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A la suite de la disparition d’Hugo Chávez

CCR du NPA

Comité de rédaction

Dès l’annonce officielle de la mort du président Hugo Chávez ce sont des centaines de milliers de Vénézuéliennes et de Vénézuéliens qui sont descendus dans les rues des principales villes du pays pour dire à la fois leur douleur, leur tristesse et leur inquiétude. Au même moment, c’était la fête dans les quartiers chics de Caracas, là où l’on peut trouver les principaux soutiens de l’opposition la plus réactionnaires et pro-impérialiste, là où l’on a soutenu toutes les menées déstabilisatrices contre le gouvernement bolivarien, à commencer par le coup d’Etat d’avril 2002.

Pour les masses vénézuéliennes qui sont descendues dans la rue et ont commencé aujourd’hui à défiler devant son cercueil, Chávez incarnait ce gouvernement qui leur avait permis de réduire, du moins en partie, la pauvreté. Dans un pays riche en hydrocarbures sur lequel s’était nourri les pires dictateurs au service des « majors », et qui avait par la suite alimenté le régime corrompu COPEI-AN, le chavisme a profité des cours élevés du brut afin de redistribuer, au bénéfice des classes populaire, une partie de cette rente pétrolière. L’amélioration relative des conditions de vie et de travail (logement, emploi, éducation, santé, etc.) pour des millions de Vénézuéliens sous le chavisme sont sans doute les plus grandes avancées que des millions d’exploités du pays ont obtenues depuis les années 1970. Et ça, c’était déjà énorme pour eux. C’est ce que symbolise Chavez pour des millions de personnes. C’est cela qu’ils pleurent aujourd’hui.

Et pourtant, le « socialisme du XXI siècle » ou « socialisme bolivarien », promis par Chávez en 2005, n’a de socialiste que le nom. Le chavisme a su garantir, tout au long de ces années, les principaux ressorts du système capitaliste vénézuélien, la propriété privée des moyens de production, y compris des multinationales, tout en offrant, à travers l’ensemble des rouages de « l’Etat bolivarien », ses syndicats et le PSUV, une soupape de sécurité et un instrument de canalisation du mouvement ouvrier et populaire.

Hugo Chavez a en effet représenté une des clefs d’un processus politique de conciliation de classe et de reconstruction de l’Etat bourgeois vénézuélien et d’un de ses piliers fondamentaux, les forces armées. Son le rôle a été de contenir la révolte et le profond mécontentement des masses exploitées et opprimées et de dévier la lutte des classes populaires afin de construire un nouveau paradigme de gouvernabilité : avec une fraction de l’armée, dont Chávez était issu, et surtout avec la « bolibourgeoisie », la « bourgeoisie bolivarienne », « nationale », favorable à un changement du régime de « Punto Fijo » tout en préservant le régime bourgeois. Le chavisme est, en ce sens, l’expression institutionnalisée de la colère qui avait éclaté lors de la grande révolte du « Caracazo », noyée dans le sang en 1989, mais aussi l’instrument de sa contention, de façon à garantir le capitalisme vénézuélien contre toute explosion incontrôlée des masses ouvrières, paysannes et populaires, et contre tout-processus d’auto-organisation pouvant aboutir à une remise en cause du caractère semi-colonial et corrompu d’un système économique, politique et social alimenté par la rente pétrolière.

Pour renforcer son assise politique et sociale et répondre à cette colère, le chavisme a dû recourir à une démagogie soi-disant « anti-impérialiste », bien rôdée, en prenant notamment quelques mesures nationalistes comme la nationalisation (avec rachat) de certaines entreprises étrangères ou vénézueliennes (dans le secteur des hydrocarbures ou de la métallurgie, dans le cas de Sidor par exemple) mais aussi en faisant quelques concessions aux masses. Le chômage, la pauvreté et l’analphabétisme ont ainsi reculé partiellement au Venezuela, mais c’est surtout l’effet de la redistribution de la rente pétrolière par l’Etat bolivarien. Ce n’est pas pour autant que les travailleurs au Venezuela sont aujourd’hui moins exploités et opprimés. De ce point de vue, Chávez est l’expression relativement timorée - quoiqu’à certains moments le plus à gauche par rapport à d’autres gouvernements latino-américains -, au XXI siècle, de ce qu’ont pu représenter, à d’autres époques, des expériences nationalistes bourgeoises ou de « bonapartisme sui generis » en Amérique latine. Si on compare le régime bolivarien à ces autres expériences d’ailleurs, Chávez a su s’appuyer davantage sur les pauvres et les forces armées plus que sur le mouvement ouvrier organisé, comme avaient pu le faire un Cárdenas au Mexique ou un Perón en Argentine dans les années 1930 et 1940.

