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Un dimanche à Paris : Ah tiens une manif …

Photo : BRENDAN SMIALOWSKI / AFP

Enfin on va avancer l’enregistrement de mon nouvel album, « Ministère Double joker ou le moins pire des mondes possibles ». Mon ingé son, Momo le grand fou, habite à Jacques Bonsergent, ligne 5, près de la place de la République. La mauvaise place au mauvais moment... Impossible d’arriver au studio : une manif. J’ai beau essayer de me frayer un chemin, de prendre un autre métro, de contourner, de rentrer chez moi même… pas moyen : tous les chemins mènent à la manif. J’ai vraiment pas envie. Je peux pas travailler, je peux pas rentrer chez moi, je peux pas m’exprimer librement à travers ma musique. J’essaye de passer en-dessous des cordons faits par la police, qui me rembarre. Je râle : « on peut même plus rentrer chez soi ! ». Un manifestant d’une quarantaine d’année, visiblement exaspéré par ma réaction, me répond « On peut pas tout avoir ». Qu’est-ce ça veut dire ? T’as une manif donc des filcs, pas de flic donc pas de manif. Ok le ton est donné : hyper quadrillé et au pas. Et d’ailleurs, me voilà dans une manif au rythme particulièrement régulier, bien rangé et en ordre. Tu peux même plus râler. « T’as qu’à pas habiter là, pauve con » J’ai compris. Pas le choix : je fais la manif. J’ai bien su les événements, mais n’ayant pas la télé, je n’ai pas vraiment d’opinion. C’est donc avec une certaine innocence que je traverse, bon gré mal gré, ce flot humain et de pancartes ; bien rangé.

On déboule dans une rue. Me voici immédiatement entouré de drapeaux bleu blanc rouge. Ca donne un peu le tournis : j’en avais jamais vu une telle concentration sur un si petit périmètre. J’ai dû tomber dans la mauvaise manif. Je demande, le plus neutre possible, à la petite dame à coté de moi : « C’est bien la contre-manif ici ? ». Elle me répond fermement, voire acariâtre : « Non : ici nous sommes dans la vraie ! ». A ce moment précis monte un chant : la Marseillaise. Je suis un peu confus. Je n’ose pas regarder la dame… bon j’ai dû rater un wagon…

Passe alors un groupement de femmes juives, avec comme pancarte couvrant leur corps : « Je suis Charlie, Je suis juive, je suis flic ». Je flippe un peu. Flic dans une manif pour la liberté d’expression, juif dans une manif laïque, religion et police avec Charlie, ça dissone de partout. J’aurais bien voulu parler un peu avec elles, mais vu leur regard noir, on imagine facilement des matraques derrière leurs affiches…

Ah tiens une main en carton ! Ah mais j’la reconnais, c’est « Touche pas à mon pote », le mouvement des années 80-90 qui a servi à rien sinon à faire la promotion du parti « socialiste » qu’on a maintenant… Qu’est-ce qu’il y a dessus ? « Touche pas à Charlie ». Ah oui… c’est sûr… mais c’est un peu tard, les gars…

Oh des petites pancartes… une phrase : « Même pas peur ». Ca me rappelle quand on était gosses, les virées en voiture avec mon oncle toxico, dans les Alpes au bord des précipices. Pour se donner du courage et espérer arriver vivant, on gueulait pareil « même pas peur ! »… Bon on a quand même fini par se prendre un arbre...

