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ITALIE : Considérations inactuelles 2 - La défense contre la race

« Je ne peux pas ne pas conclure que la plus grande partie de votre population indigène soit formée de la plus pernicieuse race de parasites à qui la nature ait permis de traîner sur la terre ».
Jonathan Swift (Voyage de Gulliver à Broddingnag)

LA DEFENSE CONTRE LA RACE (1)

La race, une race, existe. L’irréfutable preuve scientifique, anthropologique, biologique de son inexistence dans le continuum évolutif d’un stock commun, doit aujourd’hui admettre une exception : celle de la race italique qui n’est pas circonscrite à la sous-espèce bossensis-pontecilliana (2) mais plonge des racines de plus en plus évidentes dans toute la communauté nationale : la race se trouve ainsi entendue, sous-entendue ou proclamée en de rares, rituelles et hypocrites dénégations par des formations politiques (d’habitude, NdT) opposées, elle se manifeste dans l’action législative musclée du gouvernement actuel avec des répercussions de violence répressive révoltante sur tout le territoire national, et, pour finir, trouve ses hérauts les plus exaltés dans les mass médias télévisés régionaux et nationaux.

A propos du Téléjournal1 (de Rai-Uno, NdT) retransmis dans toute l’Europe, on nous avait demandé sans ironie l’an dernier, à Bruxelles, pourquoi donc les infos italiennes étaient diffusées par Télé-Vatican ; en début d’année, un ami new-yorkais, avait observé, avec une ironie marquée, que ce même TG1 avait l’allure de la version télévisée de « The Police Gazette », le périodique vétuste consacré aux plus effroyables crimes perpétrés dans la république étasunienne.

A partir du 14 avril, l’image de notre pays sur les écrans télés et dans la presse étrangère a vécu un écroulement vertical : il ne s’agit plus du « pays pas très sérieux, comme une histoire drôle parfois » (3) dont Paolo Rumiz a parlé, mais de la réalisation consternée qu’une race autochtone a surgi en Italie, avec son racisme maison, violent, dont on craint vivement la contagion avec les autres contrées européennes.

Avec une fréquence quasi obsessionnelle, et sur des durées plus longues que les journaux télévisés italiens correspondants, la BBC-1, BBC World, Itn et ZDF, TF61 et toutes les plus grandes chaînes télés du Vieux continent présentent les scènes d’attaques aux Molotov des camps Roms, la fuite désespérée des réfugiés roumains de leurs campements improvisés sous les ponts ou dans les banlieues urbaines, les invectives hurlantes sur les ordures par des femmes napolitaines, les barricades, les poubelles incendiées. Un commentateur britannique connu se demande avec une candeur plus ou moins dissimulée pourquoi donc en l’absence, ou dans l’inefficience, de l’Etat, les citoyens de la Campanie, au lieu de se déchaîner contre roms et roumains, ne s’auto organisent pas pour les déchets avec des collectes, containers, ramassages sélectifs et une résistance ne serait-ce que passive à la Camorra. Peut-être la réponse a-t-elle été déjà fournie il y a deux ans par Giorgio Bocca dans son excellent essai « Naples c’est nous ». (4)

Le cavaliere d’Arcore va maintenant penser à la restauration du prestige national à l’étranger, éventuellement avec une autre dose de cornes (5) ou d’invectives aux kapos (6) qui fréquentent le Parlement de Strasbourg. Mais le problème pour l’autre Italie privée de représentation politique (7) est celui beaucoup plus grave de la Défense par la Race.

La police d’Etat étant mobilisée dans de très coûteux anniversaires (l’argent ne manquait-il pas pour le carburant des Panthères ? (8)), on ne saurait songer à une répression rigoureuse des délits de racisme ou d’incitation à la lutte armée avec 300.000 fucili caldi. (9)

L’hygiène sociale ne peut du reste pas être imposée par des cordons sanitaires, des couvre-feux, des procès en flagrants délits de ces héroïques citoyens qui mettent le feu aux campements roms.

Avec la peu souhaitable, mais bien certaine, « tempête parfaite » qui est en train de s’abattre sur l’économie et sur une paix déjà précaire, il n’y a plus qu’à espérer en un réveil des consciences, une catharsis nationale, à condition que la race italique ne prenne pas complètement le dessus pour un régime de seconde Ere Fasciste. Pour l’heure, remettons-nous en à la haute autorité d’un grand humaniste, Lord Jacobovitz, de la Chambre britannique.

LES IMPERATIFS DE LORD JAKOBOVITZ

(extraits d’un discours à la Chambre des Lords en 1991)

1) Rendre compatibles les droits de ceux qui sont différents avant qu’ils ne deviennent les tor(t)s de leurs adversaires (10)

2) Souhaiter la bienvenue aux nouveaux arrivés avant qu’ils ne deviennent étranges (11) et hostiles

3) Créer des conditions de vie acceptables dans les pays dans lesquels ils vivent, avant qu’ils ne deviennent des minorités frustrées dans les pays dans lesquels ils sont obligés d’émigrer

4) Et au dessus de toute autre considération se souvenir - chacun de nous, nous tous- que nous ne sommes que les résidents temporaires d’une planète sur laquelle nous devons apprendre à vivre en harmonie, avant que notre permis de séjour ne vienne à échéance définitivement, c’est-à -dire avant de devoir émigrer dans une autre dimension, dans un autre espace où selon certaines croyances, nous pourrions êtres appelés à répondre des comportements envers nos semblables sur la planète de provenance.

