28 commentaires

Grèce : de l’absurde au tragique (Jacobin)

Quiconque vit actuellement, ou se contente de suivre, les derniers développements en Grèce ne comprend que trop bien le sens d’expressions telles que « moments critiques », « climat de tension », « rupture dramatique », ou encore « situation-limite ». Compte tenu des événements qui se déroulent depuis lundi, un nouveau mot devra être ajouté à la liste : l’« absurde ».

Le terme peut paraître étrange, ou exagéré. Mais comment caractériser autrement le renversement total du sens d’un événement aussi extraordinaire que le référendum du 5 juillet, quelques heures seulement après sa conclusion, par ceux-là même qui l’avaient initié ?

Comment expliquer que les dirigeants de Nouvelle démocratie et de To Potami, respectivement Vangelis Meïmarakis et Stavros Theodorakis – chefs du camp qui a été battu de manière écrasante dimanche dernier –, soient devenus les porte-parole officiels de la ligne qui est actuellement défendue par le gouvernement grec ? Comment est-il possible que le Non fracassant au mémorandum austéritaire puisse être interprété comme le feu vert à un nouveau mémorandum ? Pour le dire simplement : si le gouvernement était disposé à signer un accord encore plus défavorable et contraignant que celui proposé il y a deux semaines par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, à quoi bon le référendum et le combat pour la victoire du Non ?

Le sentiment d’absurdité n’est toutefois pas le simple produit de ce renversement inattendu. Il découle en premier lieu du fait que tout survient « comme s’il ne s’était rien passé », comme si le référendum était une sorte d’hallucination collective qui avait soudainement pris fin, nous laissant reprendre librement nos activités antérieures. Néanmoins, comme nous ne sommes pas tous devenus amnésiques, donnons-nous la peine de nous livrer à un bref rappel de ce qui s’est passé durant les derniers jours.

Dimanche dernier donc, le peuple grec a ébranlé l’Europe et le monde. En répondant massivement à l’appel de son gouvernement, et dans des conditions vraiment exceptionnelles (banques fermées, contrôle des capitaux, retraits plafonnés à 60 euros par jour, retraites et allocations partiellement versées), a voté très largement « non » aux propositions humiliantes et exorbitantes des créanciers. Aussi bien l’ampleur du « non » que sa composition qualitative, à savoir la majorité écrasante obtenue parmi les travailleurs, les classes populaires et la jeunesse, donnent à voir la profondeur des transformations qui sont à l’œuvre, ou plutôt qui se sont cristallisées, en un temps très court, dans la société grecque.

Les mobilisations de masse de vendredi dernier, le climat de mobilisation « par en bas » qui a prévalu la semaine dernière, sans même parler de la vague enthousiaste de solidarité internationale, témoignent du potentiel énorme libéré par le choix de la confrontation plutôt que de la retraite.

Mais dès lundi matin, alors même que l’écho des cris de victoire sur les places publiques du pays s’était à peine tu, le théâtre de l’absurde a commencé. Sous l’égide du président de la République, Prokopis Pavlopoulos, qui avait très activement pris parti pour le Oui, le gouvernement a convoqué les dirigeants des partis défaits battus pour élaborer un cadre de négociation faisant de l’euro une ligne rouge indépassable, et déclarant en particulier qu’il n’avait aucun mandat pour quitter l’union monétaire.

Encore embrumée par la joie de dimanche, l’opinion publique a vu les représentants des 62% se soumettre à ceux des 38% et cela immédiatement après une victoire éclatante pour la démocratie et la souveraineté populaire.

Mardi, le gouvernement s’est rendu à Bruxelles pour une réunion extraordinaire de l’Eurogroupe sans aucune nouvelle « proposition » dans ses bagages et, comme prévu, il s’est trouvé confronté à un nouvel ultimatum, plus brutal encore que le précédent. Le lendemain, Euclid Tsakalotos a inauguré ses fonctions de ministre des Finances – nous ne nous arrêterons pas ici, par souci de brièveté, sur la démission de Yanis Varoufakis, remarquant simplement qu’il s’agissait d’une exigence des créanciers – en envoyant au MES (Mécanisme de stabilité européenne), l’organisation qui gère la plus grande part de la dette grecque, une lettre demandant un nouveau prêt de 50 milliards d’euros, un prêt qui doit s’accompagner bien sûr d’un troisième mémorandum. Il est ainsi prévu que le Parlement commence à voter lundi les lois d’application des engagements stipulés dans le Mémorandum.

La lettre de Tsakalotos précise par la suite que la Grèce s’engage à « honorer en temps et en heure l’intégralité de ses obligations financières à l’égard de tous ses créanciers ». Il est évident que malgré les assurances, après la proclamation du référendum, selon lesquelles les discussions reprendraient de zéro, les « négociations » continuent au point exact où elles avaient été laissées, la partie grecque faisant de plus en plus de concessions à leurs adversaires.

Le même jour, dans l’attente des nouvelles « propositions » grecques, qui, selon la novlangue des « institutions » européennes se devaient d’être « dignes de confiance » et « détaillées », le Premier ministre Alexis Tsipras s’est adressé au Parlement européen et a déclaré : « si mon objectif avait été de mener la Grèce hors de l’euro, je n’aurais pas, immédiatement après la fin du scrutin, fait les déclarations que j’ai faites et interprété le résultat du référendum, non comme un mandat pour rompre avec l’Europe, mais comme un mandat pour renforcer nos efforts de négociation afin de parvenir à un meilleur accord ».

Cette déclaration revient à reconnaître, d’une manière plus ou moins franche, que le résultat du référendum a été interprété avec un but spécifique en tête, à savoir la négociation à tout prix et l’évitement d’une rupture.

Dans le même discours, le Premier ministre résume la philosophie qui a présidé, durant toutes ces dernières, à la ligne suivie la partie grecque et que le référendum n’a guère modifié :

Avec ces propositions, nous nous sommes évidemment fortement engagés à atteindre les objectifs fiscaux requis par les règles, parce que nous reconnaissons, et respectons, le fait que la zone euro a des règles. Mais nous nous réservons le droit de choisir, le droit d’être en mesure, en tant que gouvernement souverain, de décider où nous concentrerons ou augmenterons le fardeau fiscal, dans le but d’atteindre les objectifs fiscaux requis.

