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Auteur : Julien SALINGUE
Les jeunes Palestiniens qui se révoltent « n’ont rien à perdre que leurs chaînes ».

Génération spontanée en Palestine

Julien SALINGUE

Génération spontanée en Palestine Ni « troisième Intifada », ni simple juxtaposition d’incidents isolés, un nouveau soulèvement a éclaté dans les territoires palestiniens depuis le début du mois d’octobre. L’effet de surprise, voire de sidération qui semble avoir saisi certains observateurs s’étonnant de cette explosion de la jeunesse, a de quoi … surprendre.

Pensait-on réellement que des jeunes subissant au quotidien, à Jérusalem et en Cisjordanie, oppression et discrimination, et ce depuis leur plus jeune âge, demeureraient éternellement silencieux ? Une nouvelle génération palestinienne se soulève contre l’occupation, et force est de constater qu’alors que le 11 novembre marquera le 11e anniversaire de la mort de Yasser Arafat, le dirigeant historique de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) ces jeunes ne se reconnaissent dans aucun leader et ne se revendiquent d’aucune appartenance partisane. Les futurs leaders sont dans la rue L’histoire palestinienne est scandée par des cycles de mobilisation, à mesure que les générations qui se succèdent prennent conscience des injustices subies : de la « génération de l’expulsion » de 1948, qui fonda le Fatah au tournant des années 1960 et prit les armes en 1965, à la « génération du mur » qui se révolte aujourd’hui sous nos yeux, en passant par la « génération de l’occupation » de 1967, principale (...) Lire la suite »

« Tel-Aviv sur Seine » : la mort à la plage

Julien SALINGUE

nota : Libération a modifié le titre de l’article]

En Cisjordanie, les exactions commises par les colons israéliens se multiplient, jusqu’à avoir, récemment, entraîné la mort d’un bébé et de son père dans l’incendie criminel de leur maison. À Gaza, un an après l’offensive meurtrière de l’été 2014, le blocus se poursuit, et l’on vient d’apprendre dans un rapport de l’ONU que pour la première fois depuis 50 ans, la mortalité infantile était en hausse. À Paris, pour dénoncer ces crimes, on organise une grande fête sur les bords de Seine, en l’honneur de Tel-Aviv. Vous avez dit indécence ?

Tel-Aviv, c’est Israël « Mais il ne faut pas confondre Tel-Aviv, une ville, et Israël, un État ! », disent-ils. L’argument pourrait faire sourire si la situation n’était pas aussi grave. Doit-on rappeler aux organisateurs de l’initiative que Tel-Aviv est la seule capitale internationalement reconnue d’Israël, siège de la quasi-totalité des ambassades ? Doit-on préciser que l’agglomération de Tel-Aviv (le « Gush Dan ») est de loin la plus peuplée du pays, avec près de 3.5 millions d’habitants, soit près de la moitié de la population du pays ? Doit-on enfin rappeler que Tel-Aviv est la capitale économique et financière d’Israël, et aussi sa capitale technologique, où sont élaborées nombre de petites merveilles à destination de l’armée israélienne ? Non, Anne Hidalgo, Tel-Aviv n’est pas une république autonome. « Mais Tel-Aviv est de gauche, et elle est opposée au gouvernement et aux colons, qui la détestent ! », disent-ils encore. Si certains considèrent qu’un maire membre du Parti travailliste – partie prenante, au (...) Lire la suite »
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Référendum en Grèce : les éditocrates et la démocratie en 140 signes

Julien SALINGUE
Sitôt l’annonce faite par Alexis Tsipras, Premier ministre grec, de l’organisation dimanche 5 juillet d’un référendum sur le plan d’austérité « proposé » par l’ex-troïka, les éditocrates eurobéats se sont déchaînés sur Twitter. Et, en amoureux de la Grèce, ils n’ont pas manqué de rendre de vibrants hommages à la démocratie, sans jamais, au grand jamais, céder à la facilité, au raccourci ou à l’invective. Démonstration avec les tweets de trois d’entre eux (Jean-Michel Aphatie, Arnaud Leparmentier et Jean Quatremer), exemples exemplaires de la tendance de certains « grands » journalistes à abandonner toute volonté d’informer avec rigueur et à oublier tout sens de la mesure lorsque les choses ne se passent pas comme ils l’auraient souhaité [1]. À tout seigneur tout honneur, difficile de ne pas débuter cette « revue de tweets » par ce grand connaisseur de la Grèce, où il est allé plusieurs fois en vacances, qu’est Jean Quatremer : Tout en nuance, le journaliste de Libération prodigue donc ses conseils à « l’Eurogroupe (...) Lire la suite »

