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Auteur : Eduardo GALEANO

Je lis et je partage (Pagina 12)

Eduardo GALEANO
Les orphelins de la tragédie d’Ayotzinapa ne sont pas seuls dans la recherche obstinée de leurs chers disparus, perdus dans le chaos des décharges incendiées et les fosses communes pleines de restes humains. Les accompagnent les voix solidaires et la chaude présence de tout le Mexique et au-delà, et même des stades de football où des joueurs célèbrent leurs buts en dessinant avec leurs doigts dans l’air, le chiffre 43 qui rend hommage aux disparus. Pendant ce temps le Président Pena Nieto, de retour de Chine, avertit qu’il espère n’avoir pas besoin d’employer la force, avec un ton de menace. Le Président a aussi condamné « la violence et toutes les actions abominables commises par ceux qui ne respectent ni la loi ni l’ordre » sans toutefois préciser que ces mal-élevés pouvaient servir à la fabrication de discours menaçants. Le Président et son épouse la Mouette, de son nom d’artiste, sont sourds à ce qu’ils ne veulent pas entendre, et jouissent de la solitude du pouvoir. (…) Lire la suite »

L’Irak envahit les États-Unis (Tomdispatch.com)

Eduardo GALEANO

« Le 20 mars de l’année 2003, les forces aériennes irakiennes ont bombardé les États-Unis d’Amérique. Dans le sillage de ces bombardements, les troupes irakiennes ont envahi le territoire US. Il y a eu des dommages collatéraux. Beaucoup de civils, la plupart des femmes et des enfants, ont été tués ou mutilés. La guerre était inévitable. La sécurité de l’Irak et de toute l’humanité était menacée par les armes de destruction massive amassées dans les arsenaux US. Il n’y avait aucun fondement, par contre, derrière les rumeurs insidieuses qui suggéraient que l’Irak avait l’intention de garder tout le pétrole de l’Alaska »....

Les passages suivants sont extraits du nouveau livre d’Eduardo Galeano, "Les Enfants des Jours : Un Calendrier de l’Histoire Humaine" : Le jour où le Mexique a envahi les USA (9 mars) En ce tôt matin de 1916, Pancho Villa a traversé la frontière avec ses cavaliers, a mis le feu à la ville de Colombus, tué plusieurs soldats, piqué quelques chevaux et fusils, et le jour suivant était de retour au Mexique pour raconter son histoire. Cette incursion-éclair est la seule invasion que les USA aient subi depuis les guerres menées pour se détacher de l’Angleterre. Par contraste, les USA ont envahi presque tous les pays du monde entier. Depuis 1947 son Ministère de la Guerre s’est appelé le Ministère de la Défense, et son budget de guerre le budget de la défense. Les noms sont une énigme aussi indéchiffrable que la Sainte Trinité. La bombe de Dieu (6 août) En 1945, alors que ce jour naissait, Hiroshima a perdu sa vie. La première apparition de la bombe atomique a incinéré (…) Lire la suite »

Langage...

Eduardo GALEANO

A l’époque victorienne, on ne pouvait pas parler de pantalons en présence d’une femme.

Aujourd'hui, il n'est pas bon de dire certaines choses en présence de l'opinion publique : le capitalisme arbore le nom artistique d'économie de marché : l'impérialisme s'appelle mondialisation ; les victimes de l'impérialisme s'appellent pays en voie de développement, ce qui revient à appeler enfants ceux qui sont de petite taille ; l'opportunisme s'appelle pragmatisme ; la trahison s'appelle réalisme ; les pauvres s'appellent des démunis, des défavorisés, ou des personnes aux faibles ressources ; L'exclusion des enfants pauvres du système éducatif est connu sous le nom d'absentéisme scolaire ; le droit du patron à licencier les ouvriers sans indemnisation ni explication s'appelle la flexibilisation du marché du travail ; le langage officiel reconnaît les droits des femmes parmi les droits des minorités, comme si la moitié masculine de l'humanité était une majorité ; au lieu d'une dictature militaire on dit un processus ; la torture s'appelle avertissement illégal, ou encore (…) Lire la suite »

« La diabolisation de Chavez »

Eduardo GALEANO

Eduardo Galeano est un célèbre écrivain et journaliste uruguayen. Arrêté, exilé, menacé par des « escadrons de la mort », il a vécu en Europe avant de retourner en Uruguay en 1985.
Son oeuvre la plus connue, « Les veines ouvertes de l’Amérique latine » (1), est un acte d’accusation contre l’exploitation de l’Amérique latine par les puissances étrangères depuis le XVe siècle. Chavez avait publiquement offert ce livre à Obama lors du sommet des Amériques, à Trinidad-et-Tobago en avril 2009, ce qui avait relancé les ventes un peu partout dans le monde.
Eduardo Galeano écrit des chroniques régulières dans des magazines états-uniens et anglais.
Le court article ci-dessous est le 19ème que Le grand Soir s’honore de publier de cet auteur.