Le cadre est donc posé : il s’agit de mesures restrictives visant à obtenir des excédents fiscaux en vue du remboursement de la dette. C’est incontestablement le cadre tel qu’il a été défini par les deux mémorandums qui ont précédé. Le désaccord porte uniquement sur la dite « répartition du fardeau ». Celle proposée par Alexis Tsipras implique une variante de l’austérité (prétendument) « plus juste socialement », qui sera présentée comme une forme de « redistribution » alors même qu’elle prolongera la récession – toute référence aux engagements interdisant l’acceptation de mesures récessionnistes ayant été effacée – et approfondira la paupérisation du plus grand nombre.

Alors que ces propos suaves achevaient de détruire ce qui restait des engagements programmatiques de Syriza, l’état de siège que subit le pays ne cessait de s’aggraver. Dès lundi, la BCE a maintenu la fermeture du robinet des liquidités et diminué encore davantage la valeur des titres bancaires grecs, ce qui conduit immanquablement à l’effondrement des banques du pays.

Pourtant, malgré la gravité de la situation et en dépit du fait que l’instauration du contrôle des capitaux a permis de parcourir une partie du chemin, personne – à l’exception de Costas Lapavitsas et de quelques cadres de la Plateforme de gauche – ne parle des mesures simples et évidentes d’auto-protection nécessaires en de telles circonstances, à commencer par le contrôle public et la nationalisation du système bancaire.

L’explication est évidemment très simple : toute mesure de ce type placerait la Grèce partiellement en dehors de l’Euro, ce à quoi le gouvernement ne consent en aucune manière, malgré les déclarations d’économistes mainstream comme Paul Krugman pour qui « la plus grande partie du coût [d’un Grexit] a été acquittée », la Grèce pouvant désormais en « récolter les bénéfices ».

Une conclusion évidente émerge de tout ce qui précède : par les décisions prises cette semaine, le gouvernement s’est purement et simplement retrouvé dans le piège dans lequel il était pris avant l’annonce du référendum, cette fois dans une position encore moins favorable, soumis à la pression d’un étranglement financier encore plus impitoyable. Il est ainsi parvenu à dilapider en un temps record le précieux capital politique créé par la victoire du 5 juillet. Il se trouve sous l’emprise de ceux qui s’y étaient opposés et qui ont toutes les raisons de se sentir légitimés, malgré leur déculottée électorale.

Reste que le référendum a bien eu lieu. Il ne s’agit pas d’une hallucination dont chacun serait revenu. Au contraire, l’hallucination consiste dans la tentative de rabaisser le référendum, en en faisant un simple moyen de « relâcher la pression », avant de reprendre le chemin qui conduit tout droit à un troisième mémorandum.

Or c’est bien dans cette voie suicidaire que le gouvernement s’est s’engagé. Hier, tard dans la soirée, il a envoyé par courrier électronique à tous les membres du Parlement un texte d’une douzaine de pages, rédigé à la hâte en anglais par des experts envoyés par le gouvernement français, s’appuyant sur la demande de prêt de 50 milliards d’euros faite pas Tsakalotos.

Il s’agit tout simplement d’un nouveau plan d’austérité – en fait un copier-coller du plan Juncker rejeté par les électeurs il y a quelques jours. Ses grandes lignes ne sont que trop familières : excédents primaires, coupes dans les retraites, augmentation de la TVA et autres taxes, et une poignée de mesures visant à lui donner une petite touche de « justice sociale » (par exemple une augmentation de deux points de l’impôt sur les bénéfices des sociétés). Le document a été validé par la plupart des principaux ministres, à l’exception de Panos Kammenos, dirigeant du parti souverainiste des Grecs Indépendants (ANEL), et de Panagiotis Lafazanis, leader de la Plateforme de gauche.

Le Parlement a été réuni pour voter sur ce texte aujourd’hui, suivant les mêmes procédures d’urgence que celle dénoncées avec véhémence par Syriza par le passé. À bien des égards, ce processus peut être considéré comme un « coup parlementaire », puisqu’on soumet au vote du Parlement un texte qui n’est ni une proposition de loi, ni une convention internationale, donnant ainsi carte blanche au gouvernement pour signer n’importe quel accord de prêt, avec le Mémorandum qui l’accompagne. Mais cette validation par le Parlement a été explicitement posée comme condition préalable à toute reprise des négociations par le ministre des Finances allemand Wolfang Schäuble.

Comme on pouvait le prévoir, et tel était bien le but recherché, l’accord proposé a déclenché un tollé au sein de Syriza. Pour l’heure, les réactions les plus virulentes viennent principalement de la Plateforme de gauche et d’autres courants à la gauche de Syriza, comme le KOE, organisation maoïste qui compte quatre députés. Au cours de la réunion du groupe parlementaire de Syriza, qui s’est tenue aujourd’hui, Lafazanis, ministre de l’Energie et chef de file de la Plateforme de gauche, a déclaré que l’accord était « incompatible avec le programme de Syriza » et qu’il « n’offrait pas de perspective positive au pays ». Les ministres de la Plateforme de gauche devraient donc démissionner aujourd’hui.

Thanassis Petrakos, l’un des trois porte-parole du groupe parlementaire de Syriza et figure importante de la Plateforme de gauche a quant à lui déclaré :

Le « non » au référendum est un « non » radical et un « non » de classe. Certains camarades haut placés insistent sur la logique selon laquelle « il n’y a pas d’autre choix ». Nous devrions nous préparer à quitter l’Eurozone et le dire clairement aux gens. La gauche a un avenir lorsqu’elle déploie ses ailes face à l’inconnu, pas lorsqu’elle se soumet au néant. Ceux qui insistent sur le choix de rester dans l’euro coûte que coûte savent que cela conduit au désastre. Nous avons besoin d’une sortie préparée pour ouvrir une nouvelle voie. Les premiers pas sont le contrôle public des banques et de la banque centrale grecque, ainsi que des mesures sévères à l’égard de l’oligarchie.

Varoufakis se serait également opposé à l’accord, tout comme certains membres du groupe des « cinquante trois » (l’aile gauche de la majorité au Parlement), bien que lors d’une réunion qui s’est tenue hier, un fossé important est apparu entre la base et les cadres intermédiaires, très opposés à l’accord, et les députés, plus enclins à le soutenir. Le vote qui aura lieu en fin de soirée sera certainement crucial pour les développements à venir, mais également pour l’avenir de Syriza.

Quelle que soit la tournure que prendront les événements lors des prochaines heures et des prochains jours, une chose est claire : toute tentative pour réduire à néant la volonté populaire d’en finir avec l’austérité et les mémorandums revient à une forme d’hubris, au sens ancien du terme en grec. Quiconque décide de conduire le pays, et la gauche, à la capitulation et au déshonneur, doit donc être prêt à faire face à Némésis.

