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Entre Syrie & Palestine… le prix Nobel de la Paix pose ses choix.

Une fois de plus, nous voici conviés par l’ainsi nommée « Communauté internationale » à un nouvel épisode d’un scénario dont elle aime nous gaver et semble prendre plaisir : jouer à se (nous) faire peur.

Chaque soir, les journalistes attitrés nous abreuvent de commentaires usés jusqu’à la corde et les habituels « experts » se pressent sur les plateaux, trop heureux de faire la « une » pour étaler leurs théories funestes. Les uns élaborent des plans et nous expliquent déjà leur vision tactique des choses, les autres s’interrogent chiffres à l’appui, pour savoir si le pouvoir syrien aura les moyens de se défendre. D’aucuns parlent même d’une 3è guerre mondiale possible... Ces irresponsables, confortablement installés, s’excitent tous seuls comme de grands enfants jouant sur internet…

Aujourd’hui, les habituels va-t-en-guerre occidentaux, regard sévère et mâchoires serrées, déclarent vouloir « punir » le régime syrien pour l’usage d’armes chimiques dont personne ne sait encore si elles sont le fait du régime ou de quelque faction rebelle… Le devoir de réserve devrait donc dicter à ces « démocrates » un minimum de retenue, et attendre les conclusions des inspecteurs de l’ONU… en espérant que celles-ci soient neutres et objectives. Et dans le cas contraire, celui où l’opposition serait reconnue coupable d’utilisation d’armes chimiques, que fera la « Communauté internationale » ? Qui « punira »-t-elle et comment ?...

Face à ces gesticulations de mauvais gout, où certains semblent confondre virtuel et réalité, et avant toute précipitation, ne faudrait-il pas tirer les leçons de nos terribles erreurs passées et des sinistres conséquences de manipulations médiatiques qui nous ont trompés ?

Il y a quelques années, tournaient en boucle des images du (faux) vol des couveuses à Koweït-city. Ensuite, celles de Colin Powell agitant devant le monde entier sa petite fiole censée contenir une arme de destruction massive jamais trouvée en Irak. Après, il fallait éradiquer les Talibans en Afghanistan, de mèche dans les attentats du 11 septembre. Et dernièrement, les effets de manches de BHL en Libye, avec les suites que l’on sait… Résultats de nos dernières interventions directes : l’Irak est dévasté par des attentats quotidiens et devenu quasi incontrôlable ; l’Afghanistan est à nouveau aux mains des Talibans et le gouvernement du fantoche H. KarzaÏ doit composer avec eux ; la Lybie est plus divisée que jamais… Sans parler de la Syrie dont les rebelles de la première heure sont dépassés par des milices extrémistes et des djihadistes – que nous armons dans le cas présent mais combattons en d’autres lieux (comprenne qui pourra !) – venus de toutes parts dans un pays en ruines, où l’on dénombre plus de cent mille morts…

Faut-il encore y ajouter nos bombardements et missiles sophistiqués, alors qu’on ne compte déjà plus les populations réfugiées, ayant tout perdu… Quand donc aurons-nous compris et intégré dans nos esprits belliqueux que la guerre n’est pas une solution à la guerre, et qu’ajouter des destructions aux destructions ne mène qu’à plus de chaos !? Et comme l’osent quelques voix discordantes : une nouvelle guerre, pour quoi faire !? Voilà des années que l’on nous répète que les caisses de nos États sont vides, qu’il faut se serrer la ceinture, que les allocations sociales sont revues à la baisse, que nos dettes sont devenues une charge impayable au risque d’hypothéquer l’avenir de nos enfants… Mais étrangement, et malgré le coût exorbitant que cela représente, il y a toujours assez d’argent pour aller guerroyer sous de fallacieux prétextes ! De qui se moque-t-on !?

