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Ukraine : Les vrais enjeux

A Kiev, le sénateur américain John McCain soutient les opposants au président ukrainien

Le titre « Ukraine : ce que l’Europe refuse de voir » , un article du quotidien La Tribune donne une analyse des évènements de Kiev bien éloignée du discours stéréotypé de la plupart des médias occidentaux.

Pour l’auteur, défendre les « bons manifestants » de Kiev contre le « mauvais pouvoir tyrannique » du président Viktor Ianoukovitch trahit une vision caricaturale de la réalité ukrainienne. Il en est de même lorsqu’on veut faire de l’association avec l’Union européenne un gage de démocratisation.

En fait, depuis son indépendance de 1991, l’Ukraine est un pays profondément divisé où deux camps de force équivalente se font face.

A l’est et au sud du pays, dans le bassin minier du Donbass, en Crimée et sur le littoral de la Mer Noire, la population est largement russifiée et, en dépit de la législation qui oblige à un usage exclusif de l’ukrainien dans l’espace public, le russe y est la seule langue réellement utilisée et le sentiment d’appartenance à l’ensemble russe est très fort.

A l’inverse, à l’ouest du pays, dans des régions qui ont appartenu jadis à la Pologne ou à l’Autriche-Hongrie, on parle ukrainien et le sentiment identitaire ukrainien y est d’autant plus prononcé qu’il s’accompagne d’un sentiment anti-russe. Pour ces régions, l’adhésion à l’Union européenne est perçue comme un ancrage occidental contre une Russie dont on veut à tout prix s’éloigner.

Ce face-à-face permet de comprendre pourquoi les manifestations de Kiev sont reprises dans l’ouest du pays, alors qu’elles n’ont que peu d’échos à l’est et au sud ; il explique aussi pourquoi tous les gouvernements ukrainiens ont eu le souci de maintenir un équilibre entre ces deux camps opposés. Parce qu’il y va de l’existence même de l’Ukraine.

Dans ces conditions, présenter l’actuel président Viktor Ianoukovitch comme un simple « valet de Moscou » est une autre caricature comme le montrent ses choix politiques depuis son élection de 2010.

En outre, prétendre qu’un vote « démocratique » se prononcerait massivement pour le rapprochement de l’Ukraine avec l’Union européenne est peu crédible car les populations russophones n’accepteront jamais d’adhérer à l’Union européenne au prix d’une rupture avec la Russie. Choisir l’Union européenne contre la Russie peut donc conduire à une scission du pays.

« L’Union européenne devrait donc se montrer plus prudente pour éviter de diviser encore plus un pays qui l’est déjà beaucoup et dont l’explosion ne favoriserait sans doute guère ses ambitions démocratiques affichées. », conclut – avec raison – l’auteur de l’article.

Jean-Pierre Dubois

Source : http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20131203trib000799000/ukraine-ce-que-l-europe-refuse-de-voir.html

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