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Histoire d’une réussite : le réchauffement climatique

Georges ROSSI

Les idées, les conceptions, on le sait, ont une histoire. Elles naissent, se développent, vieillissent et meurent plus ou moins vite dans un contexte économique, social, politique et culturel déterminé. Elles sont, à un certain moment de l’histoire d’un groupe social l’expression de ses besoins, de ses attentes, de ses angoisses. Elles ont des parents, une famille, portent l’empreinte de cet héritage et remplissent une fonction. Le décodage de cette génétique en dehors de tout présupposé idéologique ou partisan, apporte, souvent, un éclairage intéressant. Le réchauffement climatique n’échappe pas à cette règle.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’idée d’un impact négatif de l’activité humaine sur ce que l’on n’appelait pas encore l’environnement, n’est pas née dans les milieux scientifiques ou dans les milieux pré-écologistes du milieu des années 1960. Elle a été initialement conçue et développée dans l’entre deux guerres au sein du monde intellectuel, politique et économique anglo-saxon, profondément imprégné de libéralisme de malthusianisme et de darwinisme social. Il s’agissait alors, pour les membres de ces cercles, dont l’influente Société eugéniste de Londres, de sauvegarder de la prédation par les masses les ressources naturelles nécessaires aux élites pour promouvoir le développement du monde civilisé, à commencer par l’Empire britannique.

Au sein de ces cercles, Julian Huxley est un personnage central. Il est le fils de Thomas Huxley, ami et admirateur de Darwin, fondateur de la revue Nature, il fut le premier à appliquer la théorie de la sélection naturelle à l’espèce humaine (1), ce que Darwin ne fit jamais, et formalisera le darwinisme social (2) dont une des traductions pratiques fut l’eugénisme. Julian Huxley, professa le darwinisme social et l’eugénisme toute sa vie. Antinataliste militant, il exprima très nettement ses convictions lorsqu’il deviendra, en 1946, le premier directeur général de l’UNESCO (3) et encore en 1964 (4) en termes particulièrement violents (5).

Sous l’action de ce courant de pensée, et particulièrement de Julian Huxley, naîtra en 1948 la première organisation de « protection de la nature », l’UIPN, dont les statuts furent rédigés au Foreign office, devenu en 1956 l’UICN et, en 1961, le WWF. Conçu comme l’organisation « grand public » de l’UICN, le co-fondateur en fut le prince Bernhard des Pays-Bas, vice président de Royal Dutch Shell et le vice-président le canadien Maurice Strong. Celui-ci, fut le premier président du bureau de l’UICN, et, successivement, président de Pétro Canada, de la Power Corporation of Canada, d’Ontario Hydro, conseiller spécial auprès du secrétaire général de l’ONU. Malthusien et antinataliste convaincu il allait jouer un rôle central.

L’idée d’une menace humaine sur la nature va être reprise sous une autre forme en 1967 dans un rapport commandé par le Département d’Etat et Robert Mc Namara (6). Le raisonnement est que face à l’équilibre de la terreur nucléaire, la menace de la guerre ne peut plus exercer, à l’échelle planétaire, ses « fonctions sociales ». Il faut donc lui trouver un substitut et une menace environnementale mondiale par son caractère global appelant des normes mondiales transcendant les souverainetés nationales peut jouer le même rôle. Ces « fonctions sociales » principales sont l’innovation technique, la croissance économique, le contrôle social, la régulation politique. Il en est de secondaires et parmi elles le rôle de stabilisateur intergénérationnel et celui de défouloir psycho-social (p.45).

Le mouvement était initié. Sa première manifestation concrète fut, en 1972, la conférence de Stockholm (« Une seule terre »). Cette conférence fut organisée sous l’égide de l’ONU par Maurice Strong qui la présida. Elle créa le « Programme des Nations Unies pour l’Environnement » dont il fut le premier président. Quelques mois auparavant avait été publié le célèbre rapport du « Club de Rome », « Halte à la croissance ». Ce club fut créé à l’initiative de David Rockfeller qui organisa les premières réunions dans sa propriété de Bellagio (Italie). Maurice Strong y participa et en devint le président de la section canadienne en 1974. Ce rapport, dont les prévisions ne se sont pas réalisées est, après l’ouvrage d’Ehrlich (7) (The Population Bomb) dont les prédictions apocalyptiques sont exactement à l’inverse de ce qui est arrivé, le premier véritable manifeste des idées néomalthusiennes.

