J’ai résolu le mystère du silence total(itaire) des médias sur des drames quotidiens, sanglants, souvent horribles qui parleraient à l’émotion du peuple (et donc à l’audimat).
Bien avant moi, les frères Goncourt se demandaient si, « dans un pays sans caste et sans aristocratie légale, les misères des petits et des pauvres parleraient à l’intérêt, à l’émotion, à la pitié, aussi haut que les misères des grands et des riches ; si, en un mot, les larmes qu’on pleure en bas pourraient faire pleurer comme celles qu’on pleure en haut. »(1).
Quand on voit les éloges insensés pour un Giscard dit d’Estaing qui fit guillotiner Ranucci, prit pour ministre Papon, le boucher des Résistants et fit mettre en berne les drapeaux de la France à la mort de Franco, on peut dire que la réponse est non.
Chaque jour, il meurt au travail un ouvrier, souvent dans des circonstances télégéniques, comme les sanglots de la veuve et des enfants. Mais s’il vous plaît, montrez-moi plutôt un accident de la route, un incendie de maison ou de forêts (aux USA), une inondation, pas des horreurs imputables au capitalisme, heu, libéralisme (j’ai failli dire un gros mot).
Théophraste R. Partisan du rétablissement des CHSCT.
(1)Préface à leur roman « Germinie Lacerteux » (1865), sur les malheurs d’une servante.