Je m’inscris totalement en faux avec les affirmations d’Ozerfil et de Charclot, selon qui le RN serait « aux côtés du populo », et même avec l’idée qu’ils feraient semblant de l’être.
Le seul fond de commerce de la mère Le Pen et de sa clique, c’est le racisme.
Parce que nous sommes tous sans exception capables de racisme. Les seules choses qui nous en empêchent sont l’éducation, la culture et l’ouverture à l’autre. Or, c’est loin d’être le cas de la majorité de la population mondiale, et d’une partie substantielle de population française. Massacres ethniques, apartheid, néo-colonialisme, suprémacisme, nationalisme, discrimination, le racisme et ses fruits sont partout, quelle que soit la couleur de peau. Voyager et résider à l’étranger (non occidental) permet d’en prendre conscience, et pas toujours à ses dépens.
En France, les Le Pen ont toujours surfé sur cette pulsion primitive de la peur de l’autre, et récemment avec l’aide de la sphère médiatique, dont l’agenda consiste à souffler régulièrement le chaud et le froid sur les bas instincts d’une population lobotomisée par le petit écran, ce afin de posséder la maîtrise des résultats aux élections. C’est un jeu dangereux mais qui fonctionne pour le moment.
En 2020, si on excepte le Covid, quelles ont été les tendances médiatiques récurrentes ? Facile : comme à chaque fois, entre un et deux ans avant les présidentielles, les mêmes thèmes refont leur apparition dans les médias : délinquance, criminalité, violences, sécurité. Les sempiternelles têtes blondes du RN réapparaissent sur les plateaux, Marine Le Pen redevient fréquentable et le sera jusqu’à la fin du premier tour. On lui demande son avis sur tout, et seuls les gogos croient qu’elle se préoccupe d’eux... C’est exactement ce qui s’est passé cette année, et il y a tout lieu de croire que confinement oblige, le temps de cerveau disponible à leurs salades a augmenté de façon bien significative.
Si on regarde une carte du vote frontiste (qui ne varie pas), que voit-on ? Que celui-ci se concentre à la fois dans les zones à forte présence migratoire (Nord Pas-de-calais, PACA) et dans les zones rurales où à contrario la présence migratoire est anecdotique. La stratégie médiatico-frontiste joue donc sur le double tableau du ras-le-bol de certaines populations face au chaos migratoire ou à la délinquance et de la peur d’un inconnu rendu effrayant transmise au travers du poste de télévision chaque soir à la même heure au moment des repas au sein de foyers fatigués physiquement par leur journée de boulot ou moralement par le confinement. A titre personnel, j’habite depuis quelques années un petit hameau aveyronnais, entouré de petites exploitations agricoles. Ces gens votent pour beaucoup RN, alors même qu’ils n’ont pour ainsi dire jamais vu d’Africains, de musulmans et encore moins de migrants. Même au supermarché du bourg, c’est plutôt rare. Les seuls étrangers du coin, ce sont les Britanniques, massivement présents parmi d’autres nationalités anglo-saxonnes.
Et si on discute avec ces électeurs RN, on apprend qu’ils ne votent pas parce qu’ils pensent que le RN s’occupera mieux d’eux, mais parce qu’ils pensent que la France et l’Europe font face à une invasion, que l’Islam est partout, qu’il tue des Français et que ceux-ci ne seront bientôt plus chez eux (exactement les mêmes ressorts furent employés en Grande-Bretagne lors de la campagne pour le Brexit) Et il est extrêmement difficile de leur dire que tout ça est exagéré par le grossissement médiatique, vu que je n’ai aucune preuve à leur fournir qui puisse contrebalancer ce lavage de cerveau auquel ils sont soumis quotidiennement, nourris au faits-divers permanent et à un monde dans lequel on serait comme le village d’Astérix... en tout cas d’autres preuves que des bouquins ou des médias alternatifs... qu’ils n’ont ni l’envie ni le temps de consulter, harassés qu’ils sont pas leur labeur.
Affirmer que le RN se préoccupe du peuple, c’est comme affirmer qu’Apple ou Google souhaitent le bonheur de leurs clients. C’est une contre-vérité absolue. Et ce n’est pas le spectacle de leur empathie de façade qui y changera quoi que ce soit. Car en dehors de ces quelques mois précédant les élections, que fait et où est le RN ? Il brille par son absence et son silence, bref par son inutilité, sur tous les sujets sociaux qui touchent le peuple dans sa chair.
Défendent-ils les droits du peuple ? Jamais. Défendent-ils ce peuple contre les violences policières ? Jamais, au contraire. Défendent-ils l’hôpital public ? Non. Défendent-ils l’Education nationale ? Non, au contraire. Luttent-ils contre la privatisation des aéroports de Paris ? Non. Ont-ils défendu le système de retraite ? Non. Défendront-ils la Sécu ? J’en mets ma main à couper que non. Se sont-ils jamais opposé à la Macronie ? Très très peu, et malgré tout, le Monde d’aujourd’hui ose titrer en disant que le RN est la seule et unique force d’opposition réelle à Macron... De la pure propagande dans la grande vague mensongère qui nous mènera en 2022. Et caetera, et caetera.
Les seuls sujets qui intéressent le RN sont : la religion, le sociétal et l’immigration, trois fameux poils à gratter l’opinion publique. En dehors de cela, ils sont absents de la rue et des bancs de l’Assemblée au moment des votes. Et leur seule manière de faire : désigner à la vindicte populaire d’autres victimes en faisant croire qu’ils sont les coupables. Tandis que les vrais responsables les remercient.
Et si les caciques de ce parti népotique et mafieux, à l’exception de la smala Le Pen, sont d’extraction populaire, c’est pour mieux échapper à leur condition, tels des Lucien de Rubempré de pacotille.