En parallèle, l’idée va prendre corps dans les cercles très fermés que sont la Commission trilatérale, créée en 1973 par David Rockfeller et Zbigniew Brezinsky (8), et, encore plus fermé, le Groupe Bilderberg fondé en 1954 par le Prince Bernhard des Pays Bas. Maurice Strong et R. Mc Namara ont été membre de ces deux organisations. Ces forums d’échange sur des questions d’actualité et de prospective entre membres de gouvernements, diplomates, politiciens, personnalités de l’économie, des médias permettent et favorisent une mise en réseau des idées. Le rapport de la Trilatérale de 1991 (Beyond Interdependance) (9) est explicite : « La crainte d’un conflit nucléaire qui a exercé une pression psychologique considérable (…) est en train de s’estomper. Mais certaines menaces environnementales pourraient exercer la même pression dans l’esprit des peuples ».

Préparé par la Commission pour l’environnement et le développement de l’ONU, dont Maurice Strong est un membre influent, le « rapport Bruntland » (10) sera, en 1987, le premier document à évoquer sur le mode de la catastrophe l’influence de l’homme sur le climat. Il insiste particulièrement sur « l’effet de serre », dont les méfaits sont à imputer aux consommations d’hydrocarbures et de charbon, et prévoit d’immenses catastrophes pour le début du XXIème siècle : élévation de la température, désordres dans l’agriculture, inondation des villes côtières, dégradation des sols, des eaux, de l’air, des forêts. L’adolescence C’est le rapport Brundtland qui, à l’initiative de la Commission pour l’environnement et le développement, va inspirer le G7 de Toronto, en 1988. Prenant acte des « alarmes climatiques », les sept grands décident alors de créer le GIEC. Ses membres ne sont pas élus ou désignés par la communauté scientifique mais nommés par les gouvernements, et son but, fixé par les gouvernements, n’est pas d’étudier si oui ou non il y a réchauffement climatique et, dans ce cas, si l’homme y contribue et dans quelle proportion. Le réchauffement et la responsabilité de l’homme étant admis, il s’agit d’en évaluer l’importance et les conséquences : « Le GIEC a pour mission d’évaluer *…+ les informations d’ordre scientifique, technique et socio-économique qui nous sont nécessaires pour mieux comprendre les risques liés au changement climatique d’origine humaine, cerner plus précisément les conséquences possibles de ce changement et envisager d’éventuelles stratégies d’adaptation et d’atténuation ». Le moins que l’on puisse dire est que la méthode « scientifique » est curieuse et que l’indépendance de ses membres peut donner lieu à interrogation. Le réchauffement climatique et la responsabilité de l’homme, décrétés alors que l’état rudimentaire des connaissances de l’époque ne permettait absolument pas de conclure ni à une modification du climat, ni à la responsabilité humaine (et que beaucoup d’incertitudes demeurent encore aujourd’hui en dépit de très importantes avancées), est ainsi placé au centre du débat environnemental. On peut se demander pourquoi cette question spécifique a été choisie comme véhicule de ces politiques.

Pour que tous les pays (et les opinions publiques) se sentent concernés par la mise en place de régulations qui outrepassent leur souveraineté et les acceptent, il convient que la menace soit planétaire, et qu’elle crée des liens d’interdépendance, c’est-à-dire qu’elle ne puisse pas être maîtrisée à l’échelon national. Il faut aussi que l’on puisse, à travers ces réglementations, agir sur la cause de cette menace, autrement dit qu’il puisse être le support de politiques économiques et sociales permettant d’orienter dans le sens voulu les activités et les comportements et donc qu’il soit lié à la plupart des activités humaines. Le CO² remplit parfaitement ce rôle. C’est donc sur ce gaz « politiquement intéressant » que l’on va focaliser tout le débat, alors même que son rôle présenté comme déterminant dans l’effet de serre est un sujet qui n’est pas tranché. A supposer que l’effet de serre soit le facteur principal qui régit la température terrestre, ce qui n’est pas définitivement établi, d’autres gaz comme le méthane ou les composés fluorés pourraient avoir un effet aussi ou plus important que ce CO².

