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Tibet : Propagande quand tu nous tiens.

Ce commentaire sur le film de Martin Scorcese intitulé Kundu, reflète tout le système de propagande mis en place pour oublier et remodeler l’histoire (relevé dans TV grandes chaînes nr. 161).

Je cite : « Le parcours du Dalaï-lama, chef spirituel et politique du Tibet, de sa reconnaissance comme 14ème réincarnation de Bouddha à son exil forcé après l’invasion de son pays par l’armée chinoise ».

Parlons donc de ces deux mots : « son » et « pays ». Le Tibet a été indépendant et « reconnu » comme Etat environ 150 ans en tout et pour tout depuis 4.000 ans. Cela s’est passé durant la dynastie des Tubo qui a duré du 7ème au 9ème siècle (629 à 842). Cette dynastie expansionniste, qui a transformé une société tribale en société de castes, a envahi la Chine de l’époque pour constituer ce qu’il est convenu d’appeler « le grand Tibet » avec comme apogée le milieu du 8me siècle, quand leur royaume initialement de 200 km2 allait s’étendre de GuangZhou à HangZhou, ChengDu, en annexant Xi’An, capitale de la Chine soit 1/3 du territoire actuel de la Chine (J.Gernet in « le monde chinois »). C’est ce territoire que le Dalai Lama revendique, sans vergogne ! Un peu comme si nous, français, revendiquions les territoires conquis par Napoléon…

Entre 815 et 841 cette dynastie décide de distribuer les terres, les fermes, les troupeaux et les hommes/esclaves aux communautés bouddhistes.

Du 9ème au 13ème siècle, c’est le chaos, les divisions tribales, la chasse aux bouddhistes, la floraison des écoles diverses et des Tantras dont Kala Chakra (id. la roue de la destruction in www.trimondi.de), qui n’est autre qu’une école violente sur laquelle s’est basée le nazisme. L’invasion par l’Islam va permettre à ce tantra de situer définitivement le Dharma dans les « régions nordiques et cachées du Shambala » (in R.M.Davidson Tibetan Tantric Buddhism in the Renaissance) soit l’emplacement géographique du Tibet actuel. En 1956 l’actuel Dalai Lama a officié sa première cérémonie sur la base de ce Tantra, avec comme pour chaque cérémonie basée sur ce Tantra, et au-dessus de la tête du Dalai Lama, était le grand Tankha, une représentation du seigneur suprême et de son épouse copulant, en ayant dans leurs 32 mains 24 armes sur lesquelles sont fichés des corps humains, des têtes de morts, des brochettes de têtes humaines, etc (in peintures du 14ème siècle, palais du Potala)… où est la non violence ?

Les rivalités hidouisme-bouddhisme, puis les invasions successives des mongols 1154 - 1227 et des mandchous 1644 - 1911, avec entre temps une longue période de réforme du bouddhisme tibétain sous le règne des 12 premiers Dalai Lamas, le 1er régnant de 1391 à 1474 n’ont en rien aidé à une stabilité politique ni à la constitution d’un Etat, au vrai sens du mot. Cette période de près de 400 ans entre les deux grandes invasions a été marquée par des guerres entre les différentes écoles bouddhistes, entre ces maîtres qui avaient droit de vie et de mort sur les esclaves. Ce n’est en aucun cas durant cette période que le Tibet a cherché à être reconnu comme pays, ratant définitivement l’occasion d’exister.

Dans le même registre l’appartenance du Tibet à un individu censé être la réincarnation d’un dieu relève de la toute puissance de cet individu et de ses séides sur toute une population, et les moines tibétains ne se sont pas privés de rendre esclaves, d’avoir le droit de vie et de mort, de couper les mains et bras des réfractaires ou voleurs. Les paysans n’avaient pas de terres, pas de droits, c’était le moyen-âge dans sa partie la plus sordide. Jusqu’en 1959 les terres du territoire tibétain étaient partagées en 38% Dalai Lama et son gouvernement, 37% communautés bouddhistes et 25% seigneurs et maîtres (in E.Maertens Histoire du bouddhisme tibétain).

En 1913, c’est la conférence de Simla , suite à la 1ère demande réelle d’indépendance du Tibet, qui aboutit à la non reconnaissance de cette indépendance par les grandes puissances de l’époque et à un partage entre un Tibet qui politiquement est une province chinoise mais dont l’économie est supervisée par les anglais.

