Incroyable ! La CIA considère comme «  terroristes » ceux qui ont combattu Pinochet les armes à la main

Alma

25 Octobre 2010 - Victor Toro, un des fondateurs du Mouvement de la Gauche Révolutionnaire (MIR) au Chili, vit aux Etats-Unis depuis 25 ans, où il est arrivé en raison de la persécution et du massacre des militants de gauche qui avaient lieu dans tout son pays durant la dictature d’Augusto Pinochet (1973 - 1990).

Comme 20 millions de personnes aux États-Unis, Toro est un immigrant illégal, et il est persécuté pour cette raison par la Police de l’Immigration, qui tente de le déporter depuis 2007.

« Je suis arrivé aux USA en m’échappant, en tentant de me cacher de l’"Opération Condor". Je ne suis pas venu par goût ou par désir, mais parce que je n’avais d’autre choix que de vivre comme un « sans-papiers », soutient Toro en communication avec La Radio del Sur.

Cependant, sa condition de sans-papiers n’est pas la seule source de problèmes pour cet immigrant forcé, qui affronte déjà la justice à cause de cela.

Les autorités des États-Unis qualifient Toro de "terroriste" en raison de son appartenance au MIR, qui, pour avoir fait front avec les armes au régime criminel de Pinochet, est couché par la CIA sur la liste des organisations qui pratiquent le terrorisme…

UN MORT AU MILIEU DES PROBLàˆMES

Toro a raconté qu’il a été arrêté par la Police de l’Immigration en 2007, quand il voyageait en train de Chicago à New York. Depuis ce moment, il a eu à répondre de l’accusation d’être sans papiers. Cependant, depuis trois ans, les autorités judiciaires veulent ajouter à sa condition de déporté l’"aggravation" de son militantisme révolutionnaire au Chili.

"Maintenant, depuis trois ans, le gouvernement des États-Unis considère que ma participation à la fondation du MIR, dont je m’enorgueillis, est un délit, une aggravation de ma situation" a-t-il expliqué.

Mais il y a un élément dans l’affaire de Toro qui rend impossible une résolution immédiate. Vendredi dernier, lors de sa dernière comparution devant la justice de l’immigration à New York, il a fait savoir qu’il était mort au Chili il y a plusieurs années.

"Ce vendredi est apparu le thème de ma condition de mort, assassiné au Chili au temps de la Dictature. Nous avons présenté un certificat de décès émis par le gouvernement de Pinochet et contre-signé par le gouvernement de Michelle Bachelet (2006-2010)", a énoncé le fondateur du MIR.

La mort de Victor Toro a été inscrite par la dictature militaire chilienne au Journal Officiel, manoeuvre qui cherchait à l’empêcher d’entrer ou sortir de son pays, et qui rend actuellement son retour impossible.

L’ACCUSÉ ACCUSE

L’objectif principal de Toro en ce moment est d’obtenir l’asile politique aux USA "parce qu’au Chili ceux qui ont fait le coup d’état, et qui n’étaient pas seulement des militaires, sont plus vivants que jamais. Les grandes entreprises qui ont fait du profit pendant la dictature militaire sont maintenant revenues au pouvoir, et c’est pour cela que j’exige l’asile politique" a-t-il dénoncé.

Mais au delà de sa demande d’asile, le militant Chilien essaie de faire prendre un tournant aux accusations qui pèsent contre lui et d’accuser les Etats-Unis d’avoir participé à sa persécution durant la dictature de Pinochet.

"Les Etats-Unis ont participé honteusement au coup d’état qui a commencé avec l’assassinat du président Salvador Allende et c’est quelque chose dont ils ont à répondre ." a-t-il souligné.

Pour étayer cette accusation, Toro a présenté lors de sa dernière déclaration devant la justice de l’immigration, des documents qui détaillent la participation de la Maison Blanche à l’Opération Condor.

L’Opération Condor a été un plan de coordination des opérations entre les décideurs des gouvernements dictatoriaux du Cône Chili, Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay et Bolivie - avec la CIA, déclenché durant les années 1970 - 1980.

"Nous avons apporté tous les documents déclassifiés qui existent et ceux qu’ont produits les organismes des droits de l’homme sur la participation des États-Unis aux dictatures militaires d’Amérique Latine. Maintenant, c’est nous qui accusons l’impérialisme" a-t-il fait remarquer.