Il n’en reste pas moins que tapie dans l’ombre ou se manifestant ouvertement comme lors des dernières élections, la bourgeoisie réactionnaire et ses tuteurs impérialistes sont prêts à reprendre tout ce qui a été concédé aux classes populaires depuis 1998. Dans ce cadre, le chavisme, à travers ses courroies de transmission politiques et syndicales, ne sont aucunement une garantie contre ce retour en arrière. D’où l’inquiétude palpable chez les masses dans les manifestations de mardi soir, à la suite de l’annonce du décès de Chávez.

A l’encontre de ceux qui, sur sa gauche, on pu vouloir poursuivre les mobilisations contre l’ordre bourgeois et l’impérialisme, contre les multinationales et la grande propriété foncière, le régime n’a jamais fait cesser la répression. C’est sous Chávez que des dirigeants syndicaux et de mouvements sociaux ont été assassinés par les « sicarios » à la solde des multinationales, et ces crimes sont toujours restés impunis. Le dernier en date a eu lieu moins de quarante-huit heures avant la disparition de Chávez. Dimanche 3 mars le représentant du peuple originaire Yukpa,Sabino Romero, a été assassiné par des hommes de main à la solde de latifundistes.

Sur le versant extérieur, Chávez a pu s’opposer à la politique militaire agressive de l’impérialisme nord-américain, notamment en matière d’interventions militaires directes, comme en Irak en 2003, en Haïti en 2004 ou au cours des différentes offensives sionistes contre les palestiniens ou le Liban. Cependant, « l’intégration latino-américaine » promise par Chávez n’a jamais été un instrument pour mener une lutte conséquente contre l’impérialisme étasunien et les impérialistes européens et leurs multinationales. Et surtout, alors que nous rentrons dans la troisième année des « printemps arabes », Chávez a été un des principaux soutiens des pires dictatures de la région, comme en témoigne sa solidarité sans faille avec Khadafi ou Al-Assad.

Mais aussi paradoxal que cela puisse paraitre à première vue, l’impérialisme aussi manifeste aujourd’hui son inquiétude. Les analystes les plus lucides savent en effet que, Chávez disparu, aucun de ses « dauphins » plus ou moins désignés et qui se déchirent déjà pour prendre le contrôle des principaux leviers de pouvoir ne serait à même d’être aussi efficace, en termes de consensus et de canalisation de la colère sociale, que ne l’a été Chávez.

La douleur manifestée par la grande majorité des travailleurs, de la jeunesse et des masses du Venezuela est aussi le reflet de la grande souffrance que le peuple vénézuélien endure depuis des décennies et que le chavisme a certes fait reculer sans jamais remettre en cause les bases même de ce système. C’est ce dont témoigne le fait que la répartition de la richesse au niveau national entre capital et travail n’a pas été foncièrement modifiée ou qu’aucun développement économique et industriel sérieux n’a vu le jour depuis la fin des années 1990, Chávez maintenant le caractère fondamentalement rentier de l’économie vénézuélienne qui la caractérise depuis les premières décennies du XX siècle. L’expérience chaviste montre à nouveau combien la bourgeoisie nationale et toutes ses variantes ou expressions est incapable de rompre avec les mécanismes-mêmes qui génèrent cette souffrance : la domination impérialiste et, par conséquent, le caractère semi-colonial de l’Etat capitaliste vénézuélien.

