devant l’audace intellectuelle d’une telle analyse. Pire : elle s’en satisfait et en rigole encore - de temps en temps.

Maintenant, regardez ce pauvre type accoudé au bar. Ca se voit comme le verre qu’il a dans le nez qu’il a au milieu du visage qu’il est issu d’un milieu social que nous qualifierons de "populaire". Il travaille pour un salaire minimum et trouve qu’on ne peut pas décemment vivre avec une telle somme. Il n’est pas syndiqué "passque c’est tous des pourris" même s’il lui arrive de faire grève parce que les patrons, ah ça oui, "c’est tous des pourris". Il vote à gauche, certes, mais les plombiers polonais le terrorisent. Non, pas tout à fait : en fait, il est terrorisé par l’idée du chômage et, quelque part, confusément, le chômage et le plombier polonais arrivent par le même train. Il ne pourrait pas t’expliquer le mécanisme dans le détail mais, en gros, c’est l’histoire d’un mec qui vient te piquer ton boulot.

Alors ? On le classe où ce type ? Dans la GPCP ? Si vous répondez "oui", je n’aurais qu’un mot à vous dire : bravo, vous êtes vous-même un membre émérite de la GPCP car, justement, elle éprouve un certain mépris pour ce concept de "peuple". Vexé ? Ne le soyez pas, car vous l’avez largement mérité. Et si vous n’êtes pas contents, vous n’avez qu’à rejoindre la droite. Ca vous fera les pieds et, à nous, ça nous fera des vacances.

En effet, la GPCP aime parler "peuple" mais lui préfère sa version anglaise et sélective de "people". Vous n’êtes pas près de voir la GPCP venir en force dans un théâtre marseillais pour une soirée de soutien à des grévistes qui, de l’avis de tous les médias, passent leur temps à saboter les efforts de redressement d’une entreprise qui va mal depuis dix ans.

A ce sujet, remarquez comment les médias ne pointent du doigt que les supposés fauteurs de troubles marseillais de ces derniers jours sans mentionner les noms de dirigeants fauteurs de gestion de ces dix dernières années. C’est comme filmer des poissons qui s’agitent au fond d’un lac asséché en les accusant de la mauvaise gestion des réserves d’eau. De la part des médias, il s’agit d’un mépris de classe qui n’est pas même plus conscient, juste inné. Et si vous n’avez pas compris la fin du film, des suites sont déjà en préparation et elles ont pour nom « EDF », « GDF », « SNCF » et autres.

La GPCP ne voit rien venir, ne veut pas voir venir ou fait semblant de ne pas voir venir. La GPCP se décidera peut-être un jour à agir, mais cela dépendra en grande partie des sondages. En général, la GPCP arrive trop peu et trop tard en feignant la surprise. La GPCP a très rarement l’élégance d’appeler de son portable pour annoncer qu’elle est bloquée dans les embouteillages et qu’il vaut mieux ne pas l’attendre.

La GPCP trouve désolant qu’il se soit trouvé en France une majorité de xénophobes, pisse-froids et culs-terreux pour rejeter un projet de constitution européenne épais comme les dividendes d’un fonds de pension états-unien et violemment libéral.

La GPCP croit que le nuage de Tchernobyl s’est arrêté aux frontières de la France. Peut-être parce que le président de la République à l’époque était socialiste ?

La GPCP se félicite des progrès de la démocratie en Irak occupé et pillé par l’Empire. La GPCP considère que les 1.5 millions de morts Irakiens et cette "démocratie retrouvée" font partie de deux histoires distinctes dans l’espace et dans le temps.

La GPCP s’offusque des atteintes aux droits de l’homme commises partout dans un monde délimité par les quartiers nord, sud, est et ouest de la Havane. La GPCP n’a pas encore manifesté contre Guantanamo. Pourquoi ? "Ben... tu sais, toi, où se trouve l’ambassade de Guantanamo à Paris ?" Bon, parlons d’autre chose.

