12 

« Je ne veux pas suivre les ordres des riches »

Richard STALLMAN

Père du logiciel libre, gourou pour les uns, visionnaire pour les autres, Richard Stallman fascine. Rencontre avec le pire ennemi de Bill Gates et de feu Steve Jobs. Richard Stallman nous explique en quoi les logiciels propriétaires érigent un système de domination.

Regards.fr : Dans les années 1970, alors que vous êtes un brillant étudiant en mathématiques et en physiques à Harvard, vous arrêtez vos études. Pourquoi ?

Richard Stallman : J’ai en effet commencé un doctorat en 1974. A cette époque, j’avais déjà rejoint l’institut de technologie du Massachussets (MIT) depuis trois ans et découvert la communauté des hackers. Je voulais améliorer le quotidien des gens, créer des choses qui leur soient utiles. L’informatique, tel qu’il se développait alors, me permettait ce plaisir-là . Un hacker [1] s’amuse avec l’intelligence artificielle dans une perspective ludique et pas toujours pour des raisons pratiques, éthiques ou scientifiques. J’ai renoncé à mon doctorat pour me consacrer à la programmation. Quand un nouvel hacker venait au MIT pour s’amuser avec notre système, nous avions gagné une personne de plus pour notre communauté et nous étions contents. A cette époque, le partage des programmes et la coopération scientifique étaient des valeurs fortes. Autour de moi personne ne souhaitait restreindre les logiciels ; nous étions dans la logique du logiciel libre sans nous en rendre compte. Notre communauté est morte en 1982 à cause de la pression commerciale qui s’exerçait sur nos recherches, nos vies et sur le MIT. Et pire encore : le MIT s’est converti à un système d’exploitation en logiciel « privateur ». Je reviendrais sur cette notion. Pour moi, eu égard à la façon dont je vivais, c’était une honte, un désastre. J’avais perdu la possibilité de vivre en liberté. J’ai donc démissionné du MIT en 1984 pour écrire le code d’un système d’exploitation libre : GNU. Je ne regrette rien. Je vis toujours comme un étudiant, je ne veux pas suivre les ordres des riches.

Regards.fr : Et c’est à ce moment-là que vous créez la Free Software Foundation…

Richard Stallman : J’ai lancé le mouvement du logiciel libre en 1983 et j’ai fondé la Free Software Foundation deux ans plus tard. Pour moi, il s’agissait de préserver une manière de vivre. J’ai résumé la philosophie du logiciel libre en trois mots qui plaisent aux Français : liberté, parce qu’elle respecte les utilisateurs ; égalité, car le logiciel libre ne donne de pouvoir à personne ; et fraternité, car le logiciel libre encourage la coopération entre les utilisateurs. J’ai mis des années à faire comprendre que free ne signifiait pas « gratuit ». Certes, la plupart du temps les programmes sont disponibles gratuitement, mais parfois nous les vendons car cela nous permet de pérenniser des emplois. L’idée centrale du logiciel libre est que ce sont les utilisateurs qui contrôlent le programme et non l’inverse. Pour vivre en liberté, on a besoin que les programmes possèdent quatre libertés essentielles : celle d’utiliser le programme Richard Stallman comme on veut, celle d’étudier le code source et de le modifier à notre guise, celle de pouvoir faire des copies du programme et de pouvoir les distribuer, et enfin, celle de contribuer à sa communauté en distribuant des versions modifiées.

Regards.fr : Si tout est libre, comment protéger les auteurs, les artistes, leurs oeuvres, les logiciels… ?

Richard Stallman : Il faut distinguer chaque chose. Les logiciels de tous les jours : les recettes de cuisine, les jeux, les livres ou les vidéos éducatives… devraient épouser le modèle du logiciel libre pour que chacun puisse contribuer à leur développement. En ce qui concerne la pensée, les essais ou encore les travaux de recherches, l’idéal serait que les données soient partageables dans une copie exacte et de manière non commerciale. Quant aux oeuvres d’art, elles devraient également être partageables mais non modifiables pendant dix ans et ensuite tomber dans le domaine public. Je refuse l’idée que l’appréciation d’une oeuvre impose un rapport de dette vis-à -vis de l’artiste. Pour soutenir les artistes et leur travail, il faut créer une subvention. Il faut modifier le système européen d’impôt sur le disque vierge et lui ajouter un impôt sur la connexion internet. Pour que la subvention d’un artiste soit juste, elle doit représenter la racine cubique de sa popularité. On pourrait également encourager le paiement volontaire pour utiliser les oeuvres : chacun pourrait, s’il en a envie, donner de l’argent à l’artiste de son choix.

