Dans un contexte de crise circonscrite, qui n’est pas seulement financière mais globale, le crash actuel du néolibéralisme mondial déboussole naïvement le monde occidental. Le bilan désastreux de la globalisation politique, économique et culturelle de ces 20 dernières années oblige à penser à réformer au plus vite le monde dans son modèle avant qu’un grand danger ne vienne menacer définitivement l’avenir de la civilisation planétaire.
Méthode
L’application du consensus de Washington de 1989 à l’Europe a rendu les transnationales européennes de plus en plus voraces et complices du transfert de l’autorité politique sur les sphères financière et économique. A cette époque, Thatcher et Reagan appuyaient l’idée que « l’Etat n’est pas la solution à nos problèmes… L’Etat est le problème ». Par la construction et la mise en oeuvre de cette réflexion, à l’heure actuelle, le marché a partout poussé l’Etat. La réalité du pouvoir ne se situe plus que dans les couloirs du marché, où les gouvernements - porteurs eux-mêmes de ces thèses - se révèlent de simples exécutants vidés de toute puissance étatique. Les conditions de vie des populations qui en découlent engendrent souffrance et précarisation, et s’étendent progressivement à l’ensemble du monde. Les plus pauvres sont encore plus pauvres et les moins pauvres le deviennent.
Adossée à une bataille géopolitique fabriquée de toutes pièces entre le Nord et le Sud, la division devient l’élément fondamental à éliminer.
Par l’altération générale de ce processus capitaliste nous venant des Etats-Unis et des conséquences catastrophiques qu’il provoque, le temps du débat sur la redistribution des pouvoirs et des richesses est arrivé. Temps pour une réaction internationale et un changement des méthodes. Les tristes circonstances conjoncturelles actuelles donnent l’énorme opportunité de faire jouer enfin les solidarités. La gauche européenne fragile et dispersée, embourbée dans un certain conservatisme, se doit de relever le défi face à des politiques désemparés qui n’ont pas de solution. Il est réellement possible de croire que l’ensemble de la chaîne peut se reconstituer, que l’architecture d’un nouveau monde puisse se construire.
« la globalisation vient de connaître son Mur de Berlin » I. Ramonet
La position des Etats-Unis ne lui donne plus les moyens de redresser son système financier tout en gérant à la fois sa guerre en Irak. Or, la décadence des puissances arrive lorsqu’elles perdent leur pouvoir économique. Comme pour la guerre en Afghanistan qu’ils ont déjà perdue, les Etats-Unis n’ont pas d’issue sur celle d’Irak, sauf si refusant leur défaite ils décident de détruirent l’Iran.
Il est donc urgent de s’unir et de soutenir la marche révolutionnaire pionnière qui se profile au Venezuela et sur tout le continent latino-américain. L’Europe a le devoir de ne pas être à la remorque de ce réveil démocratique, et se doit d’apprendre à suivre et à défendre cette inspiration sans aucune hésitation, sinon notre monde commencera à devenir sérieusement dangereux.
Modèle
L’Amérique latine, de par sa propre histoire et « l’exemple » que l’occident lui a donné de l’autre côté des océans, a pris conscience de la mauvaise orientation prise et a anticipé une construction alternative indépendante de plus en plus autonome. Sous la symbolique du socialisme du XXIe siècle, le Venezuela - qui montre le chemin à ses amis voisins - est en train, depuis maintenant 10 ans, de dessiner son propre modèle et d’en organiser ses processus de transformation.
« tout commence par la rupture avec l’Empire » J-L Melenchon
En 1998, Chavez, qui arrive au pouvoir, est le seul à défendre fermement un agenda anticapitaliste. Depuis, sur le continent, l’effet domino est garanti. Au Venezuela, l’intervention de l’Etat et le contrôle des changes sont les pierres angulaires du système. Sa politique axée sur la santé, l’alimentation, la culture, le social et la démocratie participative, définis comme des priorités, fait ses preuves. Sa rupture avec le FMI, la création d’une banque du Sud - Banco del Sur - et certaines nationalisations essentielles dynamisent le pays.
Sur la période 1997-2006, la pauvreté a reculé de 18 points, le pouvoir d’achat a progressé de 159 % chez les plus pauvres et de 49 % dans les classes moyennes, l’inflation est passée de 49 % à 20 %, et la part pétrolière sur le PIB s’abaisse de 19 % à 13 %. Malgré un saccage médiatique national et international permanent, et une ingérence nord-américaine constante, sournoise et déstabilisatrice, un rapport - établi par des instances extérieures internationales - révèle chez les Vénézuéliens une perception globalement positive du régime. Majoritairement, la population considère la situation actuelle intérieure comme très bonne, 67 % trouvent que les solutions aux problèmes sont données et 50 % pensent que la politique y est juste.
Pourtant, même en pleine période de crise financière mondiale, la presse européenne continue de dénigrer la politique du pays. Plutôt que cela, si elle le souhaite, l’Europe peut construire un pont vers ce Sud qui lui donnera accès à ce sauvetage politique et la rendra partenaire d’un changement assuré.
« la gauche a perdu sa capacité de parler aux masses » Colin Burgon
Réaction
Sans modération, c’est maintenant qu’il faut réagir. L’opportunité d’une situation mondiale alarmante et l’exemple latino-américain sont les meilleures raisons et arguments du monde pour entreprendre le changement. La rupture avec l’empire est nécessaire. Le 15 novembre prochain, le G20 autodésigné se réunira à Washington pour de nouveau prolonger et soumettre son programme dévastateur et obsolète au monde, après avoir fait semblant de le réparer à coup de milliards de dollars. Il n’est pas possible de laisser faire. 2009 fêtera les 60 ans de l’Otan, l’occasion de le « remercier » et de le mettre à la retraite. Les élections européennes de juin 2009 seront décisives pour affirmer cette nouvelle orientation. Le peuple européen doit se mobiliser autant que le peuple vénézuélien a su le faire avec succès. Sinon, que peut-on attendre de l’Europe dans un avenir proche sauf de devenir un musée morbide et déprimant ?
« l’heure de la politique est revenue » Marco Consolo
Chavez, qui n’a pas la mémoire courte, rappelle que durant la Révolution française de juillet 1830, le peuple parisien portait képi bolivarien. La France à cette époque mettait en vedette l’inspiration bolivarienne et reconnaissait ainsi sa valeur de mouvement progressiste. Il serait intéressant aujourd’hui que l’Europe s’en souvienne. Alors, invitons Chavez à mener meeting en banlieue et à la Sorbonne, il saura évidemment tous nous convaincre !
La crise d’aujourd’hui est aussi celle de la planète, celle-ci ne sera pas négociable. Seule une volonté humaine immédiate à réparer laissera espérer un sursis. Front parallèle et essentiel à toute illusion de réhabilitation de notre monde.
En avant toute !
Muriel KNEZEK
(avec quelques fioritures rajoutées par VD)