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Quand le mot ment

Les plus déterminés que nous sommes à vouloir transformer nos sociétés dans le sens de la justice pour le plus grand nombre se font avoir et voient leur esprit manipulé par les spécialistes en communication qui ne datent pas d'hier. À notre corps défendant, on use de termes qui ne servent pas notre combat, voire qui le ruinent.

néolibéralisme
Mais pourquoi désigne-t-on à présent toutes les tares du capitalisme sous ce nom ? À lire la quasi-totalité des propos de ceux qui veulent débarrasser la société du diktat capitaliste, on pourrait croire qu’avant le néolibéralisme, ça n’allait pas si mal ma foi, on pouvait s’accommoder du bon libéralisme de grand-papa. Oubliées les dictatures sanglantes, les guerres hyper-meurtrières, les attaques contre le monde du travail. Eh bien qu’il soit neo ou archo, le libéralisme est à l’origine d’injustices criantes et calamiteuses ! Il faut appeler les choses par leur nom : il faut se débarrasser du capitalisme dont le néolibéralisme est un avatar. À bas le libéralisme !

démocratie
Même ceux qui estiment que nos sociétés ne sont qu’un semblant de démocratie ne peuvent s’empêcher d’utiliser ce terme pour désigner nos systèmes politiques. Les manipulateurs d’opinions ont réussi à faire passer dans les esprits même les plus affranchis que nos sociétés occidentales oligarchiques bénéficient du meilleur système politique qui soit, la démocratie quasi-parfaite, indépassable. Il faut casser cet automatisme : élections libres = démocratie. Le "pouvoir du peuple" a été précisément confisqué par les élections qui ont l’énorme avantage pour leurs promoteurs de nous clore le bec entre deux scrutins et qui n’ont jamais rien changé d’important et ne le feront jamais. La démocratie c’est "tous dans la rue !" sinon c’est du vent.

révolution
Ô comme les médias et les pires réactionnaires ont aimé les révolutions arabes, la rue arabe ! Et très vite, ils ont appelé à instituer des "élections libres" (voir plus haut). D’autres ont promu en leur temps la "révolution nationale". Le PCF avait son hebdomadaire entre 1979 et 1995 avec un point d’exclamation s’il vous plaît Révolution ! succédant à France Nouvelle 3 ans près le 22ème congrès (1976) qui avait déjà bien édulcoré la question. Alors, quoi ? Ça s’appelle comment ce qu’il faut faire une fois la question des élections réglée (voir plus haut) ?

terrorisme
C’est pas compliqué, est terroriste celui qui utilise la violence et qui n’est pas du bon côté : les communistes entre 1939 et 1944 en France, entre le déluge et aujourd’hui aux États-Unis, les palestiniens qui résistent aux agressions israéliennes, les cubains qui traquent les terroristes hébergés aux États-Unis. Accessoirement, ceux qu’on a formés pour régler certaines questions et qui cherchent ensuite à en régler d’autres... En tout cas, si on a besoin d’ennemis pour instituer des lois liberticides, en voilà de tout trouvés !

liberté
Là, c’est un peu le sommet. Rien n’est plus beau que la liberté ! Tu peux aller où tu veux, voter pour qui tu veux même pour personne, manifester autant que tu veux que le système il est pourri. T’es même pas obligé de travailler, dis-donc ! Que te faut-il de plus ? Oui, bon, d’accord, ils savent tout de toi, avec qui tu relationnes, où tu te déplaces, à qui tu téléphones, quels sites tu consultes, sans doute ce que tu aimes manger et tout ça. Tu te dis toi, privé d’emploi, que tu voudrais bien aller travailler pour te nourrir et habiter un logement décent mais on dirait que t’en n’a pas tout à fait le droit quand même. Que quand tu votes à gauche, c’est comme si tu avais voté à droite (ou l’inverse, on sait plus). Les médias te serinent ce que les égoutiers du libéralisme ont concocté, et te cachent soigneusement ce qu’il ne faut absolument pas que tu saches, par exemple, que pour faire profiter de notre belle liberté tous ceux qui en sont privés, on va déposer quelques tyrans mauvais qui l’ont bien cherché, pour le plus grand bonheur des libyens, irakiens et autres ukrainiens qui exultent à présent de la belle liberté dont ils jouissent !

