je suis à peu près sûr et certain que JLM ne fera pas mieux que TSIPRAS, Iglesias et Louça. Il faut donc se préparer à une intensification de la LUTTE des CLASSES dès l’automne 2017, ce qui suppose de réorganiser la classe ouvrière sous forme de coordinations (ouvertes aux non-syndiqués et non astreinte à la discipline qu’imposent toutes les confédérations)...
C’est curieux comme tout est bon, même les procédés les plus irrationnels comme l’amalgame, quand il s’agit de décourager les électeurs de Mélenchon (même en concédant qu’on votera pour lui "sans illusions"). On a beau répéter que la France n’est pas la Grèce, que la Grèce n’est pas l’Espagne et que l’Espagne n’est pas la France, que la situation économique et politique diffère dans chacun de ces pays (même si l’ennemi des classes populaire est le même pour tous les trois), rien n’y fait ; que Mélenchon ne soit pas Iglésais, qu’Iglésias ne soit pas Tsipras, et que Tsipras ne soit pas Mélenchon, chacun ayant un parcours différent, un caractère différent, et une approche différente de la situation concrète, là encore rien n’y fait. En dernier recours, on reprend la célèbre formule de l’internationale, en oubliant qu’un tribun-porte-parole a un rôle essentiel (comme cela a été le cas dans toutes les révolutions connues), et que Mélenchon lui-même, non seulement ne s’est jamais pris pour un Sauveur suprême, mais a déclaré explicitement qu’il ne se passerait rien de nouveau si le peuple ne prenait pas en main ses propres affaires : il fait au contraire tous ses efforts d’agit-prop pour convaincre les prolétaires de se sauver eux-mêmes.
Ce qui, dans le contexte d’affaiblissement de la classe ouvrière et de la répression qui s’exerce contre elle, et dans celui des rêveries romantiques de Nuit debout, signifie un appel à tous les citoyens pour une révolution citoyenne : ouvriers, salariés, fonctionnaires, petites entreprises écrasées par les grosses légumes et par les banques, associations de défense de l’environnement, peuvent, avec une claire conscience de la situation, et en étant dûment éclairés sur les TINA-mensonges dont on les accable, entamer efficacement par leur action la toute-puissance de l’oligarchie financière et du capitalisme, tant local que mondialisé (Non au TAFTA !).
Les illusions dangereuses, c’est de céder à la morosité ambiante, ce qui évite aux détracteurs de Mélenchon d’avoir à se concentrer sur l’essentiel, le programme collectif de l’Avenir en commun et sa pertinence par rapport à la situation française.
On peut trouver partielles les mesures qu’il propose, en comparaison de la nécessité finale d’exproprier une bonne fois les expropriateurs. En réalité, comme l’a dit Fabrice Aubert, le mouvement de la France Insoumise est directement dans le prolongement de toutes les Insoumissions de notre histoire, depuis même avant 1789, y compris la Commune de Paris, et sans oublier, en 1907, sous Clémenceau soi-même, les "braves soldats du 17ème", refusant de tirer sur les vignerons révoltés ; il y a des leçons à tirer de tout cela quant à la répression actuelle dont sont victimes les manifestants, et aux nouvelles modalités possibles des manifestations de la volonté générale.
De plus, les formules du marxisme n’étant pas forcément plus efficaces quand on les assène telles quelles au grand nombre des citoyens, il n’en reste pas moins que noir sur blanc, à chaque page du programme l’Avenir en commun, la lutte des classes est concrètement présente, sous forme de mesures précises et immédiatement applicables pour entamer la toute-puissance du capital.
À commencer par le changement de constitution et l’instauration, pour ce faire, d’une assemblée constituante, qui, loin d’être un simple aménagement juridique, implique le début d’une modification en profondeur du fonctionnement de l’État capitaliste, en même temps que la prise de conscience de leur pouvoir et de leurs droits par le grand nombre des citoyens. La défense, la restauration, l’extension des services publics, et donc la résorption du chômage, dépendent de cette démarche première. Les mesures concernant les banques, la réorientation de la production vers la demande et non pas l’offre, ainsi que vers une production non polluante, avec la "règle verte" inscrite dans la constitution et prenant force de loi, la création d’un pôle public de l’énergie assorti d’un certain nombre d’autres (re)nationalisations (barrages, transports...), la nouvelles fiscalité soulageant les classes moyennes et imposant les plus riches, permettent de faire reculer notablement l’emprise de la finance sur la vie du pays ; les salaires, l’éradication de la précarité, la défense de la langue et de la culture, sont aussi des mesures essentielles et susceptibles d’entraîner la mobilisation massive de toutes les catégories de la population. Mobilisation sans laquelle, évidemment, aucune victoire durable ne pourra être obtenue. La finalité du programme est avant tout de mobiliser pour la lutte, et c’est pourquoi il est essentiel d’en faire connaître tant les grandes lignes, que les éléments intéressant chaque catégorie de la population.
Bien entendu, tout cela n’est possible qu’en refusant les traités "européens" et l’hégémonie de la "dette", comme est en situation de le faire toute nation revendiquant sa souveraineté, c’est-à-dire d’abord la souveraineté populaire sur les décisions économiques et politiques qu’elle prend, face aux mafias des dirigeants actuels de l’UE : cette Europe-là, on la change au bras de fer ou on la quitte, ce qui ne saurait tarder, vu l’état d’esprit des partenaires dominants. Mais cela n’empêche pas, bien au contraire, l’action commune avec les peuples des autres pays de l’UE pour combattre cette domination. Et on quitte aussi l’OTAN, qui non seulement pèse sur toute l’Europe, mais est en train de la pousser, à coup de propagande mensongère éhontée, dans le gouffre d’une guerre à laquelle seuls les marchands de canons ont intérêt.
L’élection présidentielle de 2017, préparant les législatives, est susceptible de modifier à l’avantage du grand nombre le rapport des forces politiques en présence, et prend un relief particulier par rapport à notre appartenance à l’UE et à l’OTAN. La question n’est pas d’imaginer d’avance ce que peut faire Mélenchon lui-même, que ce soit avant ou après les élections législatives, mais de savoir par quelles actions on peut faire d’un programme cohérent et détaillé, l’Avenir en commun (assorti de petits livrets supplémentaires développant et expliquant les mesure les plus importantes), un moyen de faire reculer le découragement et l’abstention, et un moteur de luttes populaires massives, capables de faire reculer le capital et de mettre en échec ses manoeuvres.