François-Henri Pinault : de l’art de s’accommoder avec la justice

Dubois

François-Henri Pinault, fils de François et, en tant que tel, héritier du second groupe de luxe mondial Kering, ne fait pas dans la dentelle. Quand un immeuble lui gâche la vue, il réclame sa destruction. Et, Pinault étant Pinault, quand il réclame la destruction d’un immeuble, il l’obtient. Qu’importe si celui-ci n’est pas juste là pour faire joli (ou moche, donc, selon le richissime homme d’affaires), mais héberge cinq salles de cour, le laboratoire d'informatique et un studio photo rattachés à l'école d'architecture de Paris-Malaquais. Pourtant, s’il s’appuie ici sur la justice pour assouvir une lubie, François-Henri Pinault n’hésite parfois pas à contourner la loi pour obtenir satisfaction.

Détruisez cet immeuble que je ne saurais voir Le Conseil d’Etat vient de trancher : le préfabriqué de verre et d'acier de trois étages construit en 2001 dans la cour de l’École des Beaux-Arts de Paris devra être détruit avant le 31 décembre 2020. Son tort ? Gâcher la vue d’un voisin au bras long et à la vue délicate, François-Henri Pinault, dont les fenêtres de l'hôtel particulier, sis rue des Saints-Pères, s'ouvrent, côté jardin, sur le bâtiment. La décision prise par la plus haute juridiction administrative, si elle ravit le milliardaire, laisse sur le carreau de nombreux étudiants, pour qui ce bâtiment, affichant il est vrai de modestes de prétentions esthétiques, n’en revêt pas moins une importance capitale. « Les locaux actuels nous sont indispensables. En plus, nous allons y implanter un Fablab, atelier de fabrication numérique pour produire prototypes et maquettes », affirme ainsi Jérôme Espitalier, représentant des étudiants, qui se dit « étonné qu'un grand collectionneur d'art contemporain comme (...) Lire la suite »