Stathis Kouvélakis

Traduit par Soraya Guénifi et Ugo Palheta

Stathis Kouvélakis est membre du comité central de Syriza, et enseigne la théorie politique à King’s College (Londres).

Version Originale : https://www.jacobinmag.com/2015/07/tsipras-syriza-greece-euro-debt/

 http://www.contretemps.eu/interventions/gr%C3%A8ce-absurde-tragique
Print Friendly and PDF

COMMENTAIRES  

11/07/2015 05:47 par depassage

Cet article traite de l’absurde de la position du gouvernement grec en croyant que le référendum allait tout régler ou du moins être le début de quelque chose, d’une révolution ou d’un grand soir, pourquoi pas ? Et c’est là que se trouve l’absurde, le vrai et non pas dans la position du gouvernement grec. Tout annonçait qu’il ne se passerait pas grand-chose et la démission de Yanis Varoufakis est venue à point nommé pour le confirmer. C’est vrai qu’il y avait des paris à faire pour ceux qui sont loin de la scène de théâtre, ainsi que les nervis et les impatients, mais pas pour les Grecs. Compte tenu de la position de leur pays sur tous les plans, ils ont intérêt à tergiverser, car ils courent des vrais risques pour eux, pour l’Europe et le reste du monde. Les Grecs ne peuvent pas faire ce que les peuples européens, des nantis aux moins nantis, ne peuvent pas faire ou du moins accepter que les Grecs le fassent en connaissant le désarroi et la faiblesse des forces qui les (peuples) représentent. S le gouvernement grec arrivent seulement à récupérer son pays dont une grande partie est en main d’intérêt étranger, on dirait qu’il avait accompli sa mission. Ce qui n’est pas sûr du tout.

11/07/2015 12:42 par Cunégonde Godot

M. Tsipras a toujours dit et répété qu’il ferait tout pour que la Grèce reste dans l’ ’"Europe". Il tient promesse. Seuls des imbéciles pourraient le lui reprocher. Non ?

11/07/2015 13:46 par Dwaabala

Une semaine après le non populaire appelé par le gouvernement, le même gouvernement accepte en gros les conditions dont le refus avait suscité ce référendum.
Et ce gouvernement qui a perdu sa majorité de gauche au Parlement s’y voit pourtant soutenu par 250 voix contre 300.
Il ne s’agit pas de le mettre en accusation, puisqu’« il ne pouvait pas faire autrement ».
Bref, au bout du compte, c’est la gauche elle-même qui, en prime, a fait le grand pas en avant attendu par la finance en démontrant de manière directe et éclatante combien la voix des peuples compte peu.
On dit cependant que ces mois de résistance à reculons ont ouvert des perspectives de mieux être pour le peuple grec et de démocratie en Europe....

11/07/2015 15:54 par Le Fou d'ubu

Me serais-je réjouit trop tôt ...

11/07/2015 15:57 par Michel Rolland

Un référendedum est une occasion de manipulation extraordinaire pour les politiciens. Le simple limogeage de Yanis Varoufakis annonçait ce qui allait venir... Son successeur choisi par les néolibéraux, dont je ne veux pas me souvenir du nom, est un néolibéral qui travaille pour ses maîtres. Rien de pire que les politiciens charismatiques comme Alexis Tsipras ; ils sont des manipulateurs qui n’en ont que pour leur ego, leur carrière. Tout ce qui se fait dans le cadre « démocratique » (élections, référendums...) est sous contrôle néolibéral.

Encore une fois, nous nous rendons compte que tout ce qui se trouve au-dessus de nos têtes, nous ... dessus.

Michel

11/07/2015 16:55 par Christophe

On peut imaginer que l’intérêt de la Grèce, comme peut le concevoir Alexis Tsipras, soit d’entraîner d’autres pays avec elle, de continuer les négociations, de faire monter les enchères.
Plus cela dure plus on en parle dans les médias.
L’intérêt des grecs est sans doute davantage de se faire virer de l’Europe que d’en partir...
Plus on en promet plus on ramène le monde à la table des négociations.
Des paroles, des paroles...

11/07/2015 18:05 par macno

Dire qu’il faut sortir de l’euro, c’est comme dire "un jour j’irai vivre en Théorie parce qu’en Théorie, tout se passe bien"...
En Théorie, il est vrai que sortir de l’Euro ce serait la meilleure solution pour la Grèce, mais en théorie seulement.
J’aimerai qu’on m’explique comment, après si peu de temps au Pouvoir, des Partis qui n’ont jamais exercé aucune responsabilité politique et qui je pense ont été les premiers surpris d’avoir été élus, avec une administration fiscale en déliquescence et/ou inexistante, avec des banques au bord de la faillite, avec un marasme économique et des Pressions continuelles de l’UE [et ce ne sont là juste que quelques points pour résumer la situation], peuvent-ils du jour au lendemain organiser ce bouleversement qu’est déjà inévitablement un changement de monnaie dans des conditions normales, et il faut donc imaginer ce "bouleversement" dans des conditions pour le moins anormales ?
Je ne sais plus qui a dit :
« L’Euro est une autoroute sans sortie, on ne sait pas le défaire »
De toute évidence la toute première chose dont Tsipras et son gouvernement avaient le plus besoin, c’est de TEMPS...Le but premier des "Machiavels" de l’UE, c’était de l’en priver le plus vite possible en faisant sauter ce gouvernement honni.
Ils ont manifestement perdu.
C’est en cela que Tsipras et Varoufakis ont très bien joué, et qu’on n’entend d’ailleurs plus Angela Merkel.

