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Un dimanche à Paris : Ah tiens une manif …

Photo : BRENDAN SMIALOWSKI / AFP

Enfin on va avancer l’enregistrement de mon nouvel album, « Ministère Double joker ou le moins pire des mondes possibles ». Mon ingé son, Momo le grand fou, habite à Jacques Bonsergent, ligne 5, près de la place de la République. La mauvaise place au mauvais moment... Impossible d’arriver au studio : une manif. J’ai beau essayer de me frayer un chemin, de prendre un autre métro, de contourner, de rentrer chez moi même… pas moyen : tous les chemins mènent à la manif. J’ai vraiment pas envie. Je peux pas travailler, je peux pas rentrer chez moi, je peux pas m’exprimer librement à travers ma musique. J’essaye de passer en-dessous des cordons faits par la police, qui me rembarre. Je râle : « on peut même plus rentrer chez soi ! ». Un manifestant d’une quarantaine d’année, visiblement exaspéré par ma réaction, me répond « On peut pas tout avoir ». Qu’est-ce ça veut dire ? T’as une manif donc des filcs, pas de flic donc pas de manif. Ok le ton est donné : hyper quadrillé et au pas. Et d’ailleurs, me voilà dans une manif au rythme particulièrement régulier, bien rangé et en ordre. Tu peux même plus râler. « T’as qu’à pas habiter là, pauve con » J’ai compris. Pas le choix : je fais la manif. J’ai bien su les événements, mais n’ayant pas la télé, je n’ai pas vraiment d’opinion. C’est donc avec une certaine innocence que je traverse, bon gré mal gré, ce flot humain et de pancartes ; bien rangé.

On déboule dans une rue. Me voici immédiatement entouré de drapeaux bleu blanc rouge. Ca donne un peu le tournis : j’en avais jamais vu une telle concentration sur un si petit périmètre. J’ai dû tomber dans la mauvaise manif. Je demande, le plus neutre possible, à la petite dame à coté de moi : « C’est bien la contre-manif ici ? ». Elle me répond fermement, voire acariâtre : « Non : ici nous sommes dans la vraie ! ». A ce moment précis monte un chant : la Marseillaise. Je suis un peu confus. Je n’ose pas regarder la dame… bon j’ai dû rater un wagon…

Passe alors un groupement de femmes juives, avec comme pancarte couvrant leur corps : « Je suis Charlie, Je suis juive, je suis flic ». Je flippe un peu. Flic dans une manif pour la liberté d’expression, juif dans une manif laïque, religion et police avec Charlie, ça dissone de partout. J’aurais bien voulu parler un peu avec elles, mais vu leur regard noir, on imagine facilement des matraques derrière leurs affiches…

Ah tiens une main en carton ! Ah mais j’la reconnais, c’est « Touche pas à mon pote », le mouvement des années 80-90 qui a servi à rien sinon à faire la promotion du parti « socialiste » qu’on a maintenant… Qu’est-ce qu’il y a dessus ? « Touche pas à Charlie ». Ah oui… c’est sûr… mais c’est un peu tard, les gars…

Oh des petites pancartes… une phrase : « Même pas peur ». Ca me rappelle quand on était gosses, les virées en voiture avec mon oncle toxico, dans les Alpes au bord des précipices. Pour se donner du courage et espérer arriver vivant, on gueulait pareil « même pas peur ! »… Bon on a quand même fini par se prendre un arbre...

Une autre pancarte, un peu plus longue cette fois : « Le dialogue pour la compréhension, la paix et le respect. ». Je comprends pas très bien et je demande « Euh… quel dialogue ? ». Une grande dame à coté de moi me répond sur un ton prophétique. « On s’en fout. C’est pas grave. Le plus important c’est d’être dehors. Dehors tous ensemble ». On de la chance le temps est ensoleillé…

Le drapeau du PSG (Paris St Germain) ! Le stade dans la manif politique, à quand les manifs politiques dans les stades ? Ca rappelle de mauvais souvenirs…

Très rigolo : des jeunes italiens, visiblement exaltés, courent, sautillant, à travers la manif. Je finis par percevoir le beau drapeau gay multicolore avec écrit « PACE »(Paix). Je les regarde passer avec sympathie, et commence à me demander s’il ne s’agit pas là d’une nouvelle forme de carnaval, où tout s’inverse, le bas est en haut, le haut en bas, les valeurs se mélangent, se confondant pour une fête du non-sens. Peut être pour quelques vieux anars de Charlie, une fête du contre-sens…