Pour mémoire, faut-il rappeler que les États-Unis ont déversé des millions de litres de l’agent orange sur le Vietnam produisant toujours leurs effets dévastateurs sur les populations locales, sans que l’on entende personne s’en indigner !?... Sont-ils vraiment les mieux placés pour donner des leçons de moralité aux autres gouvernements ?...

Et si dans la foulée, l’on voulait bien se souvenir de l’utilisation d’armes à l’uranium appauvri par Israël lors de son opération « Plomb durci » à Gaza contre la population palestinienne en 2009. Ayant fait plus de 1.400 victimes dont de nombreux enfants, soit plus que ce dont il est question dans l’attaque chimique en Syrie… Cela a-t-il mené à une intervention punitive même « ciblée » de nos pays contre l’Etat sioniste ? Or, selon le Droit international sur le contrôle des armements, les armes à l’uranium appauvri sont elles aussi illégales (conventions de La Hague de 1899 et 1907, de Genève de 1925 et 1949, Charte de Nuremberg de 1945, convention des Nations-Unies du 10 octobre 1980, dite « Convention des armes inhumaines »). À moins d’amnésie, il faut donc constater qu’une nouvelle fois nos « exemplaires démocraties » occidentales à géométrie variable exercent encore et toujours leur détestable deux poids, deux mesures et bafouent allègrement tout principe d’une vraie justice, s’appliquant à tout le monde et de manière équitable.

Si nous étions de vrais démocrates, notre principale préoccupation devrait porter sur les populations systématiquement victimes de ces manœuvres cyniques. Car il en est toujours de même, des gens perdent tout : habitation, boulot, famille et proches, santé, et sont jetés à la rue où tant bien que mal, ils fuient ces zones mortifères pour aboutir au mieux dans des camps de réfugiés souvent insalubres et dont on sait que pour certains, ils seront pérennes…

Si nous étions de vrais démocrates, nous ne mettrions pas tant d’intelligence, de recherche scientifique et d’argent à sophistiquer des armes toujours plus létales au seul profit du lobby de l’armement qui pousse à la moindre occasion pour tester ses abjectes nouveautés « sur le terrain », mais dépenserions toute cette énergie pour préserver la vie et l’environnement qui l’abrite !

Si nous étions de vrais démocrates, nous nous interdirions de « punir » des gouvernements par des interventions armées qui toujours massacrent des civils, mais suivrions les procédures du Droit international pour traduire les responsables devant les tribunaux et les cours de justice prévues pour cela.

Enfin, devant tant d’inconséquences de nos gouvernements, il est une question dérangeante sans doute mais inévitable : n’y a-t-il pas derrière tout cela, une détestation profonde de nos pays occidentaux pour tout ce qui est de peau basanée et de culture musulmane ? Tant d’iniquités dans le traitement des affaires du monde ne révèle-t-il pas une haine profonde de la culture arabe ?... Et avec la carte de la région sous les yeux, comment ne pas voir que l’Irak, l’Afghanistan, la Syrie, le Liban, la Libye, l’Egypte, la Tunisie… tous pays situés à proximité d’Israël , sont considérablement saccagés, meurtris, affaiblis et dès lors plus divisés que jamais ?... au plus grand profit de l’État israélien renforcé par ces effondrements successifs, et poursuivant ainsi sa politique d’apartheid et de colonisation rampante de la Palestine, sans que personne ne songe à « punir » cet État voyou !

Divide et impera (Diviser pour mieux régner) disaient déjà les Romains… Le président Obama, « Prix Nobel de la Paix » va-t-il y ajouter son imprimatur en Syrie ?

« Devant les perspectives terrifiantes qui s’ouvrent à l’humanité, nous apercevons encore mieux que la paix est le seul combat qui vaille la peine d’être mené, ce n’est plus une prière, mais un ordre qui doit monter des peuples vers les gouvernements, l’ordre de choisir définitivement entre l’enfer et la raison ». Albert Camus

Daniel Vanhove –
Observateur civil

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