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Toutes les élections étatsuniennes sont frauduleuses, alors taisez-vous à propos du Nicaragua

Les médias occidentaux font aujourd’hui leurs gros titres sur une élection truquée, non pas aux États-Unis ou dans l’une des autres puissantes nations qui leur sont alliées et dont les élections sont systématiquement frauduleuses de fond en comble, mais dans la petite nation d’Amérique centrale du Nicaragua.

Une recherche sur Google ne donne que des articles dénigrant l’élection au Nicaragua et ses résultats. Comme l’a signalé sur Twitter Left I on the News, la couverture de la victoire du président Daniel Ortega par CNNvoyait défiler un bandeau avec des guillemets autour des deux mots "élection" et "victoire", et un présentateur déclarant carrément "Ortega a obtenu 75 % des voix, des résultats que nous savons illégitimes".

La correspondante du New York Times, Natalie Kitroeff, a rapporté qu’Ortega avait "arrêté tous les adversaires crédibles, fermé les partis d’opposition, interdit les grands événements de campagne, fermé en masse les bureaux de vote" et qu’il n’y avait "aucun panneau d’affichage ni aucune affiche de campagne" pour l’opposition. Toutes ces affirmations ont été carrément réfutées par les observateurs qui ont rendu compte de la situation sur place, comme Wyatt Reed, Ben Norton, Margaret Kimberly, Ahmed Kaballo, Caleb Maupin et d’autres.

Fausses nouvelles absurdes du NY Times, le porte-parole du gouvernement américain : Contrairement à ce propagandiste, je suis au Nicaragua et je fais un reportage sur les élections. Je suis allé dans 4 bureaux de vote différents ; ils étaient tous pleins, avec un processus totalement calme et transparent. Il y a 7 options sur le bulletin de vote, 6 de l’opposition.

Cette inquiétude des médias à propos des élections au Nicaragua ne serait pas aussi absurde si les élections aux Etats-Unis et dans les pays alliés étaient loin d’être exemptes de fraude et de manipulation.

On croit souvent à tort que rien ne change jamais dans le statu quo politique américain parce qu’une lutte idéologique entre deux factions égales et opposées maintient les choses dans un état de blocage où il est impossible de faire avancer les changements qui profiteraient aux Américains ordinaires. En réalité, ces deux "factions" sont parfaitement alignées sur tous les plans, sauf les plus superficiels, les compétitions électorales entre elles sont dominées par une classe de donateurs ayant un intérêt direct à protéger le statu quo, les candidats qui s’affrontent sont présélectionnés par un processus primaire corrompu et méticuleusement contrôlé afin de s’assurer que le public ne vote que pour ceux qui préserveront l’oligarchie et l’empire, et les partis tiers sont constitutionnellement empêchés de devenir politiquement viables.

Toutes les élections américaines pour les postes de pouvoir réel sont frauduleuses. Aucune d’entre elles ne permet une véritable opposition. C’est un système à parti unique contrôlé par des institutions ploutocratiques et militaires frauduleusement déguisées en démocratie, et pourtant des gens qui se disent "journalistes" ont la témérité de critiquer l’intégrité des élections en Amérique latine sans jamais critiquer les leurs.

Pour une fois, il serait formidable d’entendre une discussion généralisée sur le trucage des élections américaines sur le même ton alarmé que les trolls des médias parlent de nations comme le Nicaragua, la Bolivie ou le Venezuela. "Très alarmant la façon dont les tiers sont interdits de participation au débat présidentiel américain." "Inquiétant de voir comment toute opposition réelle à la structure du pouvoir américain est bannie des médias grand public."

Chaque fois que je soulève ce point, les gens me disent : "Les États-Unis n’emprisonnent pas leurs leaders d’opposition politique comme d’autres pays tyranniques !"

C’est uniquement parce que les États-Unis n’ont pas de leaders d’opposition politique. Il n’y a pas de politiciens américains ayant un quelconque intérêt politique qui s’opposent de manière significative à la structure du pouvoir en place. Toute véritable opposition a été étouffée ; tout ce que vous obtenez, ce sont deux laquais pratiquement identiques de l’empire oligarchique qui se chamaillent pour des futilités narratives sans importance, comme le fait de savoir si la théorie de la race critique est enseignée ou non dans les écoles.

