Furieuse envie

Pascal BEAUGEARD

« Quand l’existence de la majorité est devenue tellement pénible qu’elle ne peut plus y tenir, c’est ordinairement alors qu’éclate l’insurrection des opprimés contre les oppresseurs. » (Tribun du peuple n°34- 6 nov.1795)

« Perpétuelle (la guerre), elle commence dés que les institutions tendent à ce que les un prennent tout et à ce qu’il ne reste rien aux autres » (Tribun du peuple n° 34- 6 nov.1795)

« Qu’il (le peuple) renverse toutes ces anciennes institutions barbares et qu’il y substitue celles dictées par la nature et l’éternelle justice. » (Le manifeste des plébéiens)

A entendre le premier ministre britannique David Cameron ce jour -la bataille a vraiment commencée et nous serons sans pitié…- dit-il. Nous pourrions aisément être portés à croire que c’est nous, les masses populaires, qui avons déclenchées les hostilités.

Comme le dit Babeuf, l’auteur cité ci-dessus, je pense que le peuple n’entre en guerre que dans la réaction. Réaction à l’oppression et à la misère, à la dégénérescence des « élites ».

Nous y sommes ? Tant mieux !

Quelque soit le terme que nous employons à l’encontre de ces « élites ». Démocrates, républicains, philanthropes, nantis, capitalistes, technocrates, ploutocrates, politiciens, capitaine d’industrie… menteurs, voleurs, assassins… ect, ect. Le constat est qu’ils se posent là en ordre privilégié. Soumettant, votant et exécutant les lois favorisant leur castes au détriment des peuples. Subordonnant les forces répressives par la corruption (l’octroi des budgets). Infantilisant et subjuguant les masses par une successions de mythe soi-disant fondateurs. Extrudant de fait des millions de personnes de ce qui fait la liberté.

Ordre privilégié conceptualisant son propre environnement, ils sont de mon entendement le ver dans le fruit. Ils sont la dent creuse, cariée, pourrie qu’ils nous faut arracher sous peines de prolifération des souffrances.

Cependant, ayant par la puissance corruptive de l’argent et de mensonges répétés mis sous séquestre la vertu des voies (ou voix) démocratiques. Vu l’enracinement dans les têtes et dans les corps de leur idéologie et la profondeur du changement recherché par la masse populaire dans sa diversité, il serait naïf et dangereux de croire que nous pourrons mettre à bas l’ogre dominant sans recours à l’illégalité et à la violence.

Des grecs marchant en rang serrés en passant par les tunisiens, égyptiens ou espagnols occupant les places jusqu’aux britanniques semant le chaos, tous participent d’un même mouvement qui ne peut qu’aboutir à l’affrontement nécessaire à la destruction de l’ordre établi. Passage obligé menant à l’avènement d’une société nouvelle. Egalitaire non seulement de droit mais aussi de biens.

La crise systémique globale actuellement à l’oeuvre nous offre l’opportunité d’amalgamer les divers courants de lutte. Faisons fi de nos particularismes pour ne pas rater une si belle occasion. Cette caste d’accapareurs ayant fait du bonheur commun une question de réductions des déficits budgétaires et d’offrandes au « marché », il nous faut faire table rase de ce temps. Les bannir de la vie citoyenne, les déchoir de leurs richesses et les expulsés au loin.

Pour cela tous les coups sont permis et même réclamés !

Les possédants et leurs affidés ont voulu la mondialisation. Concédons leur une mondialisation révolutionnaire jusque dans ses plus terribles incidences. Tout plutôt que l’insupportable déchéance de l’humanité.

Pascal Beaugeard

COMMENTAIRES  

12/08/2011 07:55 par babelouest

Pour extrémiste que puisse paraître cette analyse, elle n’en est que parfaitement logique. Quand des humains assujettissent les autres humains à leur simple contentement, à leurs phantasmes de domination, à leur boulimie de richesses, il est nécessaire, sain et légitime de les empêcher de nuire.

Ce faisant, il faut s’appliquer à ne pas remplacer ceux-là par d’autres, aux dents aussi longues. C’est ce qui s’est passé le plus souvent au cours des révolutions. C’est pourquoi une humanité viable ne peut fonctionner que dans la fraternité la plus totale, née de l’égalité entre tous acceptée et assumée. Cela implique que la "démocratie" ne puisse se concevoir que comme un leurre.