Alors là… au milieu de drapeaux américains et français, un drapeau que je connais pas : bleu et jaune. Vous connaissez vous ? Comme d’hab j’me renseigne. Deux mecs d’une carrure de boxeurs poids lourds, avec vraiment une sale gueule, me répondent, comme à un abruti : « Ben c’est l’Ukraine ! ». A moins que ça n’ait changé depuis quinze jours, les neo-nazi ukrainiens soutenus par l’OTAN, ne sont pas des chantres de la liberté d’expression, me semble-t-il. Mais encore une fois j’ai dû rater un wagon…

D’ailleurs pas si loin, j’entends parler américain très très fort et avec conviction. Je me demande ce qu’ils foutent là. Je me retourne. Des jeunes nanas. Peut- être elles suivent Madonna. Y parait qu’elle est à la manif. « Hey all is fine ? Yes yes yes ? What are you doing ? Just to know… » Regard particulièrement méprisant. Je n’insiste pas. Je me dis qu’Obama aurait tellement de leçons à nous donner en ce qui concerne la liberté d’expression, et la liberté tout court, que ça vaut bien de fermer humblement sa gueule…

De superflu en superflu : « La satyre pas des tirs ». Bon ça rime…

Le new-age n’a pas été oublié dans l’affaire : « De l’humour et de l’amour. » il manque plus que nos stars de la variété pour se faire une promo mondiale. Peut-être y sont là en fait…

J’entends des gens apparemment spécialisés dans les mouvements de foule : « Le PS arrive ! Avec l’UMP qui court derrière ! Et le front de gauche ! Y s’courent après pour arriver les premiers ! ». La ballade des gens heureux, la grande messe cool du dimanche, elle est quand même un peu stressée. Pas facile de rester politiquement correct, quand y a autant d’enjeux et de marketing. Mais faut avouer, les gens s’en sortent très bien. A croire que c’est devenu une seconde nature le politiquement correct. Moi j’ai encore un peu de mal, mais j’vais regarder plus souvent la télé…

Je finis par regarder du côté des vagues d’applaudissements, qui se suivent comme une marée montante. Mais pour quoi ? Je regarde au ciel, des fois que j’aurais raté la Vierge Marie... et puis… j’percute… j’me frotte les yeux… mais non… c’est bien vrai… on applaudit au passage des cars de CRS ! On les embrasse même ! Alors là c’est l’pompon. La répression comme symbole de la liberté. Je ne demande rien à personne, parce que je sens que les gens sont devenus très susceptibles en ces temps de laïcité agressive ; et mes questions leur portent vite atteinte. Je fais un effort pour comprendre tout seul. Un flic est mort dans la « bataille », donc : « Je suis CRS ! ». Bon. Imaginons que ce jeune homme noir, musulman, sans papiers, qui a sauvé plusieurs personnes à Vincennes, en les cachant dans une chambre froide, soit un peu moins discret, qu’il ait été tué, et surtout, oui et surtout : qu’il ait été filmé. On aurait tous applaudi, et au passage, on serait devenus : 1- des jeunes hommes noirs (plausible), 2- des musulmans (plus difficile), 3- des sans-papiers (gloups…)... il faut avouer que dans l’état émotionnel où on est, on serait prêts à devenir tout et n’importe quoi...

Tout à coup, comme un funeste présage, j’entends un son de trombone, genre « bienvenu au cirque ». Mais juste un. Vite étouffé. Je me suis demandé si on avait pas demandé au musicien de fermer sa gueule, à lui aussi. C’est sur : ça va pas avec la marche funèbre, les sons du cirque…