11/07/2015 19:34 par macno

Le problème de la Grèce n’est d’ailleurs pas celui de la Grèce mais paradoxalement il est celui de l’Allemagne.
Les banques allemandes ont déjà eu une très très grosse alerte lors de la faillite de Détroit (USA), dont "simplement" la Deutsche Bank qu’il a fallu, si je me souviens bien recapitaliser.
Le plus simple (je viens à l’instant de retrouver une de mes sources perdues lors d’un suicide de disque dur) c’est d’écouter Charles Gave, OK, il n’est pas de "chez nous", mais compte tenu de ce qu’il dit, ça n’en est que plus intéressant :
http://www.dailymotion.com/video/xmxdc2_charles-gave-a-propos-de-l-euro-c-est-pas-parce-que-le-front-national-a-eu-l-idee-avant-les-autres_news
Ce qu’il dit va faire plaisir aux inconditionnels de la "sortie de l’euro, mais faut bien écouter le reste, notamment sur l’Allemagne. Je tiens à préciser que cette vidéo a 4 ans d’âge...
Ce n’est pas la première fois que la fragilité de l’économie allemande est ainsi mise en exergue, mais elle est bien réelle, et sa fragilité serait étrangement dépendante de son efficacité. La restructuration des dettes des États du Sud de l’Europe est un véritable cauchemar pour le système bancaire allemand. À trop vouloir commercer et vendre ses produits dans toute l’Europe, l’Allemagne a été payée par des "monnaies" qui risquent de ne valoir plus rien, c’est à dire au moyen de dettes qui un jour ou l’autre devront être tout simplement...effacées.
Le deuxième problème de l’Allemagne, c’est Merkel. N’importe quel étudiant en psychologie de 1ère année (je ne sais si cette matière est enseignée et comment...) vous dirait qu’il est absurde de voir en Merkel la Femme Politique Forte que beaucoup décrivent :
http://lesakerfrancophone.net/angela-merkel-limperatrice-nue/
À partir de là on a tous les éléments en main pour analyser la crise grecque. Ils ne sont pas aussi évidents qu’on aimerait nous les faire paraître...

11/07/2015 20:03 par Byblos

Foin de tous ces commentateurs prétendus de Gauche -ou du peu qui en reste en Occident- qui sont tellement déçus que les Grecs ne se soient pas jetés à corps perdu dans une Révolution que ces mêmes Occidentaux n’osent même pas envisager, ou même seulement imaginer, pour eux-mêmes.

À qu’il est plus agréable d’être spectateur que d’être acteur.

J’aurais tellement aimé entendre quelques voix françaises s’élever pour poser la question suivante :

« Alors ! Que pourrions-nous FAIRE pour assurer la suite de ce début de révolte de nos frères grecs ? »

11/07/2015 20:16 par macno

J’allais oublier l’essentiel, le point des "Privatisations", et il est capital celui là...
Étant donné que la Grèce ne peut que faire défaut sur sa "Dette abyssale", qu’elle ne pourra jamais la rembourser, la seule manière pour l’Allemagne de récupérer une partie de ses "billes" c’est d’être sur le devant de la scène concernant les privatisations, qui compte tenu de la situation économique de la Grèce, ne pourront être que soldées...d’où "gross bénefs en vue" !
Que les Américains fassent pression sur l’UE pour garder la Grèce, ce n’est qu’une manière bien dissimulée d’affaiblir l’Allemagne, qui malgré tout ce qui a été fait en Ukraine, persistera à commercer avec la Russie. Un des pires cauchemars des Américains c’est une alliance germano-russe qui serait pour l’instant une des seules à pouvoir contrecarrer...l’Empire.
Ce n’est d’ailleurs pas nouveau...
Mais dans le cas de la Grèce n’était pas prévu le "vilain petit canard" de Syriza qui change bougrement la donne...Et c’est notamment sur la donne des privatisations que les Allemands doivent paniquer, car il y a eu cet autre imprévu, le parcours "touristique" grec à Moscou...
Tsipras a constamment le sourire...
(à suivre)
gérard

11/07/2015 21:58 par guerra

j’ai noté un détail dans l’important article de monsieur Kouvélakis mais parfois les détails sont essentiels.il donne comme résultat du référendum : 62% pour le NON et 38% pour le OUI ;sauf erreur il me semble que le score du OUI a été de 32% et 6% de vote BLANC qui correspondait au mot d’ordre du KKE.cette inexactitude permet à monsieur Kouvélakis d’éluder l’analyse marxiste pertinente du KKE : bien joué monsieur (pardon) le faussaire.

11/07/2015 23:27 par Dwaabala

L’affaire n’est pas au bout.

12/07/2015 12:58 par Scual

Quand je lis les articles et commentaires qui fleurissent un peu partout sur cette affaire, je suis profondément démotivé.

La vraie "gauche" n’apprendra donc jamais rien. 99% de ce qui est reproché à Tsipras est de ne pas avoir fait des choses dont il n’a jamais été question.

Donc remettons les choses à leur places : Tsipras a proposé un plan, l’Eurogroupe l’a refusé et à proposé un plan bien pire avec ultimatum, Tsipras le propose aussitôt par referendum à son peuple qui le met à sa juste place, dans la poubelle.

Ensuite Tsipras repropose son dernier mot, celui qui avait été refusé par l’Eurogroupe pratiquement à l’identique mais cette fois-ci il reforme sa majorité sur la base du referendum et le fait vraiment au nom du peuple Grec et non plus au nom de la majorité en place. La stratégie de l’Eurogroupe qui ne visait qu’à faire tomber ce gouvernement, seule vraie explication à leur intransigeance et à leur ultimatum, devient caduque. Soit l’Eurogroupe accepte la dernière proposition de Tsipras, soit puisqu’un Grexit est en réalité impossible quoi qu’en dise la propagande médiatique à visée anxiogène pour les peuples à commencer par les Espagnols, c’est la banqueroute d’un pays de la zone euro : le MES se met en route avec une jolie facture pour le couple Franco-Allemand et commence un cataclysme géopolitique et financier pour l’UE et probablement pour le reste du monde. Là encore contrairement à la propagande médiatique visant à rassurer les marchés mondiaux pendant leur partie de poker menteur, histoire que ça ne s’emballe pas pour rien avant que les jeux soient réellement fait, car depuis le départ ils savent que si les Grecs ne se couchent pas, c’est eux qui vont se coucher.

Et c’est ce qui vient de se passer. Alors oui les Grecs ont du faire tapis pour emporter bien peu de choses mais ils ne pouvaient effectivement pas remporter plus. Si l’Espagne rejoint leur camps au prochaines élections, là il y aura plus de jetons à miser mais en attendant c’est comme ça et pas autrement, toute autre option amenant Tsipras à perdre son soutiens majoritaire en Grèce.

