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Thème : Mao

Le socialisme à la chinoise est-il marxiste ?

Bruno GUIGUE

Par Bruno Guigue, ancien élève de l’École normale supérieure et de l’École nationale d’administration, Professeur invité à l’École de marxisme, Université normale de la Chine du Sud (Visiting Professor of the School of Marxism, South China Normal University)

S’interroger sur les rapports entre le marxisme et le parti communiste chinois, c’est s’engager dans un dédale vertigineux. Non seulement les questions jaillissent de toutes parts, mais on se heurte assez vite à un problème de méthode : faut-il évaluer le « socialisme chinois de la nouvelle ère » au regard du « socialisme de Marx » ? Qui plus est, ce problème de méthode – qu’il faudra traiter comme tel – recouvre un véritable problème de fond : le socialisme étant selon Marx une phase transitoire (le « premier stade du communisme ») entre la société capitaliste et la société communiste, à partir de quel moment peut-on dire que l’élément communiste l’emporte sur l’élément capitaliste ? Et comment peut-on déterminer ce point de bascule – à supposer qu’il soit possible et légitime de le faire – dans la trajectoire passée, présente et future (à titre d’hypothèse) du socialisme chinois ? Autrement dit, le socialisme au stade primaire dont se prévaut aujourd’hui le parti communiste (…) Lire la suite »
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La passionnante histoire du Parti Communiste Chinois. 2ème partie

Bruno GUIGUE
Mao Zedong et la sinisation du marxisme Repliés dans les campagnes pour fuir la répression, les communistes chinois vont écrire une nouvelle page de leur histoire. C’est auprès des paysans du Hunan et du Jiangxi, en effet, que Mao découvre une nouvelle radicalité, déployée loin des regards d’une élite moderniste qui l’ignore. Coïncidence frappante, il publie son Rapport sur l’enquête menée dans le Hunan à propos du mouvement paysan en mars 1927, soit un mois avant la tragédie de Shanghai, où les communistes sont massacrés par l’armée de Chiang Kaï-shek. Celui qui est déjà un militant influent, mais écarté de la direction du parti, l’invite à convertir son regard sur ce monde rural dont l’initiative révolutionnaire contraste avec son arriération présumée. Conversion qui prendra beaucoup de temps, et Mao sait qu’il heurte de front la conception même de la révolution chez les marxistes chinois. Sa thèse centrale, c’est que « le soulèvement paysan constitue un événement colossal » et (…) Lire la suite »
Mao Zedong (Mao Tsé-toung) et Ernesto « Che » Guevara

La rencontre de deux révolutionnaires

Andrea DUFFOUR
Il y a 60 ans, le 19 novembre 1960, ces deux leaders révolutionnaires se rencontrent pour la première fois à Pékin. Ernesto « Che » Guevara a 32 ans, Mao Zedong plus que le double. Le commandant Guevara admire le président Mao Zedong et Mao a une grande estime pour le Che et ses écrits. Les deux hommes sont issus d’une famille aisée mais se sont battu toute leur vie contre les injustices sociales et pour garantir une vie digne à l’ensemble de la population qu’ils dirigeaient. Le Che avait passé plus de deux ans dans la Sierra Maestra, Mao avait fait sa longue marche de plus d’une année 25 ans plus tôt. La révolution cubaine a à peine deux ans depuis la prise de pouvoir. L’impérialisme nord-américain bât son plein en Amérique latine et le jeune gouvernement révolutionnaire avait profité du manque d’attention à son égard pour procéder à la nationalisation et à la confiscation des entreprises et des propriétés américaines. La menace d'une agression impérialiste à Cuba plane sur le (…) Lire la suite »
Il est difficile d’imaginer le mépris dans lequel la Chine était tenue au début du XXème siècle.

Janvier 2012 : centenaire de la Première république chinoise

Jean-Pierre DUBOIS

Il y a un siècle, le 1er janvier 1912, Sun Yat-Sen, un des fondateurs du Kuomintang [1], proclamait officiellement la République de Chine.

Quelques semaines auparavant, le 10 octobre 1911, une révolte avait provoqué la chute du système impérial chinois vieux de deux millénaires.

Un gouvernement provisoire républicain s’était constitué et Sun Yat-Sen en avait été élu président.

Mais la jeune République chinoise doit faire face à une menace d'intervention des puissances occidentales - qui souhaiteraient restaurer l'empire et conserver leurs concessions - et aux intrigues de Yuan Shikai, chef de la puissante armée du Nord. En 1915, ce dernier parvient par un coup d'Etat à instaurer sa dictature personnelle. Sun Yat-Sen doit se réfugier au Japon. C'en était fini de cette première République de Chine. Une grande période d'instabilité allait suivre. Le drapeau de la République de Chine (1912) Cinq bandes pour cinq peuples (han, mandchou, mongol, hui et tibétain) A propos de la révolution chinoise de 1911, Domenico Lodurdo rappelle qu'elle a d'abord été « l'affirmation d'une identité nationale face à l'impérialisme occidental ».[2] Il ajoute : « Alors que la Chine […] s'impose désormais comme une des principales puissances mondiales, il est difficile d'imaginer le mépris dans lequel elle était tenue au début du XXème siècle ». Le 1er juillet 1921, Mao (…) Lire la suite »