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L’affaire Assange montre que le soutien à la liberté d’expression dépend de la personne qui s’exprime. (FAIR)

Le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire a conclu en février 2016 que les gouvernements du Royaume-Uni et de la Suède avaient contraint l’éditeur de WikiLeaks Julian Assange à une détention arbitraire à l’ambassade de l’Équateur à Londres, où il se trouve depuis 2012. Le communiqué de presse du groupe déclarait :

Le groupe d’experts a demandé aux autorités suédoises et britanniques de mettre fin à la privation de liberté de M. Assange, de respecter son intégrité physique et sa liberté de mouvement, et de lui accorder le droit à une indemnisation.

Assange n’a jamais été accusé d’un crime en Suède. A la demande secrète du gouvernement britannique, la Suède a refusé pendant plusieurs années d’interroger Assange à Londres sur des allégations d’agression sexuelle. Ce qui a maintenu l’affaire dans les limbes de l’’enquête préliminaire", tandis que la Suède a également refusé de garantir qu’Assange ne sera pas extradé vers les États-Unis, où il risque d’être poursuivi pour son travail en tant qu’éditeur.

Les courriels échangés entre les autorités britanniques et suédoises montrent que les autorités suédoises ont commencé à faire marche arrière en 2013 et qu’elles envisageaient d’abandonner "l’enquête préliminaire" sur Assange, mais le Royaume-Uni s’y est opposé avec force. L’année dernière, la Suède a finalement abandonné l’enquête (peu après avoir finalement accepté d’interroger Assange à Londres, comme elle aurait pu le faire facilement des années plus tôt), mais le Royaume-Uni a utilisé l’allégation selon laquelle Assange aurait violé les termes de sa libération sous caution pour maintenir la menace d’extradition vers les États-Unis.

En mars de cette année, le président équatorien Lenin Moreno a aggravé les conditions de détention arbitraire d’Assange. Depuis sept mois, Assange n’a plus aucun moyen de communiquer directement avec le public, c’est-à-dire de se défendre contre les attaques incessantes et le moqueries des médias occidentaux. Moreno n’a pas seulement coupé l’accès Internet et téléphonique d’Assange, mais a également restreint considérablement les visites. Moreno a déclaré ouvertement qu’il avait réduit Assange au silence et l’avait isolé parce qu’il s’opposait aux déclarations politiques d’Assange, mais plutôt que de critiquer Moreno pour avoir piétiné son droit à la liberté d’expression et d’autres droits fondamentaux, la presse internationale et les grandes organisations ’des droits humains’ ont répondu par le silence, des distorsions et même des ricanements.

"Julian Assange se bat contre les conditions d’asile qui dictent qu’il doit payer pour la nourriture et les soins du chat", a gloussé NBC News dans un article de Reuters (19/10/18) d’Alexandra Valencia. L’article rapportait de façon inexacte que

Assange n’a pas eu accès à Internet depuis qu’il a été coupé en mars, a ajouté M. Garzon, malgré une déclaration de WikiLeaks cette semaine selon laquelle il avait été restauré.

En fait, Wikileaks a dit que l’isolement d’Assange devait être "partiellement levé", mais quelques jours avant que ce titre moqueur de NBC n’apparaisse, WikiLeaks avait déclaré :

Bien que l’Equateur ait déclaré, quelques heures après que les rapporteurs spéciaux de l’ONU sur la presse et les réfugiés aient rencontré son président vendredi, que l’isolement de @JulianASsange serait levé lundi, il reste isolé. Un rendez-vous à 14 heures le mardi, avec un conseiller juridique, n’a pas été autorisé à entrer à l’ambassade.

Il semble qu’il n’y a pas le temps de faire un reportage correct sur le traitement d’Assange lorsque vous êtes occupé à faire en faire une blague. The Guardian (17/10/18) a publié un article faisant référence à Assange avec le titre "Comment se débarrasser d’un colocataire indésirable". Vice (22/10/18) dépeint de la même façon Assange comme un invité mal élevé qui abuse de la générosité de ses hôtes :

L’ambassade équatorienne a récemment exigé qu’Assange nettoie sa salle de bains, nourrisse son chat et reste en dehors des débats animés en ligne. Maintenant, il les poursuit en justice.

