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L’indignation tunisienne fait tache d’huile (L’Humanité)

reprise d’article

Dans l’ensemble du monde arabe, des manifestations s’organisent. En Égypte, Algérie et Mauritanie, des citoyens désespérés choisissent de s’immoler par le feu. Et certains régimes, comme pris d’anxiété, se barricadent.

Il avait cinquante ans. Il était restaurateur. Abdo Abdelmoneim s’est immolé par le feu hier, devant l’Assemblée du peuple, dans la capitale égyptienne du Caire. Il a été hospitalisé. L’homme aurait eu des problèmes d’approvisionnement pour son négoce. A Nouakchott, en Mauritanie, c’est un homme de quarante-trois ans qui a tenté de se faire brûler dans son véhicule. En Algérie, rien qu’au cours de cette fin de semaine, quatre personnes ont tenté de mettre fin à leurs jours, toujours par immolation. Ces gestes ne sont pas sans rappeler celui du Tunisien Mohamed Bouazizi, vingt-six ans, qui s’était suicidé par le feu le 17 décembre 2010. Cet acte avait lancé un mois d’émeutes, amenant au départ, vendredi, du dictateur Zine el-Abidine Ben Ali.

Outre ces actions individuelles, les mouvements collectifs se multiplient dans les pays arabes. Hier, 200 Omanais ont défilé à Mascate derrière des banderoles telles que « Non à la corruption », ou « La montée des prix détruit les rêves des simples citoyens ». La question de l’inflation est extrêmement sensible. En décembre, les prix alimentaires étaient en augmentation pour le sixième mois consécutif, selon l’Organisation pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) de l’ONU. Cette situation se fait déjà sentir dans la vie quotidienne. Outre la question démocratique, celle des prix a été l’un des moteurs de la mobilisation tunisienne et des émeutes dans l’Algérie voisine.

Au Soudan, qui va devoir faire face à la défection du sud du pays à la suite du référendum de ce mois-ci, les prix augmentent, participant au mécontentement populaire. Certains produits comme le sucre et le pain voient leurs tarifs croître de 15 et 20% depuis décembre. Au point que l’opposition réclame des comptes : la démission du ministre des Finances, voire la formation d’un « gouvernement de transition ». La semaine dernière, dans la capitale et à Gezira, il y a eu des heurts entre la police et les étudiants, qui manifestaient contre la hausse des prix.

Apeurés par le risque d’une contagion, certains régimes ont commencé à lâcher du lest. La Syrie a augmenté son aide au chauffage de 72%. Cette mesure toucherait 2 millions de personnes dans ce pays de 22 millions d’habitants. En Jordanie, le gouvernement, qui fait face à une inflation de 6,1% sur un an, a annoncé un train de mesures de plus de 200 millions de dollars pour contenir la montée des prix. Cela n’a nullement empêché un sit-in d’un millier de syndicalistes et de membres de l’opposition devant le Parlement à Amman.

Les régimes, eux, se barricadent. Les mesures de sécurité ont été renforcées devant le palais présidentiel à Amman. Car c’est bien la nature des régimes qui est en question. Un millier d’étudiants ont défilé au Yémen en scandant « Tunis de la liberté, Sanaa te salue ». Ils manifestaient contre le projet de révision constitutionnelle ouvrant la voie à la présidence à vie pour le chef d’État. En Égypte, le pouvoir de Moubarak fait mine de s’attendrir, en étendant au-delà de 2011 l’autorisation aux petits partis de se présenter à la présidentielle. « Un bricolage constitutionnel », selon le magistrat Mohamed Khudairy. Combien de temps les régimes arabes sauront-ils maintenir leur cocktail d’illusions et de répression ?

Source : http://www.humanite.fr/17_01_2011-l%E2%80%99indignation-tunisienne-fait-tache-d%E2%80%99huile-462701

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COMMENTAIRES  

20/01/2011 11:58 par Anonyme

La desobeissance civile dans les rues de Tunis :

Mercredi 19 janvier 2011

Delenda est Carthago - 19 janvier

A Tunis, des manifestants refusent de quitter la rue malgré le couvre-feu
 
Situation surréaliste en plein centre de Tunis : une bonne trentaine de manifestants bravent le couvre-feu mercredi soir soir en dépit des injonctions de policiers et militaires affichant une retenue jamais vue.
 
