10 

Histoire du Bouddhisme tibétain, la Compassion des Puissants

(...) la même histoire du pauvre roi-dieu déchu de son trône par l’horrible diable rouge à queue fourchue nous est servie au Mac Donald des mythes modernes (...) le Dalaï Lama a mis ses efforts dans un « retour aux sources du Bouddhisme », en nettoyant le Bouddhisme tibétain de son aspect ésotérique et en le « philosophisant » (c’est depuis qu’on dit, chez nous, que le Bouddhisme n’est pas une religion mais une philosophie). Cela permit aux semi bourgeois intellectuels et post-68, que nous sommes, de ne plus « bêtement » croire en Dieu, mais d’adhérer au nouvel « athéisme qui embrasse l’absolu ». Qui plus est, le Bouddhisme, dans sa version dalaïste, ne demandait pas d’engagement, ce qui convenait parfaitement à notre egotisme.

Les raisons qui m’ont poussé à écrire ce livre qui va à l’encontre des idées toutes faites à propos du Tibet, de son histoire et de sa religion : de plus en plus d’amis proches écoutaient religieusement les discours du Dalaï Lama, se disaient sympathisants du Bouddhisme tibétain, et du même coup, adhéraient aux thèses du mouvement pour l’indépendance du Tibet. Au point où moi-même - plus sensibilisée à la question tibétaine parce que j’ai habité en Chine trois ans et parce que je donne des cours sur la pensée chinoise -, j’ai été amenée à me positionner. Dès lors, je me suis documentée et j’ai constaté que les informations disponibles, ici en Occident, à propos de l’histoire du Tibet et du Bouddhisme au Tibet sont soit détournées, soit inexistantes. De là , ma recherche.

Mon livre, résultat de cette recherche, raconte l’histoire du Bouddhisme tibétain (lire : BT dans la suite du texte), depuis sa formation jusqu’à son actualité brûlante ; il est divisé en trois parties distinctes : entrée, plat consistant et dessert… comme un bon repas de famille après lequel on n’a plus qu’à aller faire la sieste ! Pas de panique : il est écrit dans un style allègre et avec un brin d’ironie, ce qui allège la digestion. Toutefois il peut se lire comme trois petits livres, chacun relatant une époque du BT. L’entrée de notre petit repas familial concerne la période de gestation du BT, depuis l’enseignement du Bouddha (6ème AC), jusqu’à la formation de l’école bouddhiste qui, au 9ème PC, s’implante sur le Haut Plateau Tibétain : le Vajrayana ou Véhicule tantrique ou Tantrisme. Après avoir esquissé le Dharma (ou « enseignement du Bouddha »), je rappelle la scission que connut le Bouddhisme au 1er PC et les cheminements différents du Hinayana et du Mahayana (Petit et Grand Véhicules). Je survole ensuite l’évolution du Mahayana en Inde avec ses senteurs hindouistes et la naissance du Vajrayana au 6ème PC.

Je raconte un peu plus longuement l’entrée du Mahayana en Chine, son utilisation politique lors de l’éclatement de l’Empire chinois, et les questions que le Bouddhisme a posé à la pensée chinoise. Celle-ci, ne pensant pas en-dehors du monde physique et temporel, limité et duel, qui est le nôtre, n’était pas prête à entendre le message de délivrance du Dharma : pour la Chine, la souffrance (la « dukkha » du Bouddhisme) est l’autre facette du bien-être, et qui ne connaît pas l’un ne peut jouir de l’autre. Il n’empêche que la venue du Bouddhisme en Chine a placé celle-ci au pied de son mur philosophique : « transcendance ou immanence ? », la question était clairement posée. La Chine, après un millénaire d’influence bouddhiste, a résolument opté pour la dialectique et le Relativisme. Comme vous pouvez le constater, j’ai profité de cette première partie pour me poser des questions philosophiques et existentielles : qu’est-ce qu’une religion ? comment la distinguer d’une philosophie ? l’enseignement du Bouddha n’est-il pas aussi une religion, malgré ce qu’en disent actuellement ses adeptes ? quel est le rôle des religions dans la vie psychique des êtres humains ? quel est leur rôle dans l’évolution d’une société ? les religions sont-elles encore nécessaires ? ne peut-on se passer de la religion tout en développant notre côté spirituel ? etc. Autant de questions auxquelles je m’attarde, sans doute pour mettre mes propres idées au clair, tout en sachant que ces questions touchent la plupart d’entre nous. Donc, cette première partie de mon livre est écrite comme un essai.