Au milieu de cette marche débonnaire, et relativement silencieuse du coup, je vois des fantômes. Je vous jure : de vrais fantômes ! Un vieux noir avec des dread accompagné d’une petite femme à l’air très fatiguée. Ils tiennent à eux deux une banderole, blanche à la base, avec pleins de trucs écrits et pleins de ratures. Franchement on a pas envie de lire. En plus ils ont l’air dépité. Manque de bol, je me retrouve deux fois, pile devant eux. Je finis par lire leur banderole de récup : « Je ne suis pas Charlie, je ne vois qu’une Afrique pillée par l’OTAN qui favorise les pires terroristes. » Ils sont bien seuls, car partout autour : des sourires bienveillants des « Je suis Charlie ». Eureka ! Je comprends la phrase de la dame : « Le plus important c’est d’être dehors, ensemble ». On peut ne pas être d’accord, mais on est tous ensemble unis dans la même manif. Chacun a sa vérité. Pas de fanatisme. On se respecte. On marche ensemble. Respect de la différence. Liberté d’expression. Chacun son truc, mais on marche ensemble. Toutes les positions sont admises. Les gens de la manif ont la cool attitude. Tout se vaut. On est tous égaux. C’est beau. Ensemble dans la manif dans un consensus enfin national. Et en plus le monde entier nous regarde. On a enfin réussi à faire digérer des mots aussi antinomiques, grâce à la manif de la liberté d’expression, que l’OTAN et l’Afrique pillé par l’OTAN : même combat ! Cette petite banderole, au milieu du désert des sourires complaisants, rappelle que manifester pour la liberté d’expression contre le terrorisme, ça a quelque chose d’absurde. C’est comme manifester contre le sida. On peut réclamer plus d’argent pour la recherche et plus de facilités pour les médicaments, mais contre le sida, ca veut rien dire. Ben c’est pareil ici. Le symptôme, pas les causes ! Les causes du terrorisme et de la disparition de la liberté d’expression : on s’en fout ! Même mieux : les causes elles sont là, devant nous : les chefs d’Etat et leur politique, et en plus ils ont même réussi à foutre en l’air le sens de la manif. Et d’ailleurs ils le disent bien les causes : « C’est pas nous c’est les autres ! Et c’est quoi des causes ? C’est juste le chaos et on va remettre tout en ordre ! Tous ensemble ! Allez on frappe dans les mains ! » Les manifestants voient ça de loin, même si on frappe dans les mains. Ca donne le rythme. Comme ça on a une manif tranquille, douce, intelligente ; pas de vague. Un grand moment de paix. Une manif sans débordements. On est enfin mûrs en Occident : bien rangés, tous au même pas. Je me dis que finalement, les flics on en a plus vraiment besoin, on le fait très bien tout seul. Des temps bien étranges… j’ai dû louper tout le train…

***

Comment en est-on arrivés à défiler pour la liberté d’expression, avec comme guide, des chefs d’Etat venus redorer leurs tristes blasons, qui n’ont de cesse de nous normaliser à grands coups médiatiques et à petits coups répétés dans l’organisation de notre vie quotidienne ? Comment en est-on arrivés à soutenir passivement et massivement, ceux qui musèlent justement cette liberté (dont Charlie hebdo comme tant d’autres ont pâti, mais là ils vont pas se refuser de devenir journal officiel pour le prochain musée de la propagande…) ? Comment en est-on arrivés, d’un élan contre un acte inouï, à défiler sous les drapeaux français et un pacte républicain à verve nationaliste et européaniste, qui par ailleurs exclut 25% de la population française, que représente le FN ? Un pacte excluant à la base. A force de tomber à droite, Marine va finir au centre…

En tombant par hasard dans la manif, j’ai eu quelques bribes de réponse.

Malgré les apparences, chacun semblait isolé, tout comme dans le métro. Il est facile d’imaginer que dans cet Isolement, on croit qu’il suffit de penser librement, pour être libre, surtout dans une marche aussi formelle et volatile. Et en l’occurrence la liberté d’expression s’y prête bien : « Je m’exprime donc je suis libre ! » Ca coute rien comme liberté. C’est pas comme les retraites, la sécu, l’éducation, les hôpitaux et la concentration des richesses. Et puis si les autres pensent différent, on s’en fout, car d’ailleurs eux aussi s’en foutent de ce qu’on pense. Mais au moins on s’est tous exprimés. Il se trouve qu’en plus, on pense tous pareil. Facile : quand on est isolés, les médias, eux, s’occupent de nous occuper, et ils parlent tous le même langage, à peu de chose près. On pense tous pareil, ça veut dire on pense tous média. On est isolés puis réuni par l’idéologie des médias et leur censure silencieuse. C’est par cette déconnexion aux autres, qu’on arrive à faire une manif où on est connectés seulement par les medias, mais en se croyant dans l’expression, libre de sa pensée. Et dans la manif c’était plutôt effarant de déconnexion. Franchement proche de l’hallucination de masse. Mais une hallucination cool bobo. Tranquille quoi.