La GPCP croit à la guerre contre le terrorisme.

La GPCP croit que Le Monde est un journal de référence.

La GPCP croit que Libération est un journal.

La GPCP croit que les FARC sont des narco-terroristes.

La GPCP croit que Chavez est un "populiste".

La GPCP croit que Reporters Sans Frontières.

La GPCP croit.

La GPCP a hissé l’art de "penser local et déconner global" à des sommets Himalayens.

Un jour, j’ai demandé à un Cubain d’un certain grade quelles définitions il donnait à "gauche" et "droite". Il m’a répondu à peu près ceci : "hum... pour moi, un réactionnaire, c’est quelqu’un qui sait que des dizaines de milliers d’enfants meurent de faim chaque jour et trouve que c’est dans l’ordre des choses. Un conservateur, c’est quelqu’un qui sait que des dizaines de milliers d’enfants meurent de faim chaque jour et trouve qu’on fait ce qu’on peut. Un socialiste, c’est quelqu’un qui sait que des dizaines de milliers d’enfants meurent de faim chaque jour et qui trouve qu’on devrait faire un effort. Un communiste, c’est quelqu’un qui sait que des dizaines de milliers d’enfants meurent de faim chaque jour et qui est prêt à faire pour ces enfants la même chose qu’il ferait pour ses propres enfants."

(Je rajouterais que la GPCP, c’est celle qui sait que dizaines de milliers d’enfants meurent de faim chaque jour et qui trouve que le foi gras chez Fauchon n’est plus tout à fait ce qu’il était. C’est même pour elle un des aspects négatifs majeurs de la globalisation.)

J’ai raconté ça un jour à un copain (de gauche). Il m’a répondu : "ouais, bon, d’accord, mais quand même, Cuba... Tu lis un roman de Zoé Valdès et t’as tout compris." J’en ai déduit que la GPCP, en plus de ses journaux fétiches, lit aussi des livres.

Où peut-on trouver cette GPCP, me demandez-vous ? C’est assez simple. Trouvez une caméra de télévision et vous trouverez devant la GPCP en train de débiter des banalités et quelques professions de foi qui ne mangent pas de pain. Mais le plus intéressant dans cette affaire, ce n’est pas tellement la prestation télévisuelle de la GPCP. Non, observez qui est complaisamment posté derrière la caméra. Et oui, la Droite la Plus Bête du Monde. Etonnant, non ? Preuve qu’elle n’est pas si bête que ça, après tout.

Contrairement à certains que, finalement, je ne nommerai pas.

Viktor Dedaj
"chacun reconnaîtra les siens"
Octobre 2005

Viktor Dedaj vient de publier (septembre 2005) avec Danielle Bleitrach et Maxime Vivas Les États-Unis DE MAL EMPIRE Ces leçons de résistance qui nous viennent du Sud, Atheles.

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Si j’étais le président, je pourrais arrêter le terrorisme contre les Etats-Unis en quelques jours. Définitivement. D’abord je demanderais pardon - très publiquement et très sincèrement - à tous les veuves et orphelins, les victimes de tortures et les pauvres, et les millions et millions d’autres victimes de l’Impérialisme Américain. Puis j’annoncerais la fin des interventions des Etats-Unis à travers le monde et j’informerais Israël qu’il n’est plus le 51ème Etat de l’Union mais - bizarrement - un pays étranger. Je réduirais alors le budget militaire d’au moins 90% et consacrerais les économies réalisées à indemniser nos victimes et à réparer les dégâts provoqués par nos bombardements. Il y aurait suffisamment d’argent. Savez-vous à combien s’élève le budget militaire pour une année ? Une seule année. A plus de 20.000 dollars par heure depuis la naissance de Jésus Christ.

Voilà ce que je ferais au cours de mes trois premiers jours à la Maison Blanche.

Le quatrième jour, je serais assassiné.

William Blum

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