Comment tous ces journalistes ont-ils pu passer à côté du fait que l’article 24 des "exigences récentes" de l’Équateur interdit explicitement à Assange de s’engager dans tout discours qui est "politique et qui pourrait interférer dans les affaires intérieures des autres États ou nuire aux bonnes relations de l’Équateur avec un autre État" ? En septembre, Moreno a déclaré à AP (27/09/18) :

Si M. Assange promet d’arrêter d’émettre des opinions sur la politique de nations amies comme l’Espagne ou les États-Unis, alors nous n’avons aucun problème à ce qu’il ait accès à Internet.

Ces dernières semaines, j’ai contacté le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) à plusieurs reprises par téléphone, par courrier électronique et sur Twitter, leur demandant pourquoi je n’ai trouvé aucun commentaire de leur part dénonçant explicitement, pour des raisons politiques, le silence d’Assange imposé par Moreno. Lorsque j’ai finalement joint un fonctionnaire du CPJ par téléphone, on m’a dit qu’ils avaient "rapporté" le cas d’Assange. Sans blague. Ce qu’ils n’ont jamais fait, c’est dénoncer le caractère impitoyable de Moreno envers Assange.

En revanche, le CPJ a souvent critiqué le prédécesseur de Moreno, Rafael Correa (qui a pris la décision initiale d’accorder l’asile à Assange) pour des violations présumées de la liberté de la presse. Moreno a remporté la présidence en 2017 en se présentant comme un loyaliste convaincu de Correa. Immédiatement après son arrivée au pouvoir, Moreno s’est radicalement tourné vers la droite, a renié les liens de longue date qu’il entretenait avec Correa et, surtout, a fait en sorte que les médias publics ne fassent plus contrepoids aux médias privés équatoriens de droite qui ont toujours attaqué Correa.

Les médias privés équatoriens sont similaires à ceux du Brésil, qui ont tant fait pour amener un fasciste à la présidence. Un journaliste équatorien vient d’être condamné en Belgique pour avoir menacé et harcelé Rafael Correa et sa fille. L’alliance de Moreno avec les médias privés lui a permis de mener des attaques audacieuses contre la constitution et l’indépendance judiciaire, tout en recevant une couverture médiatique internationale flatteuse. Comme je l’ai indiqué dans une interview que j’ai accordée au juriste équatorien Oswaldo Ruiz-Chiriboga (CounterPunch, 12/10/18), Jose Miguel Vivanco, directeur de Human Rights Watch pour les Amériques, a fréquemment applaudi Moreno pour ces attaques.

Pour être juste, un autre responsable de Human Rights Watch, Dinah Pokempner, a déclaré en avril :

Qu’il soit d’accord ou non avec ce que dit Julian Assange, le fait que l’Équateur lui refuse l’accès à Internet ainsi qu’aux visiteurs est incompatible avec l’octroi de l’asile. Son refuge à l’ambassade ressemble de plus en plus à un isolement cellulaire.

Dans un éditorial dans lequel Pokempner critiquait également Moreno, elle a écrit que Human Rights Watch s’était vu refuser la permission de visiter Assange en mai. Cela n’a pas empêché Vivanco de s’extasier sur le gouvernement de Moreno depuis que cette visite lui a été refusée.

Comme mentionné plus haut, Assange (qui a été fait citoyen équatorien par le gouvernement de Moreno dans le cadre d’un coup tactique raté pour mettre fin à son séjour à l’ambassade) poursuit le gouvernement de Moreno devant les tribunaux équatoriens [la demande a depuis été rejeté par la justice équatorienne - NdT]. Cependant, Moreno a un groupe trié sur le volet (la CPCCS ’transitoire’) qui siège sur l’ensemble du système judiciaire (CounterPunch, 12/10/18). Il a illégalement renvoyé la Cour constitutionnelle, le Conseil national électoral et de nombreuses autres autorités. Gagner contre Moreno dans ces conditions sera très difficile, étant donné que les juges qui déplaisent à Moreno seront probablement congédiés ou sanctionnés d’une autre manière, y compris en étant calomniés dans les médias publics et privés de l’Équateur. On peut compter sur la presse internationale et les organisations de "liberté de la presse" pour ne rien dire ou se moquer, à moins que des voix véritablement indépendantes ne s’élèvent.

Joe Emersberger

»» https://fair.org/home/assange-case-shows-support-for-free-speech-depen...
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