Et que fait la vraie gauche française ? Analyse t-elle la situation de manière réaliste, subtile, géopolitique, en évaluant les rapports de force réels et à travers le prisme de l’intérêt de la Grèce plutôt que de celui du peuple français ? Non ! Elle reproche à Tsipras de ne pas avoir réalisé l’utopie qu’elle s’était totalement imaginé afin de se sentir plus enthousiaste en se levant le matin. Rien à voir avec ce qui se passait réellement. Chacun se faisant son propre film sur ce que le "non" allait déclencher, sur ce que les grecs veulent ou doivent vouloir et en se fichant royalement de leurs besoins réels. Cela fait des années que notre famille politique égocentrique refuse d’accepter le fait que la Grèce n’a pas les mêmes besoins que la France et ne peut, ni ne doit, proposer les même choses que nous concernant l’UE et l’Euro. Mais certains crient à la trahison parce qu’il reste dans l’Euro, d’autres dans l’UE etc, alors qu’il n’en a jamais été question, que les grecs ne le veulent pas et qu’ils ont bien raison étant donné leur situation particulière.

Combien de fois avez vous lu ou entendu que Syriza est une gauche "bourgeoise" parce qu’elle veut rester dans l’UE. Et bien allez y vous, choisissez les brics pour qu’il vous arrive comme à l’Ukraine, ou bien devenez un satellite Turque ou Israélien, deux autres seules possibilités pour la Grèce en cas de rupture avec l’UE...

Ce genre de manière de voir, d’attitude en réalité, me démotive au plus haut point. Je ne parle pas de LGS et de ses commentateurs, c’est une attitude qui me semble généralisée. Tant que nous ne reviendront pas à nos origines matérialistes et rationnelles et continueront dans nos fantasmes et nos utopies, notre paranoïa à la trahison, notre idéalisme intransigeant, nos enfermement idéologiques individuels imperméables à tout ce qui dévie un tout petit peu de nos lignes personnelles, bref tout ce qui fait de notre "famille" des incompétents inefficaces en politique et même en militantisme puisque désormais le simple fait de poster notre opinion sur internet EST du militantisme et que dire n’importe quoi c’est militer pour nos adversaires, nous n’obtiendront rien et devront attendre que la nécessité, comme en Espagne ou en Grèce, nous pousse à cesser nos enfantillages par la force des choses. En attendant tout ce que la gauche de "résistance" française fait continuera de n’être que de l’agitation brouillonne et sans conséquence partant dans tout les sens et changeant d’avis toute les semaines.

12/07/2015 18:25 par macno

@ Scual tu dis :
« Quand je lis les articles et commentaires qui fleurissent un peu partout sur cette affaire, je suis profondément démotivé »
En premier « démotivé » de faire quoi ?
On ne peut hélas pas faire grand chose...mais surtout en avons-nous le droit ?
Faut bien réfléchir avant de répondre à cette dernière question, car nous sommes face à une partie d’Échecs, alors le silence serait peut-être de rigueur, qui sait...
Il te faut sérieusement relire ou lire simplement tout ce qui a été écrit dans les articles et les commentaires pour leur porter un pareil jugement. Il y en a qui sont concernés, c’est exact, mais dans quelle proportion et est-ce vraiment important ?
Comme je ne peux parler que des mes commentaires, tu ne dois pas les avoir lu du tout...
« Elle [la vraie gauche]reproche à Tsipras de ne pas avoir réalisé l’utopie qu’elle s’était totalement imaginée afin de se sentir plus enthousiaste en se levant le matin. ». C’est vachard mais c’est exact, mais c’est ce que je parlais au sujet de "vivre en Théorie".
De l’Utopie il en faut quand même et je dirai même qu’il est indispensable d’en avoir, car sans elle on devient très vite "raisonnable", quelle horreur !
Mais c’est justement LA pendule que je m’échinais de mettre à l’heure des réalités, et elle présente parfois de tristes visages "l’heure de la réalité" mais faut s’y faire, et concernant Tsipras elle était plus que nécessaire à rétablir face aux invectives des utopies, car c’est lui qui s’y coltine grave aux "réalités", et il ne faut surtout pas lui saper le moral...
Ceci dit, je suis assez d’accord quand même avec toi, mais pas sur tout, et je serais nettement moins pessimiste...

12/07/2015 18:35 par Michel Rolland

À guerra :

Merci de l’information.

Michel

12/07/2015 18:47 par Dwaabala

La « vraie gauche » française est représentée essentiellement par le PCF et le Parti de gauche qui sont solidaires du Gouvernement grec et appellent à le soutenir.
Pour ne pas perdre le Nord, il suffit de se fier à cette boussole.

12/07/2015 20:59 par sergio

Scual écrit : « … Mais certains crient à la trahison parce qu’il reste dans l’euro, d’autres dans l’UE etc., alors qu’il n’en a jamais été question, que les grecs ne le veulent pas et qu’ils ont bien raison étant donné leur situation particulière. Combien de fois avez vous lu ou entendu que Syriza est une gauche "bourgeoise" parce qu’elle veut rester dans l’UE. Et bien allez y vous, choisissez les brics pour qu’il vous arrive comme à l’Ukraine, ou bien devenez un satellite Turque ou Israélien, deux autres seules possibilités pour la Grèce en cas de rupture avec l’UE... »

sergio : il est vrai que la Grèce (pays membre de l’OTAN) ne représente qu’à peine 2% du PIB européen (c’est dit sur tous les tons et à longueur d’ondes), elle n’a effectivement pas les mêmes besoins hégémoniques et expansionnistes que l’Allemagne (pays membre de l’OTAN) par exemple… mais elle n’est pas la seule dans ce cas et c’est bien là le problème ! L’uniformité et les règles économiques ne mène qu’à ce à quoi on assiste quasi impuissant aujourd’hui…, car selon le pourcentage de votre PIB, vous serez classé soit dans la catégorie des "grand" pays, soit dans la catégorie des "petit" pays… et si vous appartenez à la seconde catégorie, vous avez de fortes probabilités d’être gobé tout cru par les "grands" pays de l’EU (ou satellisé comme vous dites).

Restez dans l’EU (comme le demande le peuple grec, certes, mais à quel prix ?) ou être satellisé par les BRICS… pour finir comme l’Ukraine (qui a d’ailleurs "choisi" le camp occidental, l’OTAN via les Etats-Unis et l’EU (contrôlée par l’Allemagne), et une minorité d’Ukrainien(ne)s qui a choisi de résister dans le Donbass…), la Turquie (membre de l’OTAN) ou Israël (allié privilégie des Etats-Unis).

Vous oubliez l’Islande ?, qui a refusé l’étranglement de son économie par l’EU et les banques européennes, qu’elle a viré prestement… Aujourd’hui elle ne s’en sort pas plus mal, merci pour elle !

