Ukraine : La campagne étasunienne contre la Russie est bloquée sans l’intervention de la Russie et le soutien de l’Allemagne. (Moon of Alabama)

Il y a deux jours une foule soutenue par les fascistes du Secteur Droit a assassiné plus de 30 fédéralistes ukrainiens à Odessa en les chassant de leur camp et les poussant dans un bâtiment auquel ils ont ensuite mis le feu. Ceux qui échappaient au massacre, et pas les coupables, étaient arrêtés pas la police. Aujourd’hui des pro-fédéralistes ont assiégé la commissariat de police d’Odessa jusqu’à ce que la police relâche ceux qu’elle avait emprisonnés précédemment.

Dans l’est, des combats sporadiques ont opposés des unités de l’armée et de la Garde Nationale contrôlées par le gouvernement et des fédéralistes, mais en ce moment il semble que les forces gouvernementales se replient à nouveau. Des agences d’une banque privée ont été attaquées à l’est parce que leur propriétaire, un oligarque connu, est soupçonné de financer les paramilitaires fascistes du Secteur Droit.

Le plan des Etats-Unis semble être de pousser la Russie à envahir l’Ukraine. Cela détruirait la relation entre la Russie et l’UE, donnerait des ailes à l’OTAN et aiderait les Etats-Unis à maintenir l’UE sous son contrôle dans le rôle d’un partenaire de seconde zone. Il y aurait aussi beaucoup d’avantages économiques si les Etats-Unis y parvenaient. Et l’augmentation des ventes d’armes et de leur part sur le marché de l’énergie ne serait que l’apéritif.

Il y a deux raisons de penser que ce plan va échouer :

Premièrement : La Russie ne se laissera pas appâter. Les gens qui réclament plus d’autonomie en Ukraine sont parfaitement capables de se battre tout seuls. Lorsque quelques uns mourront, comme à Odessa, davantage se lèveront. A part le Secteur Droit qui inclut maintenant la Garde Nationale, il n’y a plus de troupes loyales que le gouvernement de Kiev issu du coup peut envoyer contre le peuple. L’énorme erreur de ce gouvernement - la même que les Etats-Unis ont commise en Irak - a été de démanteler la police fédérale anti-émeute Berkout. Ces combattants bien entraînés désormais sans emploi ainsi que d’anciens soldats soviétiques eux aussi bien entraînés, forment la colonne vertébrale des fédéralistes. Il n’y a donc aucune nécessité pour la Russie d’intervenir ouvertement. Le gouvernement de Kiev issu du coup est déjà moribond.

Deuxièmement : Beaucoup d’Européens ont éventé le pernicieux complot des Etats-Unis et s’élèvent contre le servile suivisme des Etats-Unis par leurs politiciens. La pression politique contre le Russia bashing grandit. Tous les articles pro-OTAN et anti-Russes qui paraissent dans les médias, et il y en a beaucoup, sont traînés dans la boue dans les commentaires. Une partie des élites européennes est en train de se retourner ouvertement contre la propagande anti-russe induite par les Etats-Unis. Bild, le tabloïd le plus atlantiste d’Allemagne, a même publié aujourd’hui un reportage* révélant que des dizaines d’agents de la CIA et du FBI mènent la danse à Kiev. Le reportage se base sur des "sources de la sécurité allemande", ce qui me conduit à penser que le gouvernement allemand cherche à contrer les manoeuvres de Washington. Steinmeier, le ministre allemand des Affaires Etrangères, vient d’appeler (ici en Allemand**) à une seconde conférence de Genève pour résoudre la situation.

Sans l’intervention russe et le soutien allemand, la campagne étasunienne contre la Russie a peu de chances d’atteindre son second objectif qui est d’isoler la Russie. Elle a déjà raté son premier objectif, le port de Sébastopol en Crimée, quand la Russie et la presqu’île se sont réunifiées.

La seule chose qui reste à faire à Washington est de créer plus de chaos en Ukraine en espérant que le chaos total engendrera une situation dont ils pourront à nouveau rendre la Russie responsable. Mais par manque de réelle direction, cette stratégie n’a pas grande chance d’aboutir non plus.