LGS

Hugo Chavez est un démon. Pourquoi ? Parce qu'il a alphabétisé deux millions de Vénézuéliens qui ne savaient ni lire ni écrire, bien qu'ils vécussent dans un pays qui a la richesse naturelle la plus importante du monde, qui est le pétrole. J'ai vécu dans ce pays quelques années et j'ai très bien connu ce qu'il était. Ils la nomment la « Venezuela Saoudienne » pour le pétrole. Il y avait deux millions d'enfants qui ne pouvaient pas aller à l'école parce qu'ils n'avaient pas de papiers d'identité. Et puis un gouvernement est arrivé, ce gouvernement diabolique, démoniaque, qui fait des choses élémentaires, comme dire « Les enfants doivent être acceptés à l'école avec ou sans papiers ». Et là , le monde s'est écroulé : c'est une preuve de ce que Chavez est un méchant méchantissime. Puisqu'il a cette richesse, grâce au fait, qu'à cause de guerre d'Irak, le prix le pétrole est monté très haut, il veut profiter de cela à des fins solidaires. Il veut aider les pays sud-américains, (…) Lire la suite »

Gaza (La Jornada)

Eduardo GALEANO
Pour se justifier, le terrorisme d'État fabrique des terroristes : il sème la haine et cueille des alibis. Selon ses auteurs, cette boucherie de Gaza veut terminer avec les terroristes, mais tout indique qu'elle finira par les multiplier. Depuis 1948, les Palestiniens sont condamnés à l'humiliation perpétuelle. Ils ne peuvent même pas respirer sans autorisation. Ils ont perdu leur pays, leur terre, leur eau, leur liberté, leur tout. Ils n'ont même pas le droit de choisir leurs dirigeants. Lorsqu'ils votent pour celui qu'ils ne devraient pas voter, ils sont punis. Gaza est en train d'être punie. Elle est devenue un piège sans issue depuis que le Hamas a remporté les élections en 2006. Quelque chose de semblable s'est passé en 1932, lorsque le Parti Communiste a remporté les élections au Salvador. Baignés dans le sang, les Salvadoriens payent sa mauvaise conduite et vivent depuis sous des dictatures militaires. La démocratie est un luxe que tout le monde ne mérite pas. Fils de (…) Lire la suite »

Opération «  plomb impuni » (Rebelion)

Eduardo GALEANO

Cette réflexion d’Eduardo Galeano, écrivain et journaliste Urugayen, auteur traduit en français de «  Les veines ouvertes de l’Amérique Latine », est parue le vendredi 16 janvier 2009 dans le quotidien uruguayen Brecha.

Pour se justifier, le terrorisme d'état fabrique des terroristes : il sème la haine et récolte des alibis. Tout indique que la boucherie de Gaza, qui d'après ses auteurs doit mettre fin au terrorisme, ne fera que multiplier les terroristes. Depuis 1948, les Palestiniens vivent condamnés à l'humiliation perpétuelle. Il leur faut un permis pour respirer. Ils ont perdu leur patrie, leurs terres, leur eau, leur liberté, leur tout. Ils n'ont pas même le droit de choisir leurs autorités. Lorsqu'ils élisent ceux qu'ils ne devraient pas élire, on les punit. Gaza subit actuellement la punition. Elle s'est transformée en une souricière sans issue, depuis que le Hamas a gagné les élections de 2006. Quelque chose de semblable s'est passé en 1932 lorsque le Parti Communiste triompha au Salvador. Les citoyens du Salvador expièrent dans le sang leur mauvaise conduite et vécurent depuis soumis aux dictatures militaires. La démocratie est un luxe que tout le monde ne mérite pas. Les fusées (…) Lire la suite »

Bolivie : Message pour le Sommet de la Terre-Mère, par E. Galeano (via Primitivi)

Eduardo GALEANO
Dans la continuité des articles sur le sommet des peuples qui se déroule actuellement à Cochabamba en Bolivie nous relayons la lettre qu'Eduardo Galeano, bloqué à Montevideo, a adressé aux participants de ce dernier : Malheureusement, je ne pourrai être avec vous. Des entraves involontaires m'empêche de voyager. Mais je veux vous accompagner d'une autre façon à cette réunion, cette réunion des miens, du peu que je peux faire et non le beaucoup que j'aimerais faire, puisque je ne peux pas faire autrement . Et pour être là sans y être je vous envoie au moins ces mots. Je veux vous dire que j'espère que l'on fera tout ce qui est possible, et l'impossible également, pour que le Sommet de la Terre-Mère soit la première étape vers l'expression collective des peuples qui ne dirigent pas la politique mondiale, mais qui la subissent. Que nous soyons capables de faire avancer ces deux initiatives du compagnon Evo, le Tribunal de la Justice Climatique et du Référendum Mondial contre un (…) Lire la suite »