Regards.fr : Vous parlez de logiciels « privateurs » de libertés, vous allez même jusqu’à parler de colonisation numérique…

Richard Stallman : Oui, je préfère la notion de logiciel « privateur » à celle de logiciel propriétaire. Les programmes « privateurs » imposent le pouvoir de quelques uns. Ils érigent un système de domination. Ils divisent les utilisateurs et les maintiennent dans un état de soumission en interdisant le partage des copies, l’appropriation du code source et la possibilité pour les programmateurs de le changer en un code exécutable et transformable.

Regards.fr : Vous avez créé GNU… de quoi s’agit-il ?

Richard Stallman : Il s’agit de droits de l’homme et de liberté. Il fallait créer un système d’exploitation de type Unix [2] mais totalement libre. GNU veut dire GNU’s not Unix, (GNU n’est pas Unix). Aujourd’hui, GNU fonctionne souvent avec un noyau que l’on appelle Linux. La combinaison de GNU et de Linux donne le système d’exploitation GNU-Linux que l’on appelle abusivement Linux. Pour assurer la protection juridique de nos programmes, j’ai parallèlement écrit une licence basée sur le principe du copyleft ou « gauche d’auteur » qui permet d’octroyer au programme et à ses versions modifiées les quatre libertés que j’évoquais précédemment, par opposition à copyright, une « copie droite ». Cette licence s’appelle GNUGPL pour Général public licence.

Regards.fr : Vous dites ne pas vouloir suivre les ordres du « 1 %» et faire partie des « 99 %» en référence à Occupy Wall Street. Soutenez- vous ce mouvement ?

Richard Stallman : Bien sûr. Les entreprises et les banques ont pris le pouvoir sur les États et la démocratie. Prenez l’exemple de la France : Nicolas Sarkozy a fait voter bon nombre de lois injustes. D’abord la loi Dadvsi [3] qui a imposé la censure sur les logiciels libres, puis la création de l’Hadopi qui pénalise le partage des oeuvres et nie le principe même de la justice en punissant les utilisateurs sans plus de procès. François Hollande, qui au départ était contre l’Hadopi, est revenu sur sa position. On peut aisément imaginer qu’il a été victime de pressions puisqu’il a finalement décidé de ne pas défier le pouvoir des entreprises. L’État est un « satrape », un gouverneur qui impose le pouvoir de l’Empire. La même logique est à l’oeuvre dans d’autres domaines : les banques ont le pouvoir sur les États, elles ont obtenu l’annulation des lois qui les empêchaient d’utiliser des instruments financiers toxiques.

Regards.fr : Lors d’une conférence à Paris en octobre, vous avez déclaré : « Les technologies de la communication et des réseaux offrent les possibilités d’un nouveau monde de libertés. Mais elles permettent aussi la surveillance et le contrôle dont n’osaient rêver les dictatures du passé. » C’est effrayant…