La seconde partie du livre est le « plat consistant », le gros oeuvre après le hors-d’oeuvre. Il s’agit de l’histoire du Bouddhisme au Tibet, depuis son arrivée au Tibet (vers le 6ème PC) jusqu’à sa pratique actuelle, au Tibet. Pour engager cette partie de l’histoire, j’ai voulu planter le décor : qu’appelle-t-on le « Tibet » avant l’arrivée du Bouddhisme ? La géographie du Haut Plateau explique comment des êtres humains ont atterri si haut et si loin de tout, dans des régions qui sont devenues inhospitalières, alors qu’elles ne l’étaient pas lorsque les premiers venus s’y sont installés. Qui sont ces gens, d’où venaient-ils ?

On s’aperçoit que ce que nous appelons le « peuple tibétain », sont des populations composites : les unes venant de l’Ouest (Asie centrale), les autres du Sud-Ouest (vallée de l’Indus), ou du Sud-Est (fonds des forêts birmanes), de l’Est (vallée du Yangzi), et du Nord (vallée du Fleuve Jaune). Cette diversité ethnique est encore visible aujourd’hui : d’une vallée à l’autre, l’architecture des maisons, les vêtements et même la langue, sont parfois différents. De ce fait, avant l’arrivée du Bouddhisme qui, au Tibet, a servi de ciment culturel et politique, le Haut Plateau tibétain était sillonné de populations de croyances et de cultures nettement plus variées. Leurs cultes étaient animistes et elles étaient influencées par une religion venue, semble-t-il, de l’Ouest (Asie centrale) : le Bön. Depuis le 4ème AC, il existait bien un petit royaume tibétain dans la vallée centrale du Yarlong (ou Brahmapoutre) avec la dynastie des Tubo, mais ce n’est qu’au 7ème PC que le roi SongTsen Gampo voulut agrandir son territoire. A la manière du célèbre Gengis Khan, le roi réunit les diverses populations du Haut Plateau en vue d’attaquer son puissant voisin, la Chine des Tang. Et c’est là que tout commença : la Chine repoussa les Tibétains, puis l’empereur des Tang offrit au roi tibétain sa fille en mariage.

Cette première alliance entre la Chine et le Tibet permit au Bouddhisme (école chinoise du JingTu) d’entrer à la cour royale du Tibet, où il resta coincé pendant quelques siècles. Au 9ème, la dynastie Tubo s’effrite et plonge les Tibétains dans l’instabilité politique, et ce jusqu’à l’arrivée des Mongols (13ème). Pendant ce temps-là , au 11ème, le Nord de l’Inde est assailli par des marées musulmanes. Or c’était justement dans le Nord de l’Inde que se trouvaient les plus importantes écoles du Tantrisme (ou Vajrayana formé en Inde vers le 6ème PC). Sous l’assaut des Musulmans, les maîtres tantriques fuient l’Inde et se réfugient de l’autre côté des montagnes de l’Himalaya : dans un Tibet sans foi ni loi. Le Bouddhisme, version tantrique, connaît alors une véritable explosion au Tibet : les maîtres importent les textes sacrés et les font traduire en tibétain (dont l’écriture est proche du sanskrit), les communautés tantriques se multiplient à vive allure, les écoles se subdivisent en de nombreuses sous-entités, dont les derniers nés (au 14ème) sont les plus connus : les Bonnets Jaunes. Les populations tibétaines, soumises jusque-là au bon vouloir des seigneurs et aux rivalités entre grandes familles de la noblesse tibétaine, se convertissent en masse au Bouddhisme et se mettent au service des communautés tantriques : la structure ecclésiastique du Tantrisme leur apporte sécurité et stabilité.

De cette manière, le Bouddhisme a permis d’instaurer au Tibet une société féodale. Le pouvoir est partagé entre la noblesse tibétaine et les communautés bouddhistes, plus de 90 % de la population est placée en servitude. C’est un système bien huilé qui va perdurer jusqu’à la moitié du 20ème siècle, pour le bonheur et le plaisir de quelques uns (noblesse et autorités tantriques) et au détriment de l’écrasante majorité (serfs et esclaves). L’arrivée des Mongols au 13ème ne va que conforter la structure féodale du Tibet ; les Mongols feront du Tibet une annexe de leur Empire chinois. Les Mandchous qui contrôlent l’Empire chinois du 17ème au 19ème divisent la Chine en 18 provinces ; depuis, le Tibet est une des 18 provinces chinoises.

