Libre-échange ou Démocratie, il faut choisir (Truth Out)

Dave Johnson

Des révélations récentes sur les conditions de travail chez les sous-traitants d’Apple en Chine ont ouvert les yeux de pas mal de gens sur ce que sont devenus leurs emplois, leurs usines, leurs industries et leur économie, et pourquoi. Les articles ont révélé que les travailleurs vivent dans des dortoirs de 6 à 12 lits, se font réveiller par surprise à minuit pour entamer 12 heures de travail, sont très mal payés, manipulent des produits toxiques, souffrent de la pollution, etc. C’est donc ça le «  commerce » ? Ou s’agit-il d’autre chose ?

Du commerce, ça ?

«  Commercer » signifie échanger, acheter et vendre, vous m’achetez quelque chose et je vous achète quelque chose. J’ai quelque chose que vous désirez et vous avez quelque chose que je désire, et nous échangeons. Un échange qui bénéficie à tous les deux.

Est-ce du «  commerce » lorsqu’une usine ferme ici pour être délocalisée dans un pays où les gens n’ont pas leur mot à dire ? Est-ce du «  commerce » que de simplement déplacer les machines d’une usine à l’autre, d’expédier les mêmes pièces et matières premières là -bas, pour ensuite ramener un produit que l’usine fabriquait et vendait avant ici ? Est-ce vraiment du commerce ? Ou faut-il trouver un autre mot ?

Pourquoi les gens ont leur mot à dire

Lorsque les gens ont leur mot à dire ils parlent de salaires décents, d’avantages, de conditions de travail et d’environnement. Il leur arrive même de parler d’une éducation nationale de qualité, d’espaces verts et de meilleurs conditions pour les petites entreprises. Lorsque le Peuple a son mot à dire, il devient vraiment exigeant et demande des choses tellement extravagantes !

Compétitivité contre Humanité

Oui, les pays où les gens n’ont pas leur mot à dire sont plus «  efficaces » et offrent des «  environnements favorables aux affaires ». Les pays où les gens n’ont pas leur mot à dire peuvent fabriquer des choses à plus bas coût que des travailleurs protégés. Mais lorsque l’exploitation de l’homme devient un avantage, nous sapons notre propre démocratie. Car cela signifie que la démocratie constitue un désavantage compétitif sur le marché mondial.

On ne peut pas «  entrer en compétition » avec ça, il faut le combattre

Venons-en au coeur du problème. Imaginez que les Etats du Sud aient gagné la guerre de Sécession, et imposé l’esclavagisme. Serait-ce du «  commerce » que de délocaliser les usines du nord vers le sud, afin d’abaisser les coûts de fabrication ?

Lorsque nous autorisons les entreprises à importer des produits fabriqués par des travailleurs exploités dans des pays où les gens n’ont pas leur mot à dire, nous accordons un avantage compétitif à ceux qui n’ont pas leur mot à dire sur ceux qui ont leur mot à dire. Nous transformons la Démocratie en un désavantage.

Il s’agit de Démocratie, pas de «  Commerce ».

On entend souvent des arguments selon lesquels la «  globalisation » et « le libre commerce » signifient que les travailleurs chez nous doivent accepter la fin des emplois bien payés et que l’époque de la fabrication locale est révolue. On nous dit que des pays comme la Chine sont plus «  compétitifs ». On nous dit que «  commerce » signifie fabriquer à moindre coût là -bas afin d’importer ici à moindre coût et en faire profiter à tous.

Combien de fois entendons-nous qu’il faut réduire les charges, travailler plus, se débarrasser du paiement des heures supplémentaires ou des congés maladie ? Ils nous disent qu’il faut se débarrasser des syndicats, se débarrasser des réglementations sur les conditions de travail et l’environnement, réduire les services publics et surtout, surtout, surtout, réduire les impôts.

En fait, ce qu’ils disent, c’est qu’il faut se débarrasser de la démocratie au nom de la compétitivité.

Dave Johnson

http://www.truth-out.org/free-trade-or-democracy-cant-have-both/1330792757

Traduction "je délocaliserai bien les traductions mais j’ai pas encore décidé vers où" par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement les fautes et coquilles habituelles

COMMENTAIRES  

06/03/2012 14:53 par kristo58

Les tenants des manettes "libérales" et ceux qui en profitent, les actionnaires qui font délocaliser rêvent au retour du servage, d’un système féodal tellement plus simple à contrôler, sans syndicat, sans revendication salariale, sans grève ni cotisations sociales... Leur but : jouir de tous les privilèges, y compris le droit de cuissage, et se faire idolâtrer. C’est pour cela qu’il ne peuvent supporter un peuple affranchi, les grands medias leur servent à le maintenir à l’état d’esclaves (par la consommation) et à faire oublier l’idée de progrès. Pour cela, le faire travailler plus pour qu’il consomme plus et revendique moins.

09/03/2012 13:03 par Anonyme

« …..En fait, ce qu’ils disent, c’est qu’il faut se débarrasser de la démocratie au nom de la compétitivité »

Ce texte de Dave Johnson est le portrait exact de nos pseudo démocraties en Occident.

Libre entreprise… liberté pour qui ? Les bourgeois de la Révolution française ont formé le capital. Le capital a remplacé la monarchie. Le capital doit être renversé comme la noblesse. Il faut favoriser les libertés individuelles, mais pas en économie. L’économie doit se mettre au service du social. Pour y arriver, elle doit relever de l’État. L’État doit être démocratique. Pour être démocratique, l’État ne doit pas tomber sous les griffes d’une élite quelle qu’elle soit. Il nous faut trouver un moyen d’éliminer la race des charismatiques, des carriéristes, des opportunistes, des parasites qui, comme pour les pires infections, viennent se loger là où l’on s’y attend le moins.

Michel Rolland (dit Anonyme malgré lui…)

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