C’est aussi le rapport Bruntland qui sera le socle de la conférence de Rio de 1992. Présidée par Maurice Strong, elle constitue la première initiative efficace pour générer une régulation environnementale mondiale. Ses recommandations reprendront l’essentiel des idées développées dans Beyond Interdependance. L’âge adulte Le mouvement s’accélère à partir du milieu des années 90. Progressivement amplifié, rabâché à satiété et à tout propos par les médias et les politiques, copieusement alimentés en documentation par les multiples lobbies et organisations qui gravitent autour de cette nouvelle source de notoriété, de pouvoirs, d’opportunités et de crédits divers, le réchauffement climatique, est devenu une évidence, au sens commun comme au sens propre indiscutable. La réussite de l’idée est prodigieuse, au-delà, sans doute, des espoirs de leurs promoteurs. Répercutés par les médias, les évènements climatiques, même les plus banals, sont désormais interprétés, dans l’instant et sans tenir le moindre compte de ce que nous enseigne l’histoire du climat et de son caractère intrinsèquement variable, à travers ce prisme. Invoquée, utilisée, manipulée, caricaturée, déformée la menace multiforme et imprécise du « réchauffement climatique » et sa variante « le changement climatique », sont devenus, mais peut-être pas de la façon dont on l’imagine généralement, un enjeu majeur.

Dans ce qui est devenu une auberge espagnole chaque groupe de pression, chaque acteur économique, politique ou social, à l’échelon local comme international, y défend et y trouve son intérêt. Les organisations écologistes y puisent leur raison d’être, leur pouvoir et leurs financements. Les medias friand de sensationnel y trouvent matière à vendre de la publicité en réalisant une bonne écoute ou de bonnes ventes, même si la plupart de ces émissions ou de ces articles véhiculent des clichés, des idées reçues et « climatiquement correctes ». L’industriel, le commerçant, y voient une opportunité de vente en lançant de nouveaux produits. Et le scientifique ? Il est invoqué comme à l’origine de l’information. C’est sur lui que l’on s’appuie pour justifier le risque et les politiques menées. Mais dans ce cas, les résultats ont précédé les recherches. En l’espèce, le cadre dans lequel doivent s’inscrire les recherches a été prédéfini par le politique, en particulier à travers les financements et les thèmes des appels à projets. Le postulat de base étant admis : il y a réchauffement et les activités humaines en sont la cause, les recherches vont renforcer le postulat et le justifier. Les résultats seront interprétés dans le cadre conceptuel préalablement admis.

Pour les équipes de pratiquement toutes les disciplines, le risque climatique est une importante source de financement de recherches d’un intérêt considérable qui, sans lui, risqueraient de n’intéresser que médiocrement. Depuis deux décennies, la focalisation sur le climat a fait progresser de façon spectaculaire les connaissances, et pas seulement en climatologie. Mais il est frappant de constater que la très grande majorité des travaux, dont la qualité et l’utilité en termes d’acquisitions de connaissances fondamentales ne sont pas en cause, se situent dans le cadre d’une pensée unique. L’idée est devenue un dogme au sens propre, sur lequel même les scientifiques ne peuvent émettre des doutes sans passer pour des fumistes et être cloués au pilori, leurs résultats écartés des publications et leur carrière mise entre parenthèses. Désormais inclus dans le vaste paradigme du « développement durable » l’idée envahit et déferle sur l’espace politique, social, économique, tout au moins ceux d’un certain nombre de pays développés qui sont les locomotives de ce mouvement. Ce sera, en 1998, le protocole de Kyoto, en 2002 le sommet de Johannesburg et bientôt la conférence de Copenhague qui, à travers un faisceau de plus en plus dense de recommandations et de réglementations, norment et orientent de plus en plus étroitement l’économie, la société, notre vie quotidienne. Car au-delà d’être un instrument de régulation planétaire, l’urgence affirmée du risque climatique, l’impérieux devoir de réduire au nom des « générations futures » les émissions de CO², de faire des économies d’énergie dans tous les domaines, de changer notre comportement quotidien, remplissent également d’autres fonctions fondamentales.

D’abord une fonction économique car il est en train de créer, à l’échelle mondiale, d’énormes besoins de renouvellement de méthodes, de matériels, d’équipements de toute sortes. Il devient, à travers l’innovation, le moteur principal de l’investissement industriel et de la consommation qui tirent l’économie mondiale. Le capitalisme a parfois eu besoin de la guerre pour tracter la croissance, aujourd’hui l’environnement tient ce rôle. Qui s’en plaindrait ? Ensuite, une fonction géostratégique et géopolitique, car le passage du siècle a vu se cristalliser deux autres problèmes autrement plus menaçants qu’une hypothétique montée des océans. D’une part celui de la dépendance énergétique d’un certain nombre de pays et, singulièrement, de l’Europe occidentale, au sein d’un environnement mondial instable et imprévisible, y compris à l’Est de l’Europe. D’autre part l’émergence économique beaucoup plus rapide que prévu de la Chine et, secondairement, de l’Inde et du Brésil qui entraîne une tension supplémentaire sur les ressources énergétiques, source de conflits dont l’Irak ou le Darfour ne sont que les prémices. De ce point de vue, la position en pointe de l’Europe sur le climat est stratégiquement cohérente. En dépit du développement considérable du nucléaire civil conventionnel auquel nous allons assister (et qui, Areva oblige, peut contribuer à expliquer l’activisme français sur le climat) cette situation de tension perdurera tant que le monde ne disposera pas de la fusion nucléaire. L’extraordinaire et inédite collaboration internationale autour d’ITER montre que l’on est là au coeur du problème.