Or, à la fin du 19ème, la Chine se vend par concessions successives et de plus en plus ridicules aux puissances occidentales. Le Tibet qui, grâce à la puissance de son pouvoir ecclésiastique, a amassé de grandes richesses, est convoité par les Anglais : le lieu de villégiature privilégié des lords britanniques pendant la saison des moussons - Darjeeling, Kalimpong, le Sikkim, etc.- sont autant de régions où aboutissent les caravanes de laine et de sel en provenance du Tibet. Constatant l’intérêt gourmand des Tsars russes pour le Haut Plateau, les Anglais ne font ni une ni deux : ils envahissent le Tibet, s’installent et ouvrent des comptoirs de commerce. Se retroussant les moustaches, ils jouent au bridge et au tennis devant le palais d’été du 13ème Dalaï Lama, principale autorité tibétaine à cette époque, sans omettre de l’inviter à une partie de badminton. Le grand Lama se trouble : Mandchous, Russes, Anglais, et même Japonais se pressent sur le pas de sa porte et louvoient dans les couloirs du Potala. « L’accord de Simla », qui devait être signé en 1913, signe en réalité le désaccord entre la Chine, le Tibet et l’Angleterre : la Chine ne cèdera pas le Tibet à l’Angleterre, le Tibet restera chinois ; plus tard, les Nations Unies approuveront.

Suite à la Seconde Guerre Mondiale, les Anglais sont remplacés par les Américains sur le Toit du Monde, et les parties de bridge par des boîtes de biscuits à l’huile d’arachide offertes par le président Roosevelt. Cette fois, le jeune 14ème Dalaï Lama est tiraillé entre, d’une part, la Chine communiste qui lui fait miroiter le développement économique du Tibet et une relative autonomie dans les prises de décisions concernant la politique intérieure du Tibet, et d’autre part, les Etats-Unis qui lui promettent une sécurité financière et logistique et une complète indépendance dans un futur à déterminer. Somme toute, il préfère les biscuits, même à l’huile de cacahuète. En 1959, il prend ses cliques et ses claques et s’en va avec ses tambours et ses trompettes, plus quelques carpettes, on ne sait jamais si elles commençaient à léviter. Ce que le Bouddhisme est devenu au Tibet suite au départ du Dalaï Lama, quelle a été son évolution, ses périodes difficiles, sa reconstruction, le regain d’intérêt de la Chine pour le BT, tout cela est relaté dans la fin de la seconde partie du livre. Vous l’aurez compris, ce second chapitre est une étude historique, fruit d’un long travail de documentation (voir biblio). J’ai voulu écrire cette partie, plus ardue pour le lecteur, dans un style naturel et laissant apparaître une progression dans le récit.

Le dessert, comme tous les grands desserts, plonge d’abord l’assemblée dans un profond silence, un recueillement presque méditatif, mêlé d’une certaine gêne, pour exploser ensuite en un fou rire général et se terminer en une bonne humeur communicative. Bref, je me suis beaucoup amusé dans le dernier chapitre et pour cause : dérision et autodérision étaient les fils conducteurs de ce pamphlet. Il retrace l’étrange parcours que le BT connut en Occident. Au 19ème, il fut recueilli avec ferveur par Helena Blavatsky, fille d’un colonel tsariste, et mise en contact avec des maîtres tantriques dès son jeune âge. Grâce à ses soins attentifs, les rites du BT vont servir, parmi d’autres pratiques ésotériques, à calmer les frayeurs de la bourgeoisie face à la montée du Socialisme.

Les successeurs de l’école de Théosophie fondée par Blavatsky ne sont autres que les nombreuses nébuleuses du New Age qui, dès le début du 20ème, défendront les thèses les plus « réactionnaires » : nostalgie des époques révolues, retour vers la terre-mère, culte de la race pure et des racines aryennes cachées dans les replis de l’Himalaya… un langage que l’idéologie nazie n’aura pas beaucoup de mal à récupérer avant et pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Pour le Dalaï Lama qui débarque en Europe fin des années 70, il valait mieux mettre ce passé récent au portemanteau des oubliettes. Avec l’aide de son généreux sponsor étasunien, il s’y est pris avec intelligence et patience : depuis 50 ans (un demi siècle !), la même histoire du pauvre roi-dieu déchu de son trône par l’horrible diable rouge à queue fourchue nous est servie au Mac Donald des mythes modernes, réveillant en nous le même archétype du bon père de famille qui acquit sa liberté et celle de son clan grâce à l’exil et à la souffrance, les mêmes clichés quant à la tolérance, la compassion, le détachement qui seraient les qualités innées du BT, le même déni systématique de l’histoire du Tibet, bref, le même manque de discernement dès qu’il s’agit de la question tibétaine.