Ce qui fonctionne bien, c’est ce que Bakounine avait commencé à mettre en place en Russie, en 1905. Les Bolcheviks ne lui ont pas laissé le temps de parachever son oeuvre. Il appelait cela les cercles de décision. Vingt ou trente personnes par cercle, pas plus. Et quand une décision ne pouvait se faire que dans un cercle plus large, chaque cercle de base élisait (mandat unique, spécifique et non renouvelable) un de ses membres, qui allait porter l’avis commun à un plus grand cercle, et voter dans le cadre de celui-ci. Ce concept, qui fonctionnait bien, s’appelait les Soviets. Lénine s’en est emparé, pour en faire l’armature de sa hiérarchie de fer, dictatoriale et sclérosée. La Commune de Paris fonctionnait sur des bases similaires.

On notera que dès que les humains se mettent à agir intelligemment, des vautours s’ingénient soit à accaparer l’outil, soit le briser. Pour une certaine "élite", la notion d’égalité vraie est inconcevable.

12/08/2011 20:27 par Pascal Beaugeard

C’est pourquoi une humanité viable ne peut fonctionner que dans la fraternité la plus totale, née de l’égalité entre tous acceptée et assumée.

Je ne souhaite rien d’autre.

Pour une certaine "élite", la notion d’égalité vraie est inconcevable

D’où la teneur extrémiste de mon propos

12/08/2011 22:22 par sam

bakounine est mort en mille huit cent soixante-seize...

avec tout le respect que je lui dois, - c’est un grand inconnu - on ne peut lui conférer quelque réussite révolutionnaire que ce soit

les théories révolutionnaires sont nécessaires mais c’est à l’aune de la pratique que l’on peut les juger

à ce titre, lénine est un géant

bakounine était de toutes les barricades mais aussi de toutes les défaites ; ces "théories" (je mets des guillemets car il n’était pas théoricien mais militant permanent, et c’est à ce titre que le trouve hautement estimable), ces théories n’ont conduit à rien de réel, si ce n’est quelques complots ratés

il était un des rares à avoir réellement compris le Capital de Marx (dixit Marx...) à l’époque, et Lénine plus tard ira plus loin

la révolution n’est pas un diner de gala

13/08/2011 00:48 par babelouest

Peut-on comparer Bakounine et Lénine ? Leurs interprétations de Marx divergeaient vraiment. Le second a seulement ramené la dictature. Il n’est pas allé plus loin, il est allé trop loin. La poigne de fer du Parti a fait couler bien du sang. Vouloir trop centraliser n’est pas le bon moyen, on retombe dans l’ornière du despotisme, fût-il éclairé.

Bien sûr, c’est sur cette différence que tout se joue : partir du haut, ou partir du bas. La réalisation est forcément toute différente. Pour l’écologie, il est plus facile de partir du bas aussi.

13/08/2011 10:53 par sam

Ben c’est toi qui les compare, en disant que Lenine n’a pas laissé le temps à Bakounine en 1905 (sic)

Il faut nous expliquer comment on fait une révolution, en soumettant la très puissante bourgeoisie, sans établir une dictature sur elle...

Partir du bas, c’est ce qu’ont fait les bolcheviks, et puis il faudra expliquer en quoi les interprétations de Marx par Lenine et Bakounine divergent ; simplement le second comprend et s’approprie la lecture matérialiste de l’histoire quand le premier développe les outils pour réaliser la révolution qui est la suite logique

13/08/2011 11:16 par Académique

Pardon de m’attarder à des détails de forme dans cet article qui mérite d’être commenté sur le fond, mais je voudrais signaler des fautes qui sont malheureusement courantes et qu’il faudrait éviter.

"Quelque soit le terme que nous employons à l’encontre de ces « élites ». Démocrates, républicains, philanthropes, nantis, capitalistes, technocrates, ploutocrates, politiciens, capitaine d’industrie… menteurs, voleurs, assassins… ect, ect."

1 - On n’écrit pas " Quelque soit le terme" mais "Quel que soit le terme" qui donnerait au pluriel " Quels que soient" et au féminin "Quelles que soient".

2- ect, ect. C’est Etc. qu’il faut lire en sachant que cette abréviation, comme toutes les abréviations doit être suivie d’un point, même au milieu d’une phrase : "les menteurs, voleurs, assassins, etc., quels qu’ils soient..."

3- Etc. signifiant "et la suite", il ne faut jamais le répéter, ce qui ferait un bégaiement :" et la suite et la suite".

Je sais, j’énerve, mais si j’aide ausi...

13/08/2011 12:43 par Pascal Beaugeard

@ Académique

Quel que soit votre avis sur le fond, merci.

13/08/2011 19:15 par babelouest

@ Sam
Bien sûr, il s’agissait d’une image. En 1905 Bakounine n’était plus là , mais les anarchistes, si. Leur mode de pensée excluait la dictature du prolétariat, et l’appareil pesant qui s’est mis en place. Les cercles de décision qu’ils avaient mis en place ont été balayés par les Bolcheviks. Dommage.

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