L’histoire 68 tard, critique, un peu anar de Charlie, à la trappe ! Le nationalisme, c’est pas grave, c’est pour la bonne cause ! Les chefs d’Etat qui récupèrent, faut pas leur en vouloir c’est leur boulot ! La vraie liberté d’expression, qui n’existe plus depuis des années, ah bon… mais on dit c’qu’on veut en France… la preuve : on est là à la manif ! Chacun est dans son monde tout puissant, persuadé que la récupération ne le concerne pas. Le miracle de l’expression libre, c’est de croire que le fait même d’aller manifester, au nom d’une liberté d’expression toute formelle, libère de toute récupération, alors même qu’on défile sous la bannière de ses propres censeurs. Mais la bannière dans le for intérieur du manifestant, elle est blanche comme la colombe, et le berger on le méprise vaguement. « On est pas si conc que ça ! ». Et puis les bannières, on finit par plus les voir, et le berger il vous envoie aux champs de bataille pour la nation, l’Europe et les USA…. au nom de Charlie ! C’est quand même miraculeux la liberté d’expression : il suffit de penser qu’on est pas d’accord, et le drapeau eh bien : il disparait ! D’ailleurs il n’a jamais existé ! Hallucination et déni de la réalité. Chacun dans sa toute puissance, cache, sous la bonne conscience du mot respect, la pire des censures : l’indifférence. Au fond on veut pas se le dire, mais on vend, on offre même, notre liberté et nos forces de pensée, à des bergers qui nous bercent de beaux mots. Eh oui, ça vaut cher les tours de prestidigitation et la dose d’hallucination…

Merci Charlie quel retournement, quel coup de théâtre tu nous as offert ! Quelle belle surprise : l’Union nationale autour des valeurs de la République, de l’Europe, de l’OTAN ! Ca y est le pacte transatlantique : validé ! A moindre frais ! Encore quelques terroristes avec des morts et tout le tralala, et on est prêts pour la guerre atomique ! Tant pis si dans le passé t’étais pas d’accord Charlie, maintenant t’es mort, et on parle à ta place : « Les absents ont toujours tort ! Et qui ne dit mot consent ! »

La suite on connaît : commandements contradictoires type pacte républicain excluant, dérive sécuritaire et de surveillance à la défaveur des citoyens, mini 11 septembre pour une politique étrangère agressive, manipulation des masses par la peur vers le nationalisme, mise en état de choc et diversion vers des valeurs abstraites et un bouc émissaire communautaire pour masquer les vrais problèmes créés par la folie du marché sauvage, et en prime, des citoyens isolés au cerveau retourné, qui sont tellement fragilisés par les attaques des médias, de la société de consommation, par l’addiction aux trois écrans, et la peur généralisée, qu’ils sont prêts à suivre n’importe quelle chimère.

Tristan Edelman

COMMENTAIRES  

17/01/2015 17:35 par Dwaabala

Parmi de nombreuses notations très juste, celle-ci, la plus profonde :
« On pense tous pareil, ça veut dire on pense tous média. On est isolé puis réuni par l’idéologie des médias et leur censure silencieuse. C’est par cette déconnexion aux autres, qu’on arrive à faire une manif où on est connecté seulement par les médias, mais en se croyant dans l’expression, libre de sa pensée. Et dans la manif c’était plutôt effarant de déconnexion. Franchement proche de l’hallucination de masse. Mais une hallucination cool bobo. Tranquille quoi. »

17/01/2015 18:41 par Aris

Je préfère la thèse bien plus osée et jubilatoire qui est exposée dans l’article "Les contradictions du “jour de gloire est arrivé” de Philippe Grasset, dont voici la conclusion :