Pourtant, dès qu’on se demande les raisons qui ont poussé les Etats-Unis à faire un tel cas de leur « citoyen modèle » (le Dalaï Lama vient de recevoir, des mains de G.W.Bush, la médaille d’or du meilleur citoyen américain, juste pendant que se tenait le congrès quinquennal du PCC !), la réponse est limpide : au lendemain de la « Grande Guerre », il était une effigie idéale pour soutenir la lutte contre le communisme chinois. Puis, dans la foulée de la guerre du Vietnam et du mouvement hippie, le Dalaï Lama a mis ses efforts dans un « retour aux sources du Bouddhisme », en nettoyant le BT de son aspect ésotérique et en le « philosophisant » (c’est depuis qu’on dit, chez nous, que le Bouddhisme n’est pas une religion mais une philosophie). Cela permit aux semi bourgeois intellectuels et post-68, que nous sommes, de ne plus « bêtement » croire en Dieu, mais d’adhérer au nouvel « athéisme qui embrasse l’absolu ». Qui plus est, le Bouddhisme, dans sa version dalaïste, ne demandait pas d’engagement, ce qui convenait parfaitement à notre egotisme.

Ce fut une étape délicate dans l’opération de séduction qu’entreprit le BT sur l’Occident intellectuel, mais ce fut une réussite, couronnée par un prix Nobel discerné au grand Dalaï en ’89, peu après les événements de la Place TianAnMen et la chute du Mur de Berlin ! Réussite totale pour le Dalaï Lama, à tel point qu’actuellement, une large majorité de la gauche intellectuelle, même celle qui se dit « progressiste » ou, encore plus, celle qui se dit « écologiste », et même en accord avec la droite (dont on ne peut pas vraiment dire qu’elle soit intellectuelle) adhère sans réserve à ses discours. Mais si le Dalaï Lama met « l’Occident pensant » dans sa manche en utilisant sa propre religion, n’est-ce pas pour mieux servir les desseins des Etats-Unis : fragiliser la Chine, la déstabiliser de l’intérieur par nos assauts incessants du « politiquement correct », pendant que les troupes américaines installent leurs bases militaires tout autour des frontières chinoises.


édition L’Harmattan, collection « Recherches asiatiques », 2007
ISBN : 978-2-296-04033-5, prix : 25,50 €

TABLE des MATIERES

Introduction

Chapitre 1 : le Bouddhisme avant son entrée au Tibet

1.1. L’enseignement originel du Bouddha, le Dharma

Siddhârta Gautama, le Bouddha historique
La Transcendance bouddhiste : un Au-delà de la souffrance
Quelques originalités de la réflexion du Bouddha
« Les Quatre Nobles Vérités et le Sentier aux Huit Embranchements »
Le karma et la loi de « Cause à Effet »

1.2. Le Bouddhisme du Grand Véhicule, le Mahayana

Schisme fatal dans la communauté bouddhiste (1er AC)
Le Petit Véhicule se dirige vers l’Asie du Sud-Est
Le Grand Véhicule ouvre ses portes à l’ésotérisme
Principe de Vacuité, fondement des écoles du Grand Véhicule
Ecoles de la « Voie du Milieu » et de la « Pratique du Yoga »
La Vacuité bouddhiste et la physique quantique
Convergences entre Bouddhisme, Taoïsme et Relativisme
Divergences entre pensées bouddhiste et chinoise
D’où nous vient la pensée de la Transcendance ?
La poésie du « sentiment océanique »
Modèle chinois d’adoption de notre condition humaine
En Inde comme en Chine, le panthéon mahayaniste se multiplie
Le Tantrisme ou Vajrayana, ultime sursaut bouddhiste
« Expérimenter » : Voie tantrique vers l’Eveil
Le Tantrisme : paradis perdu ou enfer retrouvé ?
Fusion tantrique entre maître et disciple
Les divinités tantriques s’accouplent à leur shakti
Où donc se cache Siddhârta Gautama ?

1.3. Expansion du Grand Véhicule en Chine

Contexte de la Chine lors de l’arrivée du Bouddhisme (1er PC)
L’entré du Bouddhisme en Chine passe quasi inaperçue
Idéologie des Han lors de l’arrivée du Bouddhisme
La pensée holiste des Han, source d’inspiration pour le Tantrisme ?
A la recherche de l’unité perdue… ou acceptation de nos dualités ?
Le Bouddhisme s’installe en Chine grâce à sa confusion avec le Taoïsme
Le Bouddhisme, pacificateur des populations du Nord de la Chine (3-6ème PC)
Le JingTu, école bouddhiste la plus populaire en Chine
L’école du Vide, mais de quel « vide » s’agit-il ?
Au Sud, les avis sont partagés entre « gradualistes » et « subitistes »
Indianisation du Bouddhisme chinois et naissance du Tantrisme en Inde
Durant les Tang (7-9ème) : apogée du Bouddhisme chinois et contact avec le Tibet
Première répression du Bouddhisme en Chine : l’édit impérial de 845
Le MiZong, ou « l’école du Mystère », atteint le Tibet

