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Bouger l’Europe, ou sortir de l’Union européenne ?

Dans le numéro 42 de Riposte Laïque, notre édito posait la question : "Sommes-nous condamnés à ne jamais pouvoir sortir de cette Europe anti-sociale et anti-laïque ?". Nous ne pouvons donc que nous réjouir d’apprendre que Jacques Nikonoff, ancien président d’Attac, est aujourd’hui, en compagnie de Michèle Dessene, le porte-parole du "Mouvement Politique pour une Education Populaire", qui prône ouvertement la sortie de cette Europe, pour offrir une alternative qui manque aujourd’hui cruellement aux citoyens. Nous remercions Jacques de bien avoir voulu répondre à nos questions.

Riposte Laïque : en septembre 2007, à propos de Nicolas Sarkozy tu as écrit que « jamais un président de la République française n’aura autant incarné la défense des intérêts de la classe bourgeoise". Peux-tu préciser cette analyse ?

Jacques Nikonoff : Pour se convaincre du fait que Nicolas Sarkozy est l’agent de la classe de la grande bourgeoisie, il suffit de lire les deux dernières lois de finances qui ont accordé des cadeaux somptueux aux plus riches. En outre, l’affichage indécent du président de la République avec les milliardaires français, qui lui payent ces vacances, est un symbole très lourd de conséquences.

Riposte Laïque : Peut-on parler d’une classe bourgeoise cosmopolite qui a une conscience de classe ? Peut-on parler d’une stratégie planétaire de cette bourgeoisie cosmopolite ? Notamment par rapport à la force de travail tant dans les pays "plus développés" comme la France que dans les pays sous-développés ?

Jacques Nikonoff : La haute société française a une conscience très aigue de ses intérêts. Elle est d’ailleurs parvenu en partie à effacer le sentiment d’appartenance de classe parmi les ouvriers et, plus généralement, des classes populaires. Les intérêts de cette oligarchie sont nationaux - Sarkozy a été choisi pour défendre les intérêts nationaux de cette oligarchie - mais celle-ci, comme toujours dans l’histoire, cherche aussi son profit à l’étranger. Après 1968, la bourgeoisie nationale a compris qu’il fallait détruire le monde ouvrier, notamment en délocalisant. Après 40 années d’efforts ininterrompus, elle est parvenue à rediscipliner le salariats dans les entreprises.

Riposte Laïque : Pensez-vous que le cadre national est dépassé ou demeure la solution d’avenir pour le salariat, mais également pour les petites et moyennes entreprises ?

Jacques Nikonoff : Seul le cadre national est un espace démocratique dans lequel les citoyens peuvent encore, par leur vote et leurs luttes, peser sur le cours des choses, voir l’inverser. Les « espaces » internationaux ont été survalorisés, précisément parce que le peuple n’y a aucun poids. Quant aux PME, leur vocation essentielle est le marché national. Si ce dernier est anémié, les PME le seront aussi. Mais la force interne d’une nation dépend aussi de sa vocation universaliste. C’est pourquoi il faut reprendre le flambeau de l’internationalisme, valeur de gauche, et lutter pour un nouvel ordre politique, environnemental, social, économique international.

Riposte Laïque : La mobilisation autour du contournement du vote des Français n’a pas rencontré un large écho, en dehors de quelques réseaux militants. Cela te rend-il pessimiste, et quelle est ton explication ?

Jacques Nikonoff : Le « non » de gauche a été démobilisé après les querelles, jeux d’ego, manoeuvres politiques qui se sont multipliés après le 29 mai 2005. La suite logique de cette cacophonie a été la déroute de l’élection présidentielle. Dans ce contexte, il était logique que la bataille pour un nouveau référendum soit difficile à organiser, alors que la population y était très largement favorable.

Riposte Laïque : Nous mettons les pieds dans le plat. A gauche, personne n’ose émettre l’idée de sortir de l’Union européenne. Pourquoi cette timidité ? Quel est ton point de vue ?