"La question honnête est bien de savoir si l’énorme spasme d’hier en France globalisée et postmoderne mérite d’autres commentaires que celui-ci : événement quantitativement énorme, presque écrasant à force d’accumulation de tous les poncifs réalisés et produits en direct dans une mise en scène à la façon d’un Cecil B. DeMille qui se prendrait pour Howard D. Griffith, dans une présence massive, collective et populaire à faire pleurer d’extase les plumes de nos chroniqueurs-Système, – cela, pour une signification qualitative d’une simplicité extrême, presque enfantine, – “tout ça pour ça” ...
Vous êtes, doit-on dire au brave peuple de France, en train de travailler avec une vigueur collective jamais vu pour accoucher du contraire de ce que l’on attend de vous et de ce que vous croyez qu’il est bon d’attendre de vous“. Quelle simplicité, indeed. Ce n’est d’ailleurs pas une tare, cette sorte de constat, bien au contraire, puisque la France pourrait bien, justement c’est notre thèse, avoir accouché hier d’un embryon d’une dynamique antiSystème d’une force jamais vue jusqu’ici. Alors, hein, gloire au peuple de France."

http://www.dedefensa.org/article-les_contradictions_du_jour_de_gloire_est_arriv__12_01_2015.html

17/01/2015 19:17 par Esteban

Ce n’est peut-être pas convenant à écrire mais le ton sarcastique employé par l’auteur dans la première partie de son texte m’a fait éclater de rire, je le remercie.
"... n’ayant pas la télé, je n’ai pas vraiment d’opinion." trop fort :D
Merci au Grand Soir pour cette publication

17/01/2015 20:42 par Lyendith

C’était un peu le sentiment, oui… on voit cette foule immense défiler avec enthousiasme en se disant "… mais ils défilent pour quoi en fait ? Contre quoi ? Ils appellent à quoi ? Ça rime à quoi ces mots d’ordre complètement abstraits ?"

C’était… dérangeant. Et un peu flippant. Une sorte d’hypnose de masse comme seul un bon gros attentat et sa couverture médiatique peuvent en produire. M’enfin, je pense que ça ne durera qu’un temps.

18/01/2015 10:33 par babelouest

Bof.... pour ma part je passais à contre-courant de tous ces gens qui arrivaient à la manif avec leurs petites pancartes.... Presque de quoi avoir la réponse un peu désabusée de Pierre Dac :

"Je suis moi, je sors de chez moi, et j’y retourne".

Incidemment, le même jour à Saint Denis, c’était d’un calme........

18/01/2015 11:33 par Zapotec

Merci pour ce très bon texte, malgré cela, et c’est vraiment un détail au vu du reste, il faudrait arrêter de faire la propagande du FN à sa place :
"un pacte républicain à verve nationaliste et européaniste, qui par ailleurs exclut 25% de la population française que représente le FN ?"
X% de suffrages exprimés dans les urnes ce n’est pas X% de la population !
25%, c’est le score le plus haut réalisé par le FN, avec seulement 40% de participation...
Si les abstentionnistes n’ont pas voté, c’est qu’ils ne voulaient pas voter, ni pour le FN ni pour les autres.
cf. ce texte sur l’abstentionnisme :
http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/francais/nouveaux-cahiers-du-conseil/cahier-n-23/abstention-defaillance-citoyenne-ou-expression-democratique.51859.html

Bref, jusqu’à preuve du contraire, on peut estimer les "sympathisants" FN à 15-20% au plus de la population (18% à la présidentielle 2012 avec 80% de participation). Peut-être qu’il sera à 50% d’ici 2ans au rythme où vont les choses et surement qu’il est honteux d’exclure de l’unité nationale un parti français tout ce qu’il y a de plus légal représentant déjà autant de monde quand à côté on invite Netanyahou et Prochenko, mais pas la peine de gonfler son importance non plus.

18/01/2015 13:41 par cgenov

".......qui par ailleurs exclut 25% de la population française, que représente le FN ? "

Non, c’est faux ! pas 25 % de la population française MAIS c’est le chiffre des résultats des votes aux dernières Européennes.
En réalité, le FN ne représente que 8% de la population QUI VOTE pour ce parti.
Donc, cette phrase n’est pas correctement mise dans son contexte.
Il y avait sans aucun doute des gens qui votent FN dans les manifs de cette journée, mais il ne manquait certainement pas 25% de la population française qui aurait voulu défiler (800 à 1000 pekins présent avec Marine à Beaucaire et basta)

18/01/2015 14:28 par Grain de sel

Quand on lit une chose pareille
On se rappelle au bienfait du sarcasme absolu
Avec humour, réalisme et poétique
C’était Charlie - Bravo