Chapitre 2 : Histoire du Bouddhisme au Tibet

2.1. Paysages du Tibet avant l’arrivée du Bouddhisme

Le Plateau tibétain entre déserts, précipices et autres monstres sacrés
Le Bön, religion autochtone du Tibet
Première phase du Bön, reflet d’une société tribale et matriarcale
Polyandrie et démographie, de l’ancien Tibet au Tibet moderne
Seconde phase du Bön, naissance d’une doctrine influencée par l’Hindouisme
Le yungdrung, ou swastika, emblème du Bön

2.2. Phase d’implantation du Bouddhisme au Tibet (7-9ème)

Le Bouddhisme chinois sert les ambitions de Songtsen Gampo, roi des Tubo
Les conquêtes des Tubo génèrent un changement de structure sociale
Le Bouddhisme, catalyseur du patriarcat tibétain
Padmasambhava, maître tantrique indien, devient le père du Bouddhisme tibétain
Première école du Bouddhisme tibétain : l’école des Nyingmapa
Troisième phase du Bön et sa division en blanc, noir et zébré
Fin de règne des Tubo et premières persécutions bouddhistes

2.3. Renaissance du Bouddhisme tibétain (9-11ème)

Le Bouddhisme tibétain se réinstalle peu à peu sur le Haut Plateau
Une floraison de nouvelles écoles : Sakyapa, Kagyupa, Kadampa, etcetera
Le tantra de Kalachakra ou du « Maître de la Roue du Temps »
Le Royaume de Shambala : mythe ou réalité ?
Le Kalachakra revendique son authenticité
L’Islam, ennemi principal du Bouddhisme tibétain
Quels sont les autres ennemis de la « Bonne Doctrine » ?
Le rituel de Kalachakra oeuvre-t-il pour la paix dans le monde ?
Le Tibet, l’écrin précieux des trois Véhicules
La population du Tibet subit les sévices de Kalachakra

2.4. Expansion du Bouddhisme tibétain (12-13ème)

La dynastie mongole des Yuan annexe le Tibet à l’Empire chinois
Les Mongols se convertissent au Bouddhisme tibétain
Phagpa Rinpotché nommé « précepteur impérial du Tibet »
L’histoire du « Bardo Thödol », le « Livre tibétain des morts »
Le Bardo Thödol à l’occidentale
Le Bouddhisme tibétain s’étend aux steppes mongoles

2.5. La réforme du Bouddhisme tibétain (14-15ème)

Tsongkapa, réformateur du Bouddhisme tibétain et fondateur des Bonnets Jaunes
Retour à un « Gradualisme » modéré pour l’école des Bonnet Jaunes
Les trois étapes de la Voie du Milieu
Mantra, mudra, mandala : voies sacrées de Réalisation
La petite porte du fond : voie douteuse vers la Réalisation
Le fulgurant succès des Bonnets Jaunes
Hiérarchie et discipline chez les Bonnets Jaunes
Le système des « tulkous » assure la succession et le maintien des biens

2.6. Le règne des douze premiers Dalaï Lamas (15 -19ème)

Le titre honorifique de « Dalaï Lama » est conféré par Altan Khan
Guerre civile entre écoles bouddhistes : le massacre de Drepung
Construction du palais du Potala sous le règne du Grand Cinquième
La dynastie mandchoue des Qing (1644-1911) place le Tibet sous son contrôle
La compagnie de Jésus rencontre le Bouddhisme tibétain
Guerre civile pour un Océan de Sagesse : second massacre de Drepung
L’établissement du « kashag », assemblée gouvernementale tibétaine
Les Mandchous tracent les frontières de la province tibétaine
Code civil tibétain décrété par les Mandchous
Du 8ème au 12ème Dalaï Lama : un siècle meurtrier pour les Dalaï !
Au 19ème, le Bouddhisme tibétain doit composer avec L’Empire britannique
La Russie des Tsars contaminée par le tantra de Kalachakra

2.7. Le Bouddhisme tibétain sous influence occidentale (19-20ème)

Des slaloms périlleux pour le Grand Treizième !
Une demande d’indépendance du Tibet avancée par le 13ème Dalaï Lama
Quelle modernisation pour quel Tibet ?
L’héritage spirituel et temporel du Grand Treizième
Le Bouddhisme tibétain s’allie à l’impérialisme nippon
En 1940, intrônisation du 14ème Dalaï Lama

