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« Israël veut les terres pas la paix », par Stefano Chiarini - il manifesto.


il manifesto, Damas envoyé spécial, dimanche 9 juillet 2006.


«  Dans l’avion qui l’amenait à Islamabad, Madame Rice a commenté l’affaire du soldat israélien « enlevé », comme on a désigné celui qui, à tous points de vue, est un « prisonnier de guerre », et elle a défini l’opération comme étant « un acte qui ne peut pas être toléré ». Silence par contre sur les milliers de palestiniens « enlevés », torturés, tués, sur la destruction de leurs maisons et de leurs champs. Ces actes seraient-ils tolérables ? On ne peut pas s’étonner de l’augmentation de la violence quand, au niveau international, la politique des « deux poids, deux mesures » a atteint des niveaux aussi aberrants ».

Bouthaina Shaaban, née en 1953, tailleur bleu marine et coupe au carré, une des deux femmes ministres du gouvernement syrien, écrivain, ancienne porte-parole du ministère des affaires étrangères, nous exprime toute son amertume : « On parle de démocratie et ensuite on coupe les vivres aux palestiniens parce qu’ils n’ont pas voté comme on voulait. On parle du respect des frontières mais après personne ne demande raison à Israël des violations de l’espace aérien syrien ou libanais. On parle de paix et on fait semblant d’oublier que les pays arabes, à commencer par la Syrie, ont offert une paix totale en échange du retrait sur les frontières de 1967 ».

Bouthaina Shaaban nous reçoit dans son nouveau ministère pour les communautés syriennes à l’étranger, dans les montagnes de l’arrière pays de Damas, dans la ville satellite de Dumar. « La gravité de la situation actuelle - poursuit madame Shaaban - réside dans le fait qu’il n’existe aucune autorité internationale neutre et objective à laquelle les palestiniens et les arabes peuvent s’adresser pour faire valoir leurs propres droits. Je me souviens que, lorque je faisais mes études à Londres, il y avait une grande sensibilité pour ce qui se passait en Afrique du Sud. Maintenant, on est en train de raser au sol Gaza et personne n’intervient. Les Etats-Unis continuent à financer les attaques militaires contre la population palestinienne, et en Europe, Javier Solana ne dit rien si ce n’est qu’il « comprend pleinement » que les israéliens sont « très nerveux ».


Quel est l’objectif de l’offensive israélienne ?

Le monde sait très bien que ces mesures répressives n’ont rien à voir avec l’enlèvement du soldat mais veulent obliger les palestiniens à partir, en les privant de leurs moyens de subsistance - plus de 200.000 oliviers ont été coupés - et en les enfermant à l’intérieur d’un mur comme en prison. Ici, ce n’est pas un problème de religion mais de terres. Un problème colonial. Une population indigène qui vit depuis des siècles sur ces territoires est chassée et remplacée par des colons venus de l’extérieur ».


Pourquoi cette intensification des attaques contre la Syrie ?

Parce qu’ils ne veulent pas restituer les territoires occupés sur le Golan, ils cherchent à briser tout soutien politique à la résistance palestinienne et libanaise, ils essaient d’avoir une sorte de mandat colonial sur le Liban, de diviser les arabes entre eux et continuer la désarabisation de l’Irak. Ils espèrent, avec ce genre de tactiques et de menaces, nous faire accepter le fait accompli mais ils se font des illusions. La Syrie a 5.000 ans et nous devrions oublier le Golan occupé, 50 ans après seulement ? Dans l’intérêt général, et pas seulement le notre, il appartiendrait à la communauté internationale de faire que nos droits soient respectés. Comment peut-on imaginer construire la paix si ce n’est à partir du respect du droit international et des droits des peuples ?


La paix est-elle encore possible ?

Certainement ; par la décision historique du sommet de Beyrouth en 2002, confirmée à Riad ensuite, vingt-deux pays arabes se sont engagés à faire une paix totale avec Israël en échange des territoires occupés de Palestine, du Liban et de la Syrie. C’est une occasion qui aurait pu, et pourrait, donner la paix au monde, mais qui a été refusée par Israël.


Pour quoi Israël aurait-il refusé l’offre ?

Parce que leur objectif, comme le rappelle le document de 96 sur l’avenir du Moyen-Orient, écrit par les néo-cons pour Netanyahu, n’est pas « la paix en échange des territoires » mais « la paix pour la paix », c’est-à -dire que eux gardent les territoires occupés et nous arabes devrions accepter leur diktat en silence. En réalité, ils voudraient les territoires sans les habitants et à cet effet, ils utilisent tout moyen qui crée la terreur pour purifier ethniquement la Palestine des arabes, compléter la colonisation et réaliser « le nouveau Moyen-Orient ». Leur programme de 96, réalisé ensuite en grande partie par Bush, prévoyait en particulier la fin du processus d’Oslo, la destruction de l’Irak, un mandat colonial sur le Liban et la désagrégation de la Syrie. Le tout couvert par une campagne médiatique, surtout étasunienne, qui essaie de faire passer les victimes pour des bouchers et les bouchers pour des victimes. Au point qu’Israël, avec ses bombes atomiques, ose demander des garanties de sécurité aux palestiniens et aux arabes au lieu d’en donner à ceux qui sont toujours attaqués ».

Stefano Chiarini


- Source : il manifesto www.ilmanifesto.it


- Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio



Caporal Shalit : quand l’espoir est à l’épreuve de la réalité, par Rana El-Khatib.


« Arrêter Israël pour son salut et pour celui des Palestiniens : que les forces de l’Onu interviennent », Luisa Morgantini.

Parti communiste d’Israël : Mettez fin aux crimes de l’armée israélienne à Gaza et en Cisjordanie.



Israël : Brèche dans la mythologie sioniste et interrogations sur l’identité, par Cinzia Nachira.

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