Dans l’urgence de la catastrophe régulièrement annoncée, en dehors de toute considération scientifique et de tout débat démocratique, le réchauffement climatique et son frère, le changement climatique, ont maintenant une vie propre, celle de support d’un changement fondamental de paradigme économique et social, vecteur d’innovation, de croissance, d’une meilleure sécurité énergétique et, peut-être, d’une plus grande stabilité géostratégique. Ensuite, il y a fort à parier que l’idée ayant rempli son rôle, elle dépérira et ira rejoindre les livres d’histoire.

Georges Rossi

Le Professeur de géographie et chercheur au CNRS, Georges Rossi de l’Université de Bordeaux. Il est l’auteur du livre L’Ingérence écologique, Environnement et développement rural du Nord au Sud (Editions CNRS 2000).

1 The Struggle for Existence in Human Society, Macmillan & Co., London & New York, 1888.

2 On the Natural Inequality of Men. Macmillan & Co., London & New York , 1890.

3 Unesco : Its Purpose and Its Philosophy, Preparatory Commission of the United Nations Educational, Scientific and Cultural Organisation. Paris, 1946.

4 Essays of a humanist, Harper & Row, London, 1964.

5 « Malheureusement, ils [les pauvres] ne sont pas dissuadés de mener leurs affaires de reproduction (…). Des tests d’intelligence et autres ont révélé qu’ils avaient un QI moyen très bas ; et nous avons des indications qu’ils sont génétiquement sous-normaux dans bien d’autres qualités. »

6 Report from the Iron Mountain on the Possibility and Desirability of Peace, The Dial Press, Inc., New York, 1967. Library of Congress Catalog card Number 67-27553. 7 Ehrlich Dr. Paul R. The Population Bomb. Population Control or Race to Oblivion. New York, Ballantine Books. 1968.

8 Conseiller à la sécurité nationale du président des États-Unis Jimmy Carter de 1977 à 1981.

9 Une version publique de ce rapport a été publiée en librairie : Jim MacNeill , Pieter Winsemius , Taizo Yakushiji .Beyond Interdependence : The Meshing of the World’s Economy and the Earth’s Economy, Oxford University Press Inc, 1992.

10 Notre avenir à tous, Commission mondiale sur l’environnement et le développement, Editions du FLEUVE, publications du Québec, 1987.

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COMMENTAIRES  

06/01/2014 14:23 par vagabond

Même si l’idée de l’impact de l’homme sur son environnement n’a pas été le fait de scientifiques mais celle du bon sens, le risque existe.
La recherche scientifique, vu son état, n’est pas un leurre pour défendre les intérêts politiques divers. Depuis de nombreuses années, des scientifiques multidisciplinaires essaient de parer à ces changements climatiques dont nous pouvons déjà voir les effets. Que ces recherches soient instrumentalisées ne change rien au problème.
G. Rossi est peut-être professeur en géographie mais je ne le pense pas spécialiste de la question. Attendu que sa discipline ne peut pas avoir englobé toutes celles rassemblées pour comprendre l’environnement.
Ceci dit, même les modèles les plus proches de la vérité ne pourront pas prédire l’avenir avec exactitude.

06/01/2014 19:59 par Geb.

Georges ROSSI n’a pas pensé à préciser que le Prince Bernhard des Pays-Bas possède aussi dans son lourd passé la particularité d’avoir été durant WWII Colonel dans la Waffen SS.

Ni que le terme qui peut sembler bénin de "Développement durable", qui implique une notion de "progrès durable dans le temps", en Français, s’énonce "Sustainable devellopment" en Anglo-saxon.

Terme bien moins porteur car il implique une notion de "contrainte" dans le terme de "soutenabilité" ; c’est à dire de coercition pour maintenir un niveau réduit de développement au niveau des masses pour qu’il reste admissible...