2.8. Le Bouddhisme tibétain sous drapeau chinois (20-21ème)

En 1951, l’Armée Populaire de Chine arrive à Lhassa
Un début de règne difficile pour le 14ème Dalaï Lama
Le 14ème Dalaï Lama : « semi-bouddhiste, semi-marxiste » ?
Guerriers du Bouddha, soldats de la Libération et agents de la CIA sur le Toit du Monde
L’organisation de la résistance tibétaine est soutenue par la CIA
Exil du Dalaï Lama : forcé ou volontaire ?
Dharamsala, centre névralgique du mouvement pour l’indépendance du Tibet
Quelle démocratie à Dharamsala ?
La première bévue de la Chine : l’Arunachal-pradesh
La Révolution Culturelle, qu’eut-elle de « culturel » ?
Bouddhisme ou marxisme : risque de dérapage des « ismes »
Une grave erreur du PCC : avoir voulu éradiquer les religions
Résurgence du Bouddhisme tibétain sur le Haut Plateau à partir des années 80
Les émeutes de 1987 et 1988 à Lhassa
Amélioration du niveau de vie pour les Tibétains
Sa Sainteté le Dalaï Lama, prix Nobel de la Paix
Un nouvel objectif pour le Dalaï Lama : la re-bouddhéisation de la Chine
L’encerclement de la Chine par les USA
La réponse de la Chine
Liberté de religion en République Populaire de Chine ? et le FaLunGong ?

Chapitre 3 : Le Bouddhisme tibétain en Occident

3.1. Le Tibet, un mythe né en Occident

Quelques caractéristiques du Bouddhisme qui favorisent son implantation
Contexte idéologique de l’Europe lors de l’arrivée du Bouddhisme tibétain (19ème)
Le trait d’union : Helena Blavatsky, une étoile parmi les Tsars
La Société théosophique en marche contre le Matérialisme
Fin du 19ème, les touristes sont mal venus sur le Toit du Monde
D’Alexandra David-Neel à Lobsang Rampa, fils de plombier anglais
C.G. Jung et R. Wilhelm, un espoir pour l’orientalisme
Deux dissidents de la Théosophie : Krishnamurti et Steiner
Big Brother surveille les galaxies du Verseau
René Guénon : la « Tradition universelle » vient du Tibet !
Julius Evola ou le Bouddhisme tibétain au service du national-socialisme
L’Ahnenerbe en voyage initiatique au pays de Shambala
« …et si le Dalaï Lama devenait un criminel de guerre ! », dit le Dalaï Lama
Le mythe de la « bonne guerre », version zen
« Le sabre qui donne la vie » : une expression de D.T. Suzuki
Le Bouddhisme au service de la Guerre Froide
Golden sixties et beatnik : « let it be ! »
Durckheim et Herrigel, deux constructeurs d’ego

3.2. Usage postmoderne du mythe tibétain

La Bonne Doctrine s’implante au coeur de notre « matérialisme spirituel »
Chogyam Trungpa, précurseur de la vague dalaïste
La France, pays d’acceuil du Bouddhisme tibétain en Europe
Les mauvaises fréquentations du Dalaï Lama
Une fracture intellectuelle nécessaire à l’Eveil
Du génocide ethnique au génocide culturel
Bio branchés, BT-light ou dalaïstes convaincus : de quelle gauche s’agit-il ?
1989, l’année de tous les dangers… et de la naissance d’Arte
Les « aimables fadaises » du Dalaï Lama
Il faut un ego surdimensionné pour adhérer au Dharma
Le Bouddhisme tibétain joue la carte du « retour aux sources »
Bouddhisme et Christianisme : deux religions de salut
Les dialogues interreligieux : une internationale contre le relativisme

3.3. Critique de la bouddhomania actuelle

Phénoménologie bouddhiste et psychanalyse
Le Bouddhisme tibétain à la conquête du monde scientifique
Les pensées positives du Bouddhisme tibétain
Le dessein intelligent du Dalaï Lama
Le Bouddhisme tibétain jusqu’au coeur de nos écoles primaires
Bouddhisme tibétain et engagement social
« Se changer soi-même pour changer le monde »
Le Bouddhisme tibétain n’est pas une exception sur le marché des religions
Transcendance et concurrence en terre bouddhiste
Le marketing du Bouddhisme tibétain

COMMENTAIRES  

20/03/2008 19:37 par Bluegeay

Bonne promo pour votre bouquin. Un peu longue et détaillée, on n’en demandait pas tant. Comme vous le dites vous même en parlant de marketing, le bouddhisme fait vendre. Autant en profiter.

Dommage que vous passiez à côté (en dessous ?.. en tout cas hors de portée) de ce que votre questionnement évoque : la connaissance de l’esprit.

Votre positionnement intellectuel lui-même est un obstacle pour trouver les réponses : religion ou philosophie ? transcendance ou immanence ?... On ne sort pas de la dualité, qui est à l’esprit ce que la 2D est à la 3D. (Au moins !).