Offensive israélienne contre Gaza : les partis pris du traitement médiatique

Julien SALINGUE
Depuis le 8 juillet 2014, une offensive militaire israélienne est en cours contre la bande de Gaza. Au moment où nous écrivons, plus de 240 Palestiniens sont morts sous les bombes israéliennes, tandis qu’un Israélien a été tué par un tir de roquette. Ces événements donnent lieu à une large couverture médiatique, et nous ne prétendons pas fournir ici un article traitant de manière exhaustive de cette couverture. Dans la presse écrite comme à la radio et à la télévision, certains journalistes font au mieux leur travail et produisent, comme nous le rappellerons parfois, exemples à l’appui, une information de qualité. Force est toutefois de constater que le traitement médiatique dominant de cette nouvelle séquence du conflit opposant Israël aux Palestiniens demeure prisonnier de bien des travers que nous avons déjà eu l’occasion d’identifier. Il existe ainsi un « bruit médiatique » largement critiquable, qui ne résume pas l’ensemble du travail journalistique mais qui malheureusement l’étouffe ou le fait quasiment (...) Lire la suite »
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« Au-delà des quenelles, il faut remettre du politique »

Julien SALINGUE

Julien Salingue est membre de l’observatoire des médias, Acrimed, et docteur en science politique de l’Université Paris 8. Le 22 novembre dernier, il s’est exprimé dans Ce soir (ou jamais !) (France 2) au sujet du discours médiatique français et des dangers qui planent sur la liberté d’informer. Le site d’Égalité et Réconciliation (E&R), mouvement dirigé par Alain Soral, a ensuite diffusé un extrait de ses propos. De son côté, Julien Salingue demandera un droit de réponse et une confrontation publique avec Soral. Il est l’un des rares en France à avoir suggéré ce type de rencontre avec le polémiste. Suite à l’effervescence médiatique et politique françaises autour du geste de « la quenelle », FDC interroge Salingue sur la popularité de ce geste, les suites de son échange avec Soral, sur ce qu’incarne politiquement le duo ‘Soral-Dieudonné’, sur les raisons de leur succès et sur ce qu’ils symbolisent de dangereux politiquement dans un climat français inquiétant.

* * * Femmesdechambre.be : Qu’est-ce qui vous a poussé à lancer la proposition d’une confrontation publique avec Alain Soral sur les ondes de la radio française Beur FM ? Julien Salingue : Tout d’abord, je souhaite préciser que j’ai accepté de répondre à cette interview dans la mesure où celle-ci me permet de sortir du « tête-à-tête » dans lequel Alain Soral semble vouloir m’enfermer depuis quelques semaines. Mon objectif est de discuter du fond politique, et non de polémiquer avec cet individu. Ceci étant dit, je tiens à rappeler que je n’ai pas lancé, sur Beur FM, de proposition de confrontation publique avec Soral. Comme je l’ai rappelé récemment sur mon blog, « l’histoire » a commencé plusieurs jours auparavant, lorsque le site d’’Égalité et Réconciliation’ (ER) a publié un extrait de l’une de mes interventions lors de l’émission de Frédéric Taddeï, dans une version retouchée puisqu’une incrustation a été rajoutée qui affirme que je mets une « quenelle » à Laurent Joffrin (Directeur de la rédaction du journal (...) Lire la suite »

Guantanamo : Israël exporte son savoir-faire pour "gérer" la grève de la faim

Julien SALINGUE
Depuis février dernier, une grève de la faim a cours à Guantanamo pour protester contre les détentions illimitées et contre les conditions d’incarcération. Ce sont aujourd’hui plus de 100 prisonniers qui refusent de s’alimenter, parmi lesquels 45 sont nourris de force, au mépris de toutes les conventions internationales et des lois états-uniennes elles-mêmes. La pression monte aux États-Unis pour exiger que cette pratique cesse, comme l’illustre la spectaculaire initiative du rappeur Mos Def (alias Yasiin Bey) qui a rendu publique une vidéo dans laquelle il « expérimente » l’alimentation forcée que subissent les prisonniers de Guantanamo. L’administration US, qui apparaît comme étant de plus en plus incapable de faire face aux développements de la grève de la faim des détenus incarcérés à Cuba [sur la base navale US installée sur le territoire cubain - NdR], a décidé de faire appel à des spécialistes de la question : des médecins israéliens. C’est le quotidien israélien Haaretz qui a révélé l’information le 8 (...) Lire la suite »

Lexique médiatique pour mauvais temps politique

Julien SALINGUE, Henri MALER

Court dictionnaire des idées reçues (accompagnées de quelques citations imaginaires).

