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RSF, financée par la NED de Reagan pouvait-elle défendre Jacques-Marie Bourget ?

Témoignage d’un journaliste blessé par balle et abandonné par Robert Ménard

Jacques-Marie Bourget a travaillé comme grand reporter dans de nombreux organes de presse ( L’Express, VSD, Paris Match...). En 1986, il a obtenu le prix Scoop pour avoir révélé l’affaire Greenpeace.
Le 21 octobre 2000, en Cisjordanie, il est grièvement blessé au poumon par une balle tirée par un soldat israélien. Les Israéliens refusent de le soigner. Il faudra l’intervention directe du président Jacques Chirac pour qu’il soit évacué en France et sauvé.
Dans cette affaire, un absent de marque : Robert Ménard qui prétend avoir passé 23 ans à… défendre les journalistes.

LGS

L’individu Ménard, prénom Robert m’a toujours surpris. En tant que journaliste depuis toujours, et trop longtemps, je ne comprenais pas que « la profession » ait confié une partie de son destin à un personnage qui, en dehors de quelques piges à FR3 Roussillon et « l’écriture » d’un petit opuscule sur les vins locaux, ignorait tout de notre métier, ses nombreuses bassesses et ses si rares grandeurs. Quand même, porté par le courant dominant, à la télévision jusqu’à plus soif, on voyait donc Ménard expliquer aux manants, et la presse et le monde. Après tout, dans un univers où Kouchner allait devenir ministre des Affaires étrangères, rien d’étonnant que le rôle joué par cet idiot inutile.

Le 21 octobre 2000, à Ramallah, un agent israélien, agissant sur ordres de son gouvernement, décide de m’assassiner. Par malchance sa balle de M16, même si elle me perfore le poumon et joue le Spoutnik autour du cœur, ne me tue pas. Au sol, fidèles à leur cohérence, les israéliens refusent de me soigner. Une bonne idée puisque les Palestiniens me sauvent la vie, avec la queue devant l’hosto de gosses venant donner leur sang. A la suite de cet épisode, sans illusions mais désirant tester l’esprit combatif de Ménard, je sollicite Reporters sans frontières afin que l’ONG participent à ma défense. J’étais quand même un journaliste victime d’un « attentat ciblé »… Robert s’est fait tirer l’oreille, ce qui n’est pas difficile puisque les siennes sont bien dégagées. Finalement, sous la pression de William Bourdon, l’avocat alors en charge de RSF, Ménard donne un feu vert mou pour que sa secte se joigne à ma plainte déposée devant le TGI de Paris. Puis plus rien.

Connaissant l’amour de notre héros de presse pour le martèlement des casseroles et les enchaînements collectifs devant les ambassades de Tunisie et de Cuba, j’ai suggéré un coup de main comparable face à la chancellerie d’Israël, à Paris. J’ai alors compris que Ménard ne jouait pas de son Tam-tam n’importe où, et surtout pas aux portes de la l’ambassade d’une grande démocratie, Israël. A part de s’associer à la plainte, RSF n’a donc pas bougé une oreille. J’ai alors bu un café au « Zéphyr », bistrot de base du maître-étalon de la presse, sur les boulevards. Je l’ai interrogé à propos de son grand aveuglement sur les « dérives » de la presse française, arguant qu’il n’était pas nécessaire de faire 5000 kilomètres pour découvrir des journaux qui déconnent. Je n’avais pas compris le « deal ». Les titres français fournissant pub et argent à RSF, il n’était donc pas question que Ménard jette un œil dans ce miroir. La France nada, Cuba si !
Une magistrate française, madame Guénassia, ayant eu l’audace d’envoyer, sur mon cas, une demande de Commission rogatoire Internationale en Israël, j’ai demandé à RSF d’appuyer l’acte de cette courageuse. Re-nada. Puis je me suis étonné que, d’une année à l’autre, Israël ait fait un bond digne de Bob Beamon au rang des démocraties dans le monde, classement établi par RSF en fonction de la « liberté de la presse ». Subitement, cancre l’année précédente, Israël venait de rejoindre le Danemark ou la Suisse douze mois plus tard ! Furieux, je téléphone à un Ménard qui m’explique : « Tout cela est normal, pour nous Israël est analysé intra-muros (sic… si on peut dire), on ne tient pas compte de ce qui se déroule dans les Territoires occupés ! Autrement dit, si un soldat israélien met le feu à une imprimerie de Ramallah, c’est la faute à Mahmoud Abbas.

