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Appel de Lauri Love pour Julian Assange

Juin 2018. Intervention devant l’ambassade d’Equateur à Londres

Bonjour tout le monde, je suis Lauri Love.

Je suis ici aujourd’hui pour appuyer mon ami Julian Assange qui, comme vous le savez, est détenu arbitrairement depuis plus de sept ans, six ans à l’intérieur de cette ambassade.

Mais je suis aussi ici, comme Ciaron l’a mentionné, parce que je n’ai pas été kidnappé et emmené dans un pays que je n’ai jamais visité à des milliers de kilomètres à l’étranger, pour y être enfermé pendant 99 ans potentiellement - c’est-à-dire le reste de ma vie - parce que j’ai été accusé de participer à des activités en ligne.

Après la mort d’Aaron Swartz, un jeune homme merveilleux qui était un prodige de l’Internet et qui s’était opposé avec succès à une terrible législation aux Etats-Unis en 2001 qui allait porter atteinte aux libertés sur Internet, et qui était associé à Wikileaks. Et un an plus tard, parce qu’il avait commis le "crime" de télécharger trop d’articles de journaux du MIT (une université américaine - NdT), entre guillemets, une plainte a été déposée contre lui, les services secrets l’ont attrapé et il a été persécuté, je crois, pour avoir été un militant de la transparence dans l’information et une personne qui se battait pour les oppressions sur Internet et pour la démocratie.

Malheureusement, à cause des injustices du système de justice pénale américain, Aaron Swartz risquait 30 ans de prison et des millions de dollars d’amendes, encore une fois, pour avoir simplement téléchargé des articles scientifiques qu’il avait la permission de consulter, en raison des problèmes avec le Computer Fraud and Abuse Act. Malheureusement, Aaron Swartz, confronté à un choix qu’il ne pouvait accepter ni l’un ni l’autre, en raison du système de négociation de plaidoyer qui contraint et intimide les accusés dans 97 % des cas à plaider coupable et à ne pas avoir leur chance au procès, s’est suicidé, en raison de l’injustice et l’oppression dont il est victime. En réponse à la mort d’Aaron, il y a eu une campagne militante ciblant, via Internet, les systèmes du gouvernement américain pour envoyer un message pour réformer ce système de justice pénale.

Quelque temps après, j’ai été arrêté par notre agence criminelle nationale qui s’est déguisée en livreur d’UPS pour entrer par effraction dans notre maison sous de faux prétextes, et un an plus tard, trois États américains différents ont demandé mon extradition et je risquais 99 ans de prison. Et je ne serais pas ici aujourd’hui si je n’avais pas réussi à faire appel contre cette extradition, ce que je n’aurais pas pu faire sans l’aide de la Courage Fondation, une organisation qui défend les lanceurs d’alerte et les hacktivistes pour les aider à se défendre et à agir. Et cette organisation est née de Wikileaks et Julian Assange et de leur soutien à Edward Snowden, après son acte héroïque de dénonciation de la surveillance illégale massive.

Et parce que je ne suis ici que grâce à la solidarité que j’ai reçue, et parce que je suis ici en dépit d’un traité d’extradition entre le Royaume-Uni et les États-Unis qui n’exige pas la moindre preuve pour prouver qu’un crime a été commis, et encore moins pour prouver l’existence d’un doute raisonnable. Et comme je l’ai dit plus tôt, si quelqu’un entre dans le système de justice pénale américain au niveau fédéral, ses chances d’avoir un procès, de s’en sortir devant les tribunaux et d’être acquitté, ne sont que de 3 %. Donc, parmi toutes les personnes ici présentes, moins de cinq d’entre vous, moins de trois d’entre vous auraient droit à un procès. Malheureusement, il y a une perspective très réelle, malgré le fait que la police métropolitaine et le gouvernement britannique refusent de répondre à cette question, même si elle n’est pas niée, il y a une perspective réaliste que Julian Assange soit soumis à un processus d’extradition similaire.

Il n’aura pas l’occasion de contester les allégations parce qu’elles ne seraient pas étayées par des éléments de preuve et il n’aura aucune chance d’avoir un procès équitable aux États-Unis.

Je suis donc ici aujourd’hui, dans l’espoir que la petite victoire que j’ai remportée puisse inspirer d’autres personnes à se battre pour Julian et contre le gouvernement des États-Unis qui, depuis trop longtemps, tente d’exercer une juridiction extraterritoriale, d’être la police du monde et de faire croire au monde que leurs lois peuvent être appliquées partout. Julian Assange n’aurait pas pu commettre un crime aux États-Unis, tout comme je n’aurais pas pu commettre un crime aux États-Unis, parce qu’il n’y a jamais mis les pieds.

Et tout ce que Wikileaks a fait, c’est de fournir au public ce dont il a le plus besoin pour faire rendre des comptes au pouvoirs, pour obtenir justice et la démocratie, et c’est la vérité. Et sans vérité, il n’y a pas de pouvoir, il n’y a pas de possibilité pour le public de dire la vérité au pouvoir. Et à moins que la vérité ne puisse être dite au pouvoir, il y aura toujours des abus et des injustices. Et nous voyons tout au long de la période pendant laquelle Julian a été détenu, que le monde est devenu un endroit beaucoup moins stable en raison de l’exercice incontrôlé du pouvoir. Et la seule façon d’améliorer cette situation, c’est de continuer à se battre pour les diseurs de vérité. Et il n’y a pas de meilleur exemple, à mon avis, d’un diseur de vérité à notre époque que Julian Assange.

Donc, parce que Julian s’est battu pour le droit du public de savoir ce qui est fait en son nom, avec son argent, avec le pouvoir qui leur a été confisqué, souvent pour créer de terribles souffrances et misères dans le monde à travers les guerres et autres abus, à cause du courage de Julian qui a pris de tels risques et a subi de telles persécutions pour nous rendre le pouvoir, nous devrions nous sentir dans l’obligation d’être aussi courageux, de faire preuve de courage et de volonté pour nous donner les moyens de faire en sorte que justice soit rendue à Julian, qu’il puisse bénéficier des droits qui lui sont refusés, en vertu des obligations internationales, de la Convention de Vienne, que son asile soit respecté et qu’il soit finalement autorisé un passage sûr et d’éviter une injustice certaine, à savoir une extradition vers les États-Unis.

J’espère donc que les gens auront un peu de courage, qu’ils verront peut-être que j’ai eu de la chance grâce à l’aide et au soutien que j’ai reçus de la Courage Fondation, de gens comme vous, de campagnes organisées, d’efforts soutenus et de gens qui croient que justice peut être faite, que nous pouvons appliquer cet espoir, que la victoire est possible et que nous pouvons soutenir Julian et veiller à ce que justice soit faite, parce que nous dirons aux pouvoirs en place, à l’establishment juridique du Royaume-Uni, aux médias, au public, que nous ne laisserons pas l’injustice se produire et que nous continuerons à lutter pour le droit à la vérité, pour que ceux qui disent la vérité puissent continuer la dire et donner au public la possibilité de l’entendre.

Alors, merci à vous.

Lauri Love

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