Notes :

* http://www.bild.de/politik/ausland/nachrichtendienste-usa/dutzende-agenten-von-cia-und-fbi-beraten-kiew-35807724.bild.html

** http://www.tagesschau.de/inland/bab-steinmeier100.html

En complément, voir l’analyse de Philippe Grasset qui commente entre autres cet article : http://www.dedefensa.org/article-notes_sur_une_crise_qui_prend_ses_aises_07_05_2014.html

Traduction : Dominique Muselet

 http://www.moonofalabama.org/2014/05/ukraine-us-campaign-stuck-without-russian-intervention-and-german-support.html

COMMENTAIRES  

09/05/2014 12:16 par Abdelkader Dehbi

Il y a comme une malédiction qui poursuit – non pas les peuples – mais les dirigeants des Etats-Unis et les gouvernements serviles de leurs alliés de l’UE ou d’ailleurs ; c’est-à-dire l’impérialisme occidental – parce qu’il en existe d’autres hélas, en plus subtil… Cette malédiction, c’est leur obstination morbide à vouloir imposer leur idéologie, leurs croyances, leur manière de vivre, leur culture, leurs perversions, leurs convoitises,…etc. dans un rapport de force brutale et de confrontation, dans lequel le dessein affiché, cache le plus souvent, une véritable pathologie de "gagner", d’écraser l’adversaire, de l’humilier, de l’annihiler.

Un rapport de forces dans lequel les dirigeants, mettent tous les moyens de leur côté : A commencer par la disproportion de ces moyens, aussi bien quantitativement que qualitativement ; comme par exemple le recours systématique aux technologies les plus sophistiquées de la destruction massive des hommes et des habitats, des champs et des usines, des routes et des ponts, des écoles et des hôpitaux, des forêts et des musées,…etc. Dans un déferlement de quasi démence destructrice que les propagandes mensongères des médias criminels aux ordres, complices de l’impérialisme, ne sauraient ni justifier en amont, ni escamoter en aval.

C’est dans ce contexte d’un impérialisme psychopathe qu’il nous faudra revisiter le génocide de dizaines de millions d’amérindiens exterminés et chassés de leurs terres ancestrales, la mort lente de millions de noirs épuisés par leurs conditions d’esclavage dans les plantations des blancs, les déchainements meurtriers de la fin de la dernière Guerre contre les civils allemands comme à Dresde et les bombardements atomiques criminels sur Hiroshima et Nagasaki, sans oublier la Guerre du Vietnam et ses défoliants. Plus près de nous, le démantèlement de la Yougoslavie et ses conséquences tragiques, au lendemain de la chute du mur de Berlin ; et enfin, le complot criminel des attentats du 11 Septembre à New-York, qui allait ouvrir tout un boulevard de Croisade clairement affichée, contre les peuples musulmans : de l’Afghanistan à la Syrie, en passant par l’Irak, le Yémen, la Libye et l’Egypte, en attendant le tour du prochain.

Et c’est toujours dans ce même contexte qu’il nous faudra tenter de comprendre cette dernière folie de l’impérialisme occidental, s’attaquant cette fois, à une puissance de l’envergure de la Russie, en cherchant à parachever une stratégie d’encerclement dont personne n’était dupe, et surtout pas la Russie qui semblait laisser faire, d’abord par défaut, en raison aussi bien de la naïveté, voire des compromissions de certains dirigeants russes eux-mêmes (Gorbatchev, puis Eltsine) que de l’affaissement– en particulier aux plans logistique et financier – des capacités stratégiques de la Russie. Il serait stupide bien entendu, de suggérer que l’impérialisme occidental et son fer de lance qu’est l’OTAN, ne sont pas au fait du redressement spectaculaire de la Russie dans tous les domaines, au cours de la dernière décennie ; et singulièrement dans le développement de certains créneaux décisifs en matière de haute technologie cybernétique et électronique, de contrôle spatial. Mais pour le plus grand malheur des tenants de l’impérialisme atlantiste, la pulsion de violence et la volonté morbide de se mesurer aux autres et de "gagner", cette pulsion de violence sur laquelle s’est bâti l’Empire, reste la plus forte. Il est certain que si l’Occident n’avait pas toujours un ou plusieurs coups d’avance, en matière de technologie de la mort, en d’autres terme, si cet Occident combattait les autres à la loyale, c’est-à-dire à armes égales, notre pauvre monde n’en serait pas où il est.
C’est dire combien l’aventure ukrainienne de l’Occident et de ses minables gangsters ukrainiens supplétifs de la CIA, de l’UE ou d’Israël, est déjà vouée à l’échec, en tant qu’elle conduira dans le meilleur des cas pour l’Occident, à une sécession. Au pire, à un retournement radical de l’opinion du peuple ukrainien contre les Etats-Unis et l’UE. En attendant, M. Poutine a déjà mis dans l’escarcelle de la Russie, le précieux territoire stratégique de la presqu’ile de Crimée qui commande la Mer Noire. Les seules détonations qu’on a entendues, ont été celles qui ont salué le retour de la Crimée à la Russie, à l’issue du référendum…
Merci camarade Poutine. Aujourd’hui, nous autres pays qu’on disait avant, pays du Tiers-Monde. Nous rêvons debout, du retour de la Guerre Froide. Pourquoi avoir honte de le dire, quand les imbéciles eux, s’enorgueillissent de faire partie du monde "civilisé" – c’est ainsi que l’Occident se définit semble-t-il – celui qui n’a pas cessé depuis des siècles et des siècles, de porter la désolation et la mort, par le fer et le feu de la conquête, du pillage et de la domination, partout dans le monde.

