auteur Marie BARBIER

L’impact destructeur des violences policières

Marie BARBIER

Perte de l’estime de soi, manque de confiance dans les institutions… les violences illégitimes, au-delà des seules conséquences physiques, sapent la cohésion sociale.

Pas un jour ne passe sans qu’Alain (1) se souvienne de son agression, il y a neuf mois. Les douleurs sont quotidiennes : fissures au niveau des ménisques, élongation des ligaments et il doit encore subir, prochainement, deux opérations chirurgicales. La particularité de cette agression ? Elle a été commise par des CRS, lors d’une manifestation contre la loi travail, au printemps dernier. Alain est violemment plaqué au sol, prend le poids des quatre agents sur le corps, avant d’être roué de coups. La médecine judiciaire lui prescrit vingt jours d’incapacité totale de travail (ITT). « Le chirurgien m’a dit que j’aurai mal toute ma vie, poursuit le syndicaliste quadragénaire. Je ne peux plus m’occuper de mes enfants comme avant. Ce n’est pas moi qui leur ai appris à faire du vélo, je ne peux plus les emmener à l’école. Comme ils ne comprenaient pas, on a fini par leur dire la vérité, que leur père avait été agressé par des policiers. Maintenant, ils en ont peur. » Quant à la famille, (…)

La répression « individualisée » des opposants à la loi travail

Marie BARBIER

Six militants comparaissent à partir de ce matin pour rébellion ou violences lors des manifestations du printemps dernier. À l’opposé des versions policières, tous racontent les violences qu’ils ont subies et dénoncent des « procès politiques ». Ils risquent des peines de prison ferme.

« Oui, j’ai quelques témoignages... » Gildo ironise. Quand le syndicaliste CGT de 43 ans glisse sa clé USB dans l’ordinateur, une foultitude de dossiers apparaît : certificats médicaux, témoins cités à l’audience, vidéos, photos... Gildo a passé l’été à préparer sa défense. « Et à remettre du collectif, précise-t-il. Tous les militants poursuivis le sont pour la même raison : servir d’exemple. » Jugé ce matin devant le tribunal correctionnel de Paris pour rébellion, ce membre de la direction de l’union locale de Saint-Denis risque un an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende. Il comparaît aux côtés de trois autres manifestants, Michel, Maxime et Valentin ; Bastien sera, lui, jugé demain à 13 h 30. Frédéric comparaîtra jeudi prochain. Ils sont syndicalistes, militants non encartés ou simples citoyens, poursuivis pour rébellion, outrage, non-dispersion après sommation ou même violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique lors des manifestations du printemps dernier (…)