Admissible par qui et pour le compte de qui, ça n’est pas défini par les initiateurs de la théorie. Mais je pressens que c’est plus dans leur intérêt que dans le mien.

Les mots ont un sens, ainsi que la personnalité de ceux qui les énoncent.

Et les "mots" d’un "Prince des Pays-Bas, nazi défroqué, (Enfin, il paraît), dirigeant et fondateur d’une structure interventionniste corrompue et entriste antidémocratique telle que le Club de Bilderberg, et accessoirement, (En compagnie de la Famille Royale d’Angleterre), un des plus gros actionnaires de la Royal Dutch Shell, compagnie qui a financé l’énergie pour les armées hitlériennes. ça ne m’inspire pas trop de confiance dans les Théories totalitaires qu’il pourraient faire intervenir dans ma vie de tous les jours.

C’est pas pour ça que je vais m’arrêter de faire le tri sélectif de mes ordures ménagères ; mais ça me donne viscéralement envie de faire un tri encore plus "sélectif" dans les autres...

D’ordures...

Celles qui prétendent gérer ma vie de tous les jours ainsi que celle de mes descendants au nom d’un Eugénisme déguisé au service d’une oligarchie capitaliste féodale.

N.B : Le descendant direct de Julian Huxley, se prénommait Aldous... Aldous Huxley.

L’auteur d’un best-seller de SF : "Le Meilleur des Mondes".

N’hésitez pas à le lire. Ca pourrait vous donner des idées sur ce que ces gaziers nous réservent.

Pour notre bien et en tout bien tout honneur, évidemment !

Geb.

06/01/2014 21:37 par Dwaabala

Le titre de l’article est lui aussi particulièrement réussi et réchauffe un peu.
Quant à son auteur, ce qui l’intéresse : la réalité du phénomène politique - économique - médiatique, de l’idéologie donc.
Il se réclame ouvertement de l’histoire des idées et ne prétend aucunement détenir la totalité du savoir en matière climatique.
Cependant, face aux bombardements d’explications et de preuves au service du phénomène, son opinion sur le sérieux des explications et sur leur avenir ne laisse guère de doute dans sa conclusion.
Après tout, ce ne serait pas la première fois dans l’histoire de l’humanité que les sciences se mettent aux service d’une idéologie périssable.

07/01/2014 01:50 par Dominnique

C’est un texte beaucoup plus subtil qu’il n’y parait :
« D’abord une fonction économique car il (le réchauffement climatique) est en train de créer, à l’échelle mondiale, d’énormes besoins de renouvellement de méthodes, de matériels, d’équipements de toute sortes. Il devient, à travers l’innovation, le moteur principal de l’investissement industriel et de la consommation qui tirent l’économie mondiale. Le capitalisme a parfois eu besoin de la guerre pour tracter la croissance, aujourd’hui l’environnement tient ce rôle. Qui s’en plaindrait ? »

Toute notre société est lancée dans une course mondiale à celui qui transformera le plus de ressources naturelles en sources de pollution. Et comme nous n’avons toujours pas compris que l’argent ne se mange pas, nous l’avons remplacé par des cartes de crédit. Nous transformons la Nature en pollution à crédit.

Les damnés de la terre extraient les matières premières en se tuant à la tâche pour les salaires de misère que leur paie quelques multinationales. Comme les pays riches n’ont pas été capables d’empêcher aussi les pays émergents d’émerger, leurs multinationales profitent de cette main d’oeuvre qualifiée bon marché en lui faisant transformer ces matières premières en produits finis dans des conditions relevant de l’esclavage où même des enfants se tuent à la tâche. Ces produits se retrouvent sous nos sapins de Noël, et hop, quand ils ont finis leurs vies, ont les retournent à l’expéditeur et d’autres damnés de la Terre qui sont tellement mal payés qu’ils ne quittent pas leur lieu de travail - des montagnes de déchets - même pas pour dormir. Le seul point commun de tous ces gens est que de plus en plus d’entre eux, même dans les pays dits riches et civilisés, meurent de maladies qui n’ont même pas de nom.