18/01/2015 19:28 par Autrement

Les medias dominants, c’est à jet continu « l’effort pour rendre l’autre fou », puisqu’ils prétendent réconcilier dans une même union sacrée, pourtant antagoniste, les exploités et leurs exploiteurs. A coup de graphiques et de bons sentiments. Cela s’appelle aussi le « double bind », ou l’injonction contradictoire. C politique et C dans l’air.
Exemple de Charlie. Fallait-il aller à la manif de dimanche dernier ? Oui, archi-oui, pour manifester sa solidarité avec les victimes, plus jamais ça. Fallait-il aller à la manif de dimanche dernier ? Non, archi-non, nous ne sommes pas solidaires des autorités comptables de tels assassinats, qui paradaient devant le cortège.
Dans un tel cas, la seule voie de salut, pour savoir où on va, c’est de suivre sa propre boussole, comme l’a fait le narrateur du récit publié ici.

Une fable explicative, intitulée « la Mère du Schizophrène », peut s’appliquer au sujet.
Une mère offre à son fils deux cravates, pour l’anniversaire de celui-ci, une rouge et une verte.
Le lendemain, le fils arbore tout joyeux sa cravate rouge et vient trouver sa mère.
– Hhhrrr, ricane celle-ci, je savais bien que tu n’aimais pas la verte, tu n’aimes jamais mes cadeaux.
Le lendemain, le fils arbore tout joyeux sa cravate verte et vient trouver sa mère.
– Hhhrrr, ricane celle-ci, alors tu n’aimais pas la rouge, tu n’es qu’un hypocrite !
Le lendemain, le fils arbore tout joyeux ses deux cravates à la fois et vient trouver sa mère.
– Hhhhhh Rrrrrr, s’exclame la mère, je savais bien que mon fils est un idiot !
Et le fils reste idiot, à vie.

18/01/2015 21:57 par Pascal

Très beau texte, merci.

19/01/2015 00:35 par Telescope

Je n’étais pas à LA manif’, et heureusement. J’ai vu la chose à la télé, et le commentaire des journalistes, comme à un meeting sportif, donnait à l’ensemble un air de grand-messe préparant au départ à la guerre. Mais c’est un régal que de voir un tel compte-rendu, simplement humain, lucide dans la foule hypnotisée par elle-même ce jour là.
Même bémol d’analyse concernant le poids du FN. Je crois qu’il ne faut pas confondre la représentativité d’un parti dans une population avec le vote des électeurs. Une masse de plus en plus grande d’électeurs votre contre un candidat. C’est pourquoi M. Lepen ne représente pas 25% des électeurs, même si cette population venait, par dépit, à voter pour elle.

Merci encore pour ce texte. Et bonne chance avec la musique !

19/01/2015 07:47 par pierreauguste

@autrement
Ne surtout pas confondre idiot et schizophrène car en effet cette attitude rend "fou" et non pas idiot...Certes tu peux considérer cela comme une nuance, mais si on peut naître idiot ,un schizophrène est plutôt la fabrication d’un environnement...dont acte .En tous cas l’image est très juste.

19/01/2015 09:24 par Tristan

Merci pour les commentaires, ça fait chaud au cœur, on se sent moins seul !
Oui pour le pourcentage du FN, ça mérite d’être interrogé et précisé. Cool merci.
Pour la musique, je prie pour qu’il n’y ait pas de nouvelle manif sans possibilités d’école buissonnière... ;-)

19/01/2015 10:02 par Milsabor

"L’histoire 68 tard, critique, un peu anar de Charlie, à la trappe !"
Charlie n’est pas la victime innocente d’une violence extrinsèque. Ses caricature blasphématoires ont entretenu depuis des années un climat de guerre civile larvée propice à déclencher de bonnes crises sociétales bien clivantes et psychoplégiques au service de la stratégie du choc menée par le pouvoir UMPS.

20/01/2015 11:29 par egos

Un brin de légèreté dans une atmosphère plombée devrait valoir à l’auteur la ire des défenseurs de la liberté

20/01/2015 14:53 par Geb.

Non, ce texte n’est « pas » "Charlie".

Même si son humour aurait pu être l"’humour du "vrai" Charlie

Du moins c’est pas le "Charlie" que nous avons connu ces dernières années. Accroché à ses missions de conditionnement de l’opinion et de au remuage criminel des masses populaires et des exploités les unes contre les autres à travers un humour plus que douteux.