En tant qu’internationalistes, le meilleur hommage que nous pouvons rendre aux masses vénézuéliennes, dans ce moment de deuil, c’est de défendre le drapeau du socialisme, la nécessité d’une révolution ouvrière, la seule qui puisse permettre d’en finir avec les problèmes structurels auxquels ont à faire face les masses vénézuéliennes. C’est en ce sens que le Courant Communiste Révolutionnaire appuie le combat des marxistes révolutionnaires vénézuéliens qui oeuvrent à une alternative au chavisme et au PSUV, de classe et socialiste.

Source : http://www.ccr4.org/A-la-suite-de-la-disparition-d-Hugo-Chavez

06/03/2013.

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COMMENTAIRES  

08/03/2013 22:29 par BQ

Petite correction, ce n’est pas le CCR du NPA qui a écrit cet article, c’est Paulo Paranagua du Monde : je m’étais laissé avoir moi aussi.

09/03/2013 02:20 par legrandsoir

On se disait aussi...

09/03/2013 13:26 par BQ

Franchement, j’ai du mal à comprendre ce vomi tellement il est issu d’ignorants. Ignorance et je ne m’attarderai que sur un point, le reste n’est qu’insensibilité et mépris pour le peuple vénézuélien qu’ils prétendent défendre ("Et c’est déjà énorme pour eux" écrivent-ils : ben oui, ces bouseux s’estiment heureux d’avoir lutté pour une éducation, santé, retraite, allocations familiales, logement, alimentation, ça n’a biensûr rien avoir avec l’inénarrable théorie de lutte de classes révolutionnaire et anti-étatique trotskiste de sofa) et rhétorique inepte sans justification reprise des meilleurs médias vénézuéliens d’opposition ("expression institutionnalisée de la colère", "préservant le régime bourgeois", "processus de reconstruction de l’Etat Bourgeois"...Etc) .

Le voici : accuser le "régime" vénézuélien de n’avoir "jamais fait cesser la répression [du mouvement social]" en utilisant l’assassinat de Sabino Romero est, au mieux, mal intentionné et preuve d’une ignorance sans nom, au pire, extrêmement dangereux et relève d’un délit pour calomnie. Pour votre gouverne, les paramilitaires colombiens font régulièrement des incursions sur plus de 2000 km de frontières communes Colombie/Vénézuéla (voir l’instrumentalisation du cas Joe Castillo par la CIDH, ça vous dit rien ? Pourtant très comparable à l’assassinat de Romero...), notamment depuis 2002 avec l’explosion du paramilitarisme sous Alvaro Uribe. La zone frontalière est donc extrêmement sensible et dangereuse car les intérêts des ganaderos, des autorités locales (souvent de droite comme le Zulia) et des paramilitaires se croisent. Il s’agit d’un couloir privilégié pour le commerce d’armes, de drogues et de déstabilisation volontaire pour ensuite faire porter le chapeau au gouvernement national vénézuélien. Malgré cela, et personne n’en parle, la FANB a réalisé de nombreuses opérations militaires dans les zones frontalières pour endiguer ce fléau, le gouvernement vénézuélien a déployé des forces spéciales d’intelligence, des mesures de sécurité pour les communautés dans le cadre de l’internationalisation d’un conflit armé qui n’est pas le sien. Dans le cas du massacre de la Gabarra (1999, Colombie), par exemple : quasi une centaine de civils assassinés cruellement, des communautés fuyant vers le Venezuela, et sur un pont de frontière c’est la FANB qui a tiré sur les paracos qui poursuivaient les derniers survivants. Non ce n’est pas de la science-fiction. Et au lieu d’accuser l’extrême droite vénézuélienne alliée aux paracos colombiens, créatures de l’Etat Colombien qui les tolère, les nourrit, lave leurs crimes impunis, menace, stigmatise, éradique qui se met en travers de leur chemin, ayant tenté de déstabiliser son voisin révolutionnaire, le petit comité de rédaction ultra-sectaire du CCR du NPA ose laisser entendre qu’il s’agit de "répression de Chavez".