Quant au clivage "gauche" "droite" (sauf le FN qui continue à faire cavalier seul, avec quelques groupuscules de la gauche de la gauche), la frontière est bien mince si l’on se réfère aux partis traditionnels, pour ne pas dire totalement illisible, et en considération des déclarations et positionnements stratégiques des uns et des autres (particulièrement en France), comment peut-on affirmer être démotivé par la "gauche" dans un pareil bordel ?

13/07/2015 13:22 par Scalpel

Voici la photo (ainsi que sa fidèle légende) à laquelle les lecteurs du GS ont -failli- échapper.
Seuls les sots en seront pour leur frais. Vive l’Europe !
PS : j’invite le/la lec-teur/trice à se jeter séance tenante dans une implacable, essentielle et peu coûteuse lecture : L’Europe sociale n’aura pas lieu ou le leurre Tsipras Syrisa annoncé avec 6 ans d’avance.
Les épinards au leurre risque d’avoir un goût des plus amers pour le peuple grec.
Alors...tra...gique ou tra...hison ?

13/07/2015 14:49 par Maxime Vivas

C’est curieux cette propension des écrits démago-féministes à cultiver l’incohérence girouettiste.
Ainsi, vous vous adressez aux "lecteurs", vous signalez les "sots" avant d’inviter " le/la lec-teur/trice " (quelle horreur !) à une lecture.
MV (ex-jeune recrue et vaillante sentinelle).
PS. Lu dans des courriels reçus : "les lecteurs et lecteures" et "les copainEs".
J’en vois qui tirent au bazooka sur la statue impie de la langue française. D’autres lui arrachent un oeil ou un doigt, d’autres lui collent des emplâtres à grandes truellées ; c’est selon l’endroit.
Pour changer une pièce d’une voiture il faut avoir un CAP de mécano. Pour bricoler la langue, l’incompétence suffit.
Et lire :
http://www.legrandsoir.info/Le-la-Grand-e-Soir-ee-a-ses-lecteurs-trices-francais-es-et-etrangers-eres.html

13/07/2015 13:36 par Scual

@Macno : Je faisait une généralité. Il y a plein d’articles très intéressants et de commentaires aussi. C’est juste qu’il y a beaucoup plus d’unanimité contre la "trahison" de Tsipras et surtout que ça tombe du jour au lendemain et alors même que deux semaines avant il restait un héro en ayant fait presque EXACTEMENT les mêmes propositions. Le fait que tant de gens se comportent comme des girouette, c’est ça qui m’a démotivé. J’ai effectivement tout lu mais mon commentaire n’est pas destiné à tout le monde.

@Dwaabala : J’ai démissionné du parti de Gauche juste avant son congrès... et crois moi j’avais effectivement le genre de raisons suffisantes pour ne même pas attendre le congrès. J’ai soutenu ce parti depuis 2010, maintenant que je le connais bien, ça sera au cas par cas et avec beaucoup de méfiance. J’ai même essayé de te faire venir plutôt que rester au PC après les municipales si je me souviens bien, je ne sais plus dans quel fil de commentaires, c’est dire si j’y croyais ! Aujourd’hui je me rend compte de ma naïveté toutes ces années...

Cela dit le PG est effectivement très proche de Syriza, à tout points de vue... par contre ceux qui veulent ou croient au Podemos à la Française, "mouvement citoyen" et toute la nouvelle stratégie de communication pour les régionales, ils vont tomber de très haut, comme je l’ai constaté lors des départementales. Mais bon ça coute rien d’aller aux Assemblées Citoyennes et de constater. Qui sait ?

@Sergio : En fait la manière dont ça marche est assez simple : Si on a pas la bombe, il nous faut un grand frère qui l’a, et plus on est petit, plus on va être dépendant de la balance commerciale, et donc on aura besoin de beaucoup d’amis, ou plutôt d’avoir accès à de gros marchés. Donc si c’est plus l’UE le grand frère des grecs, avec un vraie rupture comme beaucoup la souhaitent chez nous, ça sera soit les USA qui demandent grosso modo pareil que l’UE, le partenaire privilégie de la Grèce dans cette zone sera donc la Turquie, soit ça sera Israël le grand frère mais il faudra aller quémander des accords bilatéraux à droite à gauche pour avoir des débouchés. Dans cette configuration la Grèce reste dans le camps occidental et ne s’expose pas trop aux déstabilisations, en échanges de grosses concessions en matière de souveraineté. Si le grand frère c’est la Russie là c’est une autre paire de manche et on assistera a des tentatives de coups d’État type Maidan et autres révolutions colorées ad vitam æternam : jusqu’à ce que ça marche.

Voila pourquoi il ne faut pas faire l’erreur de séparer l’économique du politique. En théorie économiquement la Grèce pourrait se débrouiller. Dans la réalité, ça sera soit la même chose avec un autre grand frère que l’UE, soit un État de siège permanent.

L’Islande est un cas particulier. L’Islande ne pèse rien par rapport à la Grèce qui elle-même ne pèse rien par rapport au reste de l’Europe. L’Islande c’est RIEN économiquement. Sa seule importance est géostratégique et ça coutait moins cher de payer pour la garder dans notre camps que de prendre le risque de se retrouver avec un gigantesque porte-avion Russe à la porte d’entrée de l’Atlantique ! C’est un siècle de stratégie de l’encerclement et la justification de toutes les guerres et coups d’États actuels qui voleraient en éclat pour des broutilles en termes financiers. Donc on a laissé faire, les USA y ont veillé. Une fois de plus, il ne faut pas séparer l’économique du politique... l’Islande coutait moins cher à garder qu’à perdre, puisqu’il aurait évidement fallu y faire un coup d’État, voir même l’envahir si elle changeait de camps.

C’est à ce jeu que joue Tsipras. Il doit poser sur la table la plus grosse facture possible pour l’Eurogroupe, en termes de menaces pures et simples pour leur économie si ils ne cèdent pas, et proposer un plan qui leur coute moins cher... Étant donné qu’il faut prendre en compte les intérêts de plusieurs puissances et intérêts privés et même jouer des unes contre les autres, avec le risque en cas d’échec d’une véritable catastrophe pour son pays c’est beaucoup plus compliqué que il fait son programme ou il fait pas son programme. La seule et unique question qui compte c’est que peut-il faire au maximum ?