Avec ces documents comme preuve, Toro accuse les responsables de l’Opération Condor d’avoir une responsabilité dans des assassinats comme celui du Commandant en Chef de l’Armée Chilienne, Carlos Prat, et de son épouse, perpétré en Argentine en 1974.

"Nous avons accusé les Etats-Unis d’avoir directement participé à l’assassinat du chef de l’armée Chilienne René Shenaider en 1970 pour empêcher Salvador Allende d’assumer la présidence" a-t-il indiqué.

Toro a affirmé que le combat pour l’asile politique leur permettra de démontrer "la participation de l’impérialisme dans les coups d’état, non seulement au Chili, mais aussi en Argentine, Uruguay, Paraguay, Bolivie, auparavant au Brésil et au Pérou, en Amérique Centrale et dans quelques pays des Caraïbes."

"Celui-ci nous permettra aussi de placer au premier plan la lutte pour la légalisation pour 20 millions d’immigrants sans papiers, de déclencher les batailles contre les rafles et les déportations et c’est ce que nous faisons et continuerons à faire" , a-t-il détaché.

Pendant ce combat, Toro réside dans le Bronx, New York, endroit qu’il appelle "les entrailles du monstre", et à partir de là il mène sa lutte pour la défense des droits des immigrants aux États-Unis.

Source :
www.aporrea.org/tiburon/n168256.html

COMMENTAIRES  

01/11/2010 13:47 par Benoit

Incroyable, c’est le monde à l’envers...En plus de tout le reste ils ont même le culot de donner le Nobel de la Paix en 1973 au boucher de Henry Kessinger....

01/11/2010 18:21 par M26.7

Incroyable ! Bien sûr que non.
Les pieuvres du capital considèrent comme terroristes tout ceux qui ne pensent et agissent comme eux. Je suis donc particulièrement fier d’ être un "terroriste".

02/11/2010 02:26 par Chien Guevara

En effet, rien d’incroyable à celà  : c’est la CIA qui a mis en place Pinochet, en renversant le "méchant" Allende !

03/11/2010 11:55 par Serge Charbonneau

« Incroyable ! La CIA considère comme « terroristes » ceux qui ont combattu Pinochet les armes à la main »

Doit-on se surprendre d’une telle nouvelle ?
D’une telle aberration ?

Venant des États-Unis, non.
Après tout, il faut se souvenir que ce n’est que depuis juin 2008 que Nelson Mandela n’est plus considéré comme étant un terroriste.

Le 2 juillet 2008 (incroyable), on pouvait lire :
« George Bush s’apprête à faire un « cadeau » "inestimable" à Nelson Mandela. Celui qui fut le leader du Congrès National Africain (ANC) et héros de la lutte contre l’Apartheid va pouvoir aller et venir librement aux États-Unis et ne sera plus considéré comme un terroriste potentiel. Le président américain a reçu du Congrès un projet de loi visant à retirer des bases de données de l’immigration américaine le nom de l’ancien prix Nobel de la Paix et va le signer très prochainement. Jusqu’à présent le nom de Nelson Mandela et celui de ses compagnons de l’ANC, figurait sur la liste des personnes à surveiller. Le Secrétaire d’État devait certifier que le vieux leader africain n’était pas un terroriste pour que Nelson Mandela puisse pénétrer aux États-Unis. »

« … les États-Unis considéraient en effet l’ANC comme une organisation communiste souhaitant briser le régime pro-occidental de l’Afrique du Sud. Depuis la législation introduite dans les années 80, sous Ronald Reagan, les membres de l’ANC pouvaient se rendre au siège des Nations unies à New York, mais pas à Washington ou dans le reste des États-Unis. »

http://www.lefigaro.fr/international/2008/06/28/01003-20080628ARTFIG00503-nelson-mandela-n-est-plus-un-terroriste.php

Les États-Unis n’en sont pas à leur première politique injuste afin d’imposer leurs vues !

Serge Charbonneau
Québec

08/11/2010 12:48 par Anonyme

Dans ce cas, pourquoi pas mettre aussi sur "la liste", devant laquelle s’incline bien bas l’"Union Européenne" qu’on nous a vendue sous le nom d’"Europe", ceux qui ont combattu Franco et Mussolini ?

Et Hitler, donc ! Ainsi, la boucle serait bouclée : les Résistants au nazisme seraient bien des "terroristes", tels que ceux-ci les dénommaient.

Après 60 ans, il en vit encore, et qui connaissent l’appel : "TOUS AUX ABRIS !"

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