Il est bien plus que 20H00, l’heure de l’entrée en vigueur du couvre-feu. La scène se passe avenue Habib Bourguiba, haut lieu des manifestations, avant et depuis la chute du régime autoritaire de l’ex-président Ben Ali, qui a fui vendredi en Arabie Saoudite.
 
Toute la journée, entre 500 et 2.000 manifestants selon les heures, se sont rassemblés pour exiger le départ du gouvernement de ministres de l’ancien régime qui font partie du gouvernement de transition.
 
Et toute la journée, la police a fait preuve d’une retenue exemplaire, contrairement à la veille où elle avait dispersé violemment une manifestation.
 
« On veut la dissolution pure et simple du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD "” parti du président déchu Zine El Abidine Ben Ali) », proclame Megheni Seboui Wajdi, qui affirme appartenir au Courant réformiste radical, un groupe jusqu’ici inconnu.
 
« J’ai peur que la Révolution soit spoliée ou détournée par les partis en carton-pâte », affirme-t-il quand on lui demande pourquoi il brave le couvre-feu.
 
« Nous avons décidé de tenir ce sit-in pacifique toute la nuit s’il le faut afin d’alerter le monde sur les revendications du peuple », renchérit l’avocat Ayachi Hammami, qui apparaît comme le chef du groupe d’irréductibles.
 
« Il n’a pas eu son heure pendant la révolte et il veut apparaître comme un héros ce soir », peste un haut gradé de la police, responsable de la sécurité de district de Tunis qui comprend le centre-ville.
 
Cet officier de la police et un colonel d’armée ont passé des heures à parlementer avec la trentaine de personnes pour les convaincre d’évacuer les lieux. Un dialogue de sourds pendant lesquels les deux parties ne semblaient jamais s’entendre.
 
« Nous voulons un système parlementaire », proclame Maryan Meaalej, l’une des nombreuses femmes présentes alors que le colonel de l’armée et l’officier de police tentent de négocier une évacuation.
 
« Vous allez tirer sur nous ? » demande un manifestant. « Non », répond exaspéré mais calme, le colonel de l’armée qui veut taire son nom.
 
« Non » répète le colonel, « vous êtes comme mes gosses et vous pouvez revenir manifester demain ». Mais personne ne l’écoute.
 
« Je veux que vous partiez avec les honneurs », argumente l’officier.
 
« Il faut dissoudre le RCD et que le gouvernement parte », rétorque un manifestant.
 
« Mais je ne suis qu’un militaire et vous êtes en violation de la loi. Je comprends vos demandes mais on ne peut changer en une nuit une situation qui dure depuis 23 ans. »
 
« Revenez demain s’il vous plaît », plaide encore l’officier de l’armée dans un français impeccable. Cette fois on lui répond par une ovation : « Vive l’armée nationale ! » Un argument quelque peu désarmant qui le fait renoncer un moment à poursuivre le dialogue de sourds.
 
Lorsque la présence policière se fait un peu insistante, l’un des manifestants commence à crier : « La police politique de Ben Ali est de retour, le RCD est toujours au pouvoir ! »
 
Finalement, les deux officiers des forces de l’ordre renoncent à discuter davantage préférant laisser le groupe dormir en pleine rue sous la surveillance de leurs hommes, incapables de les convaincre de renoncer à leur équipée nocturne dans le Tunis froid et sous couvre-feu. (AFP)
 
http://juralibertaire.over-blog.com/article-delenda-est-carthago-19-janvier-65312546.html

Alors que les écoles et les universités sont toujours fermées par peur de nouvelles manifestations,qu’une greve generale spontanée sauvage et non avouée sevit depuis plus d’une semaine,dans un silence mediatique stupefiant :

Tunisie : la révolution est finie ou elle ne fait que commencer ?
mercredi 19 janvier 2011, par Robert Paris

http://www.matierevolution.fr/spip.php?article1852

La "démocratisation" devient-elle un système antiSystème ?

....... "¢ En Tunisie, le gouvernement "de transition" post-Ben Ali est déjà contesté parce qu’il contient un peu trop de partisans du susdit Ben Ali.