Ceux qui tirent profit de cette gabegie nous vendent du rêve, le réchauffement climatique en fait partie, c’est le rêve que dans un monde à l’environnement ravagé par deux siècles de révolution industrielle, un futur est possible pour l’humanité grâce aux nouvelles technologies. La planète intelligente, cette matrice tentaculaire des nouvelles technologies qui doit à terme remplacer la nature, dieu et l’état, va nous sauver. Si elle permettra de nous contrôler encore plus, elle ne changera rien aux faits que les nouvelles technologies sont de nouvelles sources de pollutions qui se rajoutent aux anciennes et que l’extermination d’espèce la plus globale et rapide de toute l’histoire de la planète a déjà commencé.

07/01/2014 18:11 par BQ

Cet article est (c’est un comble) du "réchauffé", il date au moins d’avant 2009 (conférence de Copenhague) dont des pans entiers sont pris de pamphlets antérieurs du même auteur.

Il apparaît clairement que c’est une longue circonvolution doublée de raisonnements par amalgames sans jamais rentrer dans la science proprement dite du climat. Georges Rossi tente insidieusement de faire croire que ceux qui montrent que des activités humaines ont un impact négatif sur l’environnement (au sens large, pas même seulement la modification du climat) suivent des thèses malthusiennes, antinatalistes ou eugénistes et servent la stratégie de longue date de perpétuer le capitalisme.

Outre les raccourcis épistémologiques immenses (Pensez-vous que l’impact négatif d’activité humaine sur son environnement ou même son idée daterait des "années 1960" (1ère phrase) ? Y a t-il seulement un impact négatif provoqué par une activité humaine ? On en doute d’après les propos de l’auteur qui semble rejeter l’idée en elle-même), l’auteur confond volontairement faits scientifiques et leur utilisation à des fins lucratives.

Les firmes s’adaptent parfaitement au capitalisme vert, à cette nouvelle jeunesse du capitalisme dans laquelle, drapée de lutte contre le réchauffement climatique et de protection de l’environnement, elle se forge une vitrine forte attrayante pour des clients légitimement préoccupés. Elles le doivent pour mieux continuer à polluer car l’occurrence du réchauffement climatique participe -entre autres effets nocifs- à remettre en cause globalement les activités industrielles et la fausse idée des capitalistes que par la technologie et l’accumulation de marchandises viendra le salut de l’humanité.

Mais en quoi le fait de faire du fric avec un constat est une preuve de la véracité du constat. Nullement. L’auteur confond donc d’une part, stratégies de capitalisme vert, croissance verte et développement durable, qui sont tous une farce belle et bien orchestrée afin de faire croire que le système économique prend en compte sa nocivité alors que le système qui a totalement contribué au problème va y contribuer encore plus, et d’autre part, la véracité scientifique du réchauffement climatique actuel...tout comme la véracité d’autres problèmes environnementaux liés à ce système (marées noires, pesticides, pollution de l’air, tabac etc) . Et non ce n’est pas l’"activité humaine" au sens large ou la notion "d’environnement" (!) qui contribue aux nuisances sur l’environnement, c’est précisément ce capitalisme vert et son système productiviste et une minorité d’humains beaucoup plus que d’autres.

Comment croire aux fausses solutions d’un système qui ne promeut que l’augmentation du volume de production de marchandises jetables, inutiles et polluantes ? Comment croire que toutes les nouvelles technologies pallient les nuisances des anciennes qui étaient déjà censées le faire ?

Peut-on seulement s’interroger sur l’impact négatif de ces technologies que vous dénoncez ? Ou l’épidémiologie est à l’égal de la climatologie une science malthusienne car trouvant que des activités humaines ont un impact sur les humains, l’environnement ou la santé ?

L’auteur cherche à tout prix à éviter de parler de la science, du débat technique et livre un pamphlet qui le discrédite complètement sur ce point. Il ignore volontairement malgré sa position de professeur le fonctionnement de la science : va t-on faire un débat démocratique sur vos recherches concernant les paysans de Guinée maritime où tout un chacun pourrait intervenir et donner son avis technique ? Faut-il lancer un débat démocratique sur la théorie des cordes, le théorème de Pythagore ou la nocivité du tabac, ou faut-il avoir un minimum de jugement et formation technique en la matière pour pouvoir l’appréhender ?

Ainsi, concernant les sciences du climat, ce n’est pas un hasard si l’auteur fait preuve de mauvaise foi : l’auteur n’a jamais publié sur le climat, ne connaît manifestement pas le fonctionnement du GIEC qui est composé de chercheurs volontaires ayant comme domaine principal les sciences du climat (et non pas comme ment éhontément Georges Rossi "membres nommés par les gouvernements", en France, environ une douzaine de chercheurs sont "review editors" ou "lead authors" + une centaine de climatologues proprement dits participant à la synthèse via leurs articles). L’auteur n’a ainsi pas pris soin d’interroger la communauté scientifique du domaine ce qui démontre clairement son intérêt idéologique et dogmatique. Il s’érige donc en juge hors de la communauté scientifique de débat technique par des arguments d’autorité.