« Activistes ». Terme préférable à « militants » quand ces derniers défient une autorité réputée pour son « réalisme »* ou son « pragmatisme »*. « Des activistes occupent le terrain dédié à un aéroport par le maire de Nantes ». « Adaptation ». S’impose à tous, en particulier aux « inadaptés » qui la refusent et témoignent ainsi de leur « extrémisme »*. « Affaires ». Terme générique, employé non sans fatalisme, pour désigner les malversations politico-économiques à répétition, sans trop s’indigner du système qui les rend possibles. « Monsieur Cahuzac, pouvez-vous éviter de laisser traîner vos affaires ? » « Archaïsme ». Terme employé pour qualifier tout propos visant à affirmer qu’il existerait des acquis sociaux à défendre, des droits sociaux à conquérir, voire même des emplois à préserver. « L’archaïsme de cet ouvrier qui, en 2013, vêtu d’un bleu de travail, défend son emploi menacé de délocalisation, fait peine à voir ». « Choix ». Se présentent généralement à l’heure. À l’heure des choix, il n’en reste pratiquement aucun pour (...) Lire la suite »
Entretien avec A., incarcéré pendant deux ans et demi dans les prisons israéliennes

"Dans les prisons israéliennes, je n’ai pas vu la lumière du jour pendant trois mois et demi..."

Julien SALINGUE

Mai 2012 : A l’occasion de la grève de la faim de près de 2000 prisonniers palestiniens, je re-publie un entretien réalisé en 2008 avec un jeune militant palestinien incarcéré pendant deux ans et demi dans les prisons israéliennes. Il donne une idée des conditions d’arrestation et de détention des prisonniers palestiniens. (J.S.)

Le texte qui suit est issu d'une longue conversation que j'ai eue le 19 avril 2008 au soir avec A, jeune militant palestinien récemment relâché après deux ans et demi de détention dans les prisons israéliennes. Notre discussion a été riche, elle a duré plusieurs heures et j'ai fait le choix, plutôt que de la résumer, de me focaliser sur un moment particulier de son incarcération, la période d'interrogatoire. Comme souvent lorsque l'on parle de la prison avec d'anciens détenus, notre conversation a été assez chaotique, mon interlocuteur s'interrompant brusquement à de nombreuses reprises, changeant totalement de sujet pour revenir ensuite au coeur de la discussion, se murant dans le silence pendant de longues minutes, perdu dans de désagréables souvenirs, choisissant ceux qu'il allait me raconter et ceux qu'il garderait pour lui. D'après mon expérience, il est assez rare que d'anciens détenus se confient de la sorte. Souvent ils se contentent de dire qu'ils ont été en prison, le nombre de fois où ils (...) Lire la suite »

Processus révolutionnaire dans le monde arabe et question palestinienne

Julien SALINGUE

Le texte qui suit est la première partie d’un article publié dans l’ouvrage collectif Le Moyen-Orient en marche : perspectives croisées, qui vient de paraître aux éditions du Cygne. A la fin de l’extrait, on trouvera le sommaire du livre.

Depuis la défaite de juin 1967 et avec le déclin du nationalisme arabe, la Palestine a souvent été considérée comme le dernier bastion (ou l'avant-garde) de la lutte anti-impérialiste et anti-sioniste au Moyen-Orient. La résistance maintenue des Palestiniens à l'occupation et à la colonisation israéliennes, de la lutte armée des années 1970 aux initiatives dites de « résistance populaire » (à partir de 2005), en passant par la première Intifada (décembre 1987), a longtemps servi de point de référence aux peuples de la région, orphelins des idéaux nassériens et/ou panarabes. Les bouleversements que traverse aujourd'hui le monde arabe interrogent cette approche « classique », selon laquelle les populations de la région accusaient un considérable « retard » sur les Palestiniens, ces derniers étant les seuls à avoir échappé au processus de glaciation politique et sociale entamé dans les années 1970. Certains en étaient même allés jusqu'à considérer que le monde arabe n'était plus un acteur de l'Histoire. Un (...) Lire la suite »

La campagne de Boycott d’Israël : arguments juridiques d’une campagne politique.

Julien SALINGUE
NB : ce texte est la version écrite d'une intervention orale lors d'un colloque organisé à l'ULB. Les actes de ce colloque seront édités. Une version enrichie et argumentée de ce travail donnera alors lieu à publication. La campagne internationale BDS, pour Boycott, désinvestissement et sanctions, entrera en juillet prochain dans sa septième année. C'est en effet en juillet 2005, soit exactement un an après l'avis de la Cour Internationale de Justice au sujet de l'édification du Mur, que 172 organisations, forces syndicales et associations palestiniennes ont lancé l'appel au BDS, dont voici un extrait : « Nous, représentants de la Société Civile Palestinienne, invitons les organisations des sociétés civiles internationales et les gens de conscience du monde entier à imposer de larges boycotts et à mettre en application des initiatives de retrait d'investissement contre Israël tels que ceux appliqués à l'Afrique du Sud à l'époque de l'Apartheid. Nous faisons appel à vous pour faire pression sur vos (...) Lire la suite »
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