22/03/2008 15:17 par Com

Jadis nous les communistes "naïfs" étions prêts à soutenir la dictature en Chine car elle incarnait une approximative patrie du socialisme. Maintenant qu’elle revendique haut et fort son adhésion magistrale au capitalisme le plus arrogant, les communistes authentiques ont perdu en naïveté et sont forcément devenus lucides. Sauf, sauf, sauf certains nostalgiques du Grand Soir des mystiques pour qui l’essentiel y demeure, à savoir, la dictature policière et l’oppression de tout ce qui s’écarte de la "ligne juste" du PDG du Parti.

Ce qui les fait adhérer à ce n’importe quoi idéologique, c’est une vision manichéenne de la géopolitique où l’ennemi de mon ennemi est forcément mon ami.

Ainsi va l’alliance avec certains fascistes musulmans ; les islamistes qui veulent instaurer des théocraties barbares sont forcément vertueux puisqu’anti-étasuniens.

Et qu’importe les atteintes aux droits de l’homme, de la femme, des athées au Maghreb, des minorités en Chine, etc...

Manuel G. , communiste antifasciste

22/03/2008 18:21 par legrandsoir

C’est fou ce qu’un simple article peut nous attirer des accusations farfelues.

Quoi ? La peur de voir remettre en cause vos nouvelles certitudes ?

C’est à quel age que vous avez perdu "votre" naiveté ?

LGS

27/03/2008 01:31 par Alexa M.

Ce débat autour de la situation au Tibet met en évidence l’impasse de la vision dualiste du monde et de l’histoire.

S’attaquer au moine en soutane au risque de prendre la défense d’une dictature austère et inflexible, ou bien défendre un peuple opprimé au risque d’apporter un insupportable soutien au clan ultra-libéral-charognard étatZunien ? Je trouve la prise de position aussi stérile que dangereuse.

Ce livre vient une fois de plus renforcer l’impasse du dualisme alors qu’il devient à mon sens urgent de Construire, plutôt que de démolir tout et toujours au pris de la sainte information. Vous savez, sur LGS, très bien le faire lorsqu’il s’agit de Cuba, pourquoi ne pas étendre cette démarche, au risque de surprendre, mais justement on attend que cela : du mouvement !

Je suis confortée dans l’idée que décidément rien de bon ne viendra de la pensée politique mais d’une maturité que l’humain développera en réfléchissant avant tout sur lui-même.

Si avant de prendre des décisions, les hommes politiques, et autres décideurs, prenaient le temps de s’assoir un peu sous un arbre, le monde aurait sans doute un autre visage...

Je ne suis absolument pas adepte du boudhisme et si vous l’avez pensé en lisant la phrase plus haut, vous démontrez justement que ce cloisonnement où l’on sclérose les idées devient préoccupant au point d’en politiser les arbres...

Le bon sens peut parfois venir de là où on ne l’attend pas.

01/08/2008 20:04 par ban

Alexa m, juste ce message pour te dire que je suis 100 pour 100 d’accord avec ton analyse.
Ce n’est pas les méchants chinois contre les gentils tibétains, pas plus que les gentils chinois contre les méchants tibétains , et il en va de même pour tout autre situation politique...cessons un peu ses visions binaires qui ne font que reculer le monde, alors qu’il doit avancer !
Arrêtons aussi d’être l’otage des politiciens...

20/03/2008 21:24 par Anonyme

Quel bel exemple ébouriffant d’amalgames en série. Soutenir le droit du Tibet à l’autodétermination, ce ne serait en fin de compte que soutenir les efforts des horribles Etats-Unis à démanteler la Chine si vertueuse et si démocratique, et montrer de l’intérêt pour le bouddhisme, ce ne serait en prime rien de moins que de défendre des thèses qui ne sont ni plus ni moins qu’un nazisme plus ou moins réchauffé, qu’on ferait ainsi rentrer par la fenêtre après l’avoir fait sortir par la porte lors de la deuxième guerre mondiale. Bouddhisme = nazisme étatsunien, Chine = refus de la transcendance et combat vertueux contre toutes les formes d’oppression religieuse. On reste pantois devant tant de mauvaise foi et de parti-pris pro-chinois même pas dissimulé. Selon vous, le Tibet ne serait ni plus ni moins qu’une "invention" de l’Occident ayant pour seul but de mettre de nouveau à genou la Chine : qu’est cette thèse sinon celle du parti communiste au pouvoir au Chine, qui a les mains ruisselantes du sang de dizaines de millions de Chinois qui ne se résignaient pas à sa dictature ? Ce n’est pas parce qu’un pays se trouve dans le camp opposé aux Etats-Unis qu’il en devient du même coup un modèle de démocratie qu’il faut défendre même dans ses aspects les plus ignobles, même s’il est vrai que les USA, responsables de millions de morts en Irak, ne devraient pas avoir l’impudence de donner des leçons à la Chine. Libre à vous d’admirer la dictature odieuse qui sévit en ce moment en Chine, mais ayez au moins le courage de ne pas avancer masquée et de ne pas pratiquer ce genre d’amalgames et d’insinuations particulièrement malhonnêtes.