Richard Stallman : Avant la mort de Steve Jobs, j’avais lancé la campagne : « iBad for your freedom » [4]. Steve Jobs a créé une mode chic pour faire migrer les utilisateurs vers des ordinateurs « prisons ». Depuis le début, ces produits sont « privateurs » de libertés mais dernièrement, ils se sont dotés de trois catégories de fonctionnalités malveillantes et abusives. Ils permettent la surveillance des utilisateurs. Ils restreignent leur utilisation - les utilisateurs de iTruc n’ont même plus le choix des applications qu’ils veulent installer. Enfin, par des portes dérobées, l’ordinateur obéit aux commandes des développeurs qui peuvent potentiellement abuser l’utilisateur, capter les données ou enlever une application, qu’on le veuille ou non. Steve Jobs a mis des menottes numériques très très serrées aux utilisateurs des produits Apple. Du côté de Microsoft, ce n’est pas mieux. Windows contient également ces trois catégories malveillantes. Facebook ou Google soulèvent, quant à eux, d’autres problèmes. Ils centralisent plus de données qu’aucun état dictatorial n’oserait jamais imaginer. Facebook surveille notre navigation internet, fait de la reconnaissance de visages sur nos images et bien sûr, garde toutes nos données. Cela pose de grands problèmes aux États-Unis et de plus grands encore pour ceux qui ne résident pas au États-Unis : vers quelle juridiction allez-vous vous tourner en France si Facebook abuse de vos données aux États-Unis ? Et puis, il y a aussi les caméras de surveillance et les téléphones portables, qui peuvent maintenant se transformer en dispositif d’écoute ou transmettre des coordonnées GPS. Le téléphone portable, c’est le rêve de Staline.

Regards.fr : Existent-ils des pays qui avancent vers le logiciel libre ?

Richard Stallman : Oui, j’ai notamment travaillé avec Raphaël Correa, le Président de l’Équateur. Depuis, il travaille pour imposer le logiciel libre au sein des administrations de l’État. Le Vénézuela a aussi une politique forte en ce sens. En Andalousie, toutes les écoles sont passées au logiciel libre. Vous avez une très forte influence sur les partis pirates qui naissent en Suède, en Allemagne, en France…

Regards.fr : Pensez-vous qu’ils vont se développer ? Les soutenez- vous ?

Richard Stallman : Je pense effectivement qu’ils vont diffuser leurs idéaux comme l’ont fait les écologistes qui, eux aussi, avaient décidé de se constituer en parti pour ouvrir les débats à de nouvelles questions politiques. A vrai dire, je suis plutôt proche du Parti vert américain. Les partis pirates n’ont pas encore pris le pli de travailler à la question si importante du réchauffement climatique. Si les Pirates et les Verts m’écoutaient, je leur dirais de fusionner.

Regards.fr : Quel conseil donneriez-vous à tous ceux qui téléchargent des séries, de la musique, des logiciels ?

Richard Stallman : Migrez vers le libre. Et surtout, continuez à partager. Partager, c’est vraiment bon.

SOURCE http://www.regards.fr

Notes

[1] Richard Stallman renvoie à la première définition du mot hacker : quelqu’un qui s’amuse avec l’intelligence artificielle. Il ne s’agit donc pas d’un pirate qui s’introduit par effraction dans des programmes. http://www.catb.org/ esr/faqs/hacker-howto.html

[2] Unix est le système d’exploitation créé en 1969 pour faire fonctionner les premiers ordinateurs. « Libre » au départ, la marque a ensuite été déposée par AT & T.

[3] La loi relative aux droits d’auteur et aux droits voisins dans la société de l’information. Votée en 2006.

[4] « Les produits qui commencent par i sont mauvais pour ta liberté. »

* * *

Un autre texte de Richard Stallman, plus ancien et malheureusement plus que jamais d’actualité, est "Droit d’auteur et mondialisation à l’âge des réseaux informatiques", la transcription d’un discours donné au MIT lors du Forum des Communications, le jeudi 19 avril 2001,

"Les réseaux informatiques et les techniques numériques de traitement de l’information nous ramènent dans une situation semblable aux temps anciens, où quiconque pouvant lire et utiliser l’information pouvait également la copier, et ce, aussi facilement que n’importe qui.
...
Cette évolution du contexte modifie la manière dont le droit du copyright fonctionne. Il ne fonctionne plus comme un règlement industriel, mais comme une restriction draconienne à l’encontre du public. C’était une restriction imposée aux éditeurs pour le bien des auteurs. C’est devenu, dans la pratique, une restriction imposée au public pour le bien des éditeurs. Le copyright n’était pas douloureux et ne soulevait pas de controverses, puisqu’il ne restreignait pas le public. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. La priorité numéro un des éditeurs est de confiner tout possesseur d’ordinateur. Le copyright était facile à faire appliquer en tant que restriction imposée aux éditeurs, car ils avaient pignon sur rue. C’est maintenant devenu une restriction portant sur tout un chacun. Son application implique surveillance, intrusions, et châtiments sévères, moyens dont nous voyons la mise en lois et en oeuvre aux États-Unis d’Amérique et dans d’autres pays.