09/05/2014 13:19 par Archer Gabrielle

« Surtout, soyez toujours capables de ressentir au plus profond de votre cœur n’importe quelle injustice commise contre n’importe qui, où que ce soit dans le monde. C’est la plus belle qualité d’un révolutionnaire. »…
Ernesto Che Guevara

12/05/2014 11:08 par rémi

Dans un de ses derniers articles, Le désarroi à la dérive du bloc occidentaliste, P. Grasset commente le dernier article de the Saker (http://www.oulala.info/2014/05/le-banderastan-ukrainien-1-aussi-hideux-que-pathetique/).

Puis il parle de la sidération des hystériques russophobes dont le Guardian est un des fleurons, devant les dernières déclarations de Poutine (demandant aux autonomistes ukrainiens de reporter leur référendum, annonçant le retrait de ses troupes, etc.) qui ne correspondent pas à leurs idées préconçues :

"Et c’est donc vers le Guardian qu’il faut orienter sa lecture pour pouvoir mieux et plus sérieusement apprécier l’état des lieux et des esprits au cœur du bloc BAO, face à la situation ukrainienne. Le Guardian est férocement anti-Poutine mais, au moins, il admet qu’il faut parfois tenir compte de la vérité de la situation plutôt que le “c’est la faute des Russes” de la Psaki. Tout tourne autour du “gambit-Poutine”, dont les commentateurs ne peuvent qu’admettre qu’il a pris complètement à contrepied les pays du bloc BAO, ancrés dans leur vision extrémiste et caricaturale du président russe, et que ces pays ne savent quoi en faire d’une façon coordonnée alors qu’on constate dans leurs rangs des disparités et des désordres grandissants.
....
Poutine est-il un stratège de grande envergure doublé d’un tacticien de génie ? On verra plus tard pour le jugement définitif, car ce n’est pas la question la plus urgente. L’essentiel pour l’immédiat dans cette bouillie pour les chats n’est pas la politique russe, ni la position de la Russie, ni les initiatives de la Russie, ni la pensée profonde de la Russie, – bien qu’il ne faille certainement pas négliger d’en parler avec attention et profondeur, comme nous le faisons régulièrement (voir le 6 mai 2014).

L’essentiel dans cet exposé succinct d’une situation présente, c’est l’extraordinaire, l’incroyable, l’indescriptible inexistence politique du bloc BAO et de tout ce qui en émane, y compris les clowns de Kiev inspirés par le FMI et leurs diverses offensives finales contre les “terroristes” russophones. C’est là le grand, le très grand événement que l’on sentait et pressentait, que l’on décrivait partiellement de commentaire en commentaire, qui apparaît de plus en plus dans son exceptionnelle unicité, presque dans une sorte de perfection transcendantale...

http://www.dedefensa.org/article-le_d_sarroi_la_d_rive_du_bloc_bao_10_05_2014.html

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