Ukraine : l’absence de sûreté nucléaire menace l’Europe

Gabriella Lima

Alors que la France envisage de fermer 17 réacteurs nucléaires pour réduire le risque d’accident et investir dans le nouveau système énergétique renouvelable, les centrales nucléaires ukrainiennes, dont l’état actuel laisse à désirer, constituent une menace éventuelle pour l’Europe.

Les incidents qui risquent provoquer un accident

Trente et un an après la catastrophe de Tchernobyl, le pire accident nucléaire de l’Histoire, le risque nucléaire en Ukraine reste « très préoccupant », estime Michel Chouha, spécialiste de l’Europe de l’Est à l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), l’établissement public français chargé de la recherche et de l’expertise dans ce domaine.

Depuis le début du XXIe siècle, une série des incidents graves s’est produite aux centrales nucléaires en Belgique, en France, en Autriche et aussi, en Ukraine.

Le 10 juin 2008, une fuite d’eau radioactive a provoqué l’arrêt d’un réacteur à la centrale nucléaire de Rivné (ouest de l’Ukraine).

En 2014, l’unité 4 de la centrale nucléaire de Zaporijia, la plus grande d’Europe, a été déconnectée du réseau à cause de l’activation de la protection contre le déséquilibre des régulateurs de pression de la turbine de plus de 30%.

L’incident le plus inquiétant est survenu au début de 2015 dans la même installation à Zaporijia. Les réacteurs ont dû être mis à l’arrêt à cause des fluctuations de l’approvisionnement électrique, frôlant la catastrophe.

Cette année, les centrales ukrainiennes ont subi au moins deux incidents passés sous silence par Kiev.

Néanmoins, l’Ukraine n’a pas l’intention de renoncer à l’atome pour ses besoins en électricité, en dépit des craintes que suscitent ses réacteurs vieillissants.

Les réacteurs ukrainiens, construits pour la plupart dans les années 1970 et 1980, sont vieillissants. De surcroît, de type VVER (caloporteur et modérateur eau), ils souffrent de faiblesses structurelles, même si leur principe de fonctionnement est proche de celui des réacteurs à eau pressurisée occidentaux et notamment français.

Interrogée par l’AFP, Irina Golovko de l’ONG Centre national ukrainien d’écologie a affirmé que "le principal risque dans l’utilisation de l’énergie nucléaire en Ukraine réside dans les réacteurs ayant dépassé leur durée de vie". D’aprè l’expert, "six réacteurs du pays sur 15 en activité ont dépassé leur durée de vie prévue. D’ici 2020, ils seront 12".

Quel impact pour l’Europe ?

Certes, l’utilisation de l’énergie nucléaire est liée aux dangers, mais le pays qui possède des centrales doit au moins garantir la sûreté de ses installations et assurer leur bonne gestion, ce que Kiev a échoué à faire jusqu’à ici.

Maintenant que l’UE a approuvé l’extension des accords commerciaux avec l’Ukraine, c’est aussi la responsabilité des dirigeants européens de faire pression sur les autorités ukrainiennes pour qu’elles prennent des mesures nécessaires visant à éviter toute possibilité de la contamination des produits venant du pays.

Si l’Ukraine n’entreprend pas des efforts pour mieux gérer et moderniser ses centrales nucléaires, l’Europe risque de connaître une catastrophe plus grave que Tchernobyl.

Gabriella Lima

COMMENTAIRES  

17/08/2017 21:20 par Scual

Je voudrais juste signaler que "le pire accident nucléaire de l’histoire" est un slogan plus qu’une réalité. Fukushima ayant détrôné Tchernobyl.

18/08/2017 00:17 par Geb.

Ouais. Mais il ne faut pas oublier de prendre en compte que pour les Occidentaux, et en particulier pour les Français, les "catastrophes", même les plus meurtrières, ne sont autres chose que des "faits divers" oubliés le lendemain qu’uniquement si elles se passent à côté de chez eux. ((- :

Et Fukushima c’est trop loin et trop exotique pour leur imagination... Et encore plus loin pour leur compassion.

Le problème de l’Ukraine c’est que c’est un pays en voie de somalisation. Sauf que ce pays, en plus d’être en faillite, d’avoir été un des plus grands producteurs de charbon et d’être obligé d’en importer d’Australie, (Pour cause de dé-russification), tire son énergie d’une dizaine d’Unités nucléaires de production électrique d’origine soviétique.

Et que ces centrales sont totalement incompatibles avec les modules américains Westinghouse qu’elle prétend utiliser en remplacement des originaux afin de rejeter tout rapport commercial avec la Russie.

C’est d’autant plus tragi-comique que les USA, (Et donc Westinghouse), importent 90% de leur combustible nucléaire raffiné et que 45% de ces importation viennent de Russie. Car les USA n’enrichissent aucun minerai d’Uranium à usage civil chez eux. Ils fournissent en partie les pays raffineurs en yellowcake et réimportent l’Uranium enrichi et usiné.

J’imagine donc mal les Américains de Westinghouse, en ce moment, demander aux Russes de leur fabriquer des barres d’uranium aux normes soviétiques pour alimenter les centrales d’Ukraine. En tout cas certainement pas au prix auquel les Ukrainiens les auraient eues directement s’ils étaient moins tarés. ((- :

Et vu que Nazis de Kiev n’ont plus un seul Hrvnya dans la poche... CQFD.

(Commentaires désactivés)