gauche
On s’est tous posé la question de ce que ce terme recouvre sans vraiment être parvenu à le savoir. Au mieux, cela concerne ceux qui s’opposent à ceux qui sont aux commandes et prétendent s’occuper davantage des sans-grade que des puissants. Sauf que lorsqu’ils sont aux affaires, on sait comment ça finit. À cet égard, aujourd’hui n’est pas pire qu’hier. Le mieux serait de bannir ce terme de notre vocabulaire et d’en promouvoir qui prêtent moins à confusion : communisme, égalité, collectivisation des moyens de production et d’échange par exemple. Pour une fois, je suis d’accord avec Valls, la gauche peut mourir, et même elle le doit.

dictature
Là, attention, danger ! Le mot qui fait peur, qui désigne les très méchants. Le PCF a supprimé de ses statuts dans les années 70 la "dictature du prolétariat", ça faisait mauvais genre. Sans rire, je crois qu’il faut réhabiliter cette expression, même si le prolétariat n’est plus ce qu’il était. Il faut en tout cas être clair : si on veut changer quelque chose pour de bon, si on veut instaurer une démocratie véritable - le pouvoir du peuple pour le peuple et par le peuple - il faut exercer une dictature sans faille à l’égard des nantis qui grâce à leur argent et leurs réseaux détiennent le pouvoir et exercent dans la réalité et sans limite leur dictature sur nous-autres, qu’elle soit économique, médiatique, culturelle ou autre.

écologie
Le mot qui fait plaisir à tout le monde, ne mange pas de pain, est super compatible avec le grand capital et la finance, un mot rêvé pour étouffer les actions qui mettraient en cause un tant soit peu le système capitaliste. Désolé mais l’écologie, l’environnement ne peuvent être que des chapitres d’un combat plus global anti-capitaliste sinon c’est du pipeau. " je ne nie pas que le capitalisme déchaîné fasse peser sur l’écologie une menace gravissime, mais je pense qu’il faut s’en prendre à la racine de la chose. Et donc à la mythologie d’un capitalisme modéré, aimable.
L’écologie a deux avantages pour le capitalisme. Premièrement, si on veut faire de l’énergie renouvelable à grande échelle, ça va ouvrir des marchés colossaux, et l’État va financer ça. Et, d’autre part, du point de vue des rivalités entre capitalistes, ça ralentit le processus de développement des pays émergents, parce qu’on essaie de les contraindre à respecter des règles que nous, nous n’avons pas respectées. Et donc, on va les emmerder avec ça, en fixant des normes, etc. Ça contribue à l’inégalité dans le monde. Les écologistes ne sont que les sociaux-démocrates de la nouvelle génération. C’est le vieux débat « un capitalisme régulé, normé, gentil, n’est pas praticable  ? » qui nie le fondement même du capitalisme. Si le capitalisme est féroce, impitoyable, ce n’est pas parce qu’il est « méchant ». C’est sa nature propre.
" Alain Badiou.

conclusion
Même les termes les plus mobilisateurs pour les vrais adeptes d’un changement décisif peuvent être détournés par nos adversaires. Jaurès, Mandela, Fabien ne leur font même pas peur ! Voilà maintenant que les "frondeurs" nous la jouent "social" (après s’être soumis avec le sourire pendant 2 ans aux desiderata patronaux) et que d’aucuns vont bientôt les embrasser pour nous refaire le coup de 81 et 97. Les réformistes de la fin des années 1970 (Mitterrand et Cie) usaient de mots qui brûleraient la bouche aux dirigeants communistes aujourd’hui. On connaît le résultat. Voilà qu’à présent on vend une VIème république qui devrait permettre de tout changer. Trop facile pour être honnête.

Gardons notre lucidité, soyons affûtés pour ne pas nous laisser bercer/berner par des mots dont le sens apporte pour le moins de la confusion. Soyons toujours vigilants sur le contenu et sachons faire le deuil de mots pour lesquels on a encore de l’affection.

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