On pouvait défendre la thèse que le copyright était un marché avantageux pour le public, qui abandonnait des libertés qu’il ne pouvait exercer. Il peut désormais les exercer. Que faire si l’on découvre soudainement une utilité à une potentialité jusque là troquée faute de lui trouver un intérêt ? On peut désormais la consommer, l’utiliser. Que faire ? On n’y renonce plus, on en garde des parties. C’est l’impulsion naturelle. C’est pourquoi, à chaque occasion où il peut exprimer sa préférence, c’est ce que le public fait : il conserve une portion de cette liberté, et l’exerce. Napster en est un exemple frappant : le public décide d’exercer sa liberté de copier au lieu de l’abandonner. La tendance naturelle, pour faire correspondre le droit du copyright aux circonstances actuelles, est de réduire le pouvoir des détenteurs de copyright, réduire les restrictions qu’ils imposent au public, et augmenter les libertés que le public conserve.

Voilà qui déplaît aux éditeurs. Ils recherchent exactement l’inverse. Ils veulent développer le pouvoir du copyright jusqu’à contrôler fermement toute utilisation de l’information. Ces pressions ont fait voter des lois attribuant aux pouvoirs associés au copyright des extensions sans précédent. Certaines des libertés accordées au public à l’âge de l’imprimerie lui sont désormais retirées.

Examinons par exemple le cas des livres électroniques. C’est un thème tellement à la mode qu’il est difficile d’y échapper. J’ai pris l’avion pour le Brésil et le magazine de bord contenait un article annonçant que d’ici 10 ou 20 ans, nous passerions tous aux livres électroniques. Voilà clairement une campagne financée par quelqu’un. Dans quel but ? Je crois que j’ai deviné. Les livres électroniques sont l’occasion de retirer aux lecteurs des livres imprimés certaines des libertés qu’ils ont réussi à conserver " telles que la liberté de prêter un livre à un ami, de l’emprunter dans une bibliothèque publique, d’en vendre un exemplaire à un magasin de livres d’occasion, d’en acheter un exemplaire de manière anonyme, sans laisser de trace dans une quelconque base de données. Et, qui sait, le droit de le lire deux fois.

Voilà des libertés que les éditeurs souhaiteraient nous retirer, mais qui dans le cas des livres imprimés provoquerait une levée de boucliers car ce serait une prise de pouvoir trop voyante. La stratégie indirecte qu’ils ont trouvée est donc la suivante : tout d’abord, on obtient de la loi qu’elle retire ces libertés aux livres électroniques à une époque où ils n’existent pas encore, ne provoquant ainsi aucune controverse. Il n’existe pas d’antériorité, d’utilisateurs de livres électroniques habitués à ces libertés et prêts à les défendre. Cette première étape fut atteinte avec le « Digital Millennium Copyright Act » en 1998. Ensuite, on introduit les livres électroniques et peu à peu on incite tout le monde à passer des livres imprimés aux livres électroniques. Finalement, le résultat est que les lecteurs ont perdu ces libertés sans qu’à aucun moment, ils ne s’en soient vu priver et aient donc eu l’occasion de se battre pour les conserver."

Il vaut vraiment la peine de lire ce texte assez long qui entre autre fait le lien entre les pratiques actuelles de pays comme les USA ou la France avec la Russie staliniste. Surveillance généralisée, répression très dure, incitation à la délation, responsabilité collective, endoctrinement dés l’enfance, tout y est !

http://www.gnu.org/philosophy/copyright-and-globalization.fr.html

* * *

EN COMPLEMENT :

Firefox : le navigateur libre, gratuit et en français http://www.mozilla.org/fr/firefox/fx/

Thunderbird : le logiciel de messagerie libre, gratuit et en français http://www.mozilla.org/fr/thunderbird/

Open Office : la suite bureautique (traitement de texte, tableur, etc) libre, gratuit et en français (et compatible Word...) http://www.openoffice.org/fr/

etc...