Haïti : les péchés d’Haïti par Eduardo Galeano

Eduardo GALEANO
Un texte d'Eduardo Galeano paru sur Servindi le 20 janvier dernier, mais qui date de 1996. Galeano revient dans ce texte sur l'histoire d'Haïti. Ou comment l'Occident a construit la malédiction de cette île au fur et à mesure des ans, parce qu'elle était habitée par des noirs. La démocratie haïtienne est née il y a un moment. Dans son bref temps de vie, cette créature affamée et malade n'a reçu que des gifles. Elle était nouvelle-née, dans les jours de 1991, quand elle a été assassinée par le coup de force militaire du général Raoul Cedras. Trois ans plus tard, elle a ressuscité. Après avoir subi et être sortie de tant de dictatures militaires, les États-Unis sont sortis et ont mis en place le président Jean-Bertrand Aristide, qui avait été le premier président élu par un vote populaire dans toute l'histoire d'Haïti et qui avait eu la folle idée de vouloir un pays moins injuste. http://www.primitivi.org/spip.php?article230 Lire la suite »
Entrevue avec Eduardo Galeano, par Ana Delicado

« L’Amérique Latine exorcise la culture de l’impuissance »

Eduardo GALEANO

L’auteur et l’intellectuel uruguayen fait l’éloge d’une redécouverte latino-americaine qui cherche récupérer la dignité et la diversité (NDT : Galeano est l’auteur du livre culte "Les veines ouvertes de l’Amérique Latine")

L’auteur et le journaliste uruguayen Eduardo Galeano consacré il y a presque 40 ans avec le livre "Les veines ouvertes de l’Amérique latine", l’oeuvre que le président vénézuélien, Hugo Chavez, a choisie de donner à son homologue américain , Barack Obama. Mais la fascination que Galeano éveille subsiste jusqu’à aujourd’hui. Un témoignage quotidien de cette admiration : pendant l’entrevue, qui s’est déroulée dans un café de Buenos Aires, un homme s’est approché avec discrétion avec sa fille et il s’est assis à une table proche pour pouvoir l’écouter. Son dernier livre "Miroirs", parle d’un monde contradictoire qui a de la peur de se voir, et de se reconnaitre.

Comment vous définissez l'Amérique latine ? C'est une terre de rencontres de beaucoup de diversités : de culture, religions, traditions, et aussi de peurs et d'impuissance. Nous sommes divers dans l'espoir et dans le désespoir. Comment cette variété influence le présent ? Durant ces dernières années, il y a eu un processus de renaissance latino-américaine dans lequel ces terres du monde commencent à se découvrir elles-mêmes dans toute leur diversité. Ce que l'on a appelé découverte de l'Amérique a été en réalité une dissimulation de la diversité de sa réalité. L'Amérique est l'arc-en-ciel terrestre, qui a été mutilé durant quelques siècles de racisme, de machisme et de militarisme. Ils nous ont laissés aveugles de nous-mêmes. Il est nécessaire de récupérer la diversité pour célébrer le fait que nous sommes plus [NDT : divers, riches, complexes] que ce qu'ils nous ont dit. Cette diversité peut-elle être un empêchement pour l'intégration ? Je crois que non. Toute unité (…) Lire la suite »

Excusez-moi de vous déranger.

Eduardo GALEANO
Je voudrais partager quelques questions qui me trottent dans la tête. Elle est juste, la justice ? Elle tient debout, cette justice du monde à l'envers ? Le zapatista (1) d'Irak, celui qui a lancé les chaussures contre Bush, a été condamné à trois années de prison. Ne méritait-il pas plutôt une décoration ? Qui est le terroriste ? Celui qui a visé, ou celui qui a été visé ? N'est-il pas coupable de terrorisme le tueur en série qui, en mentant, a inventé la guerre en Irak, assassiné une multitude, légalisé la torture et ordonné de l'appliquer ? Sont-ils coupables les paysans d'Atenco au Mexique, ou les indigènes mapuches du Chili, ou les Kelchies du Guatemala, ou les paysans sans terre du Brésil, tous accusés de terrorisme pour défendre leur droit à la terre ? Si la terre est sacrée -même si la loi ne le dit pas-, ceux qui la défendent ne sont-ils pas sacrés aussi ? Selon la revue Foreign Policy, la Somalie est le lieu le plus dangereux de tous. Mais, qui sont les pirates ? (…) Lire la suite »