Jacques Nikonoff : Le Mouvement politique d’éducation populaire (M’PEP), en effet, se fixe l’objectif de sortir de l’Union européenne. La gauche du « non » doit oser poser le problème en ces termes. C’est ce qu’attend la population. Pour se décider, il suffit de répondre à une question simple : le bilan de la « construction » européenne est-il « globalement positif ? ». Mais sortir ne suffit pas. Il faut proposer un nouveau cadre international et européen. C’est ce que nous préconisons, voir nos textes sur notre site www.m-pep.org

mardi 3 juin 2008, par Pierre Baracca, Pierre Cassen

 http://www.ripostelaique.com/-L-INTERVIEW-DE-LA-SEMAINE,591-.html
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COMMENTAIRES  

16/06/2008 16:28 par desobeissant

Les dépenses communautaires sont illégales et irrégulières

Selon le rapport de la Commission elle-même

par Jean-Yves Crevel

L’aveu est discret, en page 250, du rapport. Mais il en dit long sur le double langage pratiqué par les plus hautes instances européennes. A la presse, M. Barroso déclare "nous avons, au sein de l’Union, des règles budgétaires très strictes. C’est la Commission qui est responsable des dépenses devant le Parlement européen, la Cour des comptes européenne, et les États membres. C’est de l’argent public." (Interview à la Croix du 22 mai 2008)

Mais, dans son rapport officiel, la Commission tient un discours à 180°, sans doute pour amadouer la Cour des comptes européenne qui est en train de travailler sur son rapport pour l’année 2007, :

" Le 13 novembre, le président de la Cour des comptes a présenté au Parlement européen le rapport annuel relatif à l’exercice budgétaire 2006 . Ce rapport met en lumière quelques améliorations, en particulier dans le domaine des dépenses agricoles. Toutefois, des erreurs continuent à affecter la légalité et la régularité de la majeure partie des dépenses communautaires en raison de faiblesses dans les systèmes de contrôle interne tant à la Commission que dans les États membres. " (lire la page 250)

Si personne ne réagit, c’est sans doute que ce rapport n’est lu par personne. Pourtant, tout est dit dans cette phrase officielle. Non seulement l’Europe est illégitime en étant imposée aux peuples contre leur gré, mais elle reconnaît par la voix de sa plus haute institution se vautrer dans l’illégalité.

Il faut donc que les pêcheurs qui doivent disparaître, les routiers qui ont déjà disparu, les industriels qui ont dû quitter l’Europe et tous ceux qu’on sacrifie méthodiquement sur l’autel des lois européennes soient conscients que ceux qui imposent ces lois destructrices reconnaissent officiellement s’affranchir de la légalité dans la majeure partie de leur dépenses !

Dans ces conditions, peut-on continuer à faire semblant en continuant à négocier telle ou telle mesure avec l’omnipotente et illégale Commission sans devenir complice d’un système intrinsèquement dictatorial ?

La réponse s’impose. Face à une dictature, il n’y a qu’une attitude possible : la combattre.

Dernièrement, on me faisait valoir que le peuple français aurait une responsabilité historique vis à vis des peuples européens qu’il avait entraînés dans cette galère en étant un pays fondateur de l’Europe ; que cette responsabilité nous interdisait de militer pour la sortie de la France de l’Union européenne.

Je répondais évidemment qu’une guerre se gagne bataille par bataille, et que la sortie de la France, en déclenchant très certainement l’effondrement rapide de cette prison de peuples, sera décisive. J’ajoute aujourd’hui que la meilleure façon d’assumer cette responsabilité historique consiste précisément à détruire cette prison.

Il faudra ensuite que chaque nation redevenue libre renoue avec une profonde exigence démocratique et choisisse librement sa voie. Le rassemblement libérateur concerne tous ceux qui sont attachés à la liberté et à la démocratie, quelles que soient par ailleurs leurs préférences politiques, plus sociales pour les uns, plus libérales pour les autres. Anticiper sur ces discussions qui viendront en leur temps ne conduit qu’à la division, donc à l’immobilisme et à nier aux peuples la possibilité d’opérer de vrais choix après avoir retrouver leur liberté.


Post-scriptum :

For the attention of our english and irish friends :

Court of Auditors

Annual report

On 13 November the President of the Court of Auditors presented its annual report for 2006 to the European Parliament (4). The report notes a number of improvements, especially with regard to agricultural expenditure. But it says that the legality and regularity of most Community expenditure continues to be affected by errors/

, owing to weaknesses in the internal controls at the Commission and in the Member States.

page 234

Sources Decap’actu

http://www.decapactu.com/spip/article.php3?id_article=449

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