COMMENTAIRES  

18/02/2012 15:00 par réseau socialiste

Il manque à la panoplie du « libre » le matériel, c’est-à -dire l’ordinateur, son processeur, sa carte-mère, sa boîte, etc.. Car ceux-ci sont souvent fabriqués et vendus de manière on ne peut moins recommandable.

S’ils baissent de prix, par ailleurs, ils sont également frappés « d’obsolescence programmée », ce qui va avec.

Ils sont aussi, de plus en plus dépourvus de ce qui permet la création personnelle… au profit de l’achat de « produits culturels » pré-choisis, pré-emballés, avec énorme marge bénéficiaire non pas pour les artistes qui les créent mais pour les vendeurs qui, du coup, ont assez d’argent pour faire voter les Hadopi et autres lois scélérates (Montebourg, mmm ?) par les députés arrosés.

Les Fournisseurs d’Accès Internet (FAI), dont les plus sollicités dans un marché où la « concurrence est libre et non faussée » sont liés aux industries de l’armement, savent, et transmettent fidèlement, beaucoup de choses sur leurs utilisateurs. Heureusement, au moment où l’Armée américaine développe une « autre Internet » pour les besoins de sa propagande « libre et non faussée », le Libre travaille sur cette question.

Pourvu qu’il soit prêt à temps.

Merci aux informaticiens humains et conscients.

18/02/2012 15:24 par alfare

Voila un article qui fait plaisir. Rien à dire, comme tout le monde, je ne suis pas toujours d’accord sur tout avec RMS mais il est lui même très tolérant comme on peut le lire sur sa bio en français (consultable ici
http://framabook.org/richard-stallman-et-la-revolution-du-logiciel-libre).
Il était en conférence à Paris ces jours-ci, si quelqu’un peut passer le lien sur les enregistrements, merci.

Petite précision sur les liens, suite au rachat d’openoffice par une grosse boite, tout le monde se tourne désormais sur LibreOffice ( http://fr.libreoffice.org/telecharger/ ) qui n’est pas "compatible Word" mais qui peut lire de nombreux formats (même les formats privateurs comme word, la réciproque n’étant pas vraie comme chacun le sait, word ne peut lire que word et même les différentes versions de ce logiciel ne savent pas se lire les unes les autres).

Si cet article a donné envie de Liberté par le Libre, entrez, donnez-vous la peine.
On peut se familiariser avec les logiciels libres sans quitter dans un premier temps son système d’exploitation "enchaîné" et obligatoire puisqu’il est -venteforcée- fourni avec l’ordi Mac ou Win en consultant
www.framasoft.net
On peut de temps à autre lire d’excellents articles sur
www.framablog.org ou encore le blog de Tristan Nitot (dir de mozilla/europ) www.standblog.org
On peut s’intéresser aux associations qui défendent nos libertés et notre liberté tout court
APRIL promouvoir et défendre le logiciel libre w.april.org
Association francophone des utilisateurs de logiciels libres www.aful.org
La Quadrature du net "organisation de défense des droits et libertés des citoyens sur Internet" http://www.laquadrature.net/fr

Il est tout à fait possible de s’intéresser à tout cela sans délaisser pour autant nos lectures préférées et en premier lieu legrandsoir mais aussi telesurtv.net, prensalatina.cu, rebelion.org, La Jornada (http://www.jornada.unam.mx )
insurgente.org et bien d’autres...

Pour ceux qui voudraient franchir le pas et travailler avec GNU-Linux, oubliez d’abord vos préjugés (on peut aujourd’hui utiliser gnu|linux sans taper la moindre ligne de commande), achetez ou faites vous offrir un ordi pré-installé.
ou faites le vous mêmes (grâce à framasoft -liveCD)
ou faites vous aider, si certains initiés peuvent vous paraître sectaires -de loin-, insistez, vous serez toujours bien accueillis.

Bienvenue dans le monde nouveau.