Que ceux qui y bossaient ne se soient pas rendu compte, (du moins pour certains), de leur manipulation ne change rien au fait qu’ils ont fini comme "zombies" pour une cause qui n’était ni la leur, ni la nôtre.

Tous les gens "normaux", qui suivaient l’ambiance générale, pouvaient voir arriver la provocation. Apparemment "tous", sauf ceux de Charlie hebdo. Quoique Valls s’était prudemment mis à l’abri après avoir déclenché le cataclysme. Ne lui en voulons pas trop, son "amour" de la "Liberté d’expression à sens très, très, unique a au moins sauvé un de nos amis : Siné.

Mais il est vrai que lorsqu’on pique-nique sur la voie ferrée pour faire chier la SNCF, pique -nique incité et prépayé par les lobbies du Transport automobile, on voit moins bien arriver le train que ceux qui suivent du dehors.

Pour mon compte je vais finir par penser qu’il est inutile de continuer à étudier Marx, Engels, suivre Stratford ou les Chicago Boys, pour comprendre ce qui se passe en ce moment.

Je vais revenir aux fondamentaux : "1984", "Le Meilleur de Mondes", "Un bonheur insoutenable" , ou le Chef d’Oeuvre d’Asimov, "Fondation". ((- :

Bon, c’est juste pour ^plaisanter", mais parfois je me demande si ceux qui concoctent tout à à Langley ou à Washinghton n’ont pas cette littérature comme manuel d’opération.

Pour mon compte je suis athée, communiste et marxiste et je continue à considérer que les religions peuvent être une gigantesque arme d’exploitation de l’Humanité au mains de ses exploiteurs, mais pas plus que n’importe quel outil qui devient une arme potentielle aux mains de personnes malveillantes.

Je penses aussi qu’on peut en rigoler entre nous, mais que ça doit rester de l’humour et ne pas écraser systématiquement ceux qui souffrent et à qui il ne reste que ça comme bouée de sauvetage. Surtout quanq ceux qui revendiquent cet humour se sont dépêchés, toujours au nom de la "Liberté d’expression" d’aider à tuer la "Perspective révolutionnaire de classe" qui aurait pu servir d’antidote à l’obscurantisme religieux.

Pas plus qu’on ne peut tolérer que dans une cour d’école, un gosse handicapé ne soit martyrisé par ses petits camarades pour le simple fait de "rigoler" et au nom de la "Liberté" d’action ou d’expression, ou pour mieux l’intégrer à la communauté scolaire.

Quand on est Musulman, qu’on s’est fait assassiner et bombarder en famille, puis qu’on a été contraint d’émmigrer loin de son pays, durant des décennies de, violences colonialistes, on peut tout de même considérer qu’on souffre d’un léger handicap. Et que chaque agression, minime pour d’autres, peut être ressentie plus violemment que par une personne plus à l’abri et qui habite chez se parents depuis 5 générations.

Quant à chier dans les bénitiers, sur la Thora, ou le Coran, pour tenter d’extirper l’obscurantisme de l’âme des Masses populaires, je pense particulièrement qu’il s’agit d’une erreur fondamentale d’appréciation des mécanismes psychologiques humains. Evidemment ça ne mérite pas une balle dans la tête, (Et il reste à découvrir si ceux qui sont derrière ces assassinats sont réellement ceux qu’on pense), mais ça n’est pas plus acceptable que l’exemple scolaire que j’ai cité ci-dessus.

Et au fait,... Je ne suis pas "Charlie Porochenko".

Ni les autres Charlie criminels de guerre en tête du troupeau de dimanche.

20/01/2015 19:10 par Anonyme

Esteban, la radio non plus n’est pas audible...du moins radio-"france"

France-Culture ce matin : Une vieille émission de Pierre Dac et Francis Blanche. BRAVO ! Enfin une bouffée d’air frais ! Oui, seulement... l’émission s’appelle "Malheur aux barbus" !

Vous avez déjà vu un Américain du gouvernement arborer une BARBE, vous ?

"L’horrible dictateur" Cubain (barbudo !), avec qui les Etats-Unis font semblant contraints et forcés de "normaliser" leurs relations, en porte une, certes, mais "les gens bien" ne portent pas de barbe, voyons... (D’abord, QUI VENDRAIT des "rasoirs à jeter", avec une lame qui tire sur le poil et une autre qui le coupe au plus près de la racine, hein ?)

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