K. SELIM
Les Palestiniens survivants qui continuent de sortir les corps des décombres de Gaza pour les enterrer dans la dignité, en serrant les dents, suivent avec attention et émotion les nouvelles de la bataille que livre leur immense poète Samih Al-Qassim à la mort. Atteint d’un cancer du foie depuis trois ans, l’état de santé de Samih Al-Qasim s’est dégradé ces derniers jours. Et tout le monde s’est souvenu que c’est au mois d’août 2008 que son complice et « jumeau » de la poésie de résistance, Mahmoud Darwich, a tiré sa révérence.
Pourquoi les Palestiniens, qui meurent si facilement dans le silence ou dans si peu de bruit, sont-ils à ce point attachés à leurs poètes au point de ne pas se résigner à les voir partir ? Probablement parce que leur voix dit l'essentiel de leur humanité de manière si forte, si puissante et si humaine qu'elle transcende tous les clivages et dépasse tous les discours politiques. Les Palestiniens ont été bouleversés par le départ de Mahmoud Darwich, mais ils ont découvert, durant ces années d'absence, combien sa présence est forte. Ils ont pu voir combien ses mots continuaient à creuser des sillons profonds dans les consciences. Combien ils gardaient intacte la vérité d'un combat qui, comme c'est le cas de tous les mouvements de libération, connaît des hauts et des bas.
Samih Al-Qassim dont les poèmes - comme ceux de Mahmoud Darwich - ont été amplifiés avec grand art par Marcel Khalifa, est de la même stature que son « jumeau ». Il ne prétend pas au statut de « porte-parole », un (…)
K. SELIM
Quinze milliards de dollars d’achat d’armement et des promesses que le gaz du Golfe, notamment qatarien, ne cherchera pas à menacer les positions de la Russie en tant qu’un des principaux fournisseurs de gaz vers l’Europe, c’est le marché proposé par le patron des services de renseignements saoudien, Bandar Ben Sultan, au président russe Vladimir Poutine pour lâcher Damas. Les agences de presse disent que la réponse du président russe a été peu « probante », ce qui laisse entendre que Vladimir Poutine a été « poli » à l’égard du prince saoudien.
Des transactions de ce genre peuvent effectivement exister, les relations internationales et les rapports entre États n'étant jamais une pure affaire de principe. L'intérêt, c'est une vieille vérité, prime sur tout le reste. Le chef de l'État russe n'étant pas dépourvu de pragmatisme, la vraie question était donc de savoir si la Russie a intérêt de lâcher Damas en contrepartie de cette « offre » que le prince Bandar croyait suffisamment alléchante. Il ne faut pas sortir d'un grand institut stratégique pour répondre par la négative. Moscou a accepté, avec un certain dédain, de se laisser attribuer le « mauvais rôle » dans la crise syrienne par les médias occidentaux et donc par les pouvoirs occidentaux. Ses intérêts avec les Occidentaux sont infiniment plus importants qu'une transaction à 15 milliards assortie d'une promesse que Ryad n'est pas en mesure de tenir.
Ces intérêts n'ont pas poussé Moscou à changer de cap sur la crise syrienne. La Russie a fait obstacle à toute (…)
K. SELIM
Régulièrement, le département d'Etat des États-Unis publie un rapport mondial sur les droits de l'homme où il distribue les bonnes et les mauvaises notes aux pays du monde entier. Nul ne peut feindre d'ignorer ces rapports qui émanent de la plus grande puissance mondiale et d'un État de droit. C'est ce que le président, noir, de ce pays a rappelé en demande du calme après un verdict terrible qui a innocenté l'assassin d'un jeune Noir.
Dans cet État de droit, la justice a parlé avec un jury de six femmes, cinq Blanches et une Hispanique. Elle a décidé qu'un homme armé peut tuer un jeune Noir désarmé dont le look lui paraissait suspect. Qu'est-ce qu'une démocratie où un jeune Noir tué par arme est considéré, apriori, coupable ? C'est la question que beaucoup d'Étasuniens se posent en constatant que rien n'est réglé malgré les homériques combats pour les droits civiques. Car, quel que soit le bout par lequel on prend ce drame, le jeune Trayvon Martin a été tué parce qu'il était un (…)
K. SELIM
La Ligue arabe était déjà un modèle d’impuissance. Elle atteint désormais, sous la domination des monarchies du Golfe, des niveaux inégalés d’aplaventrisme aux Américains. Une délégation de ministres des Affaires arabes conduite par le Premier ministre du Qatar, Hamad ben Jassem al-Thani, est allée à Washington rencontrer le secrétaire d’Etat US, John Kerry, dans le but proclamé de faire bouger le « processus de paix ».
Officiellement, la Ligue arabe s'en tenait au plan de paix proposé au sommet de Beyrouth en 2002. C'était une offre de paix et de reconnaissance en bonne et due forme contre un retour aux lignes d'avant juin 1967. Or, au nom de la nécessité de « faire bouger » un processus qui n'existe pas, les ministres arabes en « délégation de la honte » à Washington ont transigé en acceptant l'idée d'un « échange de territoires ». Formellement, c'est un échange « égal », dans la réalité, c'est une acceptation de la « réalité » de la colonisation qui a déjà transformé le territoire présumé revenir aux Palestiniens en petits bantoustans encerclés et sans liens entre eux. C'est un scandale. La concession est si « fondamentale » qu'elle a soutiré un soupir de plaisir au secrétaire d'Etat américain, John Kerry, qui a parlé d'un « très grand pas en avant ». Ce n'est pas une « inflexion » comme aiment à le rapporter les agences de presse occidentale, c'est un abandon, un lâchage.
Saëb Aerekat, chef (…)