18/02/2012 15:51 par Anonyme

Je ne suis pas un adepte des gourous, je suis un sceptique, je favorise mon libre arbitre... sans me prendre au sérieux, mais je pense, si je comprends bien la teneur de cette entrevue, que Richard Stallman nous indique la voie. Nous ne renverserons jamais la dictature capitaliste avec des fusils. Ben Laden, en apparence, avait recours aux armes, mais il s’appliquait surtout à frapper le capital dans son tendon d’Achille : l’argent. En poussant la bourgeoisie capitaliste à déployer sa trop coûteuse puissance militaire, il a presque conduit le pays de Wall street à la faillite. Stallman fait mieux, il menace le capitaliste Bill Gates, le patron d’Obama, de faillite.

Richard Stallman nous donne l’exemple. Lui, qui par son talent, ses compétences aurait pu devenir riche, se consacre à la mise en marché de logiciels gratuits. Il commence à faire mal au capitaliste Bill Gate, qui doit recourir à ses larbins des gouvernements occidentaux pour protéger son commerce tyrannique. La seule façon de détruire la bourgeoisie capitaliste est de la conduire à la faillite. Si la lutte contre le capital allait en ce sens, si les organisations socialistes, communistes organisaient, soutenaient partout, la création d’entreprises sans but lucratif qui auraient comme mission de prendre le contrôle du marché, et ce, dans tous les domaines, peut-être...

Michel Rolland (dit Anonyme malgré lui…)

18/02/2012 17:18 par E.W.

L’informatique est incontestablement le secteur qui a connu le plus de développement, le plus de croissance.

Ce n’est pas une surprise : le terme englobe l’ensemble des domaines liés à la communication, puisqu’il n’y a pas de communication sans contenu, l’information, et il s’agit là de l’automatisation de l’information ; quelle importance vitale pour le monde.

Comment s’étonner alors d’y retrouver, en condensés, tous les travers du monde et avec eux le même omniscient ennemi de classe à l’affût ?

On retrouve dans les propos de Stallman des valeurs fortes et l’idée d’un État puissant garant des libertés citoyennes, ceci non plus n’est pas une surprise : comment se peut-il simplement en être autrement ?

18/02/2012 18:30 par moi

Un grand merci, alfare ! Je ne suis pas en mesure/état d’explorer/exploiter tout ça maintenant, mais j’ai enregistré toutes les adresses et je vais tâcher aussi de les communiquer.

18/02/2012 19:01 par moi

Il y a quand même une phrase dans l’article qui me chiffonne :
"Pour que la subvention d’un artiste soit juste, elle doit représenter la racine cubique de sa popularité."

Pendant combien de temps un artiste devra-t-il travailler et créer gratis, pour accéder à une popularité et , par suite, à une subvention, lui permettant de vivre et de créer gratis ? Seuls ceux qui auront les moyens, au départ, de créer gratis pourront bénéficier un jour de la dite subvention... C’est pas très égalitaire ça. Ou alors il y a une combine qui m’échappe ?

19/02/2012 14:06 par Christophe

Tu as bien raison ’moi’ : être libre c’est être pauvre.

Vous connaissez le logiciel shareware de dessin vectoriel denisdraw ?
Au début il s’appelait ’Vincent’ pour ’Vincent’ Van Gogh sans doute.
En 1995 il avait reçu le 1er prix européen du Shareware.
Aucun article ou reconnaissance dans la presse locale malgré l’envoi d’un dossier de presse réalisé avec les fonds de tiroir. C’était à Bourges où le printemps n’est que sur les panneaux d’affichage.

L’auteur le poursuit encore aujourd’hui sous l’indifférence générale.
200 000 lignes de code pour des clopinettes.
Etre pauvre et créateur cela peut rendre fou...

Pendant la guerre et l’occupation, Camus et bien d’autres continuaient à être édités. Le shareware français n’a pas ses Paulhan, Gallimard et autres Pia.
Et les Kommandantures UMP et PS ne font aucune différence.

Encouragez les gens à utiliser les logiciels libres mais pas à en concevoir.

Vincent avait au moins Théo pour l’aider.

Si vous connaissez Denis, donnez lui le bonjour.

19/02/2012 15:27 par Dominique

"Pour que la subvention d’un artiste soit juste, elle doit représenter la racine cubique de sa popularité."