Ensuite durant la seconde guerre mondiale, et pour contrer l’expansionniste indien et anglais (ligne Mac Mahon, guerre de l’opium, Traités inégaux), également pour punir le Dalai Lama de son alliance avec le Japon (in QingYongZhang A secret story of Japan coveting Tibet), le Président Roosevelt a promis à Tchang Kai Tchek que le Tibet resterait dans le giron chinois et ne serait jamais reconnu comme Etat par les USA (in Telegrams sent by Soong Tes-ven, foreign minister of the Republic of China (ROC) during World War II, showed that Kuomintang leader Chiang Kai-shek and U.S. President Franklin D. Roosevelt reached a consensus that Tibet was part of China’s territory. The collection, compiled by professor Wu Jingping from the Shanghai-based Fudan University and Kuo Tai-chun, research fellow at the Hoover Institution of Stanford University, included telegrams sent in 1943, when Soong reported to Chiang the results of his discussion with British Prime Minister Winston S. Churchill over the Tibet issue at a Pacific Council meeting in Washington DC. In one of the telegrams, written in Chinese, Soong reported a dialogue between Roosevelt and Churchill. "Roosevelt said, ’I asked Churchill why did he mention Tibet at all, and he replied that Britain had no intention to occupy the region. I then said that Tibet had been part of China since imperial times and it is now part of the Republic of China, which had nothing to do with Britain.’").

La chine communiste a simplement mis en application cette promesse.

Lorsque les troupes chinoises sont entrées au Tibet elles entraient simplement dans une de leurs provinces, il n’y a donc pas eu « invasion », pas même occupation, et ce d’autant plus que la majorité des tibétains, alors illettrés, se sont retrouvés avec une répartition des terres, avec le droit d’aller à l’école, avec la fin de la justice de caste. Seule continuité notable qui peut choquer notre sens de la démocratie participative telle que nous la faisons appliquer en Irak ou en Afghanistan, ils n’ont pas obtenu le droit de vote, mais comme ils ne l’avaient pas auparavant… Les moines quand à eux ont fui pour ne pas risquer de se retrouver jugés par une justice ordinaire et non plus divine, ou pire, se retrouver obligés de se mettre au travail ne serait-ce que pour pouvoir se nourrir. Parmi ces fugueurs, le dalaï-lama et son précepteur (un ancien officier nazi, Heinrich Harrer qui l’a accompagné plus de 20 années et qui était venu en Chine en 1939 dans le cadre d’une expédition organisée par l’armée allemande « plus précisément la SS »).

La fuite en Inde de ces 2 personnages a d’ailleurs été l’objet d’un sordide marchandage des autorités indiennes qui n’ont accepté la présence de ces réfugiés qu’en échange de la prise en charge par les USA et pour une durée indéterminée de tous les frais liés à cette présence sur leur territoire, ainsi que de l’envoi aux USA de jeunes scientifiques indiens chargés d’apprendre les techniques de la fusion et de la fission pour équiper l’Inde de l’arme nucléaire. Rien n’est gratuit en ce bas monde (in K.Conboy and J.Morrison The CIA’s secret war in Tibet, and in http://images.library.wisc.edu/FRUS/Efacs, qui est le site du Foreign Relations of USA). D’ailleurs la 1ère bombe indienne a été nommée « le sourire du bouddha » (in Press Trust of India du 10/10/1997, visible sur le net).

Gérard Luçon
Sinologue

Version modifiée le 26/08/2010

En complément :

voir les 3 articles publiés ici par Maxime Vivas à l’occasion d’un voyage au Tibet avec des journalistes du Monde, du Figaro et des journalistes indépendants. L’article publié dans le Figaro est annexé au troisième article. Celui du Monde, dont la lecture est payante sur le Net, est en attente d’une autorisation de publication par LGS.

- « Le Grand Soir » au Tibet : http://www.legrandsoir.info/Le-Grand-Soir-au-Tibet.html
- Choses vues au Tibet : http://www.legrandsoir.info/Choses-vues-au-Tibet-2.html
- Tibet : un pacifiste chez les bouddhistes : http://www.legrandsoir.info/Tibet-un-pacifiste-chez-les-bouddhistes-3.html

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1914-1918 La Grande Guerre des Classes
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Dans l’Europe de 1914, le droit de vote universel n’existait pas. Partout, la noblesse et les grands industriels se partageaient le pouvoir. Mais cette élite, restreinte, craignait les masses populaires et le spectre d’une révolution. L’Europe devait sortir « purifiée » de la guerre, et « grandie » par l’extension territoriale. Et si la Première Guerre mondiale était avant tout la suite meurtrière de la lutte entre ceux d’en haut et ceux d’en bas initiée dès 1789 ? C’est la thèse (…)
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