En outre, il réalise pêle-mêle des incorrections ou des affirmations de valeur scientifique nulle (aucune source, aucune référence, aucune ne serait-ce qu’une interview d’un climatologue spécialisé sur le sujet) :

 Primo, grosse blague : "le risque climatique est une importante source de financement de recherches d’un intérêt considérable", regardez l’état de la recherche dans les labos concernés : désengagement public de l’Etat, réduction de postes, très nombreux précaires (âge moyen d’entrée en chercheur CNRS : 33 ans = Bac +15, 30-50% de CDD...). Le privé s’en fout de ce qui peut arriver à l’échelle de dizaine d’années donc peu d’argent. Par ailleurs, vous faites passer avec mépris les scientifiques du domaine pour des calculettes égoïstes et médiocres, étrangers aux critiques, condamnés par leur cupidité et les ficelles qui pendent du plafond à annôner sans cesse leur pensée unique.

 "résultats écartés des publications" En science, il s’agit d’une accusation très grave mais gageons que Georges Rossi, titulaire d’un poste de Professeur (donc peu inquiété d’être viré ce qui donne l’énorme avantage d’une large marge de manœuvre d’indépendance critique), n’a pas tardé à la dénoncer depuis le temps aux revues et organes compétents, afin de défendre les personnes "censurées" preuves à l’appui. Peut-être qu’en tant que reviewer ou pair pour une revue (lot de tout chercheur) avait vous écarté des résultats ou refusé un papier dont la qualité était mauvaise ? Etes vous un censeur adepte de la pensée unique ou diriez-vous que vous tentez de faire honnêtement votre travail d’évaluation scientifique ?

 "les résultats ont précédé les recherches" Belle affirmation sans fondement vu que le GIEC synthétise les publications des chercheurs dont "la qualité et l’utilité en termes d’acquisitions de connaissances fondamentales ne sont pas en cause" d’après vous-même ! L’auteur ne fait que démontrer l’incohérence de ces propos avec des phrases à l’emporte-pièce nullement appuyées sur des résultats.

- "les scientifiques ne peuvent émettre des doutes ". Je ne connais pas un seul scientifique qui ne doute pas. Mais publiez-les dans les revues à comité de lecture comme dans n’importe quel domaine avec à l’appui observations, données, méthodes, raisonnements, modélisation.... Plutôt que de faire croire que vous êtes détenteur de la vérité du domaine ou que tout doute est systématiquement criminalisé, sans en apporter aucune preuve.

 "A supposer que l’effet de serre soit le facteur principal qui régit la température terrestre, ce qui n’est pas définitivement établi, d’autres gaz comme le méthane ou les composés fluorés pourraient avoir un effet aussi ou plus important que ce CO²." L’auteur nie t-il que la communauté scientifique du domaine quantifie l’effet de serre (entre autres) du méthane ou des composés fluorés ? Que c’est écrit dans le rapport du GIEC ou dans des articles dédiés à l’étude de cette question, Georges Rossi n’en a donc cure car il ne les a manifestement pas lus.

07/01/2014 21:31 par Vagabond

Merci BQ ! Je me sentais un peu seule.
Je peux confirmer que les études sur l’effet de serre et la recherche des solutions pour le neutraliser n’ont rien à voir avec de quelconques "complotistes". C’est tout de même triste de lire les propos d’un professeur d’université qui me rappellent furieusement l’époque de Galilée.
A croire que les disciplines scientifiques au lieu d’être unifiées comme on peut le rêver, sont bel et bien compartimentées sans échanges possibles.

07/01/2014 21:56 par Geb.

Il ne me semble pas que Rossi tente d’éluder un quelconque "Changement climatique". En notant aussi que "Changement" ne signifie pas obligatoirement "réchauffement".

Il fait simplement ressortir ce que toute personne honnête et informée aura pu remarquer, soit que cette "Théorie" et les contraintes mises en place au nom de celles-ci servent bien d’autres buts que le bien-être futur de l’Humanité. Des buts scélérats qui visent à interdire à d’autres que les pays dits "civilisés" l’accès à un bien être minimum.

Pour le reste je ne vais pas entrer dans des polémiques stériles sur la vulgate "réchauffement ou pas".

