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Thème : Stefan Zweig

Passeurs et farceurs

Yann FIEVET

Les passeurs sont des salauds, c’est entendu. Profiter que des hommes, des femmes et des enfants ont le désir ardent de fuir – au risque assumé de leur vie – la misère, la répression ou la guerre est une infamie sans nom. Il faut la condamner sans réserves évidemment et n’avoir aucune indulgence envers ses auteurs.

Pourtant, disons-le tout net, une fois l’indignation prononcée, à l’occasion d’un naufrage « record » au large des côtes italiennes, la terrible question reste entière. L’indignation ne met jamais fin au crime. Affubler les passeurs, en haut-lieu, du vocable de « terroristes », très en vogue ces temps-ci, ne saurait satisfaire l’intelligence de tous ceux qui ont l’ambition de dépasser l’émotion puisqu’ils savent qu’elle est le plus souvent l’ennemie de la compréhension. Si l’on peut prêter à l’homme de la rue des circonstances atténuantes à son ignorance il en va tout autrement de l’homme de pouvoir, qui plus est lorsqu’il incarne le pouvoir suprême. Quand le sens profond du tragique est caché derrière des paravents commodes nous reconnaissons là une farce. Traquer les passeurs, en admettant que ce soit possible, ne saurait donc suffire. Il faut dénoncer dans le même temps les farceurs. Au cours des vingt dernières années, trente mille êtres humains sont morts aux portes de « notre » Europe, trois mille cinq cents (...) Lire la suite »

Laurent Seksik : Les derniers jours de Stefan Zweig.

Bernard GENSANE
Je ne connais pas les autres livres de Laurent Seksik, mais je me dis toujours, quand j'aborde la lecture d'un ouvrage consacré à Stefan Zweig, que l'intelligence étant contagieuse, je vais me régaler. En tant que biographie romancée, ces Derniers jours… sont un vibrant hommage à ce grand Autrichien, à cet homme-littérature, et donc à ses propres biographies (Tolstoï, Marie-Antoinette, Joseph Fouché etc.). Lorsque les Nazis brûlent ses livres en 1933 à Berlin, Zweig est l'auteur vivant le plus lu au monde, le plus traduit, davantage encore que Thomas Mann qu'il considérait comme son modèle indépassable. Pas une ligne de lui n'est médiocre ou insignifiante. Même si, nous dit Seksik, il se sentait incapable d'une grande oeuvre comme La Montagne magique, « n'ayant pas le courage de forer dans les abysses de ses personnages. » Dans un court récit de George Orwell que je lis et relis depuis quarante ans (" Une Pendaison " ), le narrateur nous livre ce que signifie l'exécution d'un être humain : (...) Lire la suite »