Il n’y a pas de véritable opposition à la structure de pouvoir américaine dans la politique électorale ; elle a été trop agressivement écrasée génération après génération depuis l’époque où elle incarcérait ouvertement des dissidents politiques comme Eugene Debs pour "sédition". Et quiconque s’approche de près ou de loin de la menace de cette structure de pouvoir en dehors de la politique électorale est effectivement emprisonné, comme nous le voyons actuellement dans des cas comme celui de Julian Assange.

Il n’y a aucune raison valable de croire les récits impériaux officiels concernant le Nicaragua ou toute autre nation ciblée par l’empire, à la fois parce que les États-Unis sont pratiquement toujours beaucoup plus coupables de ce dont ils accusent leurs ennemis et parce que leur institution politique et médiatique ment constamment. Si vous croyez le récit dominant sur n’importe quelle nation ciblée par les États-Unis, vous vous retrouverez du mauvais côté des débats sur cette nation, parce que l’empire américain est l’institution la plus corrompue et la plus meurtrière sur terre et que son pouvoir est maintenu en place par les mensonges et la propagande.

Plus tôt vous aurez votre moment "c’est donc nous les méchants ?", plus vite vous arriverez à la vérité.

L’empire américain - et j’entends par là les États satellites du monde entier qui soutiennent ses programmes de domination planétaire - n’a pas à critiquer des gouvernements bien moins puissants, bien moins destructeurs et bien moins corrompus. Les élections dans cette structure de pouvoir centralisée aux États-Unis sont constamment truquées de multiples façons pour assurer la survie du statu quo politique sur lequel elle est construite, et si les grands médias existaient dans le but de pratiquer le journalisme, nous en serions tous parfaitement conscients.

Jusqu’à ce que vous viviez dans une nation avec une vraie opposition politique et de vraies élections, vous devriez peut-être fermer votre gueule sur des pays comme le Nicaragua.

Caitlin Johnstone

Traduction "C’est comme ça pour tout, partout et depuis toujours" par Viktor Dedaj avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles

 https://caitlinjohnstone.substack.com/p/all-us-elections-are-fraudulent-shut

COMMENTAIRES  

09/11/2021 20:09 par Auguste Vannier

l’empire américain -et j’entends par là les États satellites du monde entier qui soutiennent ses programmes de domination planétaire - est l’institution la plus corrompue et la plus meurtrière sur terre et que son pouvoir est maintenu en place par les mensonges et la propagande.

Je crois qu’en peu de mots tout est dit que plus personne ne devrait ignorer.
Est-ce qu’on pourrait faire quelque chose pour affranchir nos "zélites"(élites qui font du zèle) américanistes sur ce qui saute aux yeux, même au travers du prisme des fausses nouvelles relayées par nos media dominants (j’ai failli écrire "fake news relayées par nos media mainstream", tellement nous sommes imbibés par l’industrie culturelle US) ?

09/11/2021 21:16 par obligatoire

Est-ce qu’on a le droit d’être anti-impérialiste et aussi de critiquer le gouvernement d’Ortega (et sans être un gauchiste) ?

Est -ce que le "campisme" ne dessert pas la cause de l’anti-impérialisme ? car ce positionnement idéologique laisse entendre qu’on a comme modèle des gouvernements qui franchement n’ont pas grand-chose de révolutionnaires, comme celui du Nicaragua...

A propos de ce pays, je veux bien dénoncer le 2 poids 2 mesures des médias, questionner le fait qu’on parle de dictature pour ce pays et pas pour d’autres pays alliés des occidentaux. Mais ça n’empêche pas qu’Ortega est effectivement un autocrate ultra-corrompu et que son modèle de gouvernement n’a rien ou presque de progressiste à mes yeux.

(Quel gâchi, quand on pense à la révolution sandiniste... mais c’est une autre histoire).

Attention je ne mets évidemment pas Cuba ni le Venezuela dans le même panier (même si niveau corruption au Venezuela ils sont très forts aussi).

09/11/2021 22:27 par legrandsoir

quand on pense à la révolution sandiniste

Ben ouais, certains d’entre nous y ont passé pas mal de temps et d’énergie.
Et votre commentaire, on l’entend aussi depuis.
Ca s’appelle pas "crier au loup ?" ;-)
On va rester sur notre "campisme" (pour le moment).

09/11/2021 22:41 par Tassedethe

Ecoutons le Sieur Romain Migus (2 rives) et deux de ses compères dont l’un vit là-bas :

https://www.youtube.com/watch?v=-_bXM2b63X8

ça change de France inculture et tant d’autres.