Ce serait de toute façon bien moins inégalitaire qu’aujourd’hui. De plus, ce n’est qu’une idée parmi plusieurs autres sur le sujet, idées qui si elles devaient être appliquées devraient d’abord être discutées. Aujourd’hui, les têtes d’affiches s’enrichissent et les autres se voient dire "Désolé, je ne peut rien vous verser car vos ventes ne remboursent pas les frais de promotion." Et ceci même quand les frais de promotion sont inexistants car les majors ne font de la promotion que pour les têtes d’affiches.

Une chose est sure, rien n’empêche un artiste de faire son propre site web où il est libre de partager et de vendre ses oeuvres comme il l’entend. Et certains l’ont compris, voir par exemple le site de David Rovics, lequel n’a jamais vendu autant d’albums que depuis qu’il a mit toute sa musique en téléchargement libre. (Allez voir son site, sa musique en vaut la peine et c’est un gars très sympa.)

Un autre aspect de ces changements des lois sur le copyright est que la technique digitale a introduit un changement de structure de l’ensemble de l’industrie de l’enregistrement (audio-vidéo). Avant le digital, le fait de posséder les moyens d’enregistrement assurait un monopole aux producteurs et les juteux bénéfices qui vont avec. Avec le digital, n’importe qui, avec un investissement financier comparable à celui de l’achat d’un bon instrument de musique, peut se monter chez lui son propre studio d’enregistrement. Il est donc secondaire de posséder les moyens d’enregistrement, pas contre, il est capital de posséder les droits sur les enregistrements.

Et cela, de nombreux artistes, surtout parmi les musiciens, l’ont compris. De nouveaux labels sont créés tous les jours. De plus en plus de musiciens choisissent d’être indépendants et d’assurer eux-même leur production et leur promotion. Et cela les majors ne peuvent rien y faire. En tout cas dans l’immédiat. Dans la pratique, elles aimerait bien contrôler la distribution. Mais pour cela, elles doivent prendre le contrôle d’Internet et tant que celui-ci reposera sur des standards libres et ouverts, elles ne le pourront pas. Mais la liberté et l’ouverture de ces standards sont de plus en plus menacés par les législations que nos politiciens corrompus acceptent de promouvoir.

Il y a donc péril en la demeure. Certains hackers ont bien compris la situation et ils projettent de mettre en place en réseau informatique qui ne puisse être censuré par aucun pays à l’aide d’un réseau de satellites amateurs.
Hackers aim to launch Internet satellite network, moon mission. Personnellement, je préférerais garder internet sous sa forme actuelle, mais ils ne faut pas rêver, les politiciens sont tellement obnubilés à vouloir tout contrôler, qu’il y a peu d’espoir qu’internet reste longtemps un espace de liberté. Je ne crois malheureusement pas me tromper, car si c’était le cas, les gens manifesteraient en masse pour défendre cette liberté, comme ils l’avaient fait à l’époque où l’enregistreur à cassette avait fait son apparition. Les politiques avaient essayé de changer les lois sur le copyright, à la demande des majors, mais cela avait provoqué des manifestations monstres, notamment au Japon. Aujourd’hui, ils doivent bien rigoler quand ils voient que les protestataires restent scotchés devant leurs écrans.

Quand au libre en général, j’en suis un fervent adepte depuis longtemps. Pour moi, c’est la meilleure preuve par l’acte que je connaisse qu’un modèle de développement basé sur la liberté, l’égalité et la fraternité peux être tout autant, si ce n’est plus performant, qu’un modèle de développement basé sur l’exploitation.

19/02/2012 15:46 par Dominique

@Christophe :

Shareware ne veut pas dire logiciel libre. La plupart des sharewares sont des logiciels propriétaires au code source fermé qui ne garantissent aucune des libertés garanties par la licence GNU-GPL.

Petit exemple contraire. Il fut une fois une application appelée StarOffice. C’était une suite bureautique libre qui offrait tout ce que pouvait offrir une suite bureautique professionnelle. Une société commerciale, Sun, a racheté ce programme et l’a renommé OpenOffice.

Ce rachat permis au concepteur de StarOffice de prendre sa retraite.

