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Auteur : Michele PROSPERO

Abandonner le libéralisme et sauver le capitalisme : le socialisme réactionnaire de Trump et Vance est la nouvelle droite mondiale

Michele PROSPERO

L'idéologie de Trump. Il s'adresse aux masses sans perturber le pouvoir des élites. L'argent devient l'instrument et le but du commandement social. Tout cela est possible parce qu'il manque un projet de gauche radicale.

La nouvelle droite est de plus en plus un phénomène mondial qui utilise partout le même langage. Le duo Trump-Vance, qui ne se déclare plus libéraliste, lance des anathèmes aux élites, maudit la finance, dénigre le capital mondialisé et caresse la classe ouvrière abandonnée, a étonné les observateurs. En soulignant sa connotation idéologique inédite, Sebastiano Maffettone, dans le "Sole 24 Ore", isole dans le lexique des Républicains en lice pour le bureau ovale certains accents caractéristiques d'un "socialisme humanitaire du siècle dernier". Mais la définition qui correspond le mieux à l'élégie de ceux qui versent des larmes sur l'Amérique industrielle disparue est peut-être celle de Marx, qui parlait d'un "socialisme réactionnaire". Après avoir rendu inutiles les images usagées du libéralisme, un segment du capital vole des symboles et des mots à la gauche pour incriminer la composante rivale, elle aussi en possession d'une substance infinie, et se proclame même le porte-drapeau (…) Lire la suite »

Bonapartisme

Michele PROSPERO

Marxismo Oggi est une revue en ligne qui a vu le jour ces dernières années, dans la continuité de la revue papier qui avait cessé d'être publiée plusieurs années auparavant. Il s'agit de l'un des sites qui tentent encore de poursuivre la pensée marxiste en Italie, en se concentrant sur l'aspect philosophique, l'aspect historique et le commentaire des principaux événements nationaux et internationaux. Michele Prospero est professeur de philosophie du droit à la faculté de sciences politiques, de sociologie et de communication de l'université La Sapienza. Auteur de nombreux essais, il collabore avec diverses revues scientifiques et journaux. Il s'intéresse principalement au système institutionnel italien et à la pensée politique de gauche. Il suo ultimo libro è La scienza politica di Gramsci, Bordeaux edizioni, 2016 [La science politique de Gramsci, non encore traduit en français]

Par la notion de bonapartisme, Marx entend une rupture au sein d'un système démocratique provoquée par la conduite déloyale d'organes de l'État qui, avec l'émergence de figures charismatiques, approfondissent les torsions autoritaires de l'ordre. L'analyse du coup d'État par lequel Louis Napoléon Bonaparte, un président élu directement par les citoyens, a interrompu la vie de la deuxième République française en 1852, suggère d'étudier le lien entre la mobilisation des masses et la chute du régime, la tension entre le présidentialisme et le parlementarisme. L'effort analytique de Marx vise à écarter les concepts simplificateurs, à commencer par celui de "césarisme" qui n'apparaît que comme "une analogie historique superficielle". Il y a une profonde diversité entre les conflits anciens et modernes, entre la politique romaine et la politique européenne qui exclut toute analogie hâtive sous le signe de César. Et puis la décision, la volonté, le calcul d'un seul acteur affectent les (…) Lire la suite »