Il semble avoir joué la carte Russe pour faire peur aux USA afin que ceux-ci pèsent de leur poids sur l’UE puisque la Grèce n’a aucun poids réel. Le problème c’est Podemos qui fait trop peur à l’UE pour laisser Tsipras gagner la partie. Il faut à tout prix empêcher l’Espagne d’être le prochain État à présenter la facture à l’Eurogroupe et discréditer ce genre de programme politique. En clair l’ami de Syriza le parti de gauche radicale, c’est les USA qui veulent garder la Grèce dans leur camps pour le moins cher possible, et l’épine dans le pied de Syriza, c’est la gauche radicale européenne de qui elle doit tout faire pour se détacher jusqu’à ce que l’Eurogroupe estime qu’elle est assez discréditée pour éviter une éventuelle contamination gauchiste en péninsule ibérique. Il n’y a pas de victoire de Syriza possible, au moins médiatiquement, tant que Podemos pourrait gagner en Espagne !

Voila pour quoi Tsipras me semble être en train de gagner : Il se déleste du soutien de l’opinion des électorats de gauche européens en se faisant haïr par eux, il se détache de l’aile gauche de Syriza et se rapproche du centre et de la droite en Grèce, offrant à l’Eurogroupe de pouvoir présenter sa victoire comme une défaite. Il ne ferait pas ce véritable sacrifice détruisant tout espoir de nouvelle victoire électorale dans l’immédiat, si ce qu’il veut n’était pas déjà dans la boite... Une bonne partie de l’accord peut tout à fait être secret et n’être déclenché que plus tard, quand le souffle médiatique sera retombé. Si l’Eurogroupe ne sauve pas la face et que la gauche radicale est définitivement et publiquement démontrée comme compétente et efficace, l’Espagne est perdue, puis le Portugal, et même peut-être l’Italie et puis la France etc... c’est cette réaction en chaine là qui justifie vraiment que perdre la Grèce peut-être envisageable pour l’Eurogroupe, comme un moindre mal car à terme c’est bien la faillite de la zone Euro qui se profile !

Voila mon analyse qui vaut ce qu’elle vaut. En tout cas une chose est absolument certaine, le discrédit de Tsipras et de Syriza à nos yeux est bel est bien une des cartes maitresses de Tsipras dans les négociations et il faut quoi qu’il arrive le prendre en compte avant de crier à la trahison.

13/07/2015 13:50 par Michel Rolland

Nous sommes, à n’en pas douter, dans le Moyen-Âge néolibéral...

http://tvanouvelles.ca/lcn/infos/lemonde/archives/2015/07/20150713-044844.html

Michel

13/07/2015 15:22 par Michel Rolland

Bravo Scalpel, vous et l’UPR voyez clair !

Vous dites : « désolé encore pour tous ceux qui, en Grèce, en France ou ailleurs, ont cru à Alexis Tsipras et à Syriza -. Leur déception et leur rancœur doivent être immenses. » Je suis d’ailleurs, et croyez-moi, je suis extrêmement déçu.

La photo à laquelle vous faites référence est révélatrice, mais le texte de François Asselineau dit tout : http://www.upr.fr/actualite/syriza-etait-bien-un-leurre-europeiste-lupr-avait-raison-sur-tout

Je suis Québécois, et nous sommes pour ainsi dire des spécialistes des référendums. Ils sont synonymes de tricherie, mensonge, manipulation où les plus mesquins gagnent toujours. Je me plaignais du fait qu’ici aucun parti de gauche majeur existe. À voir ce qui se passe chez vous, en Espagne et en Grèce, je réalise que nous ne manquons de rien. Comme François Asselineau le dit : « Les Français doivent admettre, une bonne fois pour toutes, que le Front National, DLF, le Parti de Gauche, et tous les partis qui hurlent contre les effets de l’UE et de l’euro, sans jamais proposer d’en sortir par l’article 50, sont bel et bien des mouvements leurres. » (Tout à fait à l’image des partis centristes pseudo-progressistes du Québec.) Et tout ce qu’il dit vaut aussi pour ce qui se passe chez nous :
« Ce n’est pas par hasard que ces partis sont constamment promus dans les grands médias français, alors que ceux-ci refusent de simplement même évoquer l’existence de l’UPR.
Si ces partis sont promus médiatiquement par le système euro-atlantiste, c’est parce qu’ils servent de paratonnerre à la colère du peuple français, en leur proposant toujours des analyses incomplètes et des fausses solutions pour mieux sauver le système qu’ils font semblant de combattre.
Exactement comme Syriza a été constamment promu médiatiquement en Grèce, et présenté sous les traits d’un parti opposant farouche au système, alors qu’il n’en était que la roue de secours la plus perfide. »

Quelle pitié de voir des gens de bonne foi défendre dans les colonnes de LGS les agissements du gouvernement socialiste néolibéral (et je pèse mes mots…).

Il faut nous détacher des politiciens de gauche autant que de ceux de droite. Ils sont tous néolibéraux soit par naïveté ou par cupidité.

Il faut d’abord provoquer l’effondrement de l’économie capitaliste. Ensuite, il faudra trouver une solution qui ne passera pas par le suffrage universel, ni par les référendums.

Michel

13/07/2015 15:27 par macno

@ Scual
J’avais bien dit que j’étais d’accord avec toi, et je le suis même de plus en plus et notamment sur la géostratégie.
La situation est effectivement sinon extrêmement tordue du moins pas mal complexe.
Quant au rapprochement avec la Russie il est à mon avis bien moins anodin qu’il n’y paraît et peut-être pas uniquement géostratégique. Il ne faut pas oublier, même pour des athées purs et durs, que ces deux Pays sont tous les deux Chrétiens Orthodoxes, et il y a la sirène des BRICS.
J’ai eu le sentiment, au travers des reportages et de ce que je connais des Grecs, du fait qu’ils désirent par dessus tout...qu’on leur foutent la paix.
Vraiment de mémoire, pas le temps de chercher, mais il y a bien eu après guerre une guerre civile anti communiste en Grèce soutenue par les britanniques. Avec la suite de son Histoire (l’Occident n’a jamais été trop méchant avec les Colonels il me semble), il se pourrait que le peuple grec n’ait pas un souvenir des plus sympathiques de l’Occident...Et quant à celui qu’on laissé les Allemands...
Si les grecs s’était enivrés à une époque avec l’Europe, ce serait plutôt la gueule de bois qu’ils auraient maintenant.

13/07/2015 17:44 par olivier imbert

pourquoi ne pas ouvrir la perspective sur l’extérieur par l’ukraine et la russie, au nom de la dernière instance internationale cela n’interdit pas le jacobinisme en politique intérieure.

