auteur Ilka Oliva CORADO

Un monde de gloriole

Ilka Oliva CORADO
Nous vivons dans un monde de vaine gloire, où les plus méchants sont récompensés, ceux qui trahissent, ceux qui n'ont pas de scrupules, ceux qui piétinent pour atteindre leurs propres buts. Dans un monde de comédie, où la seule chose vraie est la dérision. C'est le monde que nous créons et nourrissons chaque jour de nos actions ou passivités ; celles-ci dépendent de ce qui nous convient selon les vents qui soufflent vers notre bulle d'indifférence et du culte de soi. Un monde de manque de respect pour l'autre et pour chaque être vivant. Nous sommes des sociétés d'individus jetables et de mauviettes. Des individus qui ont perdu toute intégrité, qui l'ont vendue en échange de l'éphémère qui dure aussi longtemps qu'un coup de pied au cul. Nous sommes faits d'autodestruction, une humanité qui, jour après jour, insiste sur sa lutte pour disparaître ; non sans d'abord prendre tout sur son passage, tout ce qui ne lui appartient pas, mais qu'elle s'est approprié sans vergogne, se croyant (…)

Maria José, jeune hondurienne sur la route de l’enfer (Resumen Latinoamericano)

Ilka Oliva CORADO

Il y avait des centaines de personnes qui se lançaient à l’assaut du train en marche, et moi aussi je devais grimper, mais je ne savais comment parce que j’avais peur de tomber sur les voies et que le train me passe dessus.
Passaient les wagons, les citernes, les containers mais on conseille à ceux qui s’en vont de monter sur un wagon ou sur le toit d’un container parce que les citernes, c’est très dangereux, de là bien des personnes sont tombées, et elles se sont tuées.

J’ai traversé le rio Usumacinta à Tenosique, Tabasco. Je suis hondurienne, nous avions voyagé en camionnette jusqu’à côté d’el Petén, Guatemala et de là, nous avons traversé sur un radeau. Mais à peine avions nous mis les pieds au Mexique que déjà la police nous demandait de l’argent, les autres personnes de mon groupe, oui, elles ont payé ; mais moi, j’avais seulement pour trois jours de nourriture et ils me l’ont prise et ils m’ont conduite à part, vers la patrouille, là, le chef des policiers m’a prise, il m’obligea à lui pratiquer le sexe oral et il me pris aussi, par derrière, comme si je ne ressentais pas la douleur, comme s’ils pensaient que j’aimais ça, qu’on me prenne, comme ça, de dos, si vous aviez entendu ce qu’ils me disaient, ce sont des pervers, vous auriez du entendre ce qu’ils me disaient, que nous autres, les centraméricaines nous venions au Mexique en quête, parce que nos hommes ne servent à rien. Il me dit que nous étions toutes des putes, qui nous venions pour (…)