Une autre pancarte, un peu plus longue cette fois : « Le dialogue pour la compréhension, la paix et le respect. ». Je comprends pas très bien et je demande « Euh… quel dialogue ? ». Une grande dame à coté de moi me répond sur un ton prophétique. « On s’en fout. C’est pas grave. Le plus important c’est d’être dehors. Dehors tous ensemble ». On de la chance le temps est ensoleillé…

Le drapeau du PSG (Paris St Germain) ! Le stade dans la manif politique, à quand les manifs politiques dans les stades ? Ca rappelle de mauvais souvenirs…

Très rigolo : des jeunes italiens, visiblement exaltés, courent, sautillant, à travers la manif. Je finis par percevoir le beau drapeau gay multicolore avec écrit « PACE »(Paix). Je les regarde passer avec sympathie, et commence à me demander s’il ne s’agit pas là d’une nouvelle forme de carnaval, où tout s’inverse, le bas est en haut, le haut en bas, les valeurs se mélangent, se confondant pour une fête du non-sens. Peut être pour quelques vieux anars de Charlie, une fête du contre-sens…

Alors là… au milieu de drapeaux américains et français, un drapeau que je connais pas : bleu et jaune. Vous connaissez vous ? Comme d’hab j’me renseigne. Deux mecs d’une carrure de boxeurs poids lourds, avec vraiment une sale gueule, me répondent, comme à un abruti : « Ben c’est l’Ukraine ! ». A moins que ça n’ait changé depuis quinze jours, les neo-nazi ukrainiens soutenus par l’OTAN, ne sont pas des chantres de la liberté d’expression, me semble-t-il. Mais encore une fois j’ai dû rater un wagon…

D’ailleurs pas si loin, j’entends parler américain très très fort et avec conviction. Je me demande ce qu’ils foutent là. Je me retourne. Des jeunes nanas. Peut- être elles suivent Madonna. Y parait qu’elle est à la manif. « Hey all is fine ? Yes yes yes ? What are you doing ? Just to know… » Regard particulièrement méprisant. Je n’insiste pas. Je me dis qu’Obama aurait tellement de leçons à nous donner en ce qui concerne la liberté d’expression, et la liberté tout court, que ça vaut bien de fermer humblement sa gueule…

De superflu en superflu : « La satyre pas des tirs ». Bon ça rime…

Le new-age n’a pas été oublié dans l’affaire : « De l’humour et de l’amour. » il manque plus que nos stars de la variété pour se faire une promo mondiale. Peut-être y sont là en fait…

J’entends des gens apparemment spécialisés dans les mouvements de foule : « Le PS arrive ! Avec l’UMP qui court derrière ! Et le front de gauche ! Y s’courent après pour arriver les premiers ! ». La ballade des gens heureux, la grande messe cool du dimanche, elle est quand même un peu stressée. Pas facile de rester politiquement correct, quand y a autant d’enjeux et de marketing. Mais faut avouer, les gens s’en sortent très bien. A croire que c’est devenu une seconde nature le politiquement correct. Moi j’ai encore un peu de mal, mais j’vais regarder plus souvent la télé…

Je finis par regarder du côté des vagues d’applaudissements, qui se suivent comme une marée montante. Mais pour quoi ? Je regarde au ciel, des fois que j’aurais raté la Vierge Marie... et puis… j’percute… j’me frotte les yeux… mais non… c’est bien vrai… on applaudit au passage des cars de CRS ! On les embrasse même ! Alors là c’est l’pompon. La répression comme symbole de la liberté. Je ne demande rien à personne, parce que je sens que les gens sont devenus très susceptibles en ces temps de laïcité agressive ; et mes questions leur portent vite atteinte. Je fais un effort pour comprendre tout seul. Un flic est mort dans la « bataille », donc : « Je suis CRS ! ». Bon. Imaginons que ce jeune homme noir, musulman, sans papiers, qui a sauvé plusieurs personnes à Vincennes, en les cachant dans une chambre froide, soit un peu moins discret, qu’il ait été tué, et surtout, oui et surtout : qu’il ait été filmé. On aurait tous applaudi, et au passage, on serait devenus : 1- des jeunes hommes noirs (plausible), 2- des musulmans (plus difficile), 3- des sans-papiers (gloups…)... il faut avouer que dans l’état émotionnel où on est, on serait prêts à devenir tout et n’importe quoi...