INEDIT DE LA FONTAINE : LE STATUT BIPARMISAN

Non c’è più trippa per i gatti (12) : Silviolo, le Tomcat bienveillant et rigolard, fait sautiller entre ses pattes Dobeliou Mouse (attention, ne pas confondre avec Georges W, voir note en fin de texte, NdT) (13) : avant de le boulotter, il veut lui prendre ses dernières croûtes de fromage avec statut biparmisan (14) . Issue extraordinaire d’une mutation génétique : au lieu de se dégager en mordant les pattes du félin, Dobeliou se prête au jeu et consent à la requête au milieu des applaudissements tristes de ses semblables, unis et solidaires dans le morituri te salutant.

ARCHEVEQUE GIANFRANCO RAVASI
(Président du Conseil pontifical de la Culture)

« L’athéisme de haut niveau est entré en crise. Ce qui le remplace est une forme de sarcasme, de grimace, de critique fondamentaliste ». (15)

Etant donné que la contestation théologique de l’athéisme haut ou bas est un mumbo-jumbo (16) qui n’a jamais ravi les masses des croyants, ni la prédication dans les églises, ni l’éducation des mineurs, Ravasi a indiqué aux laïcs et aux athées la voie, la vérité et la lumière pour arrêter efficacement le préjudice et l’invasion de la religion dans la sphère publique : en l’occurrence, en effet, le sarcasme, la grimace, la critique fondamentaliste.

P.S. : On recommande vivement la lecture de « La questua. Quanto costa la Chiesa agli italiani » (« La quête. Combien l’Eglise coûte aux italiens ») de Curzio Maltese, Carlo Pontesilli et Maurizio Turco. Editions Bianca Maria Feltrinelli, mai 2008, 14,00 euros.

Lucio Manisco
http://www.luciomanisco.com

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio. (Toutes les notes - laborieuses…- sont de la traductrice sur les indications de l’auteur, notamment pour les allusions à tonalité ironique de l’actualité politique bi-partisane italienne)

NOTES

(1) La Difesa dalla Razza, en référence à La Difesa della Razza (1938), La Défense de la Race, titre d’une revue fasciste qui a diffusé les théories raciales officiellement adoptées par le régime fasciste dès 1938.

(2) Bossi ; et Ponticelli, le faubourg de Naples où a eu lieu récemment la chasse raciste aux Roms

(3) « Triomphe du bétonnage le plus laid, vol des ressources naturelles, institutions hors de leurs gonds, triomphe du paraître sur l’être et même sur le faire. Un pays pas très sérieux, parfois une blague ». Paolo Rumiz, journaliste et essayiste, voir
(http://www.feltrinellieditore.it/FattiLibriInterna?id_fatto=9889)

(4) « La maladie la plus grave de Naples n’est pas la Camorra, mais, comme pour tout le Sud, le Centre et le Nord, c’est l’immoralité et la crapulerie de la politique, qui cherche le consensus coûte que coûte, et qui fait semblant de ne rien voir » :
(http://www.feltrinellieditore.it/IntervistaInterna?id_int=1715)

(5) Référence à la photo officielle de chefs d’Etat et de gouvernements européens, où S. Berlusconi (« pour rigoler ») fait les cornes à un ministre espagnol…

(6) S. Berlusconi, alors Premier ministre, avait interpellé un député européen allemand (ou autrichien ?), en séance du Parlement à Strasbourg, en le traitant de « Kapo »

(7) La Sinistra arcobalena, gauche dite radicale, conduite par F. Bertinotti, qui n’a aucun représentant au Parlement depuis les dernières élections.

(8) Par décision ministérielle, les sorties des voitures de police Pantere avaient été restreintes à cause du prix du carburant ; la visite de deux jours du pape à Gênes et Savona a coûté aux deux municipalités la somme de 1 million 600.000 mille euros
(http://casualmente.forumcommunity.net/?t=12093727&view=getlastpost )

(9) « Les fusils sont toujours chauds. Nous avons 300 mille hommes, 300 mille martyrs, prêts à se battre, et nous ne plaisantons pas, on n’est pas quatre chats. Vous croyez qu’on aura du mal à trouver les hommes ? Non, parce qu’ils descendraient même des montagnes ». Déclaration de Umberto Bossi, pour la réouverture du Parlement, à propos de la fiscalité fédérale (avril 2008).
(http://www.repubblica.it/2008/04/sezioni/politica/formazione-governo-2...)

(10) Equivoque sur le terme torti -torts et « tordus »- en opposition aux « droits »

(11) Alien en anglais, NdT

(12) Vieux dicton italien : il n’y a plus de tripe pour les chats : non traduite pour l’enchaînement avec les allusions au chat et à la souris, mais qui évoque une période de sacrées restrictions et conflits minables pour des reste. Pas le moindre petit vermiceau…

(13) Deubeliou, W, est ici Walter, pour Walter Veltroni, leader du Parti des Démocrates.

(14) Biparmisan : double parmesan : ironie sur la collaboration bipartisane entre Berlusconi et Veltroni, et sur les restes du fromage -parmesan, of course- que le premier veut prendre au second…

(15) Bibliste et ministre de la Culture du Vatican, a expliqué qu’ « il manque de vrais athées : un défi indispensable à l’Eglise ». Voir http://espresso.repubblica.it/dettaglio/Tra-Dio-e-Cesare/2019827

(16) Anglicisme (l’auteur a vécu longtemps aux Usa) : mumbo-jumbo : fétiche ; par extension : charabia idolâtre, baragouinage religieux

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