RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

De la Troïka à Goldman Sachs, le pantouflage de Barroso fait des vagues [1/2]

En rejoignant la banque Goldman Sachs, l’ancien président de la Commission européenne José-Manuel Barroso emprunte un chemin bien balisé.

« José Manuel va apporter une analyse et une expérience immense à Goldman Sachs, et notamment une profonde compréhension de l’Europe. Nous sommes impatients de travailler avec lui alors que nous continuons à aider nos clients à évoluer au sein d’un contexte économique et de marché incertain et délicat ». C’est en ces termes que s’exprimaient Michael Sherwood et Richard Gnodde, co-directeurs généraux de Goldman Sachs International, vraisemblablement « impatients » à l’idée d’accueillir l’ancien président de la Commission européenne en tant que collègue au sein de la célèbre banque d’affaires.

Une recrue de choix pour Goldman Sachs

Par un communiqué du 8 juillet 2016 (1), la banque impliquée dans le maquillage des comptes publics de la Grèce pour permettre son entrée dans la zone euro, annonce le recrutement de José Manuel Barroso, ancien premier ministre du Portugal de 2002 à 2004 avant de présider la Commission européenne durant une décennie entière, de 2004 à 2014.

Celui qui a été plus que complaisant avec les grandes banques privées durant ses deux mandats à la Commission européenne en impulsant des sauvetages bancaires d’une ampleur jusque-là inconnue en Europe, occupe donc les fonctions de conseiller et président non-exécutif de Goldman Sachs International, branche internationale du groupe étasunien basée à Londres. Du temps où il était à la tête de la Commission européenne, Barroso s’affairait déjà à l’impunité des grandes banques pourtant responsables de la crise, autant qu’à leur survie. Ceci par le renflouement colossal d’argent public aux dépens d’un endettement et d’une austérité brutale pour les populations.

Aujourd’hui, ce même Barroso est officiellement mandaté pour seconder l’une des banques les plus impliquées dans la crise des subprimes (responsable d’une des pires crises financières depuis 1929), à affronter une sortie de l’Union européenne (UE) dans un contexte post-Brexit. Quelle que soit la bannière, en croisade pour l’UE ou s’en affranchissant pour en sortir, Barroso demeure l’ami des banquiers.

Vendre au privé une influence acquise dans le public

Cette nomination a suscité une levée de bouclier dans le milieu politique et les grands médias commerciaux. Pourtant, il n’y a rien d’exceptionnel à ce recrutement chez Goldman Sachs dans le monde des politiciens et des financiers, qui fonctionne en vase communicant entre sphère publique et privée. En effet, la méthode qui consiste à vendre au privé une influence acquise dans le public ne date pas d’hier, et convient parfaitement aux multinationales. Celles-ci mettent ainsi la main sur les carnets d’adresses d’anciens responsables politiques pour mieux remplir leurs carnets de commandes ou ajuster leurs stratégies. C’est le cas de Barroso qui a été recruté avant tout pour son réseau.

« En tant que banque américaine, travaillant à l’international et donc sur le marché européen, Goldman Sachs a absolument besoin de savoir ce qui se trame dans les coulisses de Bruxelles », explique Marc Roche, auteur de livres et d’un documentaire sur Goldman Sachs (2). « Elle veut savoir avant tout le monde ce qui se prépare en terme de réglementations dans ses domaines d’activité, mais aussi de taux d’intérêt et en général pour toutes les décisions macro-économiques, puisque ces politiques vont influencer ses activités de crédit : la vache à lait de ses profits » (3).

Dans une interview au Financial Times rapportée par Médiapart, Barroso explique l’intérêt de son embauche pour Goldman Sachs : « Évidemment, je connais bien l’UE, et je connais aussi plutôt bien l’environnement britannique [...]. Si mes conseils peuvent être utiles dans les circonstances actuelles, je suis prêt, bien sûr, à aider ».