La nouvelle intéressante (dans l’article de RAW Story) pour notre propos général est évidemment la présence dans ce gouvernement d’un "activiste d’Internet" du Parti Pirate (branche tunisienne de l’"Internationale Pirate" ), qui ressort de la logique d’opposition au Système illustré notamment par WikiLeaks et l "˜affaire Cablegate.

http://www.dedefensa.org/article-la_democratisation_devient-elle_un_systeme_antisysteme__19_01_2011.html

20/01/2011 14:30 par kounet

Ils ont la trouille mais pas encore assez .Tremblez, affreux, les gens ont faim .

20/01/2011 17:21 par Fethi GHARBI

J’aimerai qu’on comprenne que les tunisiens ne se sont pas soulevés parce qu’ils meurent de faim même si le chômage et la pauvreté existent bel et bien. Bouazizi s’est immolé par le feu non parce qu’il ne trouvait pas de travail mais parce qu’il a été tabassé par les flics.

La plupart de ceux qui s’interessent à ce qui se passe en Tunisie s’enferment dans des clichés économisites réducteurs. La révolution en Tunisie est celle contre la dignité bafouée, contre l’honneur piétiné...

Combien j’aurai aimé écrire un article à propos de tout cela, mais je perds tous mes moyens...

Ceux qui veulent découvrir la Tunisie, je les invite à venir maintenant s’unir au peuple qui dans toutes les villes et villages du pays passe la nuit dehors à assurer sa propre sécurité et à fraterniser . chaque quartier s’est transformé en agora. C’est comme si on sortait d’un cauchemar, d’un long cauchemar...

20/01/2011 18:25 par Antar

Un proverbe marocain dit : ’’ Quand la bête est à terre, les bouchers se précipitent pour l’égorger’’. Mais où étaient-ils tous quand la bête était bien sur ses pieds !!?? Ceci m’est venu à l’esprit hier pendant que j’écoutais le JT sur France 2 au cours duquel Pujadas, et autres commentateurs à la mine scandalisée, étalaient au grand jour, et comme si c’était un scoop, la fortune du clan Ben Ali. Eh oui, ceux-là même qui pendant plus de trois décennies se sont acoquinés avec le desposte, le vouent aujourd’hui aux gémonies. C’était ’’ leur fils de pute’’ (comme disait Roosevelt à propos de Somoza). Maintenant, il est ’’fils de pute’’ tout court. Décidément, l’hypocrisie des médias français est sans limites...

20/01/2011 18:49 par Fethi GHARBI

je voulais dire "clichés économicistes "

20/01/2011 20:13 par Suricat

Les régimes arabes sont presque tous illégitimes et oppresseurs de leur peuple. Ils feront leurs valises (s’ils en auront le temps !)le jour où l’arrogante "communauté internationale" cessera de s’arroger le "droit" devenu le " devoir(1) d’ingérence" dans les affaires intérieures de ces peuples privés du droit de disposer d’eux-mêmes.

Depuis la chute de l’empire ottoman, ces pays n’ont cessé d’être les centres d’intérêts vitaux de l’Empire américano-atlanto-sioniste.Rien, mais absolument rien ne leur a été épargné. A telle degré que les bases militaires de l’impérialisme et son bras armé l’OTAN,et les services secrets quadrillent et contrôlent cette région "utile" qui va de la Mauritanie au Yemen. "Al-quaîda/AQMI", cet épouvantail de la "terreur islamique" sorti droit des cerveaux névrosés-psychotiques de la Pentagone/C.I.A, n’est que le fourrier du mondialisme qui tue plus de Musulmans innocents que ne laisse croire une campagne médiatique bien orchestrée à l’usage du grand public international lobotomisé par la technostructure de la propagande USIsrael.

Il y a tant à dire que je ne saurai pas, bien évidemment, commenter cet article sur la "révolution tunisienne" en quelques lignes. Je concluerai toutefois en précisant que la haute finance internationale s’est invitée officiellement(sans que le peuple,encore une fois,ne soit sollicité)au "grand bal" en plaçant il y a 2 ou 3 jours, un de ses pions aux commandes de la Banque Centrale Tunisienne. Mauvais signe. A suivre donc.

(1) "Devoir d’ingérence" si cher à l’avocat d’affaires Badinter.

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