La première version d’OpenOffice fut en fait une version bridée de StarOffice. StarOffice était tellement bien qu’il faisait concurrence aux produit professionnels et hors de prix de Sun. Sun supprimât donc la possibilité de créer un framset et d’y incorporer des documents html, documents éditables d’un simple clic. Ainsi, l’ensemble d’un site pouvait être accessible à l’édition avec des clicks. Sun limitât aussi le nombre de langues gérées par le correcteur d’orthographe à 3. Sun rajoutât une seule chose dans cette version : son logo.

Après bien des atermoiements, un fork entièrement libre fut créé : LibreOffice. Nous pouvons donc enfin espérer que les capacités html de cette suite bureautique seront mises à jour. Le frameset n’est plus beaucoup utilisé aujourd’hui, mais les nouvelles fonctions html qui l’ont remplacé méritent d’être intégrées dans LibreOffice. Cela donnerait tout son sens à ce fork et en ferait le meilleur wysywyg du marché pour le html.

24/02/2012 15:01 par alfare

Pour compléter mon commentaire précédent

sur la phrase de RMS répondant à la question : «  Si tout est libre, comment protéger les auteurs, les artistes, leurs oeuvres, les logiciels… ? On peut rechercher d’autres articles ou textes de conférences explicitant sa pensée ou ses réflexions sur le sujet.

La question qui se pose pour tous c’est la mise à jour d’un système dépassé par les technologies et les pratiques d’aujourd’hui et pas dans le sens des MAJORS de tous poils qui se battent au mieux pour conserver leurs privilèges faramineux quelques mois ou quelques années de plus dans leur intérêt et celui de quelques artistes ou créateurs en oubliant l’intérêt de milliers d’autres comme celui du «  public »..

Quelques liens supplémentaires pour approfondir ce sujet.
- Logiciel libre et économie de la contribution : le temps de la déprolétarisation. (http://www.framablog.org/index.php/post/2010/03/08/video-aigrain-zimmermann-stiegler-giffard )
- Ne pas entrer à reculons dans la société et l’économie numériques (Gratuité et prix de l’immatériel par Jean Pierre Archambault http://www.framablog.org/index.php/post/2010/01/08/gratuite-prix-immateriel-archambault ) (
- Internet et création de Philippe Aigrain, que l’on peut trouver et télécharger ici (http://www.ilv-bibliotheca.net/librairie/internet_et_creation.html)
ce ne sont que quelques pistes.

@ Christophe Deux cent mille lignes de code et Denis est toujours pauvre mais pas libre.
Libre serait libérer denisdraw ! S’il est vraiment bon, il trouvera sa communauté de développeurs, d’utilisateurs et connaîtra un type de richesse bien différent.
http://framabook.org/option-libre-du-bon-usage-des-licences-libres
Il peut aussi se joindre à un des nombreux projets existants. On peut être plusieurs (dizaines, centaines, voire plus ) à travailler sur un projet.
Par ex dans le domaine du graphisme :
http://www.sintel.org/ ou http://www.bigbuckbunny.org/index.php/download/
les logiciels ne manquent pas qui ne demandent que l’apport éclairé de Denis :
http://www.framasoft.net/rubrique166.html

et pour finir, quelques liens plus «  politiques »
Un monde sans copyright... et sans monopole http://www.framablog.org/index.php/post/2011/05/19/un-monde-sans-copyright-framabook

L’éthique des TIC par Ivan Lavallée
http://blogs.mediapart.fr/edition/la-revue-du-projet/article/130711/l-ethique-des-tic-par-ivan-lavallee-0

C’est magnifique de croire autant en l’humanité http://www.framablog.org/index.php/post/2009/09/17/framasoft-citation-france-culture

24/02/2012 22:23 par Dominique

Je rajouterais juste qu’il nous faudrait un système politique libre, ou tout un chacun se verrait conférer les libertés de pouvoir participer à l’élaboration des lois, à leur modification, à leur application et à la surveillance de tout le processus de leur élaboration - modification - application.

26/02/2012 00:20 par DePassage

@Dominique

LibreOffice fut créé à la suite du rachat de Sun par Oracle.

(Commentaires désactivés)