Tout à coup, comme un funeste présage, j’entends un son de trombone, genre « bienvenu au cirque ». Mais juste un. Vite étouffé. Je me suis demandé si on avait pas demandé au musicien de fermer sa gueule, à lui aussi. C’est sur : ça va pas avec la marche funèbre, les sons du cirque…

Au milieu de cette marche débonnaire, et relativement silencieuse du coup, je vois des fantômes. Je vous jure : de vrais fantômes ! Un vieux noir avec des dread accompagné d’une petite femme à l’air très fatiguée. Ils tiennent à eux deux une banderole, blanche à la base, avec pleins de trucs écrits et pleins de ratures. Franchement on a pas envie de lire. En plus ils ont l’air dépité. Manque de bol, je me retrouve deux fois, pile devant eux. Je finis par lire leur banderole de récup : « Je ne suis pas Charlie, je ne vois qu’une Afrique pillée par l’OTAN qui favorise les pires terroristes. » Ils sont bien seuls, car partout autour : des sourires bienveillants des « Je suis Charlie ». Eureka ! Je comprends la phrase de la dame : « Le plus important c’est d’être dehors, ensemble ». On peut ne pas être d’accord, mais on est tous ensemble unis dans la même manif. Chacun a sa vérité. Pas de fanatisme. On se respecte. On marche ensemble. Respect de la différence. Liberté d’expression. Chacun son truc, mais on marche ensemble. Toutes les positions sont admises. Les gens de la manif ont la cool attitude. Tout se vaut. On est tous égaux. C’est beau. Ensemble dans la manif dans un consensus enfin national. Et en plus le monde entier nous regarde. On a enfin réussi à faire digérer des mots aussi antinomiques, grâce à la manif de la liberté d’expression, que l’OTAN et l’Afrique pillé par l’OTAN : même combat ! Cette petite banderole, au milieu du désert des sourires complaisants, rappelle que manifester pour la liberté d’expression contre le terrorisme, ça a quelque chose d’absurde. C’est comme manifester contre le sida. On peut réclamer plus d’argent pour la recherche et plus de facilités pour les médicaments, mais contre le sida, ca veut rien dire. Ben c’est pareil ici. Le symptôme, pas les causes ! Les causes du terrorisme et de la disparition de la liberté d’expression : on s’en fout ! Même mieux : les causes elles sont là, devant nous : les chefs d’Etat et leur politique, et en plus ils ont même réussi à foutre en l’air le sens de la manif. Et d’ailleurs ils le disent bien les causes : « C’est pas nous c’est les autres ! Et c’est quoi des causes ? C’est juste le chaos et on va remettre tout en ordre ! Tous ensemble ! Allez on frappe dans les mains ! » Les manifestants voient ça de loin, même si on frappe dans les mains. Ca donne le rythme. Comme ça on a une manif tranquille, douce, intelligente ; pas de vague. Un grand moment de paix. Une manif sans débordements. On est enfin mûrs en Occident : bien rangés, tous au même pas. Je me dis que finalement, les flics on en a plus vraiment besoin, on le fait très bien tout seul. Des temps bien étranges… j’ai dû louper tout le train…

***

Comment en est-on arrivés à défiler pour la liberté d’expression, avec comme guide, des chefs d’Etat venus redorer leurs tristes blasons, qui n’ont de cesse de nous normaliser à grands coups médiatiques et à petits coups répétés dans l’organisation de notre vie quotidienne ? Comment en est-on arrivés à soutenir passivement et massivement, ceux qui musèlent justement cette liberté (dont Charlie hebdo comme tant d’autres ont pâti, mais là ils vont pas se refuser de devenir journal officiel pour le prochain musée de la propagande…) ? Comment en est-on arrivés, d’un élan contre un acte inouï, à défiler sous les drapeaux français et un pacte républicain à verve nationaliste et européaniste, qui par ailleurs exclut 25% de la population française, que représente le FN ? Un pacte excluant à la base. A force de tomber à droite, Marine va finir au centre…

En tombant par hasard dans la manif, j’ai eu quelques bribes de réponse.