Aidé par les enquêtes de Maxime Vivas, j’ai pu alors, dans Bakchich, dénoncer le sépulcre blanchi, le faux-cul, le faux-frère, le grippe-sous médiatique, avec injures téléphoniques échangées. RSF, pour partie financée par la NED de Reagan (organisme de propagation de la foi US) et des fonds des exilés cubains de Miami, n’allait pas perdre des parts de marché dans la défense de Bourget au mince prétexte qu’Israël, dans un attentat, a voulu l’assassiner. Aucun geste pour les confrères d’Al-Jazira raflés par la CIA en Afghanistan, au Pakistan et même en Espagne. Qu’ils aillent à Guantanamo ! Après tout, c’est mieux là que de l’autre côté de la frontière, chez Fidel !

Ménard n’était plus obsédé que par un thème « inviter au boycott des J.O en Chine ». Voilà un objectif qui ne mange pas de pain, la Chine est forte et vaste, elle peut absorber les chocs du moustique Ménard. Lui, attifé d’un maillot portant des images de menottes, peut faire monter son audimat. C’est le seul vrai but de « Ménard sans frontières ». Depuis mon réduit de Bakchich, tandis que d’autres, très rares, tiraient dans la même direction, j’ai tenté de soulever le grand tapis sous lequel Robert dissimulait sa poussière. En vain. Ménard, de Joffrin à Barbier en passant par les oracles du Monde, était l’ami de tous, le pote des soirées, celui qui partage les destins et les souvenirs. Après trois années de silence, bafouant les traités signés, Israël a refusé de répondre à la demande d’entre-aide judiciaire de la France.

Ménard ; lui, n’était plus là, à la tête de RSF. Son grand barnum anti-Chine ayant agacé les puissances d’argent, il a compris que son avenir était dans un autre paradis, le Qatar. Quelle bonne idée pour un « journaliste » que de s’installer dans un pays sans journaux, sans lois, sans droits, sans comptabilité publique et qui pratique l’esclavage. Le tout pour en faire une base de « défense de la presse opprimée dans le monde du « sud » ». En fait, Ménard ne s’est intéressé qu’aux « moyens » du Qatar, oubliant qu’il prenait pied dans une Corée du Nord où il ferait chaud. Mais bientôt l’agité du local va finir par être prié de faire ses malles, sans avoir eu le temps de finir d’enrouler sa pelote. Pour se venger, enfin lucide sur sa terre d’accueil, l’auteur du « Manuel des vins du Roussillon » va pondre un ouvrage finement intitulé : « Mirages et cheikhs en blanc ». Pour une fois le vrai sort de la plume de Ménard.

De retour en France, quand il commence son « outing » sur ITélé ou RTL, désignant le bougnoule comme la peste et souhaitant le rétablissement de la peine de mort, ses amis hésitent : « Tu connais Robert, c’est un blagueur ». Quand il passe de blagueur à bloggeur du Front National, pardon de « Marine », se met à fréquenter les églises et qu’il candidate à la mairie de Béziers (sur les idées de son père qui aimait tant l’OAS), les amis de Ménard deviennent d’anciens amis. Les nouveaux sont comme lui : les idées courtes et le crâne rasé.

° Aujourd’hui, je continue de me battre, sur le sort qui m’a été réservé par Israël, devant la CIVI un organisme français d’indemnisation. J’ai perdu en appel au motif que ma blessure « est un acte politique », ce qui fait rire les juristes. Dommage que je n’ai pas été atteint au Kosovo par les sbires de Milosevic, là, j’aurai une statue. Côté RSF, rien de nouveau. Un certain Deloire, nouvel apparatchik qui tient la boutique de Ménard, n’a même pas publié les attendus du scandaleux jugement.

Jacques-Marie Bourget

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