Sulfureux parcours

On comprend mieux l’ampleur de « l’aide » que peut apporter José Manuel Barroso lorsque, dans un discours prononcé à l’Institut européen de Florence, le 18 juin 2010, celui-ci déclare : « Ce qu’il se passe actuellement, est une révolution silencieuse, à petits pas, vers une gouvernance économique plus forte. Les États membres ont accepté — et j’espère qu’ils l’ont bien compris — d’octroyer aux institutions européennes d’importants pouvoirs en matière de surveillance. » (4)

Rappelons quelques moments charnières du passé sulfureux de José Manuel Barroso. En mars 2003, Barroso, se range du côté des Étasuniens et Britanniques pour enclencher la guerre en Irak, un dramatique fiasco, et organise le sommet des Açores (5) avec les principaux protagonistes, George W. Bush, Tony Blair et José María Aznar.

Fervent défenseur des traités de libre-échange, Barroso a été l’un des plus vigoureux soutien au traité de Lisbonne, reprenant l’essentiel du Traité constitutionnel européen (TCE) rejeté par référendum en 2005 par près de 55 % des Français (6) et 62 % des votants hollandais. Le Traité de Lisbonne a quant à lui été adopté sans consultation, violant l’opinion de plus de 20 millions de français et hollandais. Par la suite et dans le plus grand secret il met sur rails les traités de libre-échange, aujourd’hui fortement contestés, entre l’Europe et le Canada (CETA) ainsi que celui entre l’Europe et les États-Unis (TTIP). Enfin, en tant que membre représentant de la Troïka, il devient le chantre des politiques d’austérité antisociales.

Source : Regards

Notes :

|1| Voir la lettre de Goldman Sachs : http://www.goldmansachs.com/media-r...

|2| Lire l’article du Monde.

|3| Benoît Zagdoun, « Avec Barroso, Goldman Sachs continue à tisser sa toile au cœur du pouvoir », France Télévisions, 13 juillet 2016.

|4| Cité par Anne Dufresne, "Le Consensus de Berlin", Le Monde Diplomatique, février 2012. http://www.monde-diplomatique.fr/20...

|5| Le 16 mars 2003, sur l’archipel des Açores, le Premier ministre portugais Manuel Barroso accueille le Premier ministre britannique Tony Blair, le président des États-Unis George Bush Jr et le Premier ministre espagnol Jose Manuel Aznar pour convenir d’une opération militaire conjointe en Irak. Moins d’un mois plus tard, le 9 avril 2003, l’armée coalisée bombarde Bagdad.

|6| Voir les résultats du Referendum 2005

»» http://www.cadtm.org/De-la-Troika-a-Goldman-Sachs-le
URL de cet article 31125
  

Libye, OTAN et médiamensonges
Michel COLLON
Les « armes de destruction massive », ça n’a pas suffi ? Le martyre de l’Irak, frappé d’abord par les médiamensonges et ensuite par les bombes, on n’en a pas tiré les leçons ? Non, on n’en a pas tiré les leçons. On sait que les Etats-Unis ont menti sur le Vietnam, l’Irak, la Yougoslavie, l’Afghanistan et Gaza, mais on croit que cette fois-ci, sur la Libye, ils disent la vérité. Etrange. La majorité de nos concitoyens croient encore ce que l’Otan a raconté sur la Libye. Y compris les Arabes car cette fois, (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Informer n’est pas une liberté pour la presse, mais un devoir. La liberté de la presse a bien une limite : elle s’arrête exactement là où commence mon droit à une véritable information.

Viktor Dedaj

Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Hier, j’ai surpris France Télécom semant des graines de suicide.
Didier Lombard, ex-PDG de FT, a été mis en examen pour harcèlement moral dans l’enquête sur la vague de suicides dans son entreprise. C’est le moment de republier sur le sujet un article du Grand Soir datant de 2009 et toujours d’actualité. Les suicides à France Télécom ne sont pas une mode qui déferle, mais une éclosion de graines empoisonnées, semées depuis des décennies. Dans les années 80/90, j’étais ergonome dans une grande direction de France Télécom délocalisée de Paris à Blagnac, près de Toulouse. (...)
69 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.