10/11/2021 09:21 par gilles tavernier

Bonjour à tous,
je vous soumets cet article lu sur LVSL : https://lvsl.fr/les-multiples-costumes-de-daniel-ortega-un-caudillo-pas-pret-a-quitter-la-scene/?utm_source=sendinblue&utm_campaign=Newsletter_Derniers_Articles&utm_medium=email

difficile de se faire une opinion objective avec toutes ses lectures :(

10/11/2021 09:36 par legrandsoir

Oui, vu et lu.
On pourrait ressortir les mêmes, quasi mot pour mot, publiés il y a 10, 20, 30 ou 40 ans.
Lorsqu’un article commence par le terme "La communauté internationale", on sait déjà où il va.
La violence décrite comme "à sens unique" - tous ceux sur place ont décrit l’inverse, une violence déchainée contre les sandinistes.
"Ortega connaît bien son script : abandonné par Washington [sic !] et le patronat, il rejoue son rôle de petit pays socialiste harcelé par l’impérialisme." —> phrase littéralement crapuleuse.
Et bien-sûr, pas un mot sur la tentative d’étouffement économique du pays.
Bref, un grand classique.

Voir articles sur le thème "Nicaragua" : https://www.legrandsoir.info/+-nicaragua-+.html

10/11/2021 10:22 par Assimbonanga

Nous ici, en France Mossieur, on est en démocratie et les procès Sarkozy démontrent suffisamment à quel point nous sommes au-dessus de tout ça. Libé

10/11/2021 12:48 par gilles tavernier

@legrandsoir
merci pour votre retour et votre éclairage.

10/11/2021 12:56 par jo nice

@obligatoire
"quand j’entend le mot "campiste" je sors mon Makarov"*

*le makarov est un pistolet soviétique choisi ici pour la symétrie conceptuelle avec l’auteur de la citation original

Sans déconner depuis quand c’est mal de choisir son camp ?
Tu as déjà vu une barricade ?? hé bien elle n’a que deux cotés !
j’exècre ce mot "campiste" il fait parti de l’arsenal idéologique de la team antifa-imperialiste avec "confu" et "devoir d’ingérence"

10/11/2021 20:32 par T 34

Certains critiquent Daniel Ortega. C’est vrai ils a mis des opposants en prison, le genre d’opposants qui font des manifestations violentes (cf les articles du Grand Soir à ce sujet daté d’avril 2018) ou ceux qui sont à la botte des États-Unis (en France on appellerait cela intelligence avec une puissance étrangère). Le gouvernement sandiniste pourrait laisser ces émeutiers et traîtres en liberté et leur permettre de participer aux élections comme au Venezuela mais cela ne diminuerait pas l’hostilité de l’impérialisme étasunien. Chávez est mort et la politique hostile des États-Unis contre le Venezuela continue et se renforce. Fidel est mort et le blocus continue et se renforce. Mugabe est mort et pourtant les sanctions contre le Zimbabwe sont toujours en place. Un jour Daniel Ortega mourra et la politique hostile de l’impérialisme étasunien contre le Nicaragua sandiniste continuera car il restera toujours le parti FSLN et le peuple nicaraguayen. Les gouvernements cubain, venezuelien et bolivien ont félicité la victoire de Daniel Ortega et cela me suffit.

Tout pays ne se soumettant pas aux États-Unis verra ceux-ci avoir une politique hostile à son égard, que ce soit des gouvernements de gauche comme en Amérique Latine (Pour les gouvernements de droite alliés aux États-Unis comme la Colombie et le Honduras il n’y a pas de problèmes ils peuvent massacrer leurs opposants et truquer les élections comme ils veulent), un gouvernement communiste comme le gouvernement chinois, le gouvernement russe de droite ou une théocratie comme l’Iran ou un gouvernement laïc comme la Syrie. On peut même imaginer que si Mélenchon gagne les élections il y ait des sanctions contre la France, et ces sanctions continueraient même quand Mélenchon aura fini son unique mandat et qu’un autre membre de la France insoumise lui succède à la présidence de la république.

D’ailleurs dans l’hymne du FSLN il y a les paroles : Luchamos contra el Yanki, enemigo de la humanidad ( Luttons contre le yankee, ennemi de l’humanité) .

Et on finit en musique : Daniel Se Queda - Mariachi Azucena

11/11/2021 00:25 par Tassedethe

Comme promis, la traduction de l’article de Ben Norton (Grayzone) sur le déclin de certains Sandinistes par Romain Migus (2 rives) :
https://www.mondialisation.ca/de-revolutionnaire-a-collaborateur-des-usa-le-declin-de-certains-ex-sandinistes-ben-norton/5662191

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