Malgré les apparences, chacun semblait isolé, tout comme dans le métro. Il est facile d’imaginer que dans cet Isolement, on croit qu’il suffit de penser librement, pour être libre, surtout dans une marche aussi formelle et volatile. Et en l’occurrence la liberté d’expression s’y prête bien : « Je m’exprime donc je suis libre ! » Ca coute rien comme liberté. C’est pas comme les retraites, la sécu, l’éducation, les hôpitaux et la concentration des richesses. Et puis si les autres pensent différent, on s’en fout, car d’ailleurs eux aussi s’en foutent de ce qu’on pense. Mais au moins on s’est tous exprimés. Il se trouve qu’en plus, on pense tous pareil. Facile : quand on est isolés, les médias, eux, s’occupent de nous occuper, et ils parlent tous le même langage, à peu de chose près. On pense tous pareil, ça veut dire on pense tous média. On est isolés puis réuni par l’idéologie des médias et leur censure silencieuse. C’est par cette déconnexion aux autres, qu’on arrive à faire une manif où on est connectés seulement par les medias, mais en se croyant dans l’expression, libre de sa pensée. Et dans la manif c’était plutôt effarant de déconnexion. Franchement proche de l’hallucination de masse. Mais une hallucination cool bobo. Tranquille quoi.

L’histoire 68 tard, critique, un peu anar de Charlie, à la trappe ! Le nationalisme, c’est pas grave, c’est pour la bonne cause ! Les chefs d’Etat qui récupèrent, faut pas leur en vouloir c’est leur boulot ! La vraie liberté d’expression, qui n’existe plus depuis des années, ah bon… mais on dit c’qu’on veut en France… la preuve : on est là à la manif ! Chacun est dans son monde tout puissant, persuadé que la récupération ne le concerne pas. Le miracle de l’expression libre, c’est de croire que le fait même d’aller manifester, au nom d’une liberté d’expression toute formelle, libère de toute récupération, alors même qu’on défile sous la bannière de ses propres censeurs. Mais la bannière dans le for intérieur du manifestant, elle est blanche comme la colombe, et le berger on le méprise vaguement. « On est pas si conc que ça ! ». Et puis les bannières, on finit par plus les voir, et le berger il vous envoie aux champs de bataille pour la nation, l’Europe et les USA…. au nom de Charlie ! C’est quand même miraculeux la liberté d’expression : il suffit de penser qu’on est pas d’accord, et le drapeau eh bien : il disparait ! D’ailleurs il n’a jamais existé ! Hallucination et déni de la réalité. Chacun dans sa toute puissance, cache, sous la bonne conscience du mot respect, la pire des censures : l’indifférence. Au fond on veut pas se le dire, mais on vend, on offre même, notre liberté et nos forces de pensée, à des bergers qui nous bercent de beaux mots. Eh oui, ça vaut cher les tours de prestidigitation et la dose d’hallucination…

Merci Charlie quel retournement, quel coup de théâtre tu nous as offert ! Quelle belle surprise : l’Union nationale autour des valeurs de la République, de l’Europe, de l’OTAN ! Ca y est le pacte transatlantique : validé ! A moindre frais ! Encore quelques terroristes avec des morts et tout le tralala, et on est prêts pour la guerre atomique ! Tant pis si dans le passé t’étais pas d’accord Charlie, maintenant t’es mort, et on parle à ta place : « Les absents ont toujours tort ! Et qui ne dit mot consent ! »

La suite on connaît : commandements contradictoires type pacte républicain excluant, dérive sécuritaire et de surveillance à la défaveur des citoyens, mini 11 septembre pour une politique étrangère agressive, manipulation des masses par la peur vers le nationalisme, mise en état de choc et diversion vers des valeurs abstraites et un bouc émissaire communautaire pour masquer les vrais problèmes créés par la folie du marché sauvage, et en prime, des citoyens isolés au cerveau retourné, qui sont tellement fragilisés par les attaques des médias, de la société de consommation, par l’addiction aux trois écrans, et la peur généralisée, qu’ils sont prêts à suivre n’importe quelle chimère.

Tristan Edelman

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