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Auteur : Alexandre BARTHEL

« Pas de chance pour les Chinois » (II) : La France et le transit du matériel de guerre à la frontière entre la Chine et l’Indochine pendant le conflit sino-japonais (1937-1939)

Alexandre BARTHEL

L'attitude de la France envers la guerre sino-japonaise qui débuta en 1937 a donné lieu à divers jugements. Officiellement neutre, la France est souvent présentée comme ayant été, au moins moralement, favorable à la Chine. Si certains témoins des événements ont écrit que la France était allée jusqu'à aider la Chine, des travaux plus récents ont néanmoins évoqué le fait que le gouvernement français avait officiellement interdit le transit de matériel de guerre en route vers la Chine par la frontière indochinoise. L'étude de ce problème, c’est-à-dire de la question du transit du matériel de guerre, permet de déterminer qu’elle a été concrètement l’attitude du gouvernement français devant l’agression japonaise de la Chine, agression qui menaçait à terme l’Indochine française. Cette question est devenue de plus en plus importante à mesure que le blocus japonais de la Chine progressait et conditionnait la capacité du gouvernement de Jiang Jieshi (Tchang Kaï-chek) à poursuivre ou non le combat.

(Suite de la première partie) 3. La perception de la situation par les diplomates étasuniens Afin de mieux comprendre quelle a été l’attitude de la France vis-à-vis de la Chine et du Japon, il peut être utile de l’observer d’un point de vue extérieur. Celui des États-Unis semble d'autant plus intéressant que ce pays avaient des intérêts considérables en Chine. William Appleman Williams a souligné que, déjà dans les années 1930, l’intérêt des États-Unis pour la Chine remontait à plusieurs décennies, au moins au déclenchement de la guerre sino-japonaise de 1894, lorsque le président des États-Unis Grover Cleveland avait déclaré au Congrès que ce conflit méritait « notre plus sérieuse attention en raison de sa perturbation de nos intérêts commerciaux croissant » ([1959] 1962, 30-31). L’attaque lancée par le Japon contre la Chine le 7 juillet 1937 affecta considérablement les dirigeants nord-américains. Le fait est que, depuis la fin du XIXe siècle, la Chine était apparue comme un « eldorado » de l'expansionnisme (...) Lire la suite »

« Pas de chance pour les Chinois » (I) : La France et le transit du matériel de guerre à la frontière entre la Chine et l’Indochine pendant le conflit sino-japonais (1937-1939)

Alexandre BARTHEL

L'attitude de la France envers la guerre sino-japonaise qui débuta en 1937 a donné lieu à divers jugements. Officiellement neutre, la France est souvent présentée comme ayant été, au moins moralement, favorable à la Chine. Si certains témoins des événements ont écrit que la France était allée jusqu'à aider la Chine, des travaux plus récents ont néanmoins évoqué le fait que le gouvernement français avait officiellement interdit le transit de matériel de guerre en route vers la Chine par la frontière indochinoise. L'étude de ce problème, c’est-à-dire de la question du transit du matériel de guerre, permet de déterminer qu’elle a été concrètement l’attitude du gouvernement français devant l’agression japonaise de la Chine, agression qui menaçait à terme l’Indochine française. Cette question est devenue de plus en plus importante à mesure que le blocus japonais de la Chine progressait et conditionnait la capacité du gouvernement de Jiang Jieshi (Tchang Kaï-chek) à poursuivre ou non le combat.

Introduction Dans le deuxième volume de l'ouvrage collectif intitulé Histoire de la diplomatie française, Georges-Henri Soutou soutient que la politique étrangère française est, de 1924 à 1939, dominée par le concept de « sécurité collective ». Cette politique était censée garantir la sécurité du pays qui la mettait en œuvre au moyen de divers traités ou accords conclus avec, plutôt que contre, l'adversaire potentiel. Soutou a ajouté qu'à partir de 1930, la sécurité collective aurait été « interprétée de façon de plus en plus paralysante » et serait devenue « un dogme absolu ». Selon Soutou « l'obsession de la sécurité collective » a été le principal facteur de « l'attitude défaillante de Paris face à Hitler (Allain et al. 2007, 318-319) ». L’« Histoire de la diplomatie française » ne mentionne jamais l'attitude de la France face à la guerre sino-japonaise. Sans doute, comme le note Pierre Renouvin (1946 : 399), la politique française face à l'expansion japonaise est restée « au second plan » : « C’est que la France (...) Lire la suite »