Depuis les 40 000 dernières années, (Glaciation de Wurst), les glaciers ont reculé en Europe de plusieurs milliers de km et sont passés d’une situation pérenne à une altitude au niveau de la mer et une centaine de mètres d’épaisseur à un minimum de pérenité à 3500 m d’altitude. Pendant que le niveau de la mer "montait" d’environ 140 m par rapport à son niveau antérieur.

C’est pas une invention, c’est connu et reconnu et y a rien à y ajouter. Et c’est pas en taxant le pékin ou en laissant mourir de faim et de misère des populations sous prétexte de freiner cette évolution naturelle cosmique et planétaire qu’on va régler le problème.

Rien que l’Etna en perpétuelle éruption génère autant de gaz à effet de serre que toutes les industries polluantes du pourtour de la Méditerranée réunies.

Qu’il faille stopper de pourrir la Planète et ses habitants pour le compte des multinationales et du Capitalisme vorace, y pas de doute. Mais qu’on tente de me faire croire que ce sont des gens comme le Prince Bernhart ou le GIEC, l’Europe du Capital, et encore moins Monsanto et la Fondation Rockfeller/Gates, qui s’y opposeront pour mon intérêt et celui des classes exploitées, c’est me prendre délibérément pour un con. Et de plus ceci soutenu par des personne se présentant comme de bonne foi et crédible c’est encore plus déstructurant et je dirais même "polluant".

Qu’on commence par empêcher de bombarder et détruire ce qui existe de bien dans les pays qui gênent nos seigneurs et maîtres, qu’on les empêche de piller, assassiner, construire des machines de guerre, pour les enrichir, et qu’on les empêche de polluer à l’uranium 238 et aux produits toxiques, pour genocider les Peuples, avant de prétendre vouloir stopper les progrès, mêmes contestables, qui permettent aux gens normaux de survivre dignement.

Quand je verrai au programme des écolos de tous poils désigner la lutte à mort contre ce système de pourris et contre les marchands de mort et d’armement, quand je les verrai s’opposer aux guerres néocolonialistes d’intervention de l’Occident au lieu de les soutenir comme des niais qu’ils sont je verrai ensuite quoi faire pour trouver des alternatives au "réchauffement" dit climatique avec lequel on nous gonfle depuis des années sans preuves véritables de la responsabilité humaine.

Ce qui est certain c’est qu’aujourd’hui, si tu es "chercheur", scientifique, journaliste, écrivain, cinéaste, si tu veux que ton projet soit pris en compte par l’establishment oligarchique, suffit de mettre les mots de "Réchauffement climatique" quelque part dans le projet et t’as tout et le reste..

Mais tout ce beau monde ne se pose pas de questions sur la réalité du fait que ceux qui les financent sont les premiers à être responsables de ce qu’ils dénoncent. Du moins pour la part infime qui revient aux activités humaines ; Je parle ici du "réchauffement"...

La "pollution" morbide de l’Environnement c’est une autre question bien plus grave mais dont on ne parle pas car sujet tabou.

Geb.

07/01/2014 22:49 par Vagabond

@ Geb
Là n’est pas la question ! Le problème est qu’on puisse mettre en doute les travaux de longue haleine de scientifiques qui n’ont rien à voir avec ce que l’on récupère de leurs inquiétudes et de leurs recherches.

02/08/2014 10:00 par Jean-Michel Masson

Il est curieux de noter que le climato-scepticisme peut être nourri par à la fois des think-tanks libertariens américains parfois financés par les industries les plus polluantes en matière de rejets de GES et... des productivistes du bord opposé.
La lecture de Marchands de Doute de Naomi Oreskes reste recommandée.
En raisonnant à l’envers, et en ne doutant pas a priori du travail sérieux des scientifiques du climat, on peut alors se demander si les nécessaires adaptations se feront au profit du 1 pour cent ou pour sauver les 99 pour cent. J’aurais préféré une approche de ce type.
Sur http://jmmasson.wordpress.com: j’ aborde régulièrement ce sujet : comment la notion de limite des ressources et comment la question des pressions anthropiques environnementales doivent inciter à chercher des alternatives.
Le classement dans la catégorie des malthusiens est une façon aisée de ne pas aller au fond des problèmes environnementaux.

08/09/2014 18:53 par Zarathoustra

A lire également sur le sujet : ’Requiem for a Species’ Clive Hamilton. (en version française : "Requiem pour l’espèce humaine" - Clive Hamilton)

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