13/07/2015 20:41 par sergio

Scual écrit : « …En fait la manière dont ça marche est assez simple… », « … Voila pourquoi il ne faut pas faire l’erreur de séparer l’économique du politique. … » pardonnez-moi de sortir vos deux phrases de leur contexte…, sergio.

sergio : il s’agit de tractations (négociations) et donc de rapports de force, où furent présenté au grand public, d’un côté le club « eurogroupe », soi-disant mahousse champion du tout économique, de l’euro fort, des critères de convergence, de l’austérité contrôlée, etc. (et selon les médias et le personnel politique, le volet politique n’était pas de mise !…, les membres de ce club, n’étaient pas là pour ça ! Bien que nous savons tous (ou a peu près) que toutes les décisions qui sortirent des réunions de l’eurogroupe étaient bien entendu éminemment politiques…) et de l’autre côté Tsipras, Varoufakis et le peuple grec (qui fut consulté par référendum, pour faire pression sur les dirigeants de l’UE et l’eurogroupe) comme les champions du tout politique (le berceau de la démocratie, pensez donc !), le champion de la stratégie politique, etc.

C’est comme ça que fut vendu au public (forcément en haleine) les énièmes négociations de la dernière ! où il fut question de gros sous, comme par exemple : « ce qu’allait coûté aux contribuables européens, la Grèce », « quels étaient les milliards d’euros nécessaires pour la sortir de la faillite ? », etc. Voilà grosso-modo le contenu vendu au large public.

Ensuite, qu’elles étaient les (vraies) motivations des uns et des autres ?, c’est une autre paire de manche…

Et à l’heure actuelle il paraît prématuré de tirer des conclusions hâtives de tout ce cirque médiatique ; les supputations sont ce qu’elles sont, et bien malin celui ou celle qui aurait été informé de la teneur de toutes les conversations et tractions de ce qui c’est vraiment dit, et /ou qu’on ou négocier les protagonistes de tel ou tel camp, sans compter la part d’improvisation (on n’est pas forcément maître des évènements ! la théorie du jeu chère à Varoufakis… il a été fortement question de poker menteur) et l’intoxication médiatique attenante. Point de valse des bombes atomiques (même si celles-ci étaient en filagrane dans les rapports de force), les intérêts géostratégiques ne furent même pas abordés par le personnel politique, ni par les médias d’ailleurs, alors penser bien… traiter à la fois d’économie et de politique…, ce n’était évidemment pas possible !

13/07/2015 21:29 par Scalpel

Maxime Vivas

Quel acharnement pour une malheureuse répétition si vénielle.
Faut-il ne RIEN avoir à répondre sur le fond pour ainsi focaliser sur une forme perfectible.

14/07/2015 10:03 par macno

@ Scalpel
Non ! pas l’UPR, pas Asselineau et son égo hypertrophié, et pas cette photo qui ne prouve rien...!
Je repasse "l’objet du délit" :http://www.upr.fr/actualite/syriza-etait-bien-un-leurre-europeiste-lupr-avait-raison-sur-tout
Asselineau est politiquement "has been". Et je dis ça sans aucune animosité car je ne parle pas au sujet de ses idées ; je peux sans hésitation aucune, reconnaître qu’il a de très bonnes analyses...Mais c’est un trop long sujet et hors propos à aborder maintenant.
Pour en revenir à Juncker, apparemment (et d’ailleurs c’est connu) il aurait une certaine tendance pour la dive bouteille ainsi que les vapeurs éthyliques assez affectueuses (et ce n’était pour le moins pas le cas de Tsipras) ; parmi les faucons, lui au moins il détend l’atmosphère qui en a souvent bien besoin (je tiens à préciser que je n’ai vraiment aucune sympathie pour l’homme politique, loin s’en faut). Il m’a bien fait rire, et comme les occasions sont si rares en ce moment :
https://www.youtube.com/watch?v=1fASN9oYGdw&feature=youtu.be

14/07/2015 10:27 par sergio

Les jeux sont faits..., rien ne va plus !

Scual écrit : « …En fait la manière dont ça marche est assez simple… », « … Voila pourquoi il ne faut pas faire l’erreur de séparer l’économique du politique. … » pardonnez-moi de sortir vos deux phrases de leur contexte…, sergio.

sergio : il s’agit de tractations (négociations) et donc de rapports de force, où furent présenté au grand public, d’un côté le club « eurogroupe », soi-disant mahousse champion du tout économique, de l’euro fort, des critères de convergence, de l’austérité contrôlée, etc. (et selon les médias et le personnel politique, le volet politique n’était pas de mise !…, les membres de ce club, n’étaient pas là pour ça ! Bien que nous savons tous (ou a peu près) que toutes les décisions qui sortirent des réunions de l’eurogroupe étaient bien entendu éminemment politiques…) et de l’autre côté Tsipras, Varoufakis et le peuple grec (qui fut consulté par référendum, pour faire pression sur les dirigeants de l’UE et l’eurogroupe) comme les champions du tout politique (le berceau de la démocratie, pensez donc !), le champion de la stratégie politique, etc.

C’est comme ça que fut vendu au public (forcément en haleine) les énièmes négociations de la dernière chance ! où il fut question de gros sous, comme par exemple : « ce qu’allait coûté aux contribuables européens, la Grèce », « quels étaient les milliards d’euros nécessaires pour la sortir de la faillite ? », etc. Voilà grosso-modo le contenu vendu au large public.

Ensuite, qu’elles étaient les (vraies) motivations des uns et des autres ?, c’est une autre paire de manches…

Et à l’heure actuelle il paraît prématuré de tirer des conclusions hâtives de tout ce cirque médiatique ; les supputations sont ce qu’elles sont, et bien malin celui ou celle qui aurait été informé de la teneur de toutes les conversations et tractions de ce qui c’est dit vraiment… ou qui fut négocier par les protagonistes de tel ou tel camp, sans compter la part d’improvisation (on n’est pas forcément maître des évènements ! « théorie des jeux » chère à Varoufakis… il a été fortement question de poker menteur !) et l’intoxication médiatique attenante. Point de valse des bombes atomiques (même si celles-ci étaient en filagrane dans les rapports de force), les intérêts géostratégiques ne furent même pas abordés par le personnel politique, ni par les médias d’ailleurs, alors penser bien… traiter à la fois d’économie et de politique… ce n’était évidemment pas le moment ni le lieu !

(Commentaires désactivés)
 Twitter        
 Contact |   Faire un don
logo
« Informer n'est pas une liberté pour la presse mais un devoir »
© CopyLeft :
Diffusion du contenu autorisée et même encouragée.
Merci de mentionner les sources.