20/03/2008 22:03 par legrandsoir

Les adeptes de Bouddha se sont donnés RDV sur le site du Grand Soir on dirait. Merci de faire grimper le compteur des visites ! Peut-être en ferons nous des adeptes ?

Il suffit donc de quelques gouttes de politiquement incorrect dans un océan de platitudes pour que certains viennent se noyer dans des accusations farfelues.

Le Webmestre.

20/03/2008 22:37 par DB

je me demande où vous prenez vos informations sur la Chine. voici déjà plusieurs années que je m’intéresse à cet immense pays et je suis convaincue à la fois que ce pays a besoin de réformes urgentes à cause des tensions sociales de son développement acceléré et en même temps vos discours sur le ruissellement de sang me paraît tout à fait délirant. Comme vous paraissez quelqu’un qui a du bon sens, ne serait-ce que parce que vous notez que les Etats-Unis (et nous mêmes) sommes mal placés pour donner des leçons.
Je me permets de vous le demander : est-ce que vous connaissez un peu la Chine, son histoire, son actualité ? je veux dire autrement que par une presse qui est devenu selon le mot de Chomsky un système de propagande où chacun répète les dépêches d’agence enrobées des stéréotypes habituels pour faire "vrai".
DB

21/03/2008 10:07 par maxime vivas

Le mieux (je m’adresse à l’anonyme qui parle de "mains dégoulinantes de sang") est d’être un peu rigoureux dans les faits et les chiffres. C’est déjà assez compliqué.

Il est faux de parler de "millions de morts en Irak". D’où tenez-vous ces chiffres ? Le carnage est assez grand dans ce pays qui a le tort d’avoir du pétrole et d’être situé dans une zone stratégique, sans qu’il soit utile d’en rajouter.

A la rigueur, si vous voulez prouver votre impartialité en introduisant une balance, parlez des USA comme d’un pays qui a soudé son identité en génocidant tout un peuple qui vivait sur cette terre d’Amérique avec ses coutumes, ses Dieux et sa culture, toutes choses anéanties.

Pour la plus grande gloire des cow-boys d’Hollywood.

Si vous êtes un peu hispanisant, vous connaissez l’histoire de génocides semblables perpétrés par les Espagnols en Amérique latine.

Pour la plus grande gloire de la couronne et de dieu.

MV.

24/04/2008 02:13 par Arno

Madame,
Je ne vous connaissais pas avant ce soir.
Je viens de vous voir à la télévision française et la prestation que vous venez de faire m’a consternée.
Vous avez été d’une imprécision, d’une légèreté sur les faits, et en essayant de résumer le drame tibetain comme une vision toute occidentale au service des américains contre la sainte Chine, vous m’avez consterné. Vous parlez de manipulation de l’opinion occidentale par les médias au service d’une cause infondée, mais c’est vous qui m’avez donné l’impression d’être manipulée... Etiez-vous payée par le gouvernement chinois ce soir pour faire une telle prestation ?
On aurait pu le croire devant une telle animosité et un tel mépris de la vérité... Vous défendez les bienfondés de l’occupation chinoise comme le faisaient les défenseurs des politiques colonialistes du 19e siecle en France.

Vous dites avoir été au Tibet, alors enlevez vos oeillères.
On peut aimez la Chine et avoir un regard critique sur sa politique et ses conséquences... J’aime la Chine, sa culture, son histoire, les chinois (je fréquente des chinois de Chine et de la diaspora). Mais je ne suis pas toujours d’accord avec eux. Notemment au sujet du Tibet...
Les manifestations vous semblent suspectes car tardives. Il n’est jamais trop tard quand on doit défendre le droit et la liberté. Et tant mieux si l’opinion occidentale se reveille enfin... Les Jo sont le meilleur moment qu’il soit pour faire de cet évènement un éléctrochoc pour le peuple chinois.
Même si je sais que cela semble vain.

Ce soir j’ai vu une petite bourgeoise se complaisant à prendre le contre-pied de tout, y compris de la vérité.
A plusieurs moment, vous avez montrer votre ignorance, et de l’histoire passée, et de celle en train de se dérouler.

Si vous êtes aussi piètre écrivain que l’orateur que j’ai vu ce soir, alors non, je ne lirai pas votre livre.
Votre avis n’est ni objective ni impartiale.
Vos arguments n’etaient ni construits ni fondés.
Vouss ne citez aucune sources sauf celles issues du gouvernement chinois...
Votre discours était de l’ordre de la gesticulation et de l’obstruction.
En un mot : nul.

(Commentaires désactivés)