Qui pourrait croire un seul instant et comme prétendu par un journaliste israélien que la France officielle, celle d’Emmanuel Macron, est en mesure de faire, et accessoirement de défaire, les présidents algériens. La puissance supposée de ses réseaux d’influence en Algérie permettrait ainsi à ce pays non seulement d’arbitrer les joutes électorales mais de designer aussi certains candidats.
Cela relève bien entendu de simples supputations d’observateurs non avertis qui ne se rendent pas compte que l’hexagone qui fait face aujourd’hui à une crise politique interne majeure provoquée par un profond mouvement de contestation populaire qui va en s’amplifiant et qui exige le départ pur et simple de l’actuel locataire de l’Elysée, peut difficilement prétendre à un rôle prépondérant sur la scène internationale et accessoirement régionale.
La perte d’influence de la France officielle est actée en Afrique face notamment au déferlement de la Chine et est largement entamée au Proche-Orient au profit de la Russie dans un contexte de désengagement étasunien supposé, souhaité par un Président Trump qui, semble-t-il, est combattu par l’état profond et le complexe militaro-industriel qui ont juré sa destitution à court terme. Pour corroborer ce supposé désengagement, que vont faire, par exemple, les Etats-Unis au Venezuela quand le véritable challenge se situe en Corée du Nord, pays qui ne fait aucune concession sur son arsenal nucléaire militaire et qui résiste. Une simple fuite en avant face à une évidente remise en ordre des affaires du monde. Les changements majeurs sont à venir et risquent de surprendre.
Israël bien entendu essaye de tirer profit de ce contexte. Après avoir ainsi, dans une conjoncture favorable d’asservissement de l’opinion internationale notamment par le contrôle des medias et la manipulation des consciences, profité du silence voire de la complicité des régimes arabes, fait avorter toute initiative de règlement international du conflit palestinien, favorisé l’implantation illégale de colonies de peuplement pour nier toute continuité territoriale au futur état palestinien, réprimé avec férocité des populations entières et accéléré le processus de destruction d’El Aqsa, cette entité se rend compte que son isolement, au final, demeure encore très puissant et qu’avec le temps elle risque de connaître un destin similaire à celui de la mer morte. Israël entame une opération de séduction à l’endroit de deux espaces qu’il faut conquérir, l’Afrique avec comme projet l’adhésion à l’Union Africaine et le monde arabe auquel il faut suggérer voire imposer une normalisation sans contre partie et sur l’autel du sacrifice des droits du peuple palestinien. Beaucoup de pays ont été ainsi visités ces dernières années.
Après l’Ouganda, l’Ethiopie, le Kenya, le Rwanda, le Liberia, le Tchad, Oman, puis le Maroc et le Mali en ligne de mire et bien d’autres encore demain sans oublier ceux déjà acquis, Israël veut s’attaquer à un gros morceau, l’Algérie qu’il faut « conquérir » et sans l’adhésion de laquelle tout processus de normalisation serait inaccompli. En soufflant comme à son habitude le chaud et le froid, Israël a simultanément disserté sur le puissant potentiel militaire de l’Algérie, conceptualiser son statut d’ennemi discret de l’entité sioniste, mis en exergue l’apport des juifs algériens à son patrimoine immatériel et vanté la possibilité de se recueillir sur certains lieux de pèlerinage comme le tombeau du Grand Rabbin Ankaoua à Tlemcen, Israël s’intéresse désormais aux élections présidentielles d’avril 2019 sous le seul et unique prisme de ses intérêts stratégiques. Et en premier lieu à la disponibilité supposée où pas de chaque candidat à soutenir un processus de normalisation avec Israël. Et les candidats qui seront jetés en pâture par la diffusion d’anathèmes et de fausses informations les concernant seront certainement ceux qui en fait n’accepteront pas de normalisation au détriment des droits inaliénables du peuple palestinien. En second lieu, la disponibilité à accepter de brader la richesse nationale aux appétits féroces d’un capitalisme mondial rampant, en fin de cycle et qui a désormais jeté son dévolu sur l’Algérie qu’il faut dépecer et dépouiller. La machine de propagande israélienne est déjà active et l’opinion algérienne devra faire preuve de vigilance et de discernement dans tout ce qui sera diffusé comme fake news au cours de cette longue campagne présidentielle qui vient. Cette dernière se doit de surprendre le monde, et c’est tout le mal que nous souhaitons à l’Algérie, en offrant aux medias du monde entier et à l’opinion internationale un combat loyal et démocratique entre deux candidats portant des projets différents et dont l’issue dépendra, espérons-le, pour la première fois dans l’histoire de ce pays du seul et unique arbitrage populaire.
Salim METREF