Vayanse al carajo hablamierdas !

Si vous voulez on compare votre révolution avec celle du peuple vénézuélien et Chavez quand vous voulez cher Paulo Paranagua du Comité de Rédaction "d’analyste les plus lucides" du CCR du NPA !

PS : Je me permets car, là , vraiment, 2 jours après la mort de Chavez + les attaques contre les pays en état de résistance, ça sent vraiment le "petit-bourgeois gauchiste réactionnaire" comme ils aiment à appeler les autres.

25/10/2013 15:03 par Emilio

Bravo BQ , tu m enleves les mots de ma bouche compañero !

Et maintenant plusieurs mois apres la mort du camarade Chavez , que vaut cette analyse puante ? NADA et la democratie participative socialiste continue et s affirme , dommage n est-ce pas ¿

>>>"Les analystes les plus lucides savent en effet que, Chávez disparu, aucun de ses « dauphins » plus ou moins désignés et qui se déchirent déjà pour prendre le contrôle des principaux leviers de pouvoir ne serait à même d’être aussi efficace, en termes de consensus et de canalisation de la colère sociale, que ne l’a été Chávez."

Lucide.. en effet.. dauphin.. dechirent.. warf , Paranagua lucide ? c est un leche cul de Capriles de la droite fasciste latina avec pour base Miami et les frustres anti castristes .. oser parler du peuple venezuelien de cette maniere.. c est repugnant d arrogance , Para.nagua c est la Cia d Otto Reich qui te paie ta lobotomie ?

" aucun développement économique et industriel sérieux n’a vu le jour depuis la fin des années 1990"

au refrain des fascistes et en choeur )) franchement , c est d un tel ridicule d ecrire des conneries pareilles, carrement de la desinformation des plus grossieres . On n entend pas beaucoup la correspondante de Paranagua en Colombie , cette prof d universite qui ne sort pas de son trou luxueux bogotano et prend ses infos colombiennes de sources sures > dans les cocktails de congressistes et d ambassades , un autre faisait dans le meme genre il s appelait Jacques Thomet, periodismo sin fronteras , un uribiste pur sang celui la .. mais qui ne sortait pas des salons feutres de son Bogota .. parce que la Colombie , c est dangereux vous savez …
http://www.periodismosinfronteras.org/referendo-necesario-contra-la-corte-suprema.html
abolir la cour supreme de Colombia, ah voila une idee qu elle est bonne, et surtout pour le criminel Uribe qui ne risquerait plus rien .. il est des journaleux comme ceux la , un pouvoir de droite terroriste leur glisse des billets verts dans les poches, leur souffle dans les oreilles et ils en fond des billets d”information” .. serviles

http://www.periodismosinfronteras.org/categorias/tabula-rasa-sin-fronteras/colombia
enero 27, 2013 Por Ricardo Puentes Melo
“Cada fuerza izquierdista tuvo su propio genocida y dictador. Los del PCC enfeudados a Moscú tienen en su haber a Lenin y Stalin ; luego vinieron los maoístas. El MOIR se embarcó en la tarea de defender a Mao y redorar el nombre de Stalin”
Je sens comme un refrain de Miami , de ces gusanos anti castriste anti communiste qui mene la danse. Pas de massacres des peuples pour ces vermines fascistes , juste des barrages aux communistes , pas d executions de journalistes, juste eviter la contagion … les paramilitaires ¿ indispensable pour “contenir” la vague rouge qui est un danger pour nos oligarques garants de la liberte “ordre et securite” .

RSF reconoce efectivamente que recibe financiamiento de la Endowment for Democracy (NED) y del Center for Free Cuba (CFC).
su verdadera actividad, desde que firmó un contrato con la maquinaria de propaganda de Otto Reich, es la lucha contra los regímenes progresistas latinoamericanos (Cuba, Haití, Venezuela).
Qui paie les musiciens paie la musique ))) et en $$$$ svp …journaleux larbins , auto lucides, dont la misión est